Des drapeaux et des essuies-cul(s)…

Il fut un temps où je croyais à la notion de nation, avec ses vertus fédératrices. Naïf, j’y voyais une source d’ambition, de créativité, de partage, une façon de canaliser les bonnes volontés, d’encourager les pensées constructives, et contre toute attente de favoriser tous les universalismes. A l’époque, j’ai complètement occulté le revers de la médaille : la propension des gens à en faire une arme de connerie massive, un prétexte de recroquevillement et une source inépuisable de chauvinisme, d’égocentrisme et de croyance frelatée de l’infériorité de l’autre.

Aujourd’hui, ma conviction est faite : La nation a fait son temps. Elle est en train de vivre ses derniers soubresauts… Une oie qui s’acharne à courir bien que décapitée…

Il me semble naturel qu’un monde au bord du gouffre, jouant à chaque instant sa survie, flirtant chaque jour un peu plus avec la Chute Finale (qui le subjuguera irrémédiablement), se préoccupe beaucoup moins de ses frontières, de ses affinités locales, ainsi que de tous ses chiffons (drapeaux, emblèmes et autre linge sale des états, comme dirait Sylvain Tesson…)…

Michèle Alliot-Marie aimerait qu’il en soit autrement… C’est, du moins, ce que traduisent ses cris à la profanation, ses gesticulations justicières, face à ce photographe qui a osé transformer le drapeau tricolore en essuie-cul (cliché primé à la Fnac !). Cette liberté d’expression qui a su transgresser le sacré (vous rappelez-vous des caricatures de Mahomet ?), semble devoir se prosterner devant l’emblème de la nation. Un «deux poids, deux mesures » de plus (fait pour me faire chier, j’en suis sûr), dans un monde de plus en plus arbitraire, où les positions de principe sont prises à la tête du client !

Michèle Alliot-Marie devrait pourtant lire Gustave Flaubert : « Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m… qu’il est temps de n’en plus avoir du tout »(Correspondance à George Sand, 1869), ou encore Henri Barbusse : « Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux » (La Lueur dans l’abîme, 1920)

Alice au pays des merveilles…

J’ai promis de pousser, un jour, ma gueulante sur ce tourisme sexuel qui se développe à vue d’œil, à Djerba.

Ce phénomène, qui s’est intensifié ces quelques dernières années, puise ses sources dans la pauvreté, le chaumage, mais aussi dans la tentation de l’argent facile et la recherche d’échappatoire (vers l’Europe) et, bien évidemment, dans la présence d’une demande (masculine mais surtout féminine, homosexuelle comme hétérosexuelle) qui ne se démentit guère…

Nombreuses sont les Européennes d’âge mûr qui viennent régulièrement à Djerba avec l’idée explicite de s’éclater avec de jeunes Tunisiens, de la bonne chaire fraîche à moindre coût (ce qui, dans certains cas, peut se révéler discutable). Une quête strictement hédonique qui, lorsqu’elle est pleinement assumée, me conviendrait parfaitement tant qu’elle ne devienne pas un phénomène de société (ce qu’il n’est malheureusement pas le cas), qu’elle se cantonne au cadre strict de relations sexuelles équilibrées (transparence des « sentiments », transparence du contrat moral sous-jacent, absence de toute prédominance financière ou autre, d’un des deux partenaires sur l’autre) entre adultes consentants.  D’autres sont là (et c’est la majorité visible) sous l’emprise d’une relation amoureuse, rarement réciproque, couplée à un besoin irréfrénable d’être aimées, cernées d’attentions et de tendresse, même si celle-ci ne dure que le temps d’un voyage… Il est devenu courant de voir, un peu partout sur l’île, des femmes de 60-70 ans et plus se balader, main dans la main, avec des jeunots d’à peine 20-30 ans,  (de l’âge de leurs fils, pour ne pas dire petits-fils). L’Amour est aveugle (proverbe arabe), me diriez vous… Certes, mais bon… Je me permettrais d’émettre quelques doutes.

Aussi courante soit elle, une telle rencontre ne me laisse jamais indifférent (Sur la plage, topless oblige, la vision de tels couples frise souvent l’horreur.  L’effet du temps est imparable) : je ne peux m’empêcher d’y voir le summum  de l’inconscience et de l’irresponsabilité d’un côté (car l’impact sociétal d’un tel comportement est indéniable : par mimétisme, se taper des « vieilles » est devenu le projet d’avenir de certains gausses… un vrai projet alternatif à l’école !), de la bassesse morale et intellectuelle de l’autre (rien ne m’énerve plus que cette étincelle de fierté, limite ridicule, que je crois à chaque fois détecter dans le regard du chasseur qui exhibe sa prise).

De toute façon, mon approche comptable du monde me fait dire que ce n’est surement pas à travers ce genre de relations malsaines (mélangeant naïveté, illusion et inconscience d’un côté, et approche mercantile, intéressée et trompeuse, de l’autre) que nous arriverons à atteindre l’échange équilibré tant désiré entre visiteurs et visités.

Il faut, cependant, dire que les femmes ne sont pas seules à s’engouffrer dans cette faille dans l’espace-temps… De plus en plus d’hommes viennent chercher l’amour (au sens large du terme) à Djerba : amours homosexuels (ce qui a toujours existé dans les autres spots touristiques de la Tunisie : Hammamet, Sousse…), mais aussi hétérosexuels (ce qui est, à mon sens, un phénomène très récent en Tunisie, a fortiori à Djerba la conservatrice). Ce dernier phénomène, peu visible car se déroulant essentiellement dans les enceintes des hôtels, m’a été rapporté par plusieurs amies. Des tunisiennes résidentes à Djerba gèrent les arrivées (successives ou simultanées) de leurs multiples copains avec le même pragmatisme « killer » que leurs alter-égos masculins. Des visiteurs mâles ont dû repousser les avances explicites de quelques employées (masseuses, esthéticiennes, serveuses…) zélées au point de vouloir mettre la main à la pate. Un peu de temps passé sur les sites de rencontre / forums locaux (comme tunislanuit.com, ou badoo.com) a fini de me convaincre de l’ampleur des dégâts : Des étrangers en visite de travail et/ou détachés en Tunisie, y vont pour faire leurs courses érotico-sexuelles sur des étales, il faut le dire, bien garnis…

Sans aller jusqu’à l’étude anthropologique (dont je n’ai ni l’envie, ni les moyens, ni la prétention), il me semble judicieux de remonter à l’une des rares études sérieuses qui ont été menées sur le phénomène. A la fin des années 70, De Kadt a planché sur les contacts sexuels (homos et hétéros) entre jeunes hommes tunisiens et visiteurs (hommes et femmes) étrangers. Il a tenté de cerner le profil socio-économique de ces gigolos dragueurs : employés directs ou indirects du domaine touristique (animateurs, barmen, serveurs, loueurs de chevaux et de Quads, guides, vendeurs dans les souks…), d’un niveau d’étude dépassant rarement le secondaire.

Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, mais les choses n’ont pas intrinsèquement changé. Le phénomène a été accentué par les difficultés économiques du pays, la montée du chômage des jeunes et des diplômés, la quête illusoire d’un avenir meilleur sur l’autre rive de la méditerranée, le désintérêt flagrant pour les études et la notion même d’effort. Certains pensent même qu’une partie de la demande à été délocalisée de l’Asie du sud-est vers le Maghreb, suite au Tsunami de 2004.

L’implication affective des premiers temps a laissé la place à une approche strictement monétaire, beaucoup plus malsaine. Le processus de gestion des allers et venues des partenaires s’est complètement industrialisé (merci internet). Les stratégies d’approche (le petit papier, portant son numéro de téléphone avec quelques compliments basiques, qu’on fait tomber au pieds de la personne cible ; l’approche directe amorcée par l’animateur/serveur au bord de la piscine ou au restaurant ; l’approche plus fine, à plus fort contenu intello, lors d’une visite guidée d’un musée…)se sont sophistiquées en intégrant pêle-mêle les spécificités du partenaire (client à son insu ?) : sa nationalité (les francophones, les anglo-saxonnes et les scandinaves ne sont pas logées à la même enseigne car n’ont pas la même approche de la sexualité), son âge, son profil psycho-socio-économique, sa p’tite histoire (ses amours et ses échecs), ses besoins affectifs… Les prédateurs n’hésitent plus à se communiquer leurs astuces et techniques, a se refiler leur recettes, voire leur trophées… Il leur arrive même de s’allier, à monter des stratagèmes, pour faire « tomber » la cible. Je les ai vu se mettre à plusieurs, devant une connexion internet, pour répondre à la conquête de l’un d’eux, chacun apportant son p’tit grain de sel, dans un français approximatif, à une conversation hallucinante (par son côté débilisant). Dans certains hôtels-club, l’implication physique des animateurs(rices) dans la satisfaction des clients(es) est devenue monnaie courante. Elle a lieu au vue et au su de tout le monde, direction comprise (est-ce avec son aval ?).

En termes de tourisme sexuel, nous n’avons pas atteint, pour l’instant, l’intensité connues dans certains pays d’Asie (Thaïlande, Cambodge, Inde…), d’Afrique (SénégalGambie…) ou des Caraïbes (Haïti, République Dominicaine…). Mais on s’y dirige à grands pas… Ce qui m’émeut n’a rien à avoir avec ces p’tites histoires de cul sans lendemain, mais plutôt avec l’impact sociologique de ce genre d’interactions intéressées (de part et d’autre), mercantiles (mettant face à face une offre et une demande), malsaines (car elles ne font qu’entretenir la cupidité et l’irrespect) et, par-dessus tout, malhonnêtes (car déséquilibrées d’un côté comme de l’autre). Les ravages d’un tel phénomène sont là et pour longtemps (voilà un bel exemple d’altruisme intergénérationnel).

Une question s’impose : Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’un tourisme sexuel de masse ? Sur ce point, un article du Monde Diplomatique tente d’apporter quelques lumières…

A bon entendeur(se), salut.

PS: Mesdames, il m’est arrivé d’entendre (directement ou indirectement) vos amants-prédateurs (qui sont prétentieux et suffisants à leur temps perdu…) se targuer d’une délivrance proche (un mariage qui leur donnera accès au visa-sésame) et fanfaronner, en même temps, la présence simultanée d’une autre « prise » dans un autre hôtel… Que dois-je faire dans ce cas ? Vous le signaler au risque d’être renvoyé dans mes cordes, et surtout de vous faire mal ? Ou me taire pour vous laisser vivre tranquillement vos illusions ?

Identité nationale : « Un blanc-seing collectif à l’apartheid qui vient »

Dans ce simili débat orchestré par notre cher gouvernement autour du non-thème de l’identité nationale, le rappeur Hamé ne voit rien de tel (Le Monde du 15 Novembre 2009) : « Le débat sur l’identité nationale n’en est pas un. C’est une injonction à l’affirmation ethniciste de soi. Un blanc-seing collectif à l’apartheid qui vient. »

Je ne peux m’empêcher de reprendre un bout de sa magnifique prose à charge : « Dans la prose marécageuse de l’ineffable ministre de l’identité nationale et de l’immigration patauge une créature aux élans de camarde. Tous les quinze ou vingt ans, depuis les indépendances et l’éclatement de l’empire colonial, et au gré des cycliques désastres économiques et sociaux, elle s’extirpe de la vase pour venir se rappeler au bon coeur du commun des Français. Plus que jamais la voilà, armée d’un rameau de ronces au bout d’une main sèche, flagellant « l’éparpillement identitaire » et éructant dans tout le pays des mots vieux, épris et pétris d’haleine chauvine. »

A faux-débat, un recadrage limpide et sans concessions : « Etre français, c’est avoir sa vie en France et rien de plus. Cela ne s’interroge pas, mais se constate comme un botaniste constaterait la poussée d’un bourgeon. Ce qui devrait se questionner en revanche, et de la plus forte des manières avant de le congédier, c’est l’identité de ce pouvoir qui nous mène au mur, son irrépressible cynisme, sa brutalité, sa morgue, lorsque dans les mêmes semaines, il aligne blagues racistes, rafles et expulsions d’Afghans dont il occupe le pays, relaxe pure et simple des policiers en cause dans la mort de Laramy et Moushin à Villiers-le-Bel. Deux adolescents niés et invisibles jusque dans la qualification des causes de leur mort.

C’est d’ordinaire le sacerdoce des anges et des démons que de se mêler à la vie des hommes sans être vus. C’est la honte de cette République que de nous offrir, à nous enfants d’immigrés, cette affriolante perspective donc : vivre comme des démons, mourir comme des anges. Nous ne sommes pourtant ni l’un ni l’autre. »

Au risque de sembler tout ramener à ma pauvre personne, et en tant que démon qui finira un jour ange, je ne peux que me reconnaître dans ces propos…

Et n’oubliez surtout pas ce que Claude Lévi-Strauss a pu dire : « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. »

Storytelling

De « Storytelling » (L’art de raconter des histoire selon Christian Salmon), je n’ai pu m’empêcher de tirer ce p’tit extrait qui colle si bien à ce qu’on vit de plus en plus sur l’arène politique :

« Sous Reagan, le Bureau d’information et de communication de la Maison Blanche contribuait à créer une contre-réalité. L’idée était de détourner l’attention des gens des enjeux essentiels en créant un monde de mythes et de symboles afin qu’ils se sentent bien avec eux-mêmes et avec leur pays. (…) Il ne s’agit plus seulement d’informer efficacement le public sur les décisions de l’exécutif en s’efforçant de maîtriser l’agenda politique. Mais de créer un univers virtuel nouveau, un royaume enchanté peuplé de héros et d’antihéros, dans lequel le citoyen-acteur est invité à entrer. Il s’agit moins désormais de communiquer que de forger une histoire et de l’imposer dans l’agenda politique. »

La Peur des Barbares…

« Nous construisons notre civilisation avec des murs qui nous protègent de “l’autre”, forteresse contre les éléments, les bêtes sauvages, la différence. »  (Extrait du Mur de Simone Bitton)

Nous fêtons en fanfares les vingt ans de la tombée du mur de Berlin, alors que dans d’autres contrées, de nombreux murs physiques (pour ne parler que de ceux là) ont été édifiés depuis : Israël-Palestine, USA-Mexique, Inde-Bangladesh… Des murs de l’impuissance et de la peur d’un côté, de l’humiliation et de la haine de l’autre. Nous avons laissé pousser ces barrières de béton et de barbelés sous nos yeux, souvent approbateurs, sinon indifférents.

Vous êtes-vous déjà posés la question de qui a construit le premier mur ? de ce qu’il a pu avoir en tête au moment des faits ? et pour quel résultat ?

Chaque mur se proclame différent des autres dans sa nature, dans la problématique sous-jacente, sa raison d’être (immigration clandestine, forces indépendantistes, lutte armée, terrorisme, annexion de territoires…) , dans sa signification, dans son histoire fondatrice… Mais, comme le dit si bien Tzvetan Todorv (essayiste et historien, auteur de « La Peur des Barbares »), un point commun les relie : « c’est la mise en place d’une solution bancale destinée à conjurer la peur de l’autre »

La liste des murs est plutôt longue et ne fait que s’allonger. J’ai même l’impression que le mouvement pro-mur ne fait que commencer… Sans vouloir (ni pouvoir, d’ailleurs) être exhaustif, en voilà quelques uns :

  • Chine : La Grande Muraille de Chine de 2200 kms de long, construite au IIIe siècle avant J.-C. pur maintenir à distance les Huns
  • Angleterre – Ecosse : Le Mur d’Hadrien, érigé au IIe siècle par les Romains sur toute la largeur de l’Angleterre (120km) pour protéger le sud de l’île des attaques des tribus de l’actuelle Ecosse.
  • Corée : 140 kms de long, construit en 1963 dans la zone démilitarisée séparant les deux Corées.
  • Chypre : La fameuse « Ligne verte » (180 km qui n’ont de vert que le nom) construite entre 1964 et 1974.
  • Irlande : 15km de « lignes de paix », construits en 1969 à Belfast, puis à Portadown et Londonderry pour séparer les catholiques des protestants.
  • Sahara Occidental : 2000 km construits entre 1980 et 1986 pour repousser les attaques du Front Polisario et annexer une partie de l’ancienne colonie espagnole.
  • Etats Unis – Mexique : 900 km construits, en 1994, le long de la frontière, au nord du Rio Grande, pour se prémunir contre l’immigration clandestine. Les migrants illégaux passent plus difficilement. Mais ils passent quand même, souvent en prenant beaucoup plus de risques (traversée du désert impliquant plus de 370 morts en 2009)
  • Espagne – Maroc : 12km de barbelés(de 3 mètres 50 de haut) autour des enclaves espagnoles en Afrique du Nord, Ceuta et Melilla, construits en 1995 pour arrêter l’immigration clandestine vers l’Europe.
  • Inde – Pakistan : 550 km de barrière électrifiée, construits entre 2002 et 2003 pour enclaver le Cachemire Indien.
  • Irak : 5km de mur construits par les Américains à Bagdad (entrepris en 2007), avec l’objectif d’isoler le bastion sunnite d’Adamiya difficile à « sécuriser ».
  • Israël – Palestine : 700 km de béton armé, en construction depuis 2002 entre Israël et la Cisjordanie pour se prémunir des activités (terroristes pour les uns, de lutte armée légitime contre l’occupation, pour les autres). Ce mur n’est pas bâti sur la frontière entre les deux territoires (la fameuse « Ligne verte » !), mais empiète (parfois de quelques dizaines de kilomètres) sur des terres palestiniennes, empoisonnant la vie de tous les jours de milliers de palestiniens. Ce mur a été déclaré illégal par la Cour internationale de justice de La Haye, sans résultats palpables.

D’autres murs sont déjà programmés (sud musulman de la Thaïlande, frontières Saoudiennes avec l’Irak au nord, et le Yémen au sud, entre le Pakistan et l’Afghanistan, entre la Géorgie et l’Abkhazie …), avec tout l’appareillage de surveillance hyper-sophistiqué qui va avec…

Dans tous ces exemples, le mur ne fait que dresser une communauté, un peuple ou une catégorie socio-économique contre un autre, que diviser des populations que tout condamne à vivre ensemble, qu’attiser la le ressentiment, la haine et le désespoir des uns, le mépris et la peur des autres. Chacun de ses murs est en soi un aveu d’échec et de faiblesse.

Le temps accomplit toujours son œuvre et les murs finissent par tomber. Aucun mur au monde ne pourra se dresser éternellement devant l’instinct de survie, ni la soif de liberté. « Quand ils comprennent que seuls des fils de fer barbelés, un mur de 3,5 mètres de haut, un désert ou une rivière les séparent d’un espoir de vivre décemment, ils partent », résume Tzvetan Todorv . Ce constat ne peut, cependant, être d’un grand réconfort pour ceux qui en souffrent au jour le jour.

Et puis…

« Les murs dont nous devrions avoir le plus peur ne sont-ils pas ceux qu’on ne voit pas, ceux auxquels on croit, tout simplement ?”

Populisme en Sarkozystan

Il m’a suffit d’un passage éclair à la Ville des Lumières pour que ce mélange détonnant de populisme (éternel hymne sécuritaire avec son bouc émissaire du moment : les Roms) et d’affairisme (Eric Woerth, sa femme, son parrain et la milliardaire…), caractéristique de la politique française actuelle, me monte au nez…
Et apparemment, je ne suis pas le seul…

Ceci est une p’tite lettre ouverte adressée au Président de la République, par Jacques Hochmann (professeur émérite de psychiatrie à l’Université Claude Bernard). Source : Le Monde du 18/8/2010

Elle ne servira absolument à rien, mais bon… raison de plus de la garder dans mes archives (pour mes p’tites, afin de leur expliquer, le moment venu, les origines de la Chute Finale)

Monsieur le Président,

Comme vous je suis un fils d’immigré (polonais, en ce qui me concerne). Mon père est venu étudier en France, en 1925, il est retourné se marier au pays, en 1932. Je suis né en France, en 1934 et nous avons, mes parents et moi, été naturalisés français, en 1936, sous le Front Populaire.

Bien que mon père, ingénieur dans une usine métallurgique, ait participé à l’effort d’armement de la France et ait toujours été respectueux de la loi, nous avons, en 1942, en tant que juifs, été déclarés déchus de la nationalité française par le Gouvernement de Vichy, et, de ce fait, mis en danger immédiat d’être arrêtés et déportés. Nous n’avons dû la vie, comme beaucoup d’autres juifs résidant en France, qu’au dévouement et parfois à l’héroïsme de ceux qui, alors, nous ont cachés et aidés, en nous procurant de faux papiers et en nous hébergeant.

Vous êtes né après cette sombre époque. Vous n’avez pas connu, dans la presse et à la radio, le déchaînement de la haine xénophobe. C’est la seule excuse que je peux trouver à ce que j’oserais appeler votre irresponsabilité, si je n’étais tenu au respect par la haute fonction que vous incarnez.

Vous n’êtes pas seulement, en effet, le chef d’une majorité qui conduit une politique choisie par les électeurs. Vous occupez une place symbolique, que reconnait la loi, en vous déclarant au dessus d’elle pendant la durée de votre mandat. En se dotant d’un Président de la République, en décidant, il y a presque un demi-siècle, de l’élire au suffrage universel, pour renforcer son image et son pouvoir, le Peuple souverain s’est cherché à la fois un guide à moyen terme et un arbitre transcendant les passions populaires.

Celles-ci sont promptes à s’échauffer, en particulier dans les périodes de crise économique, comme celle que nous traversons. La passion conduit à l’abolition de la réflexion, au passage à l’acte, à la décharge immédiate des désirs les plus primitifs. Quoi de plus passionnel, de plus irréfléchi et de plus primitif que la haine ou la peur de l’étranger. Surtout, s’il vit parmi nous, s’il s’infiltre à travers des frontières, érigées pour nous protéger, s’il viole ainsi continuellement le sentiment du chez-soi, l’étranger, quoi qu’il fasse ou ne fasse pas, est, en lui-même, une source potentielle d’insécurité. Il engendre inévitablement, dans les sociétés humaines archaïques comme dans les sociétés animales, la violence.

Dans les moments difficiles, il devient le bouc émissaire. Le Juif, le Romanichel et aujourd’hui le Noir ou le Beur, quelle que soit sa nationalité formelle, incarne ainsi, en lui-même, le danger voire le mal, indépendamment de son comportement objectif.

Il suffit de lire actuellement les commentaires des internautes et de suivre les sondages d’opinion pour s’assurer du large écho positif rencontré par vos propositions de Grenoble et par leurs applications immédiates. Vous surfez sur une vague porteuse. Mais c’est justement ce qui m’inquiète. L’histoire n’est pas avare d’exemples qui montrent jusqu’où peut conduire le débordement passionnel et avec quelle facilté peut craquer l’enveloppe de civilisation qui tente de les contenir, en s’appuyant sur les valeurs de solidarité, de tolérance et d’hospitalité qui font partie aussi de l’héritage humain.

Par delà votre personne, vous êtes le représentant de ces valeurs, vous avez pour mission, et vous l’avez rappelé dans un de vos anciens discours, en citant Edgar Morin, de faire œuvre de civilisation. Un Président de la République doit renforcer le sentiment de sécurité en faisant un travail de pédagogue (ce qu’avait fait votre prédécesseur François Mitterand, en demandant au Parlement d’abolir la peine de mort, contre le sentiment prévalent dans la majorité de la population).

Les réponses au jour le jour que vous donnez, avec la fougue qui vous caractérise, aux problèmes actuels d’insécurité sociale, économique et d’ordre public, n’ont rien de rassurant. Vous avez déclenché, justifié par avance, des réflexes sociaux que vous risquez de ne plus maîtriser. Le Front national se réjouit de voir valider, au plus haut niveau de l’État, certaines de ses propositions.

Comble d’ironie, c’est d’un pays sans grande tradition démocratique, la Roumanie, où, comme d’ailleurs en Hongrie et en Bulgarie les Roms n’ont jamais joui d’un statut enviable, que vous viennent aujourd’hui les accusations de populisme et l’appel à une réflexion plus calme et plus inscrite dans la durée.

Veuillez agréer, monsieur, le Président, l’expression de la haute considération dans laquelle je tiens votre fonction.

Une grenouille à moitié cuite…

Sommes-nous tous, finalement, de pauvres grenouilles à moitié cuites ?

La fable qui suit (entièrement due à Olivier Clerc, écrivain et philosophe) en dit long sur notre fâcheuse tendance à nous laisser berner… Une métaphore qui, j’ose espérer, ne peut vous laisser indifférents…

« Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe  doucement. Elle est bientôt tiède.  La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.

La température continue à grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est  un peu plus n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.

L’eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait  rien.

La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout  simplement finir par cuire et mourir.

Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.

Cette fable montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière  suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte. Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle nous nous habituons.  Des tas de choses qui nous auraient horrifiés il y a 20, 30 ou 40 ans, ont été peu à peu banalisées, édulcorées, et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent carrément indifférents la plupart des gens.

AU NOM DU PROGRÈS et de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité du vivant, à l’intégrité de la nature, à la beauté et au bonheur de vivre, s’effectuent lentement et inexorablement avec la complicité constante des victimes, ignorantes ou démunies. Les noirs tableaux annoncés pour l’avenir, au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des conditions de vie décadentes, voire DRAMATIQUES. Le GAVAGE PERMANENT d’informations de la part des  médias sature les cerveaux  qui n’arrivent plus à faire la part des  choses…

Lorsque j’ai annoncé ces choses pour la première fois, c’était pour demain. Là, C’EST POUR AUJOURD’HUI. Alors si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits,  donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard. »

A tous ces ridicules qui veulent (pensent) nous éclairer…

Je n’ai pu m’empêcher de reprendre ces quelques perles du bêtisier de la finance. Heureusement que le ridicule ne tue guère…

En ce début de l’an 9, il est temps de décerner quelques « Médailles » aux différents experts qui se sont penchés cette année sur notre économie…

Prix de la plus belle « Analyse boursière »
Décerné à David Naudé, économiste et analyste senior de la Deutsche Bank, pour cette déclaration prophétique faite le 1er janvier 2008.« Aux Etats-Unis, l’embellie arrivera certainement mi-2008. En Europe la reprise prendra sans doute quelques mois de plus. En tout cas, il n’aura pas de krach cette année ! » Nous attendrons avec impatience l’analyse des analystes seniors de la Deutsche Bank pour 2009

Prix de la plus belle « Déclaration politique »
Décerné à Eric Woerth, ministre du budget pour cette petite phrase : « Par nature, la France n’est pas en récession ». Le prochain sommet de la francophonie devrait d’ailleurs proposer la suppression de ce mot, qui n’existe que dans les pays anglo-saxons.

Et à Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI pour ces deux déclarations « Il y a de bonnes raisons de penser que les institutions financières ont révélé l’essentiel (des dégâts), surtout aux Etats-Unis (…) Les pires nouvelles sont donc derrière nous » (mai 2008) et « La crise financière est « mondialisée », et aucun pays n’échappera à ses effets qui seront pires en 2009 que cette année » (le même DSK réincarné en décembre 2008)

Prix de la meilleure « Analyse en matières premières »
Décerné sans hésitation à la banque Goldman Sachs, avec une mention spéciale pour le timing, pour sa prévision d’un baril à 200 $ « dans un délai de 6 mois à 2 ans », faite en mai 2008. Goldman Sachs a entre temps un peu modifié son objectif, qui est passé de 200 à 45 $ en l’espace de 6 mois. Nous en sommes aujourd’hui autour de 60$, après être passés par 30$.

Prix du meilleur « Article de presse »
Il revient de droit au « Journal des Finances », avec là aussi une mention pour le timing absolument parfait, avec ce superbe titre dans sa une du 13 septembre 2008 : « CAC 40, le pire est passé ». Deux jours après la parution de ce numéro, le CAC entamait une grande vague de baisse, qui le fit passer de 4 332 à 3 176 points en moins d’un mois.

Prix du plus beau « Gaspillage financier »
Décerné à l’état américain, qui a réussi à faire passer sa dette publique nette de 5 276 milliards à 6 434 milliards en seulement 5 mois, de juillet à décembre 2008 (+ 1 158 milliards de $), ce qui le place bien loin devant tous les Madoff et Kerviel

Prix de la meilleure « Notation de risque bancaire »
Décerné à l’agence de notation Standar & Poors, pour avoir octroyé la note A+ à Lehman Brothers en mars 2008 (6 mois avant la faillite) en précisant ceci « The near-term earnings prospects remain at least somewhat brighter » » ce qui pourrait être traduit par : « A court terme, les perspectives de gain sont plutôt prometteuses »

Prix de la meilleure « Analyse immobilière »
Décerné à la FNAIM pour cette affirmation dans sa lettre de conjoncture d’avril 2008: « Tout semble indiquer que les comportements spéculatifs se sont progressivement dissipés et que le risque d’un retournement de marché mériterait d’être écarté »

Vulnérable est la démocratie…

Devant la montée des totalitarismes, rien n’est plus vulnérable qu’une démocratie dont les citoyens ont démissionné de leur rôle de garde-fou. Quelles que soient les institutions en place, quelle que soit leur crédibilité / légitimité en tant que garantes de la démocratie, notre vigilance doit rester entière.

L’engagement civique et la vigilance intellectuelle sont l’ultime barrière contre le fascisme… Et contrairement aux apparences, ce dernier n’est jamais vraiment loin.

Pour vous en convaincre, je vous invite à parcourir le bouquin de Naomi Wolf : « The End of America : Letter of Worning to a Young Patriot », ou de lire l’article qui lui a été consacré dans The Guardian du 24 Avril 2007 « Fascist America, in 10 easy steps »

Entre la démocratie et le fascisme il n’y a pas de différence du point de vue du « contenu de classe », nous enseigne Werner Hirsch (Die Internationale, janvier 1932). Le passage de la démocratie au fascisme peut prendre le caractère d’un « processus organique », c’est-à-dire se produire « progressivement et à froid ».

Gardez ça en tête. Vous en aurez sûrement besoin un jour… En attendant ce jour que j’espère lointain (car je n’ai pas fini de prendre mes précautions), prenez le temps de lire le message de Claude-Marie VADROT.

Car, le fascisme guette…

Claude-Marie VADROT : interdiction politique d’un prof au Muséum (Paris)

Claude-Marie Vadrot, journaliste à Politis et chargé de cours à Paris 8 souhaite diffuser largement ce message.

Vendredi 10 avril 2009

Je suis inquiet, très, très inquiet…

Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs partiels.

Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité, tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles…

– Monsieur Vadrot ?
– euh…oui
– Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit.
– Pourquoi ?
– Je n’ai pas à vous donner d’explication….
– Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
– Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum.
– Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte.
– C’est non !

Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.

Evidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commence à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs, Alain Bué et Christian Weiss, insistent et menacent d’un scandale.

Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :

« Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants »

Je promets et, évidemment, ne tiendrai pas cette promesse, tant le propos est absurde. J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.

Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur…

Le dromadaire ne voit guère sa bosse…

Lundi 9/3/2009, dans un entretien publié par « Le Parisien », le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo qualifie de « dérapage verbal inadmissible » les propos tenus par le porte-parole du LKP Elie Domota contre les patrons blancs qui refusent d’appliquer l’accord sur l’augmentation des bas salaires.

Le jeudi précédent, le leader du LKP Liyannaj Kont Pwofitasyon (Ensemble contre la surexploitation) aurait déclaré en créole (je ne garantie guère la traduction): «Soit ils appliqueront l’accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage», a ajouté le leader du LKP. Une référence directe aux descendants de colons blancs, accusés de monopoliser les richesses, qui ravive le spectre de tensions raciales dans une île à l’histoire marquée par l’esclavage.

Le lendemain de ces déclarations (la justice peut être rapide quand elle le veut bien !), le parquet de Pointe-à-Pitre a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire, notamment pour provocation à la haine raciale et tentative d’extorsion de signature.

M. Jégo ajoute «Quelle que soit l’intensité d’un conflit social, dire à une catégorie de la population ‘faites ça ou partez’ n’est évidemment pas acceptable. Il faut que chacun revienne à l’esprit républicain »
Interrogé sur l’enquête judiciaire pour provocation à la haine raciale ouverte par le parquet de Pointe-à-Pitre, « la justice doit faire son travail. Les lois de la République sont les mêmes pour tout le monde », a-t-il réagi.
Mais bien sûr… Comment une telle vérité fondatrice aurait pu m’échapper si longtemps ? Les lois de la République sont les mêmes pour tout le monde.

Connaissez-vous une seule autre personne ayant proférer des paroles aussi polémiques que celles de M. Domota sans être inquiétée par la justice ?

Malheureusement, j’en connais au moins une, et de taille !!! Ce qui me fait dire que M. Jégo navigue quelque part entre le mensonge, l’hypocrisie et l’amnésie volontaire…

Les paroles de M. Domota, aussi polémiques soient-elles, seraient-elles vraiment différentes de celles prononcées par notre cher président, le 22 avril 2006, devant les nouveaux adhérents de l’UMP (à l’époque, il était ministre de l’intérieur) : un mélange détonnant de démagogie et de xénophobie qui a fait un tabac auprès des quelques 2000 personnes venues s’en abreuver… «S’il y en a que cela gêne d’être en France, qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas» a-t-il lancé. Cette phrase rappelle le slogan de Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF) : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes »

A ma connaissance, M. sarkozy n’a jamais été inquiété. Il s’est même permis de remettre une couche dans un discours prononcé à Agen (le 22/6/2006), en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2007 : « Ceux qui n’aiment pas la France, ceux qui exigent tout d’elle sans rien vouloir lui donner, je leur dis qu’ils ne sont pas obligés de rester sur le territoire national ». Il a aussi dénoncé pêle-mêle « ceux qui ont délibérément choisi de vivre du travail des autres, ceux qui pensent que tout leur est dû sans qu’eux-mêmes ne doivent rien à personne (…), ceux qui, au lieu de se donner du mal pour gagner leur vie, préfèrent chercher dans les replis de l’Histoire une dette imaginaire que la France aurait contractée à leur égard (…), ceux qui préfèrent attiser la surenchère des mémoires pour exiger une compensation que personne ne leur doit plutôt que de chercher à s’intégrer par l’effort et par le travail. »