Narcissisme intellectuel…

Rares sont les articles qui ont pu me donner l’envie irrésistible de les colporter… Ces derniers temps, trois ont, cependant, réussi cet exploit. Mais si je le fais, c’est par pur narcissisme intellectuel. C’est, en quelque sorte, ma façon de m’auto-mousser, en me disant « voilà des personnes illustres qui écrivent merveilleusement bien ce que je pense ». Avoir Augagneur, Todorov et LaTour comme « nègres », c’est quand même le pied !

Le premier, « Le genre humain menacé » (Le Monde du 3/4/2011), est dû à Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur, et traite de la nécessité de transformer rapidement nos sociétés afin de composer avec les défis écologiques et leurs conséquences sociales et politiques. Leur verdict est grave : « Lorsque l’effondrement de l’espèce apparaîtra comme une possibilité envisageable, l’urgence n’aura que faire de nos processus, lents et complexes, de délibération. Pris de panique, l’Occident transgressera ses valeurs de liberté et de justice »

Le second, « La tyrannie de l’individu » (Le Monde du 27/3/2011), est de Tzvetan Todorov, historien des idées et essayiste. Il y analyse le passage du tout-Etat totalitaire au tout-individu ultralibéral, ou comme il dit « d’un régime liberticide à un autre, d’esprit « sociocide » », pour arriver au constat accablant suivant : « La tyrannie des individus est certainement moins sanglante que celle des Etats ; elle est pourtant, elle aussi, un obstacle à une vie commune satisfaisante »

Enfin, le troisième, « En attendant Gaïa, ou comment l’homme a changé la Terre » (Libé du 29/6/2011), nous le devons à Bruno LaTour, philosophe et anthropologue. Il y aborde la portée de notre action sur l’ensemble de la biosphère, et l’urgence de changer de trajectoire. Je ne peux m’empêcher d’en archiver quelques extraits choisis :
« Comme un anneau de Moebius, cette Terre qui semblait nous contenir, nous la contenons à notre tour par l’étendue même de nos actions. « Gaïa » est le nom que certains savants donnent à ce ruban ou plutôt à ce nœud coulant qui nous étranglera avant que nous ne l’étranglions. […] D’autres nous demandent de décroître, en tous cas de nous faire plus petits, plus discrets, ce qui reviendra à plier notre taille de géant pour devenir une sorte d’Atlas modeste et frugal. Ce qui revient à nous demander d’abandonner nos ambitions, nos espoirs de conquête, notre goût pour l’artifice et l’innovation, sans oublier cette volonté qui fut si belle de nous émanciper enfin de toutes nos chaînes. […] Et dans cet apprentissage impossible il faut entrer vite, car on assure que Gaïa ne nous laissera pas beaucoup de temps. Certains affirment même qu’elle nous ferait la guerre. Les guerres nous connaissons, mais comment croire qu’on peut gagner celle-là ? Si nous gagnons contre elle, nous perdons et si nous perdons, nous perdons encore ! Drôle de guerre vraiment. »

 

Le genre humain, menacé
Le Monde du 3/4/2011 p.18 Décryptages-Débats

Il sera bientôt trop tard pour remédier aux catastrophes écologiques et à leurs conséquences sociales et politiques.

Une information fondamentale publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est passée totalement inaperçue : le pic pétrolier s’est produit en 2006. Alors que la demande mondiale continuera à croître avec la montée en puissance des pays émergents (Chine, Inde et Brésil), la production de pétrole conventionnel va connaître un déclin inexorable après avoir plafonné. La crise économique masque pour l’heure cette réalité.
Mais elle obérera tout retour de la croissance. La remontée des coûts d’exploration-production fera naître des tensions extrêmement vives. L’exploitation du charbon et des réserves fossiles non conventionnelles exigera des investissements lourds et progressifs qui ne permettront guère de desserrer l’étau des prix à un horizon de temps proche. Les prix de l’énergie ne peuvent ainsi que s’affoler.

Le silence et l’ignorance d’une grande partie de la classe politique sur ce sujet ne sont guère plus rassurants. Et cela sans tenir compte du fait que nous aurons relâché et continuerons à dissiper dans l’atmosphère le dioxyde de carbone stocké pendant des millénaires… Chocs pétroliers à répétition jusqu’à l’effondrement et péril climatique. Voilà donc ce que nous préparent les tenants des stratégies de l’aveuglement. La catastrophe de Fukushima alourdira encore la donne énergétique.

De telles remarques génèrent souvent de grands malentendus. Les objections diagnostiquent et dénoncent aussitôt les prophètes de malheur comme le symptôme d’une société sur le déclin, qui ne croit plus au progrès. Ces stratégies de l’aveuglement sont absurdes. Affirmer que notre époque est caractérisée par une  » épistémophobie  » ou la recherche du risque zéro est une grave erreur d’analyse, elle éclipse derrière des réactions aux processus d’adaptation la cause du bouleversement.

Ce qui change radicalement la donne, c’est que notre vulnérabilité est désormais issue de l’incroyable étendue de notre puissance. L' » indisponible  » à l’action des hommes, le tiers intouchable, est désormais modifiable, soit par l’action collective (nos consommations cumulées) soit par un individu isolé ( » biohackers « ). Nos démocraties se retrouvent démunies face à deux aspects de ce que nous avons rendu disponible : l’atteinte aux mécanismes régulateurs de la biosphère et aux substrats biologiques de la condition humaine.
Cette situation fait apparaître  » le spectre menaçant de la tyrannie  » évoqué par le philosophe allemand Hans Jonas. Parce que nos démocraties n’auront pas été capables de se prémunir de leurs propres excès, elles risquent de basculer dans l’état d’exception et de céder aux dérives totalitaristes.

Prenons l’exemple de la controverse climatique. Comme le démontre la comparaison entre les études de l’historienne des sciences Naomi Oreskes avec celles du politologue Jules Boykoff, les évolutions du système médiatique jouent dans cette affaire un rôle majeur. Alors que la première ne répertoria aucune contestation directe de l’origine anthropique du réchauffement climatique dans les revues scientifiques peer reviewed ( » à comité de lecture « ), le second a constaté sur la période étudiée que 53 % des articles grand public de la presse américaine mettaient en doute les conclusions scientifiques.

Ce décalage s’explique par le remplacement du souci d’une information rigoureuse par une volonté de flatter le goût du spectacle. Les sujets scientifiques complexes sont traités de façon simpliste (pour ou contre). Ceci explique en partie les résultats de l’étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pilotée par Daniel Boy sur les représentations sociales de l’effet de serre démontrant un sérieux décrochage du pourcentage de Français attribuant le dérèglement climatique aux activités humaines (65 % en 2010, contre 81 % en 2009). Ces dérives qui engendrent doute et scepticisme au sein de la population permettent aux dirigeants actuels, dont le manque de connaissance scientifique est alarmant, de justifier leur inaction.

Le sommet de Cancun a sauvé le processus de négociation en réussissant en outre à y intégrer les grands pays émergents. Mais des accords contraignants à la hauteur de l’objectif des seconds sont encore loin. S’il en est ainsi, c’est parce que les dirigeants de la planète (à l’exception notable de quelques-uns) ont décidé de nier les conclusions scientifiques pour se décharger de l’ampleur des responsabilités en jeu. Comment pourraient-ils à la fois croire en la catastrophe et ne rien faire, ou si peu, pour l’éviter ?
Enfermée dans le court terme des échéances électorales et dans le temps médiatique, la politique s’est peu à peu transformée en gestion des affaires courantes. Elle est devenue incapable de penser le temps long. Or la crise écologique renverse une perception du progrès où le temps joue en notre faveur. Parce que nous créons les moyens de l’appauvrissement de la vie sur terre et que nous nions la possibilité de la catastrophe, nous rendons celle-ci crédible.

Il est impossible de connaître le point de basculement définitif vers l’improbable ; en revanche, il est certain que le risque de le dépasser est inversement proportionnel à la rapidité de notre réaction. Nous ne pouvons attendre et tergiverser sur la controverse climatique jusqu’au point de basculement, le moment où la multiplication des désastres naturels dissipera ce qu’il reste de doute. Il sera alors trop tard. Lorsque les océans se seront réchauffés, nous n’aurons aucun moyen de les refroidir.

La démocratie sera la première victime de l’altération des conditions universelles d’existence que nous sommes en train de programmer. Les catastrophes écologiques qui se préparent à l’échelle mondiale dans un contexte de croissance démographique, les inégalités dues à la rareté locale de l’eau, la fin de l’énergie bon marché, la raréfaction de nombre de minéraux, la dégradation de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, les événements climatiques extrêmes… produiront les pires inégalités entre ceux qui auront les moyens de s’en protéger, pour un temps, et ceux qui les subiront. Elles ébranleront les équilibres géopolitiques et seront sources de conflits.

L’ampleur des catastrophes sociales qu’elles risquent d’engendrer a, par le passé, conduit à la disparition de sociétés entières. C’est, hélas, une réalité historique objective. A cela s’ajoutera le fait que des nouvelles technologies de plus en plus facilement accessibles fourniront des armes de destruction massive à la portée de toutes les bourses et des esprits les plus tourmentés.

Lorsque l’effondrement de l’espèce apparaîtra comme une possibilité envisageable, l’urgence n’aura que faire de nos processus, lents et complexes, de délibération. Pris de panique, l’Occident transgressera ses valeurs de liberté et de justice. Pour s’être heurtées aux limites physiques, les sociétés seront livrées à la violence des hommes. Nul ne peut contester a priori le risque que les démocraties cèdent sous de telles menaces.
Le stade ultime sera l’autodestruction de l’existence humaine, soit physiquement, soit par l’altération biologique. Le processus de convergence des nouvelles technologies donnera à l’individu un pouvoir monstrueux capable de faire naître des sous-espèces. C’est l’unité du genre humain qui sera atteinte. Il ne s’agit guère de l’avenir, il s’agit du présent. Le cyborg n’est déjà plus une figure de style cinématographique, mais une réalité de laboratoire, puisqu’il est devenu possible, grâce à des fonds publics, d’associer des cellules neuronales humaines à des dispositifs artificiels.

L’idéologie du progrès a mal tourné. Les inégalités planétaires actuelles auraient fait rougir de honte les concepteurs du projet moderne, Bacon, Descartes ou Hegel. A l’époque des Lumières, il n’existait aucune région du monde, en dehors des peuples vernaculaires, où la richesse moyenne par habitant aurait été le double d’une autre. Aujourd’hui, le ratio atteint 1 à 428 (entre le Zimbabwe et le Qatar).
Les échecs répétés des conférences de l’ONU montrent bien que nous sommes loin d’unir les nations contre la menace et de dépasser les intérêts immédiats et égoïstes des Etats comme des individus. Les enjeux, tant pour la gouvernance internationale et nationale que pour l’avenir macroéconomique, sont de nous libérer du culte de la compétitivité, de la croissance qui nous ronge et de la civilisation de la pauvreté dans le gaspillage.

Le nouveau paradigme doit émerger. Les outils conceptuels sont présents, que ce soit dans les précieux travaux du Britannique Tim Jackson ou dans ceux de la Prix Nobel d’économie 2009, l’Américaine Elinor Ostrom, ainsi que dans diverses initiatives de la société civile.
Nos démocraties doivent se restructurer, démocratiser la culture scientifique et maîtriser l’immédiateté qui contredit la prise en compte du temps long. Nous pouvons encore transformer la menace en promesse désirable et crédible. Mais si nous n’agissons pas promptement, c’est à la barbarie que nous sommes certains de nous exposer.

Pour cette raison, répondre à la crise écologique est un devoir moral absolu. Les ennemis de la démocratie sont ceux qui remettent à plus tard les réponses aux enjeux et défis de l’écologie.

(Michel Rocard, Dominique Bourg, Floran Augagneur)

 

La tyrannie de l’individu
Article paru dans l’édition du 27.03.11 Le Monde

Pour qu’un pouvoir soit légitime, il ne suffit pas de savoir comment il a été conquis (par exemple par des élections libres ou par un coup d’Etat), encore faut-il voir de quelle manière il est exercé. Il y a bientôt trois cents ans, Montesquieu avait formulé une règle pour guider notre jugement : « Tout pouvoir sans bornes ne saurait être légitime », écrivait-il.

Les expériences totalitaires du XXe siècle nous ont rendus particulièrement sensibles aux méfaits d’un pouvoir illimité de l’Etat, capable de contrôler chaque acte de chaque citoyen. En Europe, ces régimes appartiennent au passé, mais, dans les pays démocratiques, nous restons sensibles aux interférences du gouvernement dans les affaires judiciaires ou la vie des médias, car cela a pour effet de supprimer toute limite posée à son pouvoir. Les attaques répétées menées par le président français ou par le premier ministre italien contre les magistrats et les journalistes sont une illustration de ce danger.

Cependant, l’Etat n’est pas le seul détenteur de pouvoirs au sein d’une société. En ce début du XXIe siècle, en Occident, l’Etat a perdu une bonne partie de son prestige, alors que le pouvoir étendu que détiennent certains individus, ou groupes d’individus, est devenu à son tour une menace. Elle passe pourtant inaperçue, car ce pouvoir se pare d’un beau nom, dont tout un chacun se réclame : celui de liberté. La liberté individuelle est une valeur qui monte, les défenseurs du bien commun paraissent aujourd’hui archaïques.

On voit facilement comment s’est produit ce renversement dans les pays ex-communistes d’Europe de l’Est. L’intérêt collectif y est aujourd’hui frappé de suspicion : pour cacher ses turpitudes, le régime précédent l’avait invoqué si souvent que plus personne ne le prend au sérieux, on n’y voit qu’un masque hypocrite. Si le seul moteur du comportement est de toute façon la recherche de profit et la soif de pouvoir, si le combat impitoyable et la survie du plus apte sont les dures lois de l’existence, autant cesser de faire semblant et assumer ouvertement la loi de la jungle. Cette résignation explique pourquoi les anciens apparatchiks communistes ont su revêtir, avec une facilité déconcertante, les habits neufs de l’ultralibéralisme.

A des milliers de kilomètres de là, aux Etats-Unis, dans un contexte historique entièrement différent, s’est développé depuis peu le mouvement du Tea Party, dont le programme loue à son tour la liberté illimitée des individus et rejette tout contrôle gouvernemental ; il exige de réduire drastiquement les impôts et toute autre forme de redistribution des richesses. Les seules dépenses communes qui trouvent grâce aux yeux de ses partisans concernent l’armée et la police, c’est-à-dire encore la sécurité des individus. Quiconque s’oppose à cette vision du monde est traité de cryptocommuniste ! Ce qui est paradoxal, c’est qu’elle se réclame de la religion chrétienne, alors que celle-ci, en accord avec les autres grandes traditions spirituelles, recommande le souci pour les faibles et les miséreux.

On passe, dans ces cas, d’un extrême à l’autre, du tout-Etat totalitaire au tout-individu ultralibéral, d’un régime liberticide à un autre, d’esprit « sociocide », si l’on peut dire. Or le principe démocratique veut que tous les pouvoirs soient limités : non seulement ceux des Etats, mais aussi ceux des individus, y compris lorsqu’ils revêtent les oripeaux de la liberté.

La liberté qu’ont les poules d’attaquer le renard est une plaisanterie, car elles n’en ont pas la capacité ; la liberté du renard est dangereuse parce qu’il est le plus fort. A travers les lois et les normes qu’il établit, le peuple souverain a bien le droit de restreindre la liberté de tous. Cette limitation n’affecte pas toute la population de la même manière : idéalement, elle restreint ceux qui ont déjà beaucoup de pouvoir et protège ceux qui en ont très peu.

Le pouvoir économique est le premier des pouvoirs qui reposent entre les mains des individus. L’entreprise a pour but de générer des profits pour ses détenteurs, sans quoi elle est condamnée à disparaître. Mais en dehors de leurs intérêts particuliers, les habitants du pays ont aussi des intérêts communs, auxquels les entreprises ne contribuent pas spontanément. C’est à l’Etat qu’il incombe de dégager les ressources nécessaires pour prendre soin de l’armée et de la police, mais aussi de l’éducation et de la santé, de l’appareil judiciaire et des infrastructures. Ou encore de la protection de la nature : la fameuse main invisible attribuée à Adam Smith ne sert pas à grand-chose dans ce cas. On l’a vu au cours de la marée noire dans le golfe du Mexique, au printemps 2010 : laissées sans contrôle, les compagnies pétrolières choisissent les matériaux de construction peu chers et donc peu fiables.

Face au pouvoir économique démesuré que détiennent les individus ou les groupes d’individus, le pouvoir politique se révèle souvent trop faible. Aux Etats-Unis, au nom de la liberté d’expression illimitée, la Cour suprême a autorisé le financement par les entreprises des candidats aux élections ; concrètement, cela signifie que ceux qui disposent de plus d’argent peuvent imposer les candidats de leur choix.
Le président du pays, assurément l’un des hommes les plus puissants de la planète, a dû renoncer à promouvoir une réforme juste de l’assurance médicale, à réglementer l’activité des banques, à diminuer les dégâts écologiques causés par le mode de vie de ses concitoyens.

Dans les pays européens, il arrive fréquemment que les gouvernements se mettent au service des puissances d’argent, donnant lieu à une nouvelle oligarchie politico-économique qui gère les affaires communes dans l’intérêt de quelques particuliers. Ou encore que les ministres en exercice se comportent en individus intéressés, en acceptant que des tiers paient leurs vacances…

La liberté d’expression est présentée parfois comme le fondement de la démocratie, qui pour cette raison ne doit connaître aucun frein. Mais peut-on dire qu’elle est indépendante du pouvoir dont on dispose ? Il ne suffit pas d’avoir le droit de s’exprimer, encore faut-il en avoir la possibilité ; en son absence, cette « liberté » n’est qu’un mot creux. Toutes les informations, toutes les opinions ne sont pas acceptées avec la même facilité dans les grands médias du pays. Or la libre expression des puissants peut avoir des conséquences funestes pour les sans-voix : nous vivons dans un monde commun. Si l’on a la liberté de dire que tous les Arabes sont des islamistes inassimilables, ils n’ont plus celle de trouver du travail ni même de marcher dans la rue sans être contrôlés.

La parole publique, un pouvoir parmi d’autres, doit parfois être limitée. Où trouver le critère permettant de distinguer les bonnes limitations des mauvaises ? Entre autres, dans le rapport de pouvoir entre celui qui parle et celui dont on parle. On n’a pas le même mérite selon qu’on s’attaque aux puissants du jour ou que l’on désigne au ressentiment populaire un bouc émissaire. Un organe de presse est infiniment plus faible que l’Etat, il n’y a donc aucune raison de limiter sa liberté d’expression lorsqu’il le critique, pourvu qu’il la mette au service de la vérité.

Quand le site Mediapart révèle une collusion entre puissances d’argent et responsables politiques, son geste n’a rien de « fasciste », quoi qu’en disent ceux qui se sentent visés. Les « fuites » de WikiLeaks notamment publié par Le Monde n’ont rien de totalitaire : les régimes communistes rendaient transparente la vie de faibles individus, pas celle de l’Etat. En revanche, un organe de presse est plus puissant qu’un individu, et le « lynchage médiatique » est un abus de pouvoir.

Les défenseurs de la liberté d’expression illimitée ignorent la distinction entre puissants et impuissants, ce qui leur permet de se couvrir eux-mêmes de lauriers. Le rédacteur du journal danois Jyllands-Posten, qui avait publié en 2005 l’ensemble des caricatures de Mahomet, revient sur l’affaire cinq ans plus tard et se compare modestement aux hérétiques du Moyen Age brûlés sur le bûcher, à Voltaire pourfendeur de l’Eglise toute-puissante ou aux dissidents réprimés par la police soviétique. Décidément, la figure de la victime exerce aujourd’hui une attraction irrésistible ! Le journaliste oublie, ce faisant, que les courageux praticiens de la liberté d’expression se battaient contre les détenteurs du pouvoir spirituel et temporel de leur temps, non contre une minorité discriminée.

Poser des bornes à la liberté d’expression signifie non plaider pour l’instauration de la censure, mais faire appel à la responsabilité des maîtres des médias. La tyrannie des individus est certainement moins sanglante que celle des Etats ; elle est pourtant, elle aussi, un obstacle à une vie commune satisfaisante. Rien ne nous oblige à nous enfermer dans le choix entre « tout-Etat » et « tout-individu » : nous avons besoin de défendre les deux, chacun limitant les abus de l’autre.

(Tzvetan Todorov)

Des drapeaux et des essuies-cul(s)…

Il fut un temps où je croyais à la notion de nation, avec ses vertus fédératrices. Naïf, j’y voyais une source d’ambition, de créativité, de partage, une façon de canaliser les bonnes volontés, d’encourager les pensées constructives, et contre toute attente de favoriser tous les universalismes. A l’époque, j’ai complètement occulté le revers de la médaille : la propension des gens à en faire une arme de connerie massive, un prétexte de recroquevillement et une source inépuisable de chauvinisme, d’égocentrisme et de croyance frelatée de l’infériorité de l’autre.

Aujourd’hui, ma conviction est faite : La nation a fait son temps. Elle est en train de vivre ses derniers soubresauts… Une oie qui s’acharne à courir bien que décapitée…

Il me semble naturel qu’un monde au bord du gouffre, jouant à chaque instant sa survie, flirtant chaque jour un peu plus avec la Chute Finale (qui le subjuguera irrémédiablement), se préoccupe beaucoup moins de ses frontières, de ses affinités locales, ainsi que de tous ses chiffons (drapeaux, emblèmes et autre linge sale des états, comme dirait Sylvain Tesson…)…

Michèle Alliot-Marie aimerait qu’il en soit autrement… C’est, du moins, ce que traduisent ses cris à la profanation, ses gesticulations justicières, face à ce photographe qui a osé transformer le drapeau tricolore en essuie-cul (cliché primé à la Fnac !). Cette liberté d’expression qui a su transgresser le sacré (vous rappelez-vous des caricatures de Mahomet ?), semble devoir se prosterner devant l’emblème de la nation. Un «deux poids, deux mesures » de plus (fait pour me faire chier, j’en suis sûr), dans un monde de plus en plus arbitraire, où les positions de principe sont prises à la tête du client !

Michèle Alliot-Marie devrait pourtant lire Gustave Flaubert : « Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m… qu’il est temps de n’en plus avoir du tout »(Correspondance à George Sand, 1869), ou encore Henri Barbusse : « Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux » (La Lueur dans l’abîme, 1920)

Zeitgeist : Film de propagande ou hymne à la rébellion intellectuelle ?

« Zeitgeist : The Movie » est un film documentaire (libre de droit) réalisé en 2007 par un certain Peter Joseph (un article lui a été consacré par le New-York Times), à l’origine du mouvement du même nom « The Zeitgeist Movement« .

Zeitgeist (« esprit du moment », en allemand) pointe du doigt les thèses dominantes et dénonce leur exploitation par une minorité détenant le pouvoir effectif. Il oscille quelque part entre la thèse du complot (avec, pour une fois, un argumentaire simple et percutant) et l’incitation à la rébellion intellectuelle. Les sujets abordés n’ont rien d’original : L’histoire de Jésus-Christ, les attentats du 11/9, le système bancaire, les plans secrets d’une gouvernance mondiale menés par une élitte trans-nationale, la montée des fascismes… Le regard critique apporté, la simplicité de l’argumentaire et le ton engagé, ne peuvent que séduire…

Une suite a été réalisée en 2008 : «Zeitgeist – Addendum » pour dénoncer le système monétaire (ses ravages et ses tendances esclavagistes) et proposer une nouvelle société inspirée des travaux de Jacques Fresco et de son projet « The Venus Project ». Un regard idéaliste au point de sembler, à certains moments, un peu neuneu… Et puis, les allocutions de J. Krishnamurti ne laissent guère indifférent.
Le projet Vénus vise à troquer le système monétaire (voire monétariste) actuel contre un autre basé sur le partage des ressources et les avancées technologiques bien ciblées. L’objectif ultime de cette combinaison est de tarir la source de tous nos maux : la notion bien entretenue de rareté, la névrose consumériste, la recherche effrénée du profit…
Les critiques ne manquent pas… voir, entre autres, Boing-Boing ou The Stranger

Considérer que Zeitgeist est la Vérité relèverait de l’inconscience. N’y voir qu’un travestissement surréaliste des vérités établies (œuvre d’un désaxé notoire, comme certains l’ont dit) est un signe de stupidité et/ou de malhonnêteté intellectuelle.

Sans être un partisan inconditionnel des théories du complot, je ne peux que lui reconnaître sa vision engagée visant un système alternatif capable de remettre en cause les chauvinismes, de contrer les pensées dominantes, de développer l’anticonformisme, et d’établir des contre-pouvoirs.

Je lui reproche, cependant, l’absence de la mention explicite de ses sources. Ainsi, et en l’absence de preuves irréfutables (sources datées et vérifiables), je reste dubitatif devant la citation de David Rockefeller (Council on Foreign Relations) « Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine, et les autres grandes parutions dont les directeurs ont assisté à nos meetings et ont honoré leur promesse  de discrétion durant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est plus sophistiqué et préparé à marcher vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est certainement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles précédents ». Je suis littéralement « sur le cul » (et un peu plus dubitatif) devant ce que rapporte Aaron Russo (cinéaste) sur le complot mondialiste, et plus spécifiquement sur Nicholas Rockefeller : une prémonition bluffante, datant (selon ses dires) de 11 mois avant le 11/9, détaillant l’enchainement à venir, la guerre contre un ennemi éternel mais fictif, le matraquage médiatique et l’enrôlement des foules, jusqu’à l’atteinte de l’objectif ultime : le pouvoir absolu et la main mise sur les libertés fondamentales.

Des 2 films, je retiens, au moins, cette citation du philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade »

The Revolution is Now…

Le Syndrome de Noé

Au fil des ans, on m’a collé l’étiquette de pessimiste, chose que je réfute énergiquement. Mon comportement constamment récessif, mes critiques du Système, mes convictions profondes de l’imminence du krach, mon pressentiment d’aller droit dans le mur, relèvent, à mon sens, plus du réalisme terre-à-terre que du pessimisme clinique…

Aurais-je fait des gosses en étant l’éternel pessimiste qu’on décrit ? Je ne pense pas…

C’est bien mon réalisme maladif qui m’a incité à faire des gausses, et ceux pour deux raisons :

  • Une purement économique, mais quelque peu perverse (je vous l’accorde) : C’est le meilleur moyen (éthiquement acceptable) d’accéder à la main d’œuvre quasi-gratuite dans un monde où l’on reviendrait, tôt ou tard, à notre préoccupation la plus basique d’éleveurs-cueilleurs…
  • Une autre plutôt psychiatrique, relevant du « syndrome de Noé » (je viens de l’inventer à l’instant, je vous rassure.) : Sentant que le déluge ne va plus tarder, on se trouve porté par une envie irrésistible de construire un bateau et d’embarquer tous ceux qu’on aime… En faisant des gausses (qui, par définition, ne peuvent s’opposer à l’embarquement), on ne fait qu’augmenter le taux de remplissage du bateau, de se garantir quelques accompagnateurs inconditionnels (évitant ainsi les grands moments de solitude)… Au pire, on fera un p’tit tour (entre amis) et on reviendra au point de départ…

Government is a broker in pillage…

Je reste toujours bouche bée devant la puissance de l’image Menckenienne, devant son réalisme satirique…

« The government consists of a gang of men exactly like you and me. They have, taking one with another, no special talent for the business of government; they have only a talent for getting and holding office. Their principal device to that end is to search out groups who pant and pine for something they can’t get and to promise to give it to them. Nine times out of ten that promise is worth nothing. The tenth time is made good by looting A to satisfy B. In other words, government is a broker in pillage, and every election is sort of an advance auction sale of stolen goods. »

H.L. Mencken (critique social américain, surnommé le « Sage de Baltimore »)

Hard Rain

And what did you hear, my blue-eyed son?
And what did you hear, my darling young one?
I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin
I heard the roar of a wave that could drown the whole world
I heard one hundred drummers whose hands were a-bleedin’
I heard ten thousand whisperin’ and nobody listenin’
I heard one person starve, I heard many people laughin’
Heard the song of a poet who died in the gutter
Heard the sound of a clown who cried in the alley
And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard
And it’s a hard rain’s a-gonna fall.

Bob Dylan, Hard Rain

Adieux d’un futur chômeur (merci Sarko ! )

Toute bonne chose a une fin. Mais les adieux n’ont jamais été mon point fort…

J’ai été ravi de bosser avec vous durant ces dix années (ceci ne préjuge en rien de la réciproque). Ce n’est pas de la langue de bois, car je me suis arrangé pour ne partir qu’une fois que tous ceux qui m’ont miné l’existence déjà partis.

Vous allez peut-être me prendre pour un dingue, mais vendredi soir, en quittant les bureaux, je me suis posé la question de ce qu’aurait pu dire Pierre Desproges à ma place… Et j’ai pensé à sa fameuse « Il y a une coutume du spectacle qui me gonfle singulièrement, c’est les rappels. C’est totalement absurde, les rappels. Enfin, écoutez, dans la vie normale, dans la vie courante, quand un mec a fini son boulot, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne revient pas, il dit au revoir, et il s’en va… Enfin, on n’imagine pas un plombier, re-sonnant à la porte, après avoir réparé une fuite, juste pour refiler un petit coup de clé de douze. ».
Je me garde, cependant, la possibilité de passer manger à la cantine…

En tout cas, je ne vous fais point d’infidélité. Je pars pour ne rien faire ou, du moins, pour faire moins, car c’est un noble art que de ne rien faire : « Besides the noble art of getting things done, there is the noble art of leaving things undone. The wisdom of life consists in the elimination of non-essentials » (Lin Yutang. J’aurais pu vous le faire en Chinois… mais bon…).
Plus terre à terre, et dès que je vois plus clair dans mon agenda, je vous convierai à un p’tit pot des plus informels… un vendredi dans 2 ou 3 semaines, question de pouvoir trinquer avec tout le monde.
Bises,
Le Chômeur

A tous ces ridicules qui veulent (pensent) nous éclairer…

Je n’ai pu m’empêcher de reprendre ces quelques perles du bêtisier de la finance. Heureusement que le ridicule ne tue guère…

En ce début de l’an 9, il est temps de décerner quelques « Médailles » aux différents experts qui se sont penchés cette année sur notre économie…

Prix de la plus belle « Analyse boursière »
Décerné à David Naudé, économiste et analyste senior de la Deutsche Bank, pour cette déclaration prophétique faite le 1er janvier 2008.« Aux Etats-Unis, l’embellie arrivera certainement mi-2008. En Europe la reprise prendra sans doute quelques mois de plus. En tout cas, il n’aura pas de krach cette année ! » Nous attendrons avec impatience l’analyse des analystes seniors de la Deutsche Bank pour 2009

Prix de la plus belle « Déclaration politique »
Décerné à Eric Woerth, ministre du budget pour cette petite phrase : « Par nature, la France n’est pas en récession ». Le prochain sommet de la francophonie devrait d’ailleurs proposer la suppression de ce mot, qui n’existe que dans les pays anglo-saxons.

Et à Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI pour ces deux déclarations « Il y a de bonnes raisons de penser que les institutions financières ont révélé l’essentiel (des dégâts), surtout aux Etats-Unis (…) Les pires nouvelles sont donc derrière nous » (mai 2008) et « La crise financière est « mondialisée », et aucun pays n’échappera à ses effets qui seront pires en 2009 que cette année » (le même DSK réincarné en décembre 2008)

Prix de la meilleure « Analyse en matières premières »
Décerné sans hésitation à la banque Goldman Sachs, avec une mention spéciale pour le timing, pour sa prévision d’un baril à 200 $ « dans un délai de 6 mois à 2 ans », faite en mai 2008. Goldman Sachs a entre temps un peu modifié son objectif, qui est passé de 200 à 45 $ en l’espace de 6 mois. Nous en sommes aujourd’hui autour de 60$, après être passés par 30$.

Prix du meilleur « Article de presse »
Il revient de droit au « Journal des Finances », avec là aussi une mention pour le timing absolument parfait, avec ce superbe titre dans sa une du 13 septembre 2008 : « CAC 40, le pire est passé ». Deux jours après la parution de ce numéro, le CAC entamait une grande vague de baisse, qui le fit passer de 4 332 à 3 176 points en moins d’un mois.

Prix du plus beau « Gaspillage financier »
Décerné à l’état américain, qui a réussi à faire passer sa dette publique nette de 5 276 milliards à 6 434 milliards en seulement 5 mois, de juillet à décembre 2008 (+ 1 158 milliards de $), ce qui le place bien loin devant tous les Madoff et Kerviel

Prix de la meilleure « Notation de risque bancaire »
Décerné à l’agence de notation Standar & Poors, pour avoir octroyé la note A+ à Lehman Brothers en mars 2008 (6 mois avant la faillite) en précisant ceci « The near-term earnings prospects remain at least somewhat brighter » » ce qui pourrait être traduit par : « A court terme, les perspectives de gain sont plutôt prometteuses »

Prix de la meilleure « Analyse immobilière »
Décerné à la FNAIM pour cette affirmation dans sa lettre de conjoncture d’avril 2008: « Tout semble indiquer que les comportements spéculatifs se sont progressivement dissipés et que le risque d’un retournement de marché mériterait d’être écarté »

Oxala House : Vœux en temps de récession

Une fois par an, j’ai l’habitude mais surtout le plaisir de vous remercier pour la confiance que vous aviez témoignée, à un moment ou à un autre, à Oxala House, ainsi que pour votre adhésion à l’esprit qu’elle tente de véhiculer.
Ceci fut la partie sympa de mon message… A partir de là, les choses se corsent.

Emotifs s’abstenir…
Habitués au traditionnel et rébarbatif « On vous souhaite une Bonne et Heureuse Année 2009 », ne lisez surtout pas ce qui suit…
Conservateurs, passez votre chemin. Il n’y a rien à lire…
Angoissés et dépressifs, vous n’avez clairement pas besoin d’aller plus loin…

« Au lieu de fulminer contre les ténèbres, il vaut mieux allumer une petite lanterne » (Proverbe chinois).
Je vais plutôt allumer un cierge…

2008 aura été l’année de toutes les crises : crise alimentaire (les émeutes de la faim se propageant de l’Afrique à l’Asie et aux caraïbes), crise financière (des mastodontes de la finance demandant à genoux l’aide publique), crise énergétique (avec le pétrole atteignant des sommets jamais connus), crise du Système en entier (les fondamentalistes n’ont pu que constater, avec stupéfaction mêlée parfois d’horreur, que le système bâti depuis une quarantaine d’années par leurs « experts économistes » a failli s’effondrer comme un minable château de cartes).

2008 aura été la fête aux boucs émissaires…
Avec chacune de ces crises, nous avons cherché et trouvé un bouc émissaire : le FMI et les agro-carburants pour la première, des financiers peu scrupuleux et des régulateurs incompétents pour la seconde et la quatrième, les spéculateurs de tous bords et l’appétit insatiable des chinois, pour la troisième…

Et comme un malheur ne vient jamais seul, 80% des huîtres qui devaient être consommées dans un ou deux ans sont mortes au cours de l’été 2008 (source : Le Monde 1/1/2009), frappées par un mal mystérieux… De quoi assombrir les perspectives des prochains réveillons. Celui qui me trouve un bouc émissaire pour cette catastrophe, gagne son poids en huîtres…

La crise, ça a du bon… Elle permet de remettre les pendules à l’heure.

Mais à aucun moment, on n’a remis en cause notre mode de vie, ni nos pratiques de (hyper-sur) consommation. On ne s’est toujours pas posé de questions sur nos responsabilités, ni nos conneries éventuelles, encore moins sur la viabilité du Système… Depuis le reflux du pétrole, nous avons remis nos panneaux solaires et nos éoliennes au placard.

Je suis bien curieux (une pure curiosité intellectuelle que je suis prêt à payer) de la réaction qu’on aura bientôt face à la crise écologique qui fait les cent pas à nos portes… Des catastrophes naturelles récurrentes et virulentes nous laissent de marbre. La planète se meurt, et pourtant on ne jure que par la croissance du PIB… Que fera-t-on des quelques dizaines de millions de réfugiés climatiques qui frapperont à nos portes ? Accepteront-ils d’être nos futurs boucs émissaires ? Que fera-t-on devant l’imminent krach alimentaire et social ? Les foules rugissantes se contenteront-ils d’un p’tit « Soyez sympa… Attendez le retour de la croissance ! »

On me dit : « Notre Système est trop beau pour s’effondrer… »
En Afrique de l’ouest, on dit pourtant « Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer »

J’entends d’ici certains parmi vous fulminer, grommeler, me traiter de tous les noms d’oiseaux… J’aurais dû leur raconter un joli conte de Noël (Il faut dire que la période s’y prête). A ceux-là, je ne peux que présenter mes excuses les plus plates de jouer les troubles fête pendant cette période de fêtes. Qu’ils reprennent tranquillement leur dégustation de huîtres…

Je ne répèterai pas mon cri de guerre de mes vœux 2008 « A bas le Système ! », car j’ai l’impression qu’il s’y dirige tout seul comme un grand. Et je n’aime pas taper sur les faibles, encore moins quand ils sont à terre…
Que notre récession reste une jolie petite récession bien sympathique et ne se transforme pas en  une HORRIBLE dépression… du moins pas tout de suite.
Soyons, pour une fois, fous : optons pour la simplicité volontaire. La décroissance sera alors cool à vivre.

Mes meilleurs vœux d’un monde meilleur… En me lisant jusqu’ici, vous l’avez bien mérité.
Mieux encore, j’ai même une p’tite carte de vœux pour vous :Oxala_eCard2009

Zouheir

PS : Ceci fut notre premier et dernier message de l’année… Ouf !!