Zeitgeist : Film de propagande ou hymne à la rébellion intellectuelle ?

« Zeitgeist : The Movie » est un film documentaire (libre de droit) réalisé en 2007 par un certain Peter Joseph (un article lui a été consacré par le New-York Times), à l’origine du mouvement du même nom « The Zeitgeist Movement« .

Zeitgeist (« esprit du moment », en allemand) pointe du doigt les thèses dominantes et dénonce leur exploitation par une minorité détenant le pouvoir effectif. Il oscille quelque part entre la thèse du complot (avec, pour une fois, un argumentaire simple et percutant) et l’incitation à la rébellion intellectuelle. Les sujets abordés n’ont rien d’original : L’histoire de Jésus-Christ, les attentats du 11/9, le système bancaire, les plans secrets d’une gouvernance mondiale menés par une élitte trans-nationale, la montée des fascismes… Le regard critique apporté, la simplicité de l’argumentaire et le ton engagé, ne peuvent que séduire…

Une suite a été réalisée en 2008 : «Zeitgeist – Addendum » pour dénoncer le système monétaire (ses ravages et ses tendances esclavagistes) et proposer une nouvelle société inspirée des travaux de Jacques Fresco et de son projet « The Venus Project ». Un regard idéaliste au point de sembler, à certains moments, un peu neuneu… Et puis, les allocutions de J. Krishnamurti ne laissent guère indifférent.
Le projet Vénus vise à troquer le système monétaire (voire monétariste) actuel contre un autre basé sur le partage des ressources et les avancées technologiques bien ciblées. L’objectif ultime de cette combinaison est de tarir la source de tous nos maux : la notion bien entretenue de rareté, la névrose consumériste, la recherche effrénée du profit…
Les critiques ne manquent pas… voir, entre autres, Boing-Boing ou The Stranger

Considérer que Zeitgeist est la Vérité relèverait de l’inconscience. N’y voir qu’un travestissement surréaliste des vérités établies (œuvre d’un désaxé notoire, comme certains l’ont dit) est un signe de stupidité et/ou de malhonnêteté intellectuelle.

Sans être un partisan inconditionnel des théories du complot, je ne peux que lui reconnaître sa vision engagée visant un système alternatif capable de remettre en cause les chauvinismes, de contrer les pensées dominantes, de développer l’anticonformisme, et d’établir des contre-pouvoirs.

Je lui reproche, cependant, l’absence de la mention explicite de ses sources. Ainsi, et en l’absence de preuves irréfutables (sources datées et vérifiables), je reste dubitatif devant la citation de David Rockefeller (Council on Foreign Relations) « Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine, et les autres grandes parutions dont les directeurs ont assisté à nos meetings et ont honoré leur promesse  de discrétion durant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est plus sophistiqué et préparé à marcher vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est certainement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles précédents ». Je suis littéralement « sur le cul » (et un peu plus dubitatif) devant ce que rapporte Aaron Russo (cinéaste) sur le complot mondialiste, et plus spécifiquement sur Nicholas Rockefeller : une prémonition bluffante, datant (selon ses dires) de 11 mois avant le 11/9, détaillant l’enchainement à venir, la guerre contre un ennemi éternel mais fictif, le matraquage médiatique et l’enrôlement des foules, jusqu’à l’atteinte de l’objectif ultime : le pouvoir absolu et la main mise sur les libertés fondamentales.

Des 2 films, je retiens, au moins, cette citation du philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade »

The Revolution is Now…

Casser du GIEC…

Ceux qui me connaissent vont surement me traiter de cinglé… Mettre les pieds dans la jungle indéfrichable des pro-anti-consensus GIEC, sans être rémunéré, c’est une pure folie… En fait, j’en avais ras le bol que d’entendre les différents protagonistes raconter leurs vérités (chacune étant par définition la seule et unique vérité), avec toujours cet même air savant et (en apparence) objectif… Ca n’empêche qu’à chaque fois, ça puait la subjectivité à plein nez.

Profitant de l’absence de mes femmes et de la fécondité intellectuelle caractéristique de ces périodes d’abstinence sexuelle (oui oui, je frime…), j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes, de m’immerger dans la littérature académique des pros et des anti-consensus, et de me faire mon propre opinion. Au bout d’une trentaine d’articles allant dans tous les sens (dont certains s’évertuent à critiquer/démonter/laminer d’autres), cinq jours avec peu de sommeil, peu de bouffe (ça ne pouvait me faire que du bien), beaucoup de café et un vide sexuel revigorant (ma femme ne va pas aimer !), je suis arrivé à la conclusion (abstraction faite de mes convictions profondes) que s’il faut absolument parier, je parierais pour l’instant sur le consensus du GIEC, même si ce consensus n’a rien d’intellectuellement excitant (car trop cadré, comme une thèse dominante peut l’être). Ses arguments sont les plus solides.

Face à ce consensus, la thèse de saisonnalité naturelle du japonais Akasofu est séduisante par sa simplicité, mais me paraît trop belle pour être vraie (verdict dans 10 à 20 ans).

Je garderai, par ailleurs, un œil attentiste sur la thèse solariste qui, à mon sens, complètera un jour (sans la supplanter) la vision anthropique.

Au sein des climato-sceptiques (un ensemble si bigarré que toute généralisation sera à proscrire), je garderai un œil impitoyable sur tous ces anti-consensus négatifs et improductifs, qui refusent la thèse anthropique, mais n’apportent rien au débat, à part des controverses stériles, une mauvaise foi à toute épreuve, et un art consommé de la tétrapiloctomie (l’art de couper les cheveux en quatre).

Faire son choix, aujourd’hui, relève partiellement de l’acte de foi. N’oubliez pas qu’en l’absence de preuve irréfutable de la réalité de Dieu, Pascal pariait qu’Il existe (vive la théorie des jeux !). Je ferai de même avec la thèse anthropique.

Le fruit de mes 5 jours de labeur est accessible ici : Rechauffement_Etatdelart

Le Syndrome de Noé

Au fil des ans, on m’a collé l’étiquette de pessimiste, chose que je réfute énergiquement. Mon comportement constamment récessif, mes critiques du Système, mes convictions profondes de l’imminence du krach, mon pressentiment d’aller droit dans le mur, relèvent, à mon sens, plus du réalisme terre-à-terre que du pessimisme clinique…

Aurais-je fait des gosses en étant l’éternel pessimiste qu’on décrit ? Je ne pense pas…

C’est bien mon réalisme maladif qui m’a incité à faire des gausses, et ceux pour deux raisons :

  • Une purement économique, mais quelque peu perverse (je vous l’accorde) : C’est le meilleur moyen (éthiquement acceptable) d’accéder à la main d’œuvre quasi-gratuite dans un monde où l’on reviendrait, tôt ou tard, à notre préoccupation la plus basique d’éleveurs-cueilleurs…
  • Une autre plutôt psychiatrique, relevant du « syndrome de Noé » (je viens de l’inventer à l’instant, je vous rassure.) : Sentant que le déluge ne va plus tarder, on se trouve porté par une envie irrésistible de construire un bateau et d’embarquer tous ceux qu’on aime… En faisant des gausses (qui, par définition, ne peuvent s’opposer à l’embarquement), on ne fait qu’augmenter le taux de remplissage du bateau, de se garantir quelques accompagnateurs inconditionnels (évitant ainsi les grands moments de solitude)… Au pire, on fera un p’tit tour (entre amis) et on reviendra au point de départ…

Alice au pays des merveilles…

J’ai promis de pousser, un jour, ma gueulante sur ce tourisme sexuel qui se développe à vue d’œil, à Djerba.

Ce phénomène, qui s’est intensifié ces quelques dernières années, puise ses sources dans la pauvreté, le chaumage, mais aussi dans la tentation de l’argent facile et la recherche d’échappatoire (vers l’Europe) et, bien évidemment, dans la présence d’une demande (masculine mais surtout féminine, homosexuelle comme hétérosexuelle) qui ne se démentit guère…

Nombreuses sont les Européennes d’âge mûr qui viennent régulièrement à Djerba avec l’idée explicite de s’éclater avec de jeunes Tunisiens, de la bonne chaire fraîche à moindre coût (ce qui, dans certains cas, peut se révéler discutable). Une quête strictement hédonique qui, lorsqu’elle est pleinement assumée, me conviendrait parfaitement tant qu’elle ne devienne pas un phénomène de société (ce qu’il n’est malheureusement pas le cas), qu’elle se cantonne au cadre strict de relations sexuelles équilibrées (transparence des « sentiments », transparence du contrat moral sous-jacent, absence de toute prédominance financière ou autre, d’un des deux partenaires sur l’autre) entre adultes consentants.  D’autres sont là (et c’est la majorité visible) sous l’emprise d’une relation amoureuse, rarement réciproque, couplée à un besoin irréfrénable d’être aimées, cernées d’attentions et de tendresse, même si celle-ci ne dure que le temps d’un voyage… Il est devenu courant de voir, un peu partout sur l’île, des femmes de 60-70 ans et plus se balader, main dans la main, avec des jeunots d’à peine 20-30 ans,  (de l’âge de leurs fils, pour ne pas dire petits-fils). L’Amour est aveugle (proverbe arabe), me diriez vous… Certes, mais bon… Je me permettrais d’émettre quelques doutes.

Aussi courante soit elle, une telle rencontre ne me laisse jamais indifférent (Sur la plage, topless oblige, la vision de tels couples frise souvent l’horreur.  L’effet du temps est imparable) : je ne peux m’empêcher d’y voir le summum  de l’inconscience et de l’irresponsabilité d’un côté (car l’impact sociétal d’un tel comportement est indéniable : par mimétisme, se taper des « vieilles » est devenu le projet d’avenir de certains gausses… un vrai projet alternatif à l’école !), de la bassesse morale et intellectuelle de l’autre (rien ne m’énerve plus que cette étincelle de fierté, limite ridicule, que je crois à chaque fois détecter dans le regard du chasseur qui exhibe sa prise).

De toute façon, mon approche comptable du monde me fait dire que ce n’est surement pas à travers ce genre de relations malsaines (mélangeant naïveté, illusion et inconscience d’un côté, et approche mercantile, intéressée et trompeuse, de l’autre) que nous arriverons à atteindre l’échange équilibré tant désiré entre visiteurs et visités.

Il faut, cependant, dire que les femmes ne sont pas seules à s’engouffrer dans cette faille dans l’espace-temps… De plus en plus d’hommes viennent chercher l’amour (au sens large du terme) à Djerba : amours homosexuels (ce qui a toujours existé dans les autres spots touristiques de la Tunisie : Hammamet, Sousse…), mais aussi hétérosexuels (ce qui est, à mon sens, un phénomène très récent en Tunisie, a fortiori à Djerba la conservatrice). Ce dernier phénomène, peu visible car se déroulant essentiellement dans les enceintes des hôtels, m’a été rapporté par plusieurs amies. Des tunisiennes résidentes à Djerba gèrent les arrivées (successives ou simultanées) de leurs multiples copains avec le même pragmatisme « killer » que leurs alter-égos masculins. Des visiteurs mâles ont dû repousser les avances explicites de quelques employées (masseuses, esthéticiennes, serveuses…) zélées au point de vouloir mettre la main à la pate. Un peu de temps passé sur les sites de rencontre / forums locaux (comme tunislanuit.com, ou badoo.com) a fini de me convaincre de l’ampleur des dégâts : Des étrangers en visite de travail et/ou détachés en Tunisie, y vont pour faire leurs courses érotico-sexuelles sur des étales, il faut le dire, bien garnis…

Sans aller jusqu’à l’étude anthropologique (dont je n’ai ni l’envie, ni les moyens, ni la prétention), il me semble judicieux de remonter à l’une des rares études sérieuses qui ont été menées sur le phénomène. A la fin des années 70, De Kadt a planché sur les contacts sexuels (homos et hétéros) entre jeunes hommes tunisiens et visiteurs (hommes et femmes) étrangers. Il a tenté de cerner le profil socio-économique de ces gigolos dragueurs : employés directs ou indirects du domaine touristique (animateurs, barmen, serveurs, loueurs de chevaux et de Quads, guides, vendeurs dans les souks…), d’un niveau d’étude dépassant rarement le secondaire.

Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, mais les choses n’ont pas intrinsèquement changé. Le phénomène a été accentué par les difficultés économiques du pays, la montée du chômage des jeunes et des diplômés, la quête illusoire d’un avenir meilleur sur l’autre rive de la méditerranée, le désintérêt flagrant pour les études et la notion même d’effort. Certains pensent même qu’une partie de la demande à été délocalisée de l’Asie du sud-est vers le Maghreb, suite au Tsunami de 2004.

L’implication affective des premiers temps a laissé la place à une approche strictement monétaire, beaucoup plus malsaine. Le processus de gestion des allers et venues des partenaires s’est complètement industrialisé (merci internet). Les stratégies d’approche (le petit papier, portant son numéro de téléphone avec quelques compliments basiques, qu’on fait tomber au pieds de la personne cible ; l’approche directe amorcée par l’animateur/serveur au bord de la piscine ou au restaurant ; l’approche plus fine, à plus fort contenu intello, lors d’une visite guidée d’un musée…)se sont sophistiquées en intégrant pêle-mêle les spécificités du partenaire (client à son insu ?) : sa nationalité (les francophones, les anglo-saxonnes et les scandinaves ne sont pas logées à la même enseigne car n’ont pas la même approche de la sexualité), son âge, son profil psycho-socio-économique, sa p’tite histoire (ses amours et ses échecs), ses besoins affectifs… Les prédateurs n’hésitent plus à se communiquer leurs astuces et techniques, a se refiler leur recettes, voire leur trophées… Il leur arrive même de s’allier, à monter des stratagèmes, pour faire « tomber » la cible. Je les ai vu se mettre à plusieurs, devant une connexion internet, pour répondre à la conquête de l’un d’eux, chacun apportant son p’tit grain de sel, dans un français approximatif, à une conversation hallucinante (par son côté débilisant). Dans certains hôtels-club, l’implication physique des animateurs(rices) dans la satisfaction des clients(es) est devenue monnaie courante. Elle a lieu au vue et au su de tout le monde, direction comprise (est-ce avec son aval ?).

En termes de tourisme sexuel, nous n’avons pas atteint, pour l’instant, l’intensité connues dans certains pays d’Asie (Thaïlande, Cambodge, Inde…), d’Afrique (SénégalGambie…) ou des Caraïbes (Haïti, République Dominicaine…). Mais on s’y dirige à grands pas… Ce qui m’émeut n’a rien à avoir avec ces p’tites histoires de cul sans lendemain, mais plutôt avec l’impact sociologique de ce genre d’interactions intéressées (de part et d’autre), mercantiles (mettant face à face une offre et une demande), malsaines (car elles ne font qu’entretenir la cupidité et l’irrespect) et, par-dessus tout, malhonnêtes (car déséquilibrées d’un côté comme de l’autre). Les ravages d’un tel phénomène sont là et pour longtemps (voilà un bel exemple d’altruisme intergénérationnel).

Une question s’impose : Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’un tourisme sexuel de masse ? Sur ce point, un article du Monde Diplomatique tente d’apporter quelques lumières…

A bon entendeur(se), salut.

PS: Mesdames, il m’est arrivé d’entendre (directement ou indirectement) vos amants-prédateurs (qui sont prétentieux et suffisants à leur temps perdu…) se targuer d’une délivrance proche (un mariage qui leur donnera accès au visa-sésame) et fanfaronner, en même temps, la présence simultanée d’une autre « prise » dans un autre hôtel… Que dois-je faire dans ce cas ? Vous le signaler au risque d’être renvoyé dans mes cordes, et surtout de vous faire mal ? Ou me taire pour vous laisser vivre tranquillement vos illusions ?

Décadence…

« Aux hommes de la fin du XIXème siècle, la Décadence romaine apparaissait sous l’aspect de patriciens couronnés de roses s’appuyant du coude sur des coussins ou de belles filles, ou encore, comme les a rêvés Verlaine composant des acrostiches indolents en regardant passer les grands barbares blancs.

Nous sommes mieux renseignés sur la manière dont une civilisation finit par finir. Ce n’est pas par des abus, des vices ou des crimes qui sont de tous temps, et rien ne prouve que la cruauté d’Aurélien ait été pire que celle d’Octave, ou que la vénalité dans la Rome de Didus Julianus ait été plus grande que dans celle de Sylla. Les maux dont on meurt sont plus spécifiques, plus complexes, plus lents, parfois plus difficiles à découvrir ou à définir.

Mais nous avons appris à reconnaître ce gigantisme qui n’est que la contrefaçon malsaine d’une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l’existence de richesses qu’on n’a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d’en haut, cette atmosphère d’inertie et de panique, d’autoritarisme et d’anarchie, ces réaffirmations pompeuses d’un grand passé au milieu de l’actuelle médiocrité et du présent en désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. Le lecteur moderne est chez lui dans l’Histoire Auguste »

Marguerite Yourcenar, Mount Desert Island, 1958,  « Les visages de l’Histoire dans l’Histoire Auguste », Paris, Gallimard, 1962

J’ai comme l’impression désagréable d’y être déjà…

Identité nationale : « Un blanc-seing collectif à l’apartheid qui vient »

Dans ce simili débat orchestré par notre cher gouvernement autour du non-thème de l’identité nationale, le rappeur Hamé ne voit rien de tel (Le Monde du 15 Novembre 2009) : « Le débat sur l’identité nationale n’en est pas un. C’est une injonction à l’affirmation ethniciste de soi. Un blanc-seing collectif à l’apartheid qui vient. »

Je ne peux m’empêcher de reprendre un bout de sa magnifique prose à charge : « Dans la prose marécageuse de l’ineffable ministre de l’identité nationale et de l’immigration patauge une créature aux élans de camarde. Tous les quinze ou vingt ans, depuis les indépendances et l’éclatement de l’empire colonial, et au gré des cycliques désastres économiques et sociaux, elle s’extirpe de la vase pour venir se rappeler au bon coeur du commun des Français. Plus que jamais la voilà, armée d’un rameau de ronces au bout d’une main sèche, flagellant « l’éparpillement identitaire » et éructant dans tout le pays des mots vieux, épris et pétris d’haleine chauvine. »

A faux-débat, un recadrage limpide et sans concessions : « Etre français, c’est avoir sa vie en France et rien de plus. Cela ne s’interroge pas, mais se constate comme un botaniste constaterait la poussée d’un bourgeon. Ce qui devrait se questionner en revanche, et de la plus forte des manières avant de le congédier, c’est l’identité de ce pouvoir qui nous mène au mur, son irrépressible cynisme, sa brutalité, sa morgue, lorsque dans les mêmes semaines, il aligne blagues racistes, rafles et expulsions d’Afghans dont il occupe le pays, relaxe pure et simple des policiers en cause dans la mort de Laramy et Moushin à Villiers-le-Bel. Deux adolescents niés et invisibles jusque dans la qualification des causes de leur mort.

C’est d’ordinaire le sacerdoce des anges et des démons que de se mêler à la vie des hommes sans être vus. C’est la honte de cette République que de nous offrir, à nous enfants d’immigrés, cette affriolante perspective donc : vivre comme des démons, mourir comme des anges. Nous ne sommes pourtant ni l’un ni l’autre. »

Au risque de sembler tout ramener à ma pauvre personne, et en tant que démon qui finira un jour ange, je ne peux que me reconnaître dans ces propos…

Et n’oubliez surtout pas ce que Claude Lévi-Strauss a pu dire : « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. »

Foire aux conneries

Décidemment, à l’ère  Sarkozyste, nos politiques se lâchent… Toutes les occasions sont devenues bonnes pour débiter des kilos de conneries. Aucune retenue, aucune limite, aucun complexe…

J’ai eu le tort de ne commencer ma collection de perles qu’en Novembre 2009. Des perles… j’en ai surement ratées…

1- A la suite de l’affaire des minarets suisses, le porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé, a déclaré (le 30 Novembre 2009): « Il y a des clochers sur les églises, mais c’est un héritage historique« , distinguant les « religions qui étaient là avant l’avènement de la Republique » et « celles qui sont arrivées après« .

J’adore cette distinction qui se veut historique !

Une telle posture est aussi religieuse que la Réforme protestante (du 16ème siècle) qui a interdit à la minorité catholique suisse de construire des clochers, voire de faire sonner ses cloches.
L’islam, comme tout ce qui s’y rattache, fait peur… Mais on ne fait que tourner autour du pot.

2- Dans le cadre du grand débat sur l’identité nationale et à l’occasion d’une réunion locale, André Valentin, maire de la commune de Gussainville (Meuse) a déclaré publiquement : « Il est temps qu’on réagisse, parce qu’on va se faire bouffer. Y en a déjà 10 millions, 10 millions que l’on paye à rien foutre. » (Le Monde, 2 Décembre 2009)

3- Après son mémorable « casse-toi pov’con« , Nicolas Sarkozy a préféré exprimer sa vision de la tolérance et de l’ouverture (suite à le référendum suisse sur les minarets… oui oui, vous m’avez bien entendu !) dans une tribune intitulée « Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent », publiée dans le Monde du 12 Décembre 2009 :

« Respecter ceux qui arrivent, c’est leur permettre de prier dans des lieux de culte décents. On ne respecte pas les gens quand on les oblige à pratiquer leur religion dans des caves ou dans des hangars.
(…) Respecter ceux qui accueillent, c’est s’efforcer de ne pas les heurter, de ne pas les choquer, c’est en respecter les valeurs, les convictions, les lois, les traditions, et les faire – au moins en partie – siennes. C’est faire siennes l’égalité de l’homme et de la femme, la laïcité, la séparation du temporel et du spirituel.

Je m’adresse à mes compatriotes musulmans pour leur dire que je ferai tout pour qu’ils se sentent des citoyens comme les autres, jouissant des mêmes droits que tous les autres à vivre leur foi, à pratiquer leur religion avec la même liberté et la même dignité. Je combattrai toute forme de discrimination.

Mais je veux leur dire aussi que, dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France qui, sans rien renier de ce qui le fonde, aura su trouver en lui-même les voies par lesquelles il s’inclura sans heurt dans notre pacte social et notre pacte civique.

Chrétien, juif ou musulman, homme de foi, quelle que soit sa foi, croyant, quelle que soit sa croyance, chacun doit savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation et, conscient de la chance qu’il a de vivre sur une terre de liberté, doit pratiquer son culte avecl’humble discrétion qui témoigne non de la tiédeur de ses convictions mais du respect fraternel qu’il éprouve vis-à-vis de celui qui ne pense pas comme lui, avec lequel il veut vivre.»

Bon, partant du principe que je sois musulman (c’est mieux que rien, sachant que le discours ignore allégrement les athées et les agnostiques de ce pays…). Ce que je dois retenir est que je suis bien un citoyen comme les autres. Ca, c’est plutôt cool. Mais d’un autre côté, et bien que je sois français depuis quatre générations, je ferai éternellement partie de « ceux qui arrivent » (qui sont apparemment tous de culte musulman. Ecrit mathématiquement : Immigration = Islam) et à qui on a enfin reconnu le droit de pratiquer leur religion ailleurs que dans des caves et des hangars. Avec ma religion qui semble trancher ostensiblement avec les racines chrétiennes de l’identité nationale (ah ça, on me l’a toujours caché… le mérite de l’intervention présidentielle est de remettre les pendules à l’heure. Mathématiquement : Identité nationale = Chrétienté + …), je me dis que j’ai tout intérêt à, d’une part, ramer comme un malade (en tous cas, beaucoup plus qu’un citoyen fraichement naturalisé mais de confession chrétienn) et, d’autre part, me faire tout petit, tout discret (« humble discrétion ») pour conserver le sésame de la citoyenneté… De toute façon, l’identité nationale me sera à jamais inaccessible (waoooo, quel malheur !) car, avec ma religion associée éternellement aux arrivants, je ne peux que la dénaturer (voir les deux égalités mathématiques mentionnées ci-dessus).

En dehors de ces p’tits soucis techniques, tout baigne pour moi…

Deux p’tites questions pour la route… Y a-t-il dans l’assistance quelqu’un :

  • pour m’éclairer sur l’étendue spatio-temporelle exacte de la civilisation chrétienne (simple curiosité intellectuelle)
  • pour m’expliquer depuis quand « la séparation du temporel et du spirituel» faisait partie des fondements de la République laïque. A ma connaissance (et jusqu’à ce que H. Guaino ne commence à revisiter l’Histoire), c’est l’église catholique qui a introduit en même temps que le principe de transcendance celui de séparation du temporel et du spirituel : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Saint Matthieu 22-21).

4- Lors d’un débat sur l’identité nationale (débat qui sera bientôt renommé « La foire aux conneries ») à Charmes (Vosges), la secrétaire d’Etat chargée de la famille et de la solidarité, Nadine Morano (ouioui, celle-là même qui se trémoussait dans le fameux clip UMP, jugé consternant et dégoulinant de bêtise, par Luc Ferry), a développé, lundi 14 décembre, ce qu’elle attendait d’un « jeune musulman » : « Moi, ce que je veux, c’est qu’il aime la France quand il vit dans ce pays, c’est qu’il trouve un travail, qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers » (Le Monde, 15 Décembre 2009).

Vous y voyez une quelconque stigmatisation, un quelconque amalgame, un p’tit bout de préjugés ? Je ne vous comprends guère… C’est à peine le portrait rebot d’un « Homo Gallicus Muslimus » type (cariacatural ?! mais nonnn), parlant verlant, avec une casquette à l’envers, freinant des quatre fer pour ne pas trouver un emploi…

5- Eric Raoult, le rapporteur de la fameuse commission qui a cogité durant des mois sur la Burqa (et député-maire de Raincy), à qui l’on demande si une femme portant la burqa devra l’enlever pour prendre le bus, répond par l’affirmative et argumente ainsi : « Prenons un exemple, il fait moins 3° devant l’Assemblée nationale, si une femme arrive avec un string, on va lui dire ‘Madame, vous allez attraper froid ! Donc en l’occurrence, veuillez vous couvrir’… »Conclusion de l’affaire, tout dépend du temps qu’il fera… En cas de canicule, le string sera même conseillé… et la Burqa ?

Mais rendant à César ce qui est à César. L’association pathétique entre burqa et string remonte à Martine Aubry. C’est bien elle qui a cru pouvoir étendre à la Burqa, l’interdiction, promulguée par le Maire de Paris, de l’usage du string sur les berges de Paris-Plage.

6- Evoquant la célébration à Marseille de la victoire de la sélection nationale algérienne (Eliminatoires de la Coupe du Monde, 18 Nov 2010), Jean-Claude Gaudin, maire-sénateur de Marseille, a su sortir : «Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que quand après ils déferlent à 15.000 ou à 20.000 sur la Canebière, il n’y a que le drapeau algérien et il n’y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas». Autrement dit, quand les supporteurs d’une équipe de football se rassemblent sur la Canebière, M. Gaudin n’y voit que des hordes de musulmans qui déferlent…

7- Lors d’un meeting à Franconville (28 Jan 2010), parlant d’Ali Soumaré (candidat PS d’origine malienne), le maire Francis Delattre a osé dire «Au début, j’ai cru que c’était un joueur de l’équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ca change tout! ».

De toute évidence, la grille de lecture du maire UMP est plutôt limitée. Son unique synapse (ce qui suppose qu’il a 2 neurones, ce qui n’est pas mal…) fait une association pavlovienne entre blacks des banlieues et footballeurs.

Identité nationale… et commandements bibliques

Par ces temps absurdes où on nous rabâche les oeilles avec l’identité nationale, après nous avoir bassinés, durant des années, avec les bienfaits de la globalisation et la nécessité vitale de s’adapter à un monde devenu village, Richard Prasquier, président du CRIF, a jugé utile d’apporter sa pierre à un édifice tremblotant.

Dans son article « Une complémentarité entre les identités juive et française » (Le Monde, 20 Novembre 2009, visible ici), R. Prasquier répond, dans une effervescence de citations (Abbé Grégoire, Clermont-Tonnerre, Elie Wiesel), à cette putain de fausse question : « … Ce que je voudrais exprimer ici, c’est la force complémentaire de ces deux entités, française et juive.C’est la rencontre de deux universalismes, celui des droits de l’homme et celui des dix commandements. ».

Dans ce climat délétère que le débat sur l’identité nationale a su créer, je comprends parfaitement son cri du cœur « Eh les gars, ne m’oubliez pas… je suis avec vous » et sa p’tite pensée intérieure « ben oui… si je ne leur dit pas que je suis bien avec eux, ils sont suffisamment cons pour me considérer contre eux ».

Mais au-delà du grand écart (un grand classique) qu’il n’hésite pas à faire (il est un peu payé pour ça, me diriez-vous !) entre appartenance à la nation (notion grégaire qui a fait son temps !) et allégeance à un peuple aux contours plus larges, et dans la foulée (par les pensées et les tendresses, selon ses dires) à Israël, « Etat non pas juif, car ouvert à tous ses citoyens, mais Etat du peuple juif »… au-delà de cette réponse qui me fait chier plus par sa volonté de légitimer une fausse question que par sa substance proprement dite… j’ai quelques scrupules à accepter l’universalisme des dix commandements. Imaginez juste un instant Tarik Ramadan évoquant l’universalisme de la loi coranique dans les colonnes du Monde, pour le mettre en parallèle avec celui des droits de l’homme… Sans beaucoup me mouiller, je pense que la réaction du monde politico-médiatique aurait été autrement plus épidermique.

Houellebecq : La Possibilité d’un Gros Caca

La présente rubrique doit son existence à ce « système de pensée » (associer la connerie à un système de pensée deviendra surement plus limpide après la lecture de ce qui suit… c’est la meilleure façon d’éviter d’être trimballé devant les tribunaux pour diffamation) responsable de propos réducteurs (au point de me donner envie de chialer) du genre :

« … J’ai eu une espèce de révélation négative dans le Sinaï, là où Moïse a reçu les Dix Commandements… subitement j’ai éprouvé un rejet total pour les monothéismes. Dans ce paysage très minéral, très inspirant, je me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait d’un crétin, je ne trouvais pas d’autre mot. Et la religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré! La Bible, au moins, c’est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire… ce qui peut excuser beaucoup de choses. Du coup, j’ai une sympathie résiduelle pour le catholicisme, à cause de son aspect polythéiste. Et puis il y a toutes ces églises, ces vitraux, ces peintures, ces sculptures… » (Lire, septembre 2001, M. Houellebecq interviewé par Didier Sénécal)

A mon sens, des propos aussi auto-suffisants, aussi bornés, aussi réducteurs, aussi fermés à l’autre, auraient mérité, au mieux, l’indifférence, et au pire, la tentative psychanalytique… mais jamais le moindre souci d’argumentation. Certains en ont décidé autrement, ont appelé la justice à la rescousse (pour injure et incitation à la haine religieuse), pour enfin se rendre à l’évidence que ce qu’ils ont pris bêtement (au point où ils en sont, on peut y aller…) pour une attaque personnelle relevait de la critique légitime d’un système de pensée.

Dans leur jugement, les magistrats de la 17ème chambre correctionnelle ont estimé que les propos tenus par l’auteur de Plateforme n’étaient « sans doute pas caractérisés, ni par une particulière hauteur de vue, ni par la subtilité de leur formulation » mais ils n’y ont vu aucun délit mais simplement de la critique « d’un système de pensée ». Ils ajoutent que « ce propos ne renferme aucune volonté d’invective, de mépris ou d’outrage envers le groupe de personnes composé des adeptes de la religion considérée« . Enfin, ils considèrent que la critique des textes anciens « n’est pas en elle-même constitutive d’une injure et ne peut en tout état de cause viser les musulmans d’aujourd’hui ».
Les magistrats se sont ainsi alignés sur le prêche enflammé de la Procureure « On ne peut pas dire que quand on exprime une opinion sur l’Islam, cela implique que l’on attaque la communauté musulmane. Nous ne sommes pas là pour faire ce glissement sémantique »

J’adoooore l’expression « glissement sémantique » (je le placerai à un moment ou à un autre sur l’un de ces forums où ce même « glissement sémantique » relève du sport national)… Il ne faut surtout pas en faire, même pas quand Houellebecq lui-même n’arrive plus à situer la séparation entre son personnage principal dans « Plateforme » (un dénommé Michel, comme par hasard) et sa pauvre personne…
A l’interrogation quelque peu dubitative de D. Sénécal « Votre personnage principal en arrive à prononcer cette phrase: « Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme… » », Houellebecq répond, pour le compte de Michel, « La vengeance est un sentiment que je n’ai jamais eu l’occasion d’éprouver. Mais dans la situation où il se trouve, il est normal que Michel ait envie qu’on tue le plus de musulmans possible… » et dans la foulée (dans une continuité déconcertante) pour son propre compte « Oui… oui, ça existe, la vengeance. L’islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. D’une part, parce que Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en rendre compte. A long terme, la vérité triomphe. D’autre part, l’Islam est miné de l’intérieur par le capitalisme. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est qu’il triomphe rapidement. Le matérialisme est un moindre mal. Ses valeurs sont méprisables, mais quand même moins destructrices, moins cruelles que celles de l’islam. »

En tout cas, les juges ont estimé que si l’auteur exprime « de la haine » envers l’islam, il ne le fait pas envers les musulmans : « Ecrire que l’islam est la religion la plus con ne revient nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés. Ce propos ne renferme aucune volonté d’invective, de mépris ou d’outrage envers le groupe de personnes (…) considéré »
Donc, pas d’amalgame s’il vous plait !

Moralité de l’affaire : Attaquez vous aux systèmes de pensée, mais jamais à leurs adeptes…Evitez de dire à quelqu’un qu’il est franchement con mais ne vous privez surtout de traiter son système de pensée de tous les noms.
Il est instructif d’apprendre que l’on peut considérer qu’une religion est conne et dangereuse, mais que ses adeptes ne sont ni cons, ni dangereux… Ouf, me voilà soulagé.
Reste à s’assurer que la séparation est bien limpide dans l’esprit de chacun. Et gare à celui qui s’aviserait de franchir cette muraille de Chine sémantique.

Il faut dire que rares sont ceux qui échappent à l’emprise de la connerie dans le référentiel d’Houellebecq. Mêmes les victimes des conflits du tiers-monde y passent : « Bien sûr qu’il y a desvictimes dans les conflits du tiers monde, mais ce sont elles qui les provoquent. Si ça les amuse de s’étriper, ces pauvres cons, qu’on les laisse s’étriper. Les nationalistes sont des primates. Si les gens sont suffisamment cons pour rêver à une Grande Serbie, qu’ils meurent, c’est ce qu’ils ont de mieux à faire. Et les coupables ne sont pas les dictateurs, ce sont les individus de base qui ne pensent qu’à se battre. Ils aiment avoir un fusil entre les mains, ils aiment tuer, ils sont mauvais. » (Lire, septembre 2001)

Que penser, par ailleurs, de quelqu’un qui, en parlant des femmes dans une interview à Vingt ans (voir Denis Demonpion, interviewé par J. Dupuis. Lire, Sep 2005), qu’il les aime lorsqu’elles « bavent comme un labrador » ?
Que penser de quelqu’un qui fait l’apologie, voire l’éloge de la prostitution et du tourisme sexuel ? « La prostitution, je trouve ça très bien. Ce n’est pas si mal payé, comme métier… En Thaïlande, c’est une profession honorable. Elles sont gentilles, elles donnent du plaisir à leurs clients, elles s’occupent bien de leurs parents. En France, je sais bien qu’il y a des oppositions, mais je suis pour une organisation rationnelle de la chose, un peu comme en Allemagne et surtout en Hollande. A mon avis, la France a une attitude stupide. » (Lire, septembre 2001)

A sa place, et avant de débiter de telles inepties, je commencerai par essayer de comprendre l’origine du terme « phoung ha kin » pour désigner une prostituée en thaï. Il est grand temps pour lui de savoir que ceci veut simplement dire « celle qui cherche à manger ».

Comme a pu dire de lui Isabelle Alonso (voir «Sale mec », Isabelle Alonso), « Michel Houellebecq est un être simple et frais : il voit les petites prostituées asiatiques sourire, il en conclut qu’elles sont heureuses ! Il ne voit pas ce qu’il y a de « répréhensible  » ! C’est Disneyland !« . Je ne peux que la rejoindre dans son gage : « Gageons que le côté  » répréhensible  » de la prostitution lui apparaitrait comme une révélation s’il se retrouvait un jour, une heure seulement dans le rôle non pas du client (ben oui, s’envoyer une jeune asiatique souriante, il voit pas ou est le problème !) mais de la prostituée. C’est à dire de livrer un de ses orifices (même les grands esprits en sont pourvus !) : bouche, anus, l’un ou l’autre, voire l’un et l’autre, à la pénétration d’une bite de passage, sans désir, sans affect, et souvent sans hygiène, pour quelques dollars. De quoi ne pas crever de faim. Et une torgnole en cas de mauvaise volonté. Est ce que ça émousserait l’enthousiasme de Monsieur Houellebecq pour le  » tourisme sexuel  » ? Et tout ceux qui fantasment avec lui sur les plateaux de télé sur le thème : la prostitution, un métier comme les autres, envisagent ils la carrière pour leur fille, leur sœur ou leur épouse (pardon pour elles) ? Qui iraient sucer des bites au Bois de Boulogne ou à Pattaya ? Et à quand des écoles, une vraie formation ? Des licences de location vaginale ? Un DESS fellation ? Un doctorat ès sodomie ? »

Houellebecq est capable de la pire des ignominies pourvu qu’elle lui permette de mieux vendre sa soupe… Une soupe d’un velouté impeccable, mais qui pue les amalgames, les simplifications réductrices, la xénophobie et le glauque. Une seule curiosité me tenaille depuis longtemps : Quelle part autobiographique y a-t-il dans ses écrits ?

Houellebecq joue à fond la singularité, la sortie des sentiers battus de la normalité alors qu’il croupit en plein dedans. Il se veut subtil, non-conformiste, vaillant révolutionnaire de la « pensée unique », alors qu’il se contente d’un voyeurisme primaire dans les rues de Pattaya. Il surf allégrement sur les préjugés (vendeurs) et les clichés lourds mais choquants (vendeurs aussi). Un point de vue en quelque sorte partagé par Denis Demonpion dans son « Houellebecq non autorisé, enquête sur un phénomène » . D. Demonpion considère qu’ « il n’est jamais très loin de la beaufitude de ses personnages. ». En fait, c’est bien ça le mot que je cherchais désespérément : la beaufitude. Houellebecq serait donc un beauf égaré dans le monde littéraire.

Mais rendons à César ce qui est à César. En cherchant bien, Houellebecq a, par ailleurs, un profil relativement sympathique : Comparé à l’inégalable Oriana Fallaci, ses propos contre l’Islam (mais pas les musulmans, vous l’avez bien compris) relèvent de la flatterie…

A vous de voir si vous avez envie de financer sa retraite, pour autant… Moi, je me tâte encore.

Les Auvergnats : Quand il y en a un, ça va…

Cocktail de l’université d’été de l’UMP à Seignosse (Landes), le 5 septembre 2009, dans une ambiance franchouillarde mêlant rires gras et humour gluant, on assiste à l’échange surréaliste suivant :

Une responsable locale de l’UMP présente Amine Benalia-Brouch, un militant d’origine algéro-portugaise, au ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux : « C’est notre petit arabe, il mange du cochon et il boit de la bière »

Brice Hortefeux : « Ce n’est pas le prototype, ça », avant de rajouter « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».

Moralité de l’histoire : Il a bien beau être français, né en Auvergne, manger du cochon et boire de la bière, Amine reste toujours et avant tout un petit arabe dans les yeux de ces copains de l’UMP.

No comment…