Par ces temps absurdes où on nous rabâche les oeilles avec l’identité nationale, après nous avoir bassinés, durant des années, avec les bienfaits de la globalisation et la nécessité vitale de s’adapter à un monde devenu village, Richard Prasquier, président du CRIF, a jugé utile d’apporter sa pierre à un édifice tremblotant.
Dans son article « Une complémentarité entre les identités juive et française » (Le Monde, 20 Novembre 2009, visible ici), R. Prasquier répond, dans une effervescence de citations (Abbé Grégoire, Clermont-Tonnerre, Elie Wiesel), à cette putain de fausse question : « … Ce que je voudrais exprimer ici, c’est la force complémentaire de ces deux entités, française et juive.C’est la rencontre de deux universalismes, celui des droits de l’homme et celui des dix commandements. ».
Dans ce climat délétère que le débat sur l’identité nationale a su créer, je comprends parfaitement son cri du cœur « Eh les gars, ne m’oubliez pas… je suis avec vous » et sa p’tite pensée intérieure « ben oui… si je ne leur dit pas que je suis bien avec eux, ils sont suffisamment cons pour me considérer contre eux ».
Mais au-delà du grand écart (un grand classique) qu’il n’hésite pas à faire (il est un peu payé pour ça, me diriez-vous !) entre appartenance à la nation (notion grégaire qui a fait son temps !) et allégeance à un peuple aux contours plus larges, et dans la foulée (par les pensées et les tendresses, selon ses dires) à Israël, « Etat non pas juif, car ouvert à tous ses citoyens, mais Etat du peuple juif »… au-delà de cette réponse qui me fait chier plus par sa volonté de légitimer une fausse question que par sa substance proprement dite… j’ai quelques scrupules à accepter l’universalisme des dix commandements. Imaginez juste un instant Tarik Ramadan évoquant l’universalisme de la loi coranique dans les colonnes du Monde, pour le mettre en parallèle avec celui des droits de l’homme… Sans beaucoup me mouiller, je pense que la réaction du monde politico-médiatique aurait été autrement plus épidermique.