Lundi 9/3/2009, dans un entretien publié par « Le Parisien », le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo qualifie de « dérapage verbal inadmissible » les propos tenus par le porte-parole du LKP Elie Domota contre les patrons blancs qui refusent d’appliquer l’accord sur l’augmentation des bas salaires.
Le jeudi précédent, le leader du LKP Liyannaj Kont Pwofitasyon (Ensemble contre la surexploitation) aurait déclaré en créole (je ne garantie guère la traduction): «Soit ils appliqueront l’accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l’esclavage», a ajouté le leader du LKP. Une référence directe aux descendants de colons blancs, accusés de monopoliser les richesses, qui ravive le spectre de tensions raciales dans une île à l’histoire marquée par l’esclavage.
Le lendemain de ces déclarations (la justice peut être rapide quand elle le veut bien !), le parquet de Pointe-à-Pitre a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire, notamment pour provocation à la haine raciale et tentative d’extorsion de signature.
M. Jégo ajoute «Quelle que soit l’intensité d’un conflit social, dire à une catégorie de la population ‘faites ça ou partez’ n’est évidemment pas acceptable. Il faut que chacun revienne à l’esprit républicain »
Interrogé sur l’enquête judiciaire pour provocation à la haine raciale ouverte par le parquet de Pointe-à-Pitre, « la justice doit faire son travail. Les lois de la République sont les mêmes pour tout le monde », a-t-il réagi.
Mais bien sûr… Comment une telle vérité fondatrice aurait pu m’échapper si longtemps ? Les lois de la République sont les mêmes pour tout le monde.
Connaissez-vous une seule autre personne ayant proférer des paroles aussi polémiques que celles de M. Domota sans être inquiétée par la justice ?
Malheureusement, j’en connais au moins une, et de taille !!! Ce qui me fait dire que M. Jégo navigue quelque part entre le mensonge, l’hypocrisie et l’amnésie volontaire…
Les paroles de M. Domota, aussi polémiques soient-elles, seraient-elles vraiment différentes de celles prononcées par notre cher président, le 22 avril 2006, devant les nouveaux adhérents de l’UMP (à l’époque, il était ministre de l’intérieur) : un mélange détonnant de démagogie et de xénophobie qui a fait un tabac auprès des quelques 2000 personnes venues s’en abreuver… «S’il y en a que cela gêne d’être en France, qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas» a-t-il lancé. Cette phrase rappelle le slogan de Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF) : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes »
A ma connaissance, M. sarkozy n’a jamais été inquiété. Il s’est même permis de remettre une couche dans un discours prononcé à Agen (le 22/6/2006), en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2007 : « Ceux qui n’aiment pas la France, ceux qui exigent tout d’elle sans rien vouloir lui donner, je leur dis qu’ils ne sont pas obligés de rester sur le territoire national ». Il a aussi dénoncé pêle-mêle « ceux qui ont délibérément choisi de vivre du travail des autres, ceux qui pensent que tout leur est dû sans qu’eux-mêmes ne doivent rien à personne (…), ceux qui, au lieu de se donner du mal pour gagner leur vie, préfèrent chercher dans les replis de l’Histoire une dette imaginaire que la France aurait contractée à leur égard (…), ceux qui préfèrent attiser la surenchère des mémoires pour exiger une compensation que personne ne leur doit plutôt que de chercher à s’intégrer par l’effort et par le travail. »