Ras le bol de la sérénade du miracle tunisien…

Fin 2009, je n’ai pu m’empêcher de réagir (sous un nom d’emprunt, bien évidemment…) à un article du Monde, traitant de la Tunisie et qui m’a semblé mal documenté et peu objectif. Un article qui puait l’eau de rose… Compte tenu des événements récents, il m’a semblé marrant de ressortir ce courrier de mes cartons… Je profite bien évidemment de ce vent de libertés retrouvées qui souffle sur notre pays. Pourvu qu’il dure… Dans le cas contraire, et faux-cul comme je suis, je nierai toute implication dans l’échange qui suit.

Moi :

Je reviens sur votre article intitulé « En Tunisie, une réussite économique mal partagée »,paru dans votre édition du Samedi 24 octobre 2009. Je ne peux que m’indigner devant son caractère simpliste qui frôle la niaiserie.

L’article ne fait preuve d’aucune analyse, d’aucune remise en cause, d’aucun recul vis-à-vis de la façade officielle que le pouvoir tunisien a toujours tenu à mettre en avant. Jusqu’au dernier petit paragraphe (où l’unique note discordante est apparue), j’ai cru y reconnaitre un article publicitaire commandé par le Ministère Tunisien des Affaires Etrangères, à la gloire de « l’artisan du changement » (le président Ben Ali). Dans son article, votre envoyée spéciale se contente de nous donner la sérénade officielle : un taux de chômage de 15%, un smic de 130 euros et un pays « soigneusement géré alors qu’il ne dispose pas de la manne fabuleuse en hydrocarbures de ses voisins ».  Au risque de vous paraître dur et intransigeant, son article n’aurait jamais dû nécessiter sont déplacement sur place.

Pourtant, votre envoyée spéciale aurait pu « rentabiliser » son empreinte écologique pour :

  • Se rendre compte que l’ampleur effective du chômage dépasse de loin ce qui est véhiculé par les chiffres officiels. Il lui suffisait de se balader en ville (de préférence, dans les zones touristiques telles que Sousse ou Djerba où le travail saisonnier est plus la règle que l’exception) et d’observer les hordes humaines désœuvrées sur les terrasses des cafés, à toutes heures de la journée (voire de la nuit). Car, en marge de ce chômage «officiel» existe un problème de sous-emploi chronique difficile à estimer. Les autorités tunisiennes se targuent d’avoir réussi à baisser le chômage de 17% à 14% en quelques années, en contradiction flagrante avec l’analyse de la Banque Mondiale qui estime que le nombre d’emplois créés chaque année reste insuffisant au regard de l’augmentation de la population active (85 000 personnes arrivent sur le marché du travail pour seulement 60 000 à 65 000 postes supplémentaires). En fait, le secret du « miracle tunisien » réside dans la caractérisation de la population active occupée telle que pratiquée par l’Institut National des Statistiques (INS). Il vous suffit d’aller sur leur site internet pour vous en convaincre. En 2004, l’INS a modifié sa méthodologie de calcul par souci de « conformité avec les recommandations du Bureau International de Travail (BIT) en matière de concepts et de définitions des indicateurs d’emploi et de chômage ». Selon l’INS, est considérée comme chômeur toute personne âgée de 15 ans et plus n’ayant pas travaillé au cours de la semaine de référence, qui cherche activement un emploi et qui est disponible pour commencer à travailler dans les deux semaines. Cette définition est plutôt cohérente avec celle adoptée par le BIT. Cependant, selon l’INS, est considéré comme actif occupé toute personne âgée de 15 ans et plus ayant travaillé au moins un jour (ne fut-ce qu’une heure) au cours de la semaine de référence. C’est là que le bât blesse. Une personne ayant travaillé une heure durant la semaine de l’enquête est considérée comme active ! Quand on sait que le taux de chômage correspond au nombre de chômeurs en pourcentage de la population active (regroupant l’ensemble des personnes occupées et des chômeurs), on comprend mieux la magie des chiffres officiels tunisiens.
  • Sentir le caractère destructeur du chômage tunisien qui touche essentiellement les jeunes et, de plus en plus, les jeunes diplômés. Selon l’enquête nationale sur la population et l’emploi de 2008, la composition des sans-emploi a profondément changé, ces dernières années, aux dépens des diplômés du supérieur. Parmi ces derniers, le taux de chômage dépasse les 20% (voire les 30% pour les femmes). Les chômeurs titulaires d’un diplôme universitaire (116 000 en 2008) représentent environ 20% de la population active inoccupée. En outre, les jeunes sont ceux qui paient le plus lourd tribut au chômage. Plus de 70 % des chômeurs sont âgés de moins de 30 ans.
  • Voir que le smic tunisien est souvent une vision de l’esprit, un seuil abstrait que beaucoup d’employeurs ne respectent pas, sans qu’ils soient inquiétés par quiconque. Il suffisait, pour ceci, de pousser la porte d’un magasin ou deux et de discuter avec les vendeuses qui croupissent derrière pour la moitié d’un smic. Il est de notoriété publique que ces employeurs indélicats préfèrent embaucher des femmes, car plus faciles à canaliser, à satisfaire, à exploiter…
  • Constater que le pays est géré comme un conglomérat géant dont le seul actionnaire-gérant effectif est la famille régnante (les Ben Ali, Trabelsi, Chiboub et autres El-Materi…). Cette famille étendue s’est accaparé toutes les richesses du pays. Vous pourriez me dire que gérer un pays comme une entreprise n’est pas forcément une mauvaise idée (au sommet de l’état français, certains y ont déjà adhéré !)… Certes, mais le souci majeur est que la famille régnante semble agir dans une seule optique : s’approprier les actifs valables (mais pas les dettes qui vont avec) et en disposer à volonté, assurer petit à petit leur sortie du territoire (sous forme de devises sonnantes et trébuchantes placées dans les banques occidentales), plomber au passage le bilan des banques publiques, et enfin être prête à laisser, le moment venu, le bout qui reste aller vers la faillite.
  • Se poser de vraies questions sur l’état lamentable du système bancaire. Le taux de créances douteuses atteint 22% (environ 6% en France) et elles ne sont que faiblement provisionnées, autour de 40% (au lieu des 80 à 90% habituels en Europe). Est-ce signe d’une bonne gouvernance ?
  • Se rendre compte du climat d’incertitude/insécurité juridique (pour ne pas dire de non-droit) qui règne dans les milieux des affaires. Un rapport de la Banque mondiale daté de juin 2004 avait épinglé les « interventions discrétionnaires du gouvernement » et le « pouvoir des initiés » qui gangrènent le tissu économique.

Il est grand temps d’arrêter de fredonner la chansonnette (quelque peu lassante) du miracle tunisien…
Devrons-nous attendre un cataclysme pour s’y résoudre ?

Le Monde :

La réponse de la rédaction du Monde ne s’est pas faite attendre. L’auteur de l’article (Florence B.) m’a fait une réponse peu convaincante :

« Des lecteurs tels que vous sont décidemment décourageants…. Ainsi, je serais quasiment là pour faire la propagande de Ben Ali ???? Je ne sais même pas si cela vaut le coup de vous répondre….
Lisez donc les deux reportages qui précèdent et accompagnent ce papier économique (au total il y en avait trois). Le 23 octobre : En Tunisie, il y a ceux qui profitent du système et ceux qui enragent d’en être exclus ». Et le 26 octobre, « Le parcours fulgurant de Sakhr El Materi, le gendre tu président tunisien ».  »

Moi :

Or je n’aime guère que la balle reste dans mon camp. Ma réponse est partie toute seule et restée, cette fois-ci, lettre morte :

Chère Florence,

Je me suis posé exactement la même question : Serait-il utile que je vous réponde ?

En fait, j’ai lu tous vos articles, absolument tous. Et je n’ai réagit qu’à un seul pour la simple raison qu’il me paraissait niait et simpliste au point de sembler (je dis bien sembler) complaisant. Je ne remets nullement en doute votre intégrité intellectuelle. Mais, permettez moi de trouver votre analyse économique (et c’est peut-être là, le problème) de la situation tunisienne un peu trop « bateau » ! Il faut dire qu’elle ne se distingue en rien (d’où peut-être ma réaction épidermique) de l’essentiel des commentaires qu’on voit par ci par là sur le miracle tunisien, sur le dragon de l’Afrique, sur la pertinence des choix économiques de ce p’tit pays (et surtout de son président dictateur)…

Le pouvoir tunisien a su, durant toutes ces années, se montrer sous son meilleur profil, se vanter de ses réussites économiques (alors que tout tourne à crédit et que les créances douteuses auront bientôt raison de l’ensemble) et de ses choix en terme de mixité et d’enseignement (alors qu’il ne fait que dilapider l’héritage Bourguibien).

Un poker menteur qui s’achèvera dans un bain de sang… [ce n’était pas sorcier de le voir, justement !]

Un autre point pourrait expliquer ma rogne (en tant que fidèle lecteur du Monde) : Vous ne parlez de la Tunisie que tous les cinq ans à l’occasion des élections… Et ce n’est sûrement pas avec cette approche épisodique qu’on arrivera à mettre la pression sur ce régime.

Voilivoilou, je me suis expliqué… Si vous passez en Tunisie, faites-moi signe et je vous montrerai que mes attaques n’ont rien de personnel…

Au plaisir de vous (re)lire.

Sur le bord de la rivière Complaisance, je me suis assis et j’ai pleuré…

Dehors, c’est l’état d’urgence et le couvre-feu.
Des coups de feu retentissent au loin…

La révolte du petit peuple a enfin eu raison de la dictature la plus brutale, de l’état policier le plus sombre et le plus arbitraire. Les balles, les tabassages, les exactions de tous genres n’ont guère réussi à l’arrêter. Jusqu’au bout il a cru à l’accessibilité de la liberté. Et il a eu raison… Notre autocratie kleptomane donnée pour éternelle est enfin tombée. Le kleptomane en chef a choisi la fuite. Petit, il a été. Petit, il restera à jamais.

L’Histoire ne retiendra qu’un seul nom : Mohamed Bouazizi, le jeune diplômé, vendeur ambulant de fruits et légumes malgré lui, qui s’est immolé par le feu pour protester contre la confiscation de sa marchandise, et l’humiliation qui s’en est suivie. En quelques sorte, c’est notre Jan Palach Tunisien, qui par son geste désespéré a mis le feu au poudre. Sa mort a été le catalyseur tant attendu.Devant Bouazizi, Ben Ali paraitra encore plus petit.

L’Histoire mentionnera Sidi Bouzid comme le berceau de la révolte populaire (certains l’appelle déjà la révolution de jasmin, comme si tous les Tunisiens ont déjà connu la douceur de vivre au pays du jasmin…), initiée par des gens insoumis, fiers et intègres, qu’il ne fallait surtout pas pousser à bout.

Durant cette révolution, rares sont les voix qui se sont élevées en Occident (en Europe, encore moins qu’aux Etats-Unis) pour condamner la brutalité du régime et soutenir ce petit peuple dans ses aspirations de liberté. Un silence assourdissant qui m’a débarrassé de mes dernières illusions. Une frilosité hallucinante (mais coupable) à condamner la répression. Au-delà des discours étincelants (mais vides… un pipeau intégral qui me fait bien marrer) sur les libertés fondamentales et les droits de l’homme, l’Occident en général, et la France en particulier, ne se mouilleront jamais pour que la démocratie devienne la norme dans les pays du Sud. Pire. Au nom d’une real-politik de merde (qui leur pètera à la gueule d’ici peu, croyez-moi), ils multiplieront les complaisances envers les régimes les plus sanguinaires. Derrière des raisons d’Etat d’un autre âge, hypocrisie planétaire qui tue, ils se cacheront indéfiniment…

Durant ces quelques semaines de révolte, des dizaines de pauvres gars ont payé de leur vie le silence des démocraties environnantes. Celles-ci ne pouvaient apparemment hausser le ton contre celui qui s’est vendu comme leur dernier rempart contre l’islamisme. Et c’est bien connu : on ne fait guère d’omelette sans casser des œufs (et les oeufs, ce sont nous !).

En France, le silence de la classe politique a été ponctué par des déclarations stupéfiantes (que j’ai collectionnées au fil du temps, sans vraiment penser pouvoir les ressortir de si tôt) :

Celle de Frédéric Mitterrand « Dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré ». J’adore la notion de « dictature univoque »… il faudrait juste qu’il l’explique à M Abbou, avocat critique du régime, emprisonné pour un article sur internet, et qui a choisi de se coudre les lèvres avec des agrafes pour attirer l’attention du monde sur l’état des libertés en Tunisie. Ceci a eu lieu, en 2005, à la veille du Sommet mondial sur la société de l’information, organisé par l’ONU en Tunisie… oui oui, vous avez bien entendu, en Tunisie, terre de toutes les libertés !

Celle de Bruno Le Maire estimant que « Ben Ali est souvent mal jugé », ou encore celle de François Baroin avec sa démagogie à deux sous : « Déplorer les violences, appeler à l’apaisement, faire part de ses préoccupations, c’est une position équilibrée que défend aujourd’hui la France au regard de la situation tunisienne ».

La déclaration de MAM mérite, à elle seule, la palme d’or du laconisme. Devant l’Assemblée, elle a osé sortir « Plutôt que de lancer des anathèmes, notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation », « la priorité doit aller à l’apaisement après des affrontements qui ont fait des morts » (ah bon ?!), « le savoir-faire reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité permet de régler des situations sécuritaires de ce type. […] C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays (elle veut dire la Tunisie et l’Algérie) de permettre, dans le cadre de nos coopérations, d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité ». Vous l’avez bien compris : Devant les revendications sociales et politiques d’un peuple dont les libertés ont été purement et simplement confisquées durant 55 ans, MAM propose d’exporter ses CRS. Heureusement que le ridicule ne tue plus !

Je me rappelle parfaitement du voyage de Sarkozy en Tunisie (avril 2008), accompagné de sa chouchoute (là, je ne peux m’empêcher de penser à Cabu qui, parlant de Carla, dit que c’est un personnage super facile à dessiner : « Tu dessines une saucisse et pour les cheveux tu rajoutes de la choucroute. Et tu obtiens la 8e merguez du monde. », Le Monde du 12/1/2011), de MAM, de Brice et de Rama (je parie que depuis, cette dernière a complètement zappé ce trip de son subconscient). Que du beau peuple… Et que de belles paroles : A l’époque, Sarkozy nous a paru bien indulgent en expliquant que « Certains sont bien sévères avec la Tunisie, qui développe sur bien des points l’ouverture et la tolérance » et que « l’espace des libertés progresse ».Mon cul, oui ! Il aurait dû tenter de se connecter à internet avant de l’ouvrir…

Avant lui (en 1995), Chirac a fait encore mieux en rendant hommage à Ben Ali qui a, apparemment, su engager son pays « sur la  voie de la modernisation, de la démocratie et de la paix sociale » et ouvrir le Parlement aux « représentants de divers courants d’opinion ». Il faut être soit débile, soit faux-cul (soit les deux, car il ne faut jamais sous-estimer nos politiques) pour ne pas reconnaitre l’onction démocratique de façade qu’il a su monter de toutes pièces.

Je n’oublierai jamais ce même Chirac affirmant, lors de sa visite à Tunis en 2003, que « le premier des droits de l’homme, c’est de manger […] De ce point de vue, la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays ». Il l’a fait, alors que l’avocate contestatrice R. Nasraoui entamait son 50ème jour de grève de la faim. Le message était clair : « Bouffez et bouclez-la ! ».

L’heure de vérité a sonné. Du moins, j’ose l’espérer. Je donnerai cher pour connaître tous ceux qui, en France, ont bénéficié des largesses du régime déchu. Nombreux sont les lobbyistes (Degallaix, Lanxade, entre autres… tous deux d’anciens ambassadeurs de France en Tunisie), les communicants (Anne Méaux, Jacques Séguéla… ), les conseillers de tous genres et les hommes d’affaires, qui y auraient goûté, d’une façon ou d’une autre. Et comment auraient-ils pu faire autrement sachant que les deux familles régnantes se sont accaparées l’ensemble du tissu économique du pays (banque, distribution, téléphonie, médias, immobilier, transport aérien, tourisme… même la contrebande passait par eux) ? Comment tous ces intervenants étrangers auraient-ils pu résister aux sirènes du profit facile dans une république bananière gangrénée par « la familia » ? Se fermer à la familia, c’était se priver d’un business des plus juteux !

Je donnerai cher pour identifier l’ambassadeur Français, que mentionnent les mémos de l’ambassade américaine en Tunisie (révélés par WikiLeaks), et qui aurait reçu en cadeau une superbe villa (enregistrée apparemment au nom de sa fille) dans un quartier huppé de la capitale tunisienne.

Remettrons-nous un jour la main sur l’énorme magot que les Ben Ali (la fortune de Ben Ali, à lui seul, était estimée à 5 milliards de dollars en 2008, par le magazine Forbes… autrement dit le huitième du PIB tunisien !) et les Trabelsi (outre tout ce qu’elle a pu mettre de côté durant toutes ces années, la régente de Carthage est soupçonnée de s’être enfuie avec 1.5 tonne d’or de la Banque Centrale… question d’avoir un peu de liquidités sur elle) ont usurpé à ce pays, pour le placer en Europe, aux Amériques et au Moyen-Orient ? L’Europe fera-t-elle le nécessaire pour bloquer leurs avoirs, leurs propriétés ?
Permettez-moi d’en douter…

J’ai toujours défini, et je ne suis guère le seul, le Tunisien (monsieur tout-le-monde) comme un « khobziste » (du mot « khobz » qui veut dire pain en arabe), autrement dit quelqu’un qui ne se bougera jamais le cul tant qu’on ne touche pas à ses besoins les plus matériels. Ce n’est guère un rebelle, ni un téméraire. Confisquez-lui ses libertés, il fera le mort. Immergez-le dans l’arbitraire le plus absolu et il y verra une fatalité. Plongez-le dans la corruption, le clientélisme, l’humiliation quotidienne, l’injustice et les inégalités flagrantes, et il s’adaptera comme un poisson dans l’eau. Capable de vivre sous une chape de plomb et une justice instrumentalisée, recroquevillé sur ses p’tits conforts et ses p’tits privilèges, il ne mouftera que si ces derniers sont sérieusement menacés (révolution du pain dans les années 80), ou que si ses conditions de (sur)vie deviennent trop exigües (le soulèvement, fin 2008, du bassin minier de Gafsa, fin 2008, une autre région mutine. A l’époque déjà, les syndicalistes appelaient à une répartition plus équitable des richesses du pays). Sa carapace consumériste le rend souvent insensible au passe-droit, au racket des fonctionnaires corrompus, et le pousse même à y prendre part (en payant des pots-de-vin, en faisant appel à des pistons, en graissant les pattes de policiers ripoux…).

La seule chose à laquelle le tunisien semble relativement vulnérable est l’insécurité.
Durant les 23 ans de règne de Ben Ali (et je fais volontairement abstraction des 32 ans de Bourguibisme qui les ont précédé), notre obsession sécuritaire nous a tenu par les couilles. Nous avons opté (à quelques exceptions près… des hommes et des femmes qui ont su braver le pouvoir au risque d’y laisser leur intégrité physique : M. Abbou, S. ben Sedrine, K. Chammari, R. Nasraoui) pour la sécurité, plutôt que la liberté. Le maillage policier nous rassurait. Le verrouillage des libertés fondamentales ne nous dérangeait pas outre mesure. On aimait bien manger et se la boucler.

A chaque fois que j’ai parlé politique à la maison, ma mère me sortait son fameux dicton super-imagé « Garde ta merde… au moins sa puanteur t’est familière ».
Moi, je préférais plutôt tester d’autres effluves, à mes risques et périls…

Dehors, la révolution est en marche, ici et ailleurs… Ne l’oubliez pas…

Nous vivrons, d’une façon ou d’une autre, des temps mémorables…

Vive la révolution. Et à bas les cons (là, je reprends le mot d’ordre de Cabu).

PS: une p’tite bande sono qui m’a fait marrer…

Et le vieux con parla…

« Le problème avec notre époque est que le futur n’est plus ce qu’il était ! » — Paul Valéry

En cette fin d’année, et comme d’habitude, j’ai cherché à dénicher, dans l’évolution de ce monde, tout ce qui pouvait me foutre la trouille (je suis comme ça… j’adore me faire peur), et par ricochet (car je suis du genre partageur) plomber l’ambiance générale. Mon objectif ultime étant, vous vous en doutez sans doute, est de vous servir l’antidote de cet excès d’optimisme qui vous submerge à chaque début d’année (et qui me fait franchement chier), vous faire partager mes inquiétudes et mes doutes (vous déprimer, quoi !).
Là, la fin de l’année s’approche à grand pas et mon désarroi grandit à vue d’oeil. Car, j’ai comme un souci… Mon constat est plutôt frustrant : Rien ne cloche plus dans ce bas monde. Tout semble aller à merveille, dans les meilleurs des mondes.

Le calendrier chinois met l’année 2011 sous le signe du lapin de métal blanc (si si) ! Selon le zodiac chinois, le lapin est sociable, discret, raffiné, sensible….Une année qui ne pourra être que calme, quiétude, répit et apaisement. La révolution, c’est du passé. Place aux préoccupations mondaines et aux orgies artistiques… Je sens que je vais me goinfrer dans les vernissages…

Je me rappelle d’une étude vieille de 10 ans des Nations Unies estimant à 800 milliards (déboursables sur 10 ans, justement) le coût nécessaire pour que tout être humain ait accès à l’éducation de base, à la santé, à la nourriture et à l’eau potable. De toute évidence, l’objectif du millénium est atteint. Les émeutes de la faim sont maintenant de l’histoire ancienne. L’humanité toute entière mange à sa faim, a accès à l’eau potable, et dispose des soins primaires. Ceux qui ne mangent pas suffisamment sont ceux qui font attention à leur ligne, tout simplement.

Le monde va bien…
Selon une enquête réalisée par le site de rencontres en ligne OkCupid, les utilisateurs de l’iPhone d’Apple, hommes et femmes confondus, ont plus de partenaires sexuels (Avez-vous déjà contemplé l’un d’eux en train de tripoter l’écran tactile, faire défiler les pages, les pétrir, les retourner, les zoomer, le tout avec un ou deux doigts ? Quelle dextérité !). Mes pauvres Blackberristes, il est grand temps de troquer vos BBs (et votre acharnement professionnel) contre un peu plus d’habilité manuelle…

Le monde va bien… Nos gouvernants savent rester zen
Alors que des milliers d’automobilistes dormaient sur les autoroutes de France, M. Brice a osé affirmer que ce n’était guère la pagaille. C’était juste un énorme foutoir, un bordel monstre… Ceci dit, il a en quelque sorte raison : sur des centaines de kilomètres, les voitures bloquées étaient parfaitement rangées en file indienne dans la neige. Elle est où la pagaille, là dedans ?

Le monde va bien…
Contre la réforme prévoyant le triplement des frais (à 9000 livres) de scolarité au sein des universités de GB pour compenser le désengagement de l’Etat de l’enseignement supérieur, les étudiants britanniques ont manifesté leur colère, se sont opposés à la police, et s’en sont même pris à la voiture du Prince Charles et sa dulcinée, l’aspergeant de peintures. Je vous rassure… Le couple princier a finalement pu assister comme prévu au spectacle auquel il se rendait. S’ils l’ont fait, c’est que le monde se porte à merveille.

Le monde va bien… Les inféodés sont rapidement rappelés à l’ordre
Après MasterCard, PayPal et Visa, c’est au tour de Bank of America de fermer le robinet à Wikileaks, en suspendant toutes les transactions destinées à ce site. Son porte-parole évoque une décision qui «  se fonde sur le fait que Wikileaks semble être engagé dans des activités contraires à la politique interne de paiements » de la banque… Il va sans dire (dans un monde qui va bien) que cette décision n’a absolument rien à avoir avec les « 5 gigaoctets de données provenant du disque dur d’un des dirigeants de la banque » que le fondateur de Wikileaks promet de rendre publique dans un p’tit mois. Quant à Médiapart, ils continuent à nous faire chier avec leurs enquêtes et leurs révélations… Ils n’ont toujours pas compris qu’on n’aspire qu’à une vie pépère, loin des tumultes des interrogations existentielles et des questionnements métaphysiques, que nous vivons en parfaite harmonie avec nous gouvernants (dont la rigueur, la transparence, l’honnêteté intellectuelle et l’honnêteté tout court, sont proverbiales)

Le monde va bien… Les flots d’argent sont bien canalisés
Les bonus des traders sont maintenant encadrés, payés de façon différée, sur un minimum de trois ans… Ouf, nous voilà rassurés sur la pérennité du système. Dans le même registre, les jeux d’argent sont enfin légalisés sur internet. Les français pourront enfin s’alléger de leurs quelques 20 milliards d’euros (de pertes, par an) à d’autres que la Française des Jeux et le PMU. Addiction pour addiction, on devrait légaliser la marijuana. Ca fera rentrer un peu de fric dans les caisses de l’Etat, et nous fera tous planer un bon coup…

Le monde va bien… Et le père Noël y est pour quelque chose.
Les foyers français continuent à débourser 230 Euros (en moyenne) pour entasser quelques jouets de plus (Ils devraient, cependant, savoir qu’une entreprise française a eu la lumineuse idée de proposer des jouets à la location).  Dehors, 4 personnes en situation précaire sont mortes dans le froid glacial. C’est un peu leur faute : ils tenaient absolument à voir passer le père Noël sans tenir compte de leurs fragilités physiques.
Pour ceux qui n’ont pas d’amis, il est enfin possible d’en louer, du moins en Ukraine. La société Kind Fairy propose aux personnes solitaires malgré elles (et moyennant une quinzaine d’euros) d’aller trinquer en compagnie  d’un ami d’un soir, capable de parler de tout (politique, art, cul, je suppose…)

Le monde va bien… Nous débordons de créativité.
La médaille de la créativité (qui a osé parler de cupidité ?) revient à l’Espagnole Angeles Duran qui s’est auto-déclarée propriétaire du soleil. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on se l’est coulé douce durant quelques 4 milliards d’années, loin de toute entrave, que la cupidité humaine ne peut nous atteindre… Il faut dire qu’un Américain l’a déjà précédé en passant un acte notarié pour s’approprier la lune et presque toutes les planètes.

Le monde va bien… Nous sommes plus humains que jamais.
L’Etat de Californie a pris la décision radicale de libérer une partie de ses prisonniers (­6500, soit 4% de la population carcérale). Les mauvaises langues n’y verront que des raisons bassement matérielles, le signe que l’Etat n’a plus les moyens d’entretenir ses prisonniers… Ca reste un acte fort venant d’un Etat qui alloue plus au système carcéral qu’à l’enseignement supérieur. Bravo la Californie !

Le monde va bien… Nos ressources sont inépuisables.
En commentaire d’un article sur la raréfaction de l’eau douce, l’excellent Champardenne affirmé « Placez vous sur la rive de n’importe quel grand fleuve […] et regardez un moment toute cette énorme quantité d’eau douce qui file se perdre en mer ». Suite à cette observation qui brille par sa rigueur scientifique (et je ne suis guère du genre moqueur !), il conclut qu’ »on a toute l’eau douce voulue ». Nous voilà rassurés…

Le monde va bien… Notre sécurité est assurée à chaque instant.
Sur un large panel d’applications populaires pour téléphone mobile étudiées par le Wall Street Journal, nombreuses se sont révélées coupables de violation de la vie privée (je préfèrerais parler de protection rapprochée), et ce par transmission, à des régies publicitaires (pour l’instant), de données personnelles à l’insu de l’utilisateur. Sur 101 applications étudiées (fifty-fifty iPhone & Android), 56 transmettent l’identifiant unique du téléphone, 47 donnent la localisation de l’utilisateur, et 5 livrent son âge et son sexe. Qui a osé dire qu’on est tracé ??

Le monde va bien… La révolution n’est plus que littérature.
Le manifeste de la gauche radical « L’insurrection qui vient » se vend comme des petits pains en Allemagne, phénomène qui inquiète plus d’un. Pas moi… C’est la preuve que nos révolutionnaires apprennent à lire.

Nous vivons dans un monde merveilleux.
Nous vivons des temps mémorables…

Vieux je suis devenu, mais con je suis resté… con au point de ne plus voir que les mauvais côtés de ce monde.
Là, vous allez être sympa et me laisser me lâcher un bon coup. Il en va de ma santé mentale. Faites juste semblant de m’écouter… Et, surtout, soyez indulgents…

Et le vieux con parla…

Nous vivons sur les plaques tectoniques du chômage endémique, de la dette galopante, des déficits abyssaux, des disparités sociales qui se creusent… et on adore ça.
Des pays dits développés se sont révélés au bord du gouffre financier… à deux doigts du dépôt de bilan. Au lieu d’avaler notre amour propre et de restructurer nos dettes (et celles de nos banques), nous avons préféré jouer les prolongations en maintenant le malade sous perfusion. Avez-vous déjà essayé de planquer un tas de poussière sous un tapis ? Avez-vous remarqué  le champignon atomique que notre connerie génère dès qu’on effleure (par mégarde) le tapis ?

On s’est embarqué dans un « anti-Robinwoodisme » à toutes épreuves: On prend aux pauvres pour donner aux riches. C’est tellement gros que 45 millionnaires américains (oui oui, je vous l’assure) ont choisi de lancer une pétition pour payer plus d’impôts. Ils exigent l’abandon des allègements fiscaux de l’époque Bush, comme un premier pas vers l’assainissement des finances publiques. En même temps, près d’un quart de la population européenne est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale, et 42 millions d’américains dépendent des coupons alimentaires.
Et, un peu partout, les journées d’actions contre l’austérité tournent à la guérilla urbaine…

On adore vivre à crédit (avez-vous remarqué, dans la queue devant vous au Printemps / BHV / Galeries Lafayette, le nombre de clients qui règlent leurs achats avec la carte de paiement du dit grand magasin ?). Devant un parterre d’étudiants, l’amiral Michael Glenn considère que « la pire menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis est le poids de leurs dettes ». Quand le plus haut gradé de l’Amérique commence à parler de la dette US, je ne peux réprimer un haut-le-cœur (je suis du genre à vomir quand je suis terrorisé).
On dépense trop et sans discernement. Analyser les courses de Noël est un cours de macro-économie en soi. Les chinoiseries que vous avez achetées (autrement dit, la quasi-totalité de vos cadeaux) sont responsables des déséquilibres mondiaux, des déficits commerciaux et des dettes qui enflent…

Même la nature s’en mêle… L’année nous a gâtés avec 2 séismes respectables (Haïti avec ses 200 000 morts, et le Chili, ce dernier étant le plus fort jamais enregistré), un volcan (au nom barbare d’Eyjafjöll) déchainé au point d’obscurcir les cieux européens, une magnifique marée noire au large des Etats-Unis, quelques inondations dévastatrices dans des coins reculés du globe (dont on s’en fout royalement)…

Et comme pour parfaire ce panorama magnifique, la Belgique n’a jamais été aussi proche de la scission. Mais c’est peut-être une histoire belge de plus…

La troisième révolte est en marche. Il est grand temps d’entrer dans l’ère de la désobéissance éclairée. La sobriété volontaire ne suffira bientôt plus…

Et, dans ce bordel globalisé, je ne peux que m’aligner sur Jean Yann qui disait « Pour moi, la grande question n’a jamais été : Qui suis-je ? Où vais-je ? Comme l’a formulé si adroitement notre ami Pascal, mais plutôt : Comment vais-je m’en tirer ? . »

Bonnes fêtes et meilleurs vœux (c’est bien la formule consacrée, non?)
Viva la revolucion (celle là l’est un peu moins !).

Le jour se leva. Et le vieux con se tut… (et c’est peut-être mieux comme ça)

PS : Contrairement au zodiac chinois, je suggère de placer 2011 sous le signe du Scarabaeus Laticollis, plus vulgairement connu sous le nom de scarabée bousier (vous savez, celui qui fait des boules de caca et qui les roule jusqu’à son garde-manger… ummmm !).

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Sans lui, nous serions dans une merde noire jusqu’au cou…  Il faudrait juste qu’il s’adapte un peu, en arrêtant de faire des boules avec les excréments des autres, pour se consacrer à l’ingestion de nos déchets les plus divers… Je me verrais bien dans un monde où chacun se baladerait avec son bousier (de la taille d’une chèvre) en laisse…

PS 2 : A ce stade, et au risque de passer pour le ringard de service, je vais finir par vous chanter  « Les anarchitectures », ou encore « J’accuse » de Saez (très bon calmant pour cette période plus ou moins festive. Je vous invite vivement à les écouter sur Deezer :http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/saez . Et puis, c’est gratis).

PS 3 : Je suis sûr que parmi vous, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les 2 révoltes qui ont précédé la future troisième ! J’en dirai plus en 2012 (si internet marche encore).

PS 4 : La eCard_Tingitingi_2011 est là pour rattraper mes conneries… du moins, je l’espère.

Banana Republik…

Je vais finir par croire que ma destinée est de naviguer d’une république bananière à une autre…

Même Sarkozy est excédé !!

D’après le Canard Enchainé du 23 Juin 2010, il aurait dit, furieux : « Je ne suis vraiment pas aidé ! Certains ministres sont devenus fous ! Entre celui qui se fait payer ses cigares aux frais du contribuable (Christian Blanc grâce à qui, et en dix mois, 12 000 Euros des deniers publics sont partis en fumée) et qui bidouille sa feuille d’impôt (là aussi, il pointe Christian Blanc… mais, j’en suis sûr, au fond de lui même, il s’est rappelé, amusé et fier, ses p’tites magouilles avec l’ISF à la veille de son élection), celui qui se fait construire une maison à Saint-Tropez ou qui commande un jet privé comme on prend un café (Alain Joyandet, soupçonné d’avoir bénéficié d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal pour agrandir sa maison dans le Var), et celle qui donne des leçon de rigueur et de morale à la terre entière avant de se planter elle-même (Rama Yade), les Français vont finir par croire que je suis entouré d’une bande de tartuffes »

Pour une fois, et bien qu’il oublie quelques autres perles de son reigne, je trouve notre (tartuffe de) président perspicace… perspicace au point d’arranger le débarquement de ces humoristes qui lui font mal : Stéphane Guillon & Didier Porte (congédiés de Radio France le 23 Juin 2010). Il ne fait plus bon rire le matin sur France Inter.

Ceci étant dit, quand j’écoute S. Guillon dans l’un de ces derniers billets d’humeur, je me dis qu’il vaut mieux en rire… Les tartuffes qui nous gouvernent ont tout intérêt à laisser quelques soupapes de sécurité dans la chaudière géante de la démocratie bananière.

Et pour la route, je vous suggère de se marrer un dernier coup avec Stéphane :

– Dans son dernier billet précédant son licenciement

– Dans son billet de Janvier 2010 où il prévoyait son débarquement en Juillet (il est très fort) !

– Dans ce billet que j’adore et qu’il a consacré à DSK, le coureur de jupons…

Des drapeaux et des essuies-cul(s)…

Il fut un temps où je croyais à la notion de nation, avec ses vertus fédératrices. Naïf, j’y voyais une source d’ambition, de créativité, de partage, une façon de canaliser les bonnes volontés, d’encourager les pensées constructives, et contre toute attente de favoriser tous les universalismes. A l’époque, j’ai complètement occulté le revers de la médaille : la propension des gens à en faire une arme de connerie massive, un prétexte de recroquevillement et une source inépuisable de chauvinisme, d’égocentrisme et de croyance frelatée de l’infériorité de l’autre.

Aujourd’hui, ma conviction est faite : La nation a fait son temps. Elle est en train de vivre ses derniers soubresauts… Une oie qui s’acharne à courir bien que décapitée…

Il me semble naturel qu’un monde au bord du gouffre, jouant à chaque instant sa survie, flirtant chaque jour un peu plus avec la Chute Finale (qui le subjuguera irrémédiablement), se préoccupe beaucoup moins de ses frontières, de ses affinités locales, ainsi que de tous ses chiffons (drapeaux, emblèmes et autre linge sale des états, comme dirait Sylvain Tesson…)…

Michèle Alliot-Marie aimerait qu’il en soit autrement… C’est, du moins, ce que traduisent ses cris à la profanation, ses gesticulations justicières, face à ce photographe qui a osé transformer le drapeau tricolore en essuie-cul (cliché primé à la Fnac !). Cette liberté d’expression qui a su transgresser le sacré (vous rappelez-vous des caricatures de Mahomet ?), semble devoir se prosterner devant l’emblème de la nation. Un «deux poids, deux mesures » de plus (fait pour me faire chier, j’en suis sûr), dans un monde de plus en plus arbitraire, où les positions de principe sont prises à la tête du client !

Michèle Alliot-Marie devrait pourtant lire Gustave Flaubert : « Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m… qu’il est temps de n’en plus avoir du tout »(Correspondance à George Sand, 1869), ou encore Henri Barbusse : « Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux » (La Lueur dans l’abîme, 1920)

Zeitgeist : Film de propagande ou hymne à la rébellion intellectuelle ?

« Zeitgeist : The Movie » est un film documentaire (libre de droit) réalisé en 2007 par un certain Peter Joseph (un article lui a été consacré par le New-York Times), à l’origine du mouvement du même nom « The Zeitgeist Movement« .

Zeitgeist (« esprit du moment », en allemand) pointe du doigt les thèses dominantes et dénonce leur exploitation par une minorité détenant le pouvoir effectif. Il oscille quelque part entre la thèse du complot (avec, pour une fois, un argumentaire simple et percutant) et l’incitation à la rébellion intellectuelle. Les sujets abordés n’ont rien d’original : L’histoire de Jésus-Christ, les attentats du 11/9, le système bancaire, les plans secrets d’une gouvernance mondiale menés par une élitte trans-nationale, la montée des fascismes… Le regard critique apporté, la simplicité de l’argumentaire et le ton engagé, ne peuvent que séduire…

Une suite a été réalisée en 2008 : «Zeitgeist – Addendum » pour dénoncer le système monétaire (ses ravages et ses tendances esclavagistes) et proposer une nouvelle société inspirée des travaux de Jacques Fresco et de son projet « The Venus Project ». Un regard idéaliste au point de sembler, à certains moments, un peu neuneu… Et puis, les allocutions de J. Krishnamurti ne laissent guère indifférent.
Le projet Vénus vise à troquer le système monétaire (voire monétariste) actuel contre un autre basé sur le partage des ressources et les avancées technologiques bien ciblées. L’objectif ultime de cette combinaison est de tarir la source de tous nos maux : la notion bien entretenue de rareté, la névrose consumériste, la recherche effrénée du profit…
Les critiques ne manquent pas… voir, entre autres, Boing-Boing ou The Stranger

Considérer que Zeitgeist est la Vérité relèverait de l’inconscience. N’y voir qu’un travestissement surréaliste des vérités établies (œuvre d’un désaxé notoire, comme certains l’ont dit) est un signe de stupidité et/ou de malhonnêteté intellectuelle.

Sans être un partisan inconditionnel des théories du complot, je ne peux que lui reconnaître sa vision engagée visant un système alternatif capable de remettre en cause les chauvinismes, de contrer les pensées dominantes, de développer l’anticonformisme, et d’établir des contre-pouvoirs.

Je lui reproche, cependant, l’absence de la mention explicite de ses sources. Ainsi, et en l’absence de preuves irréfutables (sources datées et vérifiables), je reste dubitatif devant la citation de David Rockefeller (Council on Foreign Relations) « Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine, et les autres grandes parutions dont les directeurs ont assisté à nos meetings et ont honoré leur promesse  de discrétion durant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est plus sophistiqué et préparé à marcher vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est certainement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles précédents ». Je suis littéralement « sur le cul » (et un peu plus dubitatif) devant ce que rapporte Aaron Russo (cinéaste) sur le complot mondialiste, et plus spécifiquement sur Nicholas Rockefeller : une prémonition bluffante, datant (selon ses dires) de 11 mois avant le 11/9, détaillant l’enchainement à venir, la guerre contre un ennemi éternel mais fictif, le matraquage médiatique et l’enrôlement des foules, jusqu’à l’atteinte de l’objectif ultime : le pouvoir absolu et la main mise sur les libertés fondamentales.

Des 2 films, je retiens, au moins, cette citation du philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade »

The Revolution is Now…

Casser du GIEC…

Ceux qui me connaissent vont surement me traiter de cinglé… Mettre les pieds dans la jungle indéfrichable des pro-anti-consensus GIEC, sans être rémunéré, c’est une pure folie… En fait, j’en avais ras le bol que d’entendre les différents protagonistes raconter leurs vérités (chacune étant par définition la seule et unique vérité), avec toujours cet même air savant et (en apparence) objectif… Ca n’empêche qu’à chaque fois, ça puait la subjectivité à plein nez.

Profitant de l’absence de mes femmes et de la fécondité intellectuelle caractéristique de ces périodes d’abstinence sexuelle (oui oui, je frime…), j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes, de m’immerger dans la littérature académique des pros et des anti-consensus, et de me faire mon propre opinion. Au bout d’une trentaine d’articles allant dans tous les sens (dont certains s’évertuent à critiquer/démonter/laminer d’autres), cinq jours avec peu de sommeil, peu de bouffe (ça ne pouvait me faire que du bien), beaucoup de café et un vide sexuel revigorant (ma femme ne va pas aimer !), je suis arrivé à la conclusion (abstraction faite de mes convictions profondes) que s’il faut absolument parier, je parierais pour l’instant sur le consensus du GIEC, même si ce consensus n’a rien d’intellectuellement excitant (car trop cadré, comme une thèse dominante peut l’être). Ses arguments sont les plus solides.

Face à ce consensus, la thèse de saisonnalité naturelle du japonais Akasofu est séduisante par sa simplicité, mais me paraît trop belle pour être vraie (verdict dans 10 à 20 ans).

Je garderai, par ailleurs, un œil attentiste sur la thèse solariste qui, à mon sens, complètera un jour (sans la supplanter) la vision anthropique.

Au sein des climato-sceptiques (un ensemble si bigarré que toute généralisation sera à proscrire), je garderai un œil impitoyable sur tous ces anti-consensus négatifs et improductifs, qui refusent la thèse anthropique, mais n’apportent rien au débat, à part des controverses stériles, une mauvaise foi à toute épreuve, et un art consommé de la tétrapiloctomie (l’art de couper les cheveux en quatre).

Faire son choix, aujourd’hui, relève partiellement de l’acte de foi. N’oubliez pas qu’en l’absence de preuve irréfutable de la réalité de Dieu, Pascal pariait qu’Il existe (vive la théorie des jeux !). Je ferai de même avec la thèse anthropique.

Le fruit de mes 5 jours de labeur est accessible ici : Rechauffement_Etatdelart

Le Syndrome de Noé

Au fil des ans, on m’a collé l’étiquette de pessimiste, chose que je réfute énergiquement. Mon comportement constamment récessif, mes critiques du Système, mes convictions profondes de l’imminence du krach, mon pressentiment d’aller droit dans le mur, relèvent, à mon sens, plus du réalisme terre-à-terre que du pessimisme clinique…

Aurais-je fait des gosses en étant l’éternel pessimiste qu’on décrit ? Je ne pense pas…

C’est bien mon réalisme maladif qui m’a incité à faire des gausses, et ceux pour deux raisons :

  • Une purement économique, mais quelque peu perverse (je vous l’accorde) : C’est le meilleur moyen (éthiquement acceptable) d’accéder à la main d’œuvre quasi-gratuite dans un monde où l’on reviendrait, tôt ou tard, à notre préoccupation la plus basique d’éleveurs-cueilleurs…
  • Une autre plutôt psychiatrique, relevant du « syndrome de Noé » (je viens de l’inventer à l’instant, je vous rassure.) : Sentant que le déluge ne va plus tarder, on se trouve porté par une envie irrésistible de construire un bateau et d’embarquer tous ceux qu’on aime… En faisant des gausses (qui, par définition, ne peuvent s’opposer à l’embarquement), on ne fait qu’augmenter le taux de remplissage du bateau, de se garantir quelques accompagnateurs inconditionnels (évitant ainsi les grands moments de solitude)… Au pire, on fera un p’tit tour (entre amis) et on reviendra au point de départ…

Ecologie : Trou de culture

Le 23/9/2009, à New-York, N. Sarkozy a pu étaler son immense savoir quant au lien entre émissions de dioxyde de carbone et le trou dans la couche d’ozone : « … le monde va à sa perte si on continue à émettre du carbone qui crée un trou dans la couche d’ozone et qui brise les équilibres de la planète».

Je vous rassure, vous n’avez rien raté : ce sont bien les chlorofluorocarbures (CFC) qui attaquent la couche d’ozone, et non le CO2, et encore moins le carbone (qui est, lui, complètement inoffensif).

Il faut dire que Sarkozy ne fait que répéter les mêmes inepties d’une année sur l’autre. Ce genre de bête ne se remet jamais en cause. Le 3/7/2008, il mentionnait déjà le « CO2, les émissions qui font le trou dans la couche d’ozone »…

Maintenant qu’il s’est improvisé « sauveur de la planète », écologiste à ses temps perdus, il devrait prendre quelques cours accélérés… D’ici là, il devrait se contenter de parler de sont trou de culture, de sa vie en tant que trou duc, et laisser le trou d’ozone tranquille…

Il faut dire que c’est ce même N. Sarkozy qui s’est déjà distingué par son inculture. Il n’a pas hésité à prendre quelques p’tites libertés avec l’Histoire, en déclarant Clovis «le premier roi chrétien en Occident» (Rome, le 1812/2007)

M. Sarkozy confond à l’évidence chrétienté et catholicisme (est-ce volontaire ?). Clovis est peut-être le premier roi barbare (à un ou deux rois près) à avoir été baptisé dans la foi catholique (autour de l’an 500… D’ailleurs, ça me fait toujours marrer d’entendre certains parler de la culture judéo-chrétienne doublement millénaire de la France ! Ils ont surement raison, mais à 25% près…). Mais bien avant lui, d’autres rois Vandales et Wisigoths (entre autres) étaient déjà chrétiens, mais ont opté pour l’arianisme (à l’origine du protestantisme et l’orthodoxie d’aujourd’hui, je pense), devenant ainsi des hérétiques aux yeux de l’église catholique (après le concile de Nicée, an 325).

Alice au pays des merveilles…

J’ai promis de pousser, un jour, ma gueulante sur ce tourisme sexuel qui se développe à vue d’œil, à Djerba.

Ce phénomène, qui s’est intensifié ces quelques dernières années, puise ses sources dans la pauvreté, le chaumage, mais aussi dans la tentation de l’argent facile et la recherche d’échappatoire (vers l’Europe) et, bien évidemment, dans la présence d’une demande (masculine mais surtout féminine, homosexuelle comme hétérosexuelle) qui ne se démentit guère…

Nombreuses sont les Européennes d’âge mûr qui viennent régulièrement à Djerba avec l’idée explicite de s’éclater avec de jeunes Tunisiens, de la bonne chaire fraîche à moindre coût (ce qui, dans certains cas, peut se révéler discutable). Une quête strictement hédonique qui, lorsqu’elle est pleinement assumée, me conviendrait parfaitement tant qu’elle ne devienne pas un phénomène de société (ce qu’il n’est malheureusement pas le cas), qu’elle se cantonne au cadre strict de relations sexuelles équilibrées (transparence des « sentiments », transparence du contrat moral sous-jacent, absence de toute prédominance financière ou autre, d’un des deux partenaires sur l’autre) entre adultes consentants.  D’autres sont là (et c’est la majorité visible) sous l’emprise d’une relation amoureuse, rarement réciproque, couplée à un besoin irréfrénable d’être aimées, cernées d’attentions et de tendresse, même si celle-ci ne dure que le temps d’un voyage… Il est devenu courant de voir, un peu partout sur l’île, des femmes de 60-70 ans et plus se balader, main dans la main, avec des jeunots d’à peine 20-30 ans,  (de l’âge de leurs fils, pour ne pas dire petits-fils). L’Amour est aveugle (proverbe arabe), me diriez vous… Certes, mais bon… Je me permettrais d’émettre quelques doutes.

Aussi courante soit elle, une telle rencontre ne me laisse jamais indifférent (Sur la plage, topless oblige, la vision de tels couples frise souvent l’horreur.  L’effet du temps est imparable) : je ne peux m’empêcher d’y voir le summum  de l’inconscience et de l’irresponsabilité d’un côté (car l’impact sociétal d’un tel comportement est indéniable : par mimétisme, se taper des « vieilles » est devenu le projet d’avenir de certains gausses… un vrai projet alternatif à l’école !), de la bassesse morale et intellectuelle de l’autre (rien ne m’énerve plus que cette étincelle de fierté, limite ridicule, que je crois à chaque fois détecter dans le regard du chasseur qui exhibe sa prise).

De toute façon, mon approche comptable du monde me fait dire que ce n’est surement pas à travers ce genre de relations malsaines (mélangeant naïveté, illusion et inconscience d’un côté, et approche mercantile, intéressée et trompeuse, de l’autre) que nous arriverons à atteindre l’échange équilibré tant désiré entre visiteurs et visités.

Il faut, cependant, dire que les femmes ne sont pas seules à s’engouffrer dans cette faille dans l’espace-temps… De plus en plus d’hommes viennent chercher l’amour (au sens large du terme) à Djerba : amours homosexuels (ce qui a toujours existé dans les autres spots touristiques de la Tunisie : Hammamet, Sousse…), mais aussi hétérosexuels (ce qui est, à mon sens, un phénomène très récent en Tunisie, a fortiori à Djerba la conservatrice). Ce dernier phénomène, peu visible car se déroulant essentiellement dans les enceintes des hôtels, m’a été rapporté par plusieurs amies. Des tunisiennes résidentes à Djerba gèrent les arrivées (successives ou simultanées) de leurs multiples copains avec le même pragmatisme « killer » que leurs alter-égos masculins. Des visiteurs mâles ont dû repousser les avances explicites de quelques employées (masseuses, esthéticiennes, serveuses…) zélées au point de vouloir mettre la main à la pate. Un peu de temps passé sur les sites de rencontre / forums locaux (comme tunislanuit.com, ou badoo.com) a fini de me convaincre de l’ampleur des dégâts : Des étrangers en visite de travail et/ou détachés en Tunisie, y vont pour faire leurs courses érotico-sexuelles sur des étales, il faut le dire, bien garnis…

Sans aller jusqu’à l’étude anthropologique (dont je n’ai ni l’envie, ni les moyens, ni la prétention), il me semble judicieux de remonter à l’une des rares études sérieuses qui ont été menées sur le phénomène. A la fin des années 70, De Kadt a planché sur les contacts sexuels (homos et hétéros) entre jeunes hommes tunisiens et visiteurs (hommes et femmes) étrangers. Il a tenté de cerner le profil socio-économique de ces gigolos dragueurs : employés directs ou indirects du domaine touristique (animateurs, barmen, serveurs, loueurs de chevaux et de Quads, guides, vendeurs dans les souks…), d’un niveau d’étude dépassant rarement le secondaire.

Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, mais les choses n’ont pas intrinsèquement changé. Le phénomène a été accentué par les difficultés économiques du pays, la montée du chômage des jeunes et des diplômés, la quête illusoire d’un avenir meilleur sur l’autre rive de la méditerranée, le désintérêt flagrant pour les études et la notion même d’effort. Certains pensent même qu’une partie de la demande à été délocalisée de l’Asie du sud-est vers le Maghreb, suite au Tsunami de 2004.

L’implication affective des premiers temps a laissé la place à une approche strictement monétaire, beaucoup plus malsaine. Le processus de gestion des allers et venues des partenaires s’est complètement industrialisé (merci internet). Les stratégies d’approche (le petit papier, portant son numéro de téléphone avec quelques compliments basiques, qu’on fait tomber au pieds de la personne cible ; l’approche directe amorcée par l’animateur/serveur au bord de la piscine ou au restaurant ; l’approche plus fine, à plus fort contenu intello, lors d’une visite guidée d’un musée…)se sont sophistiquées en intégrant pêle-mêle les spécificités du partenaire (client à son insu ?) : sa nationalité (les francophones, les anglo-saxonnes et les scandinaves ne sont pas logées à la même enseigne car n’ont pas la même approche de la sexualité), son âge, son profil psycho-socio-économique, sa p’tite histoire (ses amours et ses échecs), ses besoins affectifs… Les prédateurs n’hésitent plus à se communiquer leurs astuces et techniques, a se refiler leur recettes, voire leur trophées… Il leur arrive même de s’allier, à monter des stratagèmes, pour faire « tomber » la cible. Je les ai vu se mettre à plusieurs, devant une connexion internet, pour répondre à la conquête de l’un d’eux, chacun apportant son p’tit grain de sel, dans un français approximatif, à une conversation hallucinante (par son côté débilisant). Dans certains hôtels-club, l’implication physique des animateurs(rices) dans la satisfaction des clients(es) est devenue monnaie courante. Elle a lieu au vue et au su de tout le monde, direction comprise (est-ce avec son aval ?).

En termes de tourisme sexuel, nous n’avons pas atteint, pour l’instant, l’intensité connues dans certains pays d’Asie (Thaïlande, Cambodge, Inde…), d’Afrique (SénégalGambie…) ou des Caraïbes (Haïti, République Dominicaine…). Mais on s’y dirige à grands pas… Ce qui m’émeut n’a rien à avoir avec ces p’tites histoires de cul sans lendemain, mais plutôt avec l’impact sociologique de ce genre d’interactions intéressées (de part et d’autre), mercantiles (mettant face à face une offre et une demande), malsaines (car elles ne font qu’entretenir la cupidité et l’irrespect) et, par-dessus tout, malhonnêtes (car déséquilibrées d’un côté comme de l’autre). Les ravages d’un tel phénomène sont là et pour longtemps (voilà un bel exemple d’altruisme intergénérationnel).

Une question s’impose : Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’un tourisme sexuel de masse ? Sur ce point, un article du Monde Diplomatique tente d’apporter quelques lumières…

A bon entendeur(se), salut.

PS: Mesdames, il m’est arrivé d’entendre (directement ou indirectement) vos amants-prédateurs (qui sont prétentieux et suffisants à leur temps perdu…) se targuer d’une délivrance proche (un mariage qui leur donnera accès au visa-sésame) et fanfaronner, en même temps, la présence simultanée d’une autre « prise » dans un autre hôtel… Que dois-je faire dans ce cas ? Vous le signaler au risque d’être renvoyé dans mes cordes, et surtout de vous faire mal ? Ou me taire pour vous laisser vivre tranquillement vos illusions ?