« A force de patience et de saindoux, l’éléphant encule le pou ! » – Proverbe Franchouillard (car je fais dans le circuit court, maintenant)
Je démarre l’année au top, tel un vieux PC portable sous Windows 95, en mise à jour permanente et hyperventilation chronique…
Le temps passant, le poids des années se fait sentir. Et plus je me m’écrase, plus je m’accroche à mes habitudes qui se ramènent toutes à l’habitude de ne plus rien attendre de la vie. Plus je me tasse, plus je m’approche du sol, plus je deviens radical, au sens étymologique du terme.
Etymologiquement, la radicalité fait référence à la racine, à l’essence de quelque chose. La radicalité est la compréhension en profondeur de l’origine des phénomènes, des problèmes. Vous comprenez que ceci n’a rien à voir avec le sens péjoratif véhiculé par les dictionnaires à deux balles : ‘’Subst. fém. Extrémisme. Fait ou caractéristique de ne pas admettre d’exception ou d’atténuation’’.
Il est bien probable que nos enfants ne se contenteront pas de la radicalité dans son sens étymologique. Et avec moins d’euphémisme, je dirais même qu’avec eux (s’ils sont normalement constitués), ça va chier des bulles !
Avez-vous regardé le film “Don’t Look Up” ? Je vous en soumets un p’tit extrait :
La Présidente : Je vous écoute. Parlez. Vous avez 20mn
Dr Mindy : 20mn !? C’est une comète d’entre 5 et 10 km de diamètre, qui d’après nos estimations provient du nuage de Hort. Et en utilisant la méthode de détermination orbitale de Gauss et en utilisant un paramètre d’incertitude astronomique de 0.00.. »
La Présidente : OOOooo, c’est quoi ce charabia
Kate (la doctorante, traductrice de charabia scientifique) : Ce que le docteur Mindy dit est qu’il y a une comète qui fonce droit sur la terre
Le sbire de la Présidente : Et quoi ? il y aura un raz de marée ?
Dr Mindy : Ca sera bien plus catastrophique. Il y aura un tsunami de plusieurs km de hauteur
La Présidente : Quels sont les risques que ça arrive ?
Dr Mindy : 100% de risque d’impact
La Présidente : S’il vous plait, ne dites pas 100%. Pour l’instant je propose qu’on patiente et on avise.
Quel calme ! Quelle maitrise ! Quel aplomb !
On patiente et on avise, bordel de merde ? (ça c’est de moi. Je n’ai pas pu m’empêcher)
Ce film montre combien est pathétique notre capacité à prôner la nuance quand on est en situation de confort. Le pouvoir et l’argent donne l’illusion de la protection contre l’adversité. Il faudrait dire que nous sommes tous, plus ou moins, pris dans l’inertie d’un confort qui est en train de nous tuer.
La maison brûle. Mais nous continuons à faire preuve d’une confiance aveugle dans la capacité de l’Homme à s’en sortir avec une pirouette de dernier moment. Vous êtes entourés par les flammes et vous continuez à vivre votre petite vie, en se disant « No problemo… Un double salto arrière et je serai hors de danger ». Dans l’ancien monde, on appelait ça « avoir des couilles ». Dans le nouveau, on parlerait plutôt d’« avoir la tête dans le cul »
Ce film traduit à merveille « le règne du futile et le pouvoir des médiocres » comme disait Guy Debord de la société du spectacle.
Dans ses « Commentaires sur la société du spectacle », Debord disait : « En 1967, je distinguais deux formes, successives et rivales, du pouvoir spectaculaire, la concentrée et la diffuse. L’une et l’autre planaient au-dessus de la société réelle, comme son but et son mensonge. La première, mettant en avant l’idéologie résumée autour d’une personnalité dictatoriale, avait accompagné la contre-révolution totalitaire, la nazie aussi bien que la stalinienne. L’autre, incitant les salariés à opérer librement leur choix entre une grande variété de marchandises nouvelles qui s’affrontaient, avait représenté cette américanisation du monde, qui effrayait par quelques aspects, mais aussi bien séduisait les pays où avaient pu se maintenir plus longtemps les conditions des démocraties bourgeoises de type traditionnel. Une troisième forme s’est constituée depuis, par la combinaison raisonnée des deux précédentes, et sur la base générale d’une victoire de celle qui s’était montrée la plus forte, la forme diffuse. Il s’agit du spectaculaire intégré, qui désormais tend à s’imposer mondialement. »
De ce spectaculaire intégré, Debord dit qu’« il se caractérise par cinq traits : le renouvellement technologique incessant ; la fusion étatico-économique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpétuel ».
Ca ne vous dit rien ?
Vous l’avez compris. Mon message sera désespérant. Un peu plus désespérant que d’habitude (est-ce vraiment possible ?). Que tous ceux et celles qui ne cherchent dans le passage d’année qu’un bon moment d’espoir et de gaieté, passent leur chemin. Que les âmes sensibles s’abstiennent et regardent Les années Sébastien sur C8.
Pour les indécis, je cracherai mes grandes vérités (au sens du Larousse : Idée, proposition qui s’accorde avec le sentiment que quelqu’un – en l’occurrence, moi – a de la réalité) sur une ou deux pages.
Pour les plus téméraires, je développerai un peu plus mes conneries, avec des illustrations de la vie de tous les jours.
Et comme d’habitude, j’agrémenterai l’ensemble de quelques blagues de cul bien choisies. C’est bien ça la société du spectacle !
- En 2009, l’institut Suédois « Stockholm Resilience Center » a listé neuf processus essentiels à l’existence et la pérennité de la vie sur terre, et a publié les limites à ne pas dépasser sur chacun pour maintenir la stabilité du système-terre, état d’équilibre délicat qui a permis aux civilisations humaines de prospérer. Or, à la dernière mise à jour, il semblerait qu’on ait un gros problème de dépassement des limites planétaires en ce qui concerne la stérilisation des sols, la chute de la biodiversité, l’interruption des cycles biogéochimiques (azote et phosphore), l’acidification des océans, le dérèglement climatique et l’intégrité de la biosphère. Six des neuf processus sont déjà hors des clous ! Un vrai effondrement multifactoriel…
- Nous sommes confrontés à une conjonction de problèmes gravissimes, plus ou moins interconnectés. Essayer de les traiter les uns indépendamment des autres serait un non-sens absolu. Seule une approche systématique, cohérente et globale pourrait nous sortir de ce pétrin généralisé.
- La problématique à laquelle on doit faire face est multi-facettes. Le changement climatique n’en est qu’une composante. Et pourtant, on embrasse aujourd’hui l’enjeu climatique comme l’unique problème. Après deux étés anormalement chauds et quelques phénomènes climatiques extrêmes, nos sociétés semblent commencer à cerner l’ampleur du souci et à se mobiliser pour le contrer / mitiger. Mais, le dérèglement climatique est plutôt le symptôme de nos délires, et non leur source.
- La pression exercée par les activités humaines sur le système-terre dépasse désormais la capacité de celui-ci à encaisser. Nos marges de manœuvre se réduisent. Même si, dans un sursaut de lucidité, on se décidait à se bouger le cul pour atténuer notre impact et pour nous rendre biosphère-compatible, rien ne nous permettrait d’être sûr du résultat. Peut-être que c’est déjà trop tard. Ce qui est dingue c’est qu’on n’a pas prévu de Plan B.
- La réaction de nos sociétés aux défis actuels est trop lente. L’inertie nous tue. Et nos bouffons de politiques y sont pour quelque chose puisqu’ils sont là en défenseurs de l’inertie ambiante, seule capable de leur garantir confort et privilèges à vie.
- Il y aura toujours les chantres du découplage, qui prétendront qu’une croissance économique peut être maintenue durablement, tout en réduisant notre impact écologique. C’est un peu le mirage de la croissance verte : garder les services et les activités intellectuelles et délocaliser ailleurs (un peu plus au sud, a priori) les activités manufacturières à fort impact écologique. Localement, le découplage semble en marche. Mais il ne sera jamais extrapolable à l’ensemble du globe vu qu’on aura toujours besoin de fabriquer pour consommer. Dit autrement, le découplage entre l’intensité économique d’un côté et la pression exercée sur le système-terre n’est qu’un leurre.
- L’économie mondiale est une grosse pyramide de Ponzi. La seule façon d’éviter son écroulement est de continuer à l’alimenter en énergie et en matières premières, ce qui n’arrangera pas le point 1.
- Il nous reste une solution et 2 façons d’y aller : La grande descente énergétique et matérielle. Soit on arrive à l’organiser de façon volontaire et sereine, soit on continue à faire l’autruche et à serrer les fesses en attendant de la subir de plein fouet, de la prendre en pleine gueule, dans le chao et le désarroi. Les lois de la physique sont implacables.
- La fin de la croissance économique n’a rien à voir avec la fin du progrès. La décroissance n’est pas l’inverse de la croissance. La décroissance n’est pas une provocation idéologique, mais plutôt un projet de société, le seul, à mon sens encore capable de nos éviter le mur et les désagréments sociétaux qui viendront avec. Ce projet de société nous permettra d’organiser la désescalade énergétique et matérielle sans bain de sang. Dans ce cadre, le progrès technologique devient un moyen au service de la cause et non un but en soi.
- La croissance verte est une vaste supercherie intellectuelle. A travers, on continue à pourchasser les chimères du découplage. Le problème aujourd’hui n’est pas l’origine de l’énergie mais plutôt ce qu’on en fait. Prenons l’exemple, oh combien promoteur, de la fusion nucléaire. Imaginons juste un instant qu’on y arrive, qu’on mette la main sur une source d’énergie quasi infinie et quasi propre. Au risque de passer pour le connard de service, je pense que ça sera la pire catastrophe qui puisse nous arriver, car avec ça, nous aurons les moyens d’une guerre totale contre le vivant. Un génocide suicidaire !
- Investir aujourd’hui toutes nos ressources dans cette supercherie qu’est la croissance verte, c’est se condamner collectivement. On fait des voitures électriques qui polluent peut-être 30% de moins, mais dont les parkings supposent le bétonnage d’espaces gorgés de vie. Le fait de détruire du vivant n’est pas plus louable, ne devient pas plus vertueux quand on le réalise à coups d’énergie verte.
- Les conditions d’habitabilité de la planète sont en passe d’être anéanties. Mais nous continuons à penser que nous sommes face à un problème technique qui requiert une solution technique. Mais, bordel, rien n’est plus faux !
- Qu’on arrête de me gonfler avec l’éco-anxiété des jeunes. Déjà, c’est bien fait pour leurs gueules. Ils n’avaient qu’à ne pas être jeunes. Puis, essayez de les tester en mettant en balance l’affaissement du vivant à 30 ans et une coupure totale d’internet sur les 3 jours à venir… et vous verrez qu’ils ne sont (à l’exception de ma fille) nullement anxieux de la fin du monde.
- L’instant est critique. Le diagnostic est grave. Le temps presse. Mais notre mobilisation reste dérisoire, voire ridicule. Certains s’enferment dans le déni du diagnostic. D’autre croient au retour du messie sauveur de l’humanité. Penser que le génie humain va finir par trouver le remède miracle au mal qui nous ronge, c’est ce foutre le doigt dans l’œil et s’étonner qu’il n’y ait plus de lumière. Il s’agit de la stabilité du système-terre, bordel ! Problème qui ne relève plus de l’ingénierie, ni des nouvelles technologies, mais plutôt de notre capacité à en prendre (pleinement) conscience et à se bouger le cul en cadence (les Tiktokeuses sont les bienvenues)
Arthur Keller résume la situation : « Le problème fondamental n’est pas climatique et concerne le déplacement des limites du système-Terre. […] Les lois de la physique prévaudront sur celles des sociétés humaines. Soit, nous adaptons les secondes aux premières, soit nous en sommes incapables et les premières s’imposeront aux secondes de façon implacable »
Le GIEC a publié récemment son 6ème rapport, mais rien ne semble changer. Tout le monde s’en fout (sauf quand il fait très chaud ou qu’il n’y pas de neige dans les stations de ski). Le GIEC est un peu la réincarnation de la carrière d’Eric Ciotti s’il était écolo et qu’il parlait d’autre chose que du Burkini sur la côte d’azur… Bientôt, ils nous diront « Bon les gars, c’est plié… Y a plus rien à faire. Lâcher vous et arrêtez de faire pipi sous la douche… »
Mon constat est simple. On s’acharne encore à mener les mêmes activités, à faire exactement la même chose mais, soi-disant, en polluant moins, en émettant moins de CO2. Ceci ne change rien à notre façon de regarder le vivant. On continue à considérer la vie qui grouille autour de nous comme une ressource. Or les ressources, on a la fâcheuse tendance à les exploiter jusqu’à épuisement.
L’exemple de notre cher ami Elon Musk est caricatural. Après avoir intensément contribué à la destruction de cette planète, il entreprend de bousiller l’espace et envisage même d’établir une colonie martienne de plus d’un million de personnes d’ici 2060. Grâce à son génie visionnaire, nous aurons bientôt des électrodes implantées dans le cerveau, nous permettant de faire de magnifiques balades virtuelles dans des forêts numériques. La politique de la terre brulée commence ainsi…
On focalise sur le problème du dérèglement climatique, et pense qu’en le réglant, on règlera tous nos maux. On est tous devenus des techniciens de la décarbonation. Trier ses déchets et pisser sous la douche (j’adore faire ça. Ca me donne des ailes… au zizi !), c’est non seulement du « pipi de chat », mais peut aussi se révéler contreproductif puisqu’il nous donne l’impression d’agir. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, mais je prétends que ce n’est pas cela qui changera la donne. C’est un peu comme quand on vous demande, en cas d’attaque nucléaire, de vous calfeutrer chez vous, avec des tissus agrafés aux portes et fenêtres. Il faut y croire. C’est bien connu que les combinaisons de protection nucléaire sont faites en toile de jute !
Il faudrait qu’on arrête d’être des zombies de la décarbonation et qu’on réfléchisse un bon coup à ce qu’on veut faire du vivant qui nous englobe. Il faudrait qu’on décide du cap, du sens, qu’on veut donner à notre croissance et notre progrès. La solution à la merde noire dans laquelle on patauge ne pourra jamais être technique. Elle ne sera qu’axiologique. Elle dépendra des valeurs qui nous animent, et nullement des moyens techniques dont nous disposons.
Notre problème existentiel, à ce stade, relève de la valeur et non de la science, ni de la technique. La science a un rôle diagnostic, constatif, explicatif, consultatif. Mais jamais elle ne nous donnera le chemin à suivre pour sauver notre cul. L’ingénieur (et je sais de quoi je parle) est après tout quelqu’un qui est formé pour répondre à des problématiques d’ordre technique, en adaptant des approches qui ont déjà fait leurs preuves sur des problématiques similaires. Quand il est bon, l’ingénieur repère les problèmes mal posés. Mais jamais, il n’interrogera l’énoncé. Nous avons besoin d’éclaireurs de pensée plus que d’ingénieurs. Nous avons besoin de révolutionnaires de la pensée radicale plus que de techniciens de la décarbonation. Nous avons besoin d’un Forest Gump qui nous donne le cap, qui commence à courir (car il aime ça) et qui nous donne l’envie de le suivre, chacun projetant dans cette course cadencée ses propres idéaux.
« Voyageur, le chemin n’existe pas. C’est ce que tu crées avec tes pas » (Poème d’Antonio Machado)
Notre génération et celle de nos parents ont été et sont toujours responsables de l’état pitoyable du système-terre. Deux générations qui n’ont rien fait d’autre que de transformer la vie en déchets divers. Deux générations de criminels, mes amis. La génération de nos enfants sera la première à être dans l’obligation éthique (mais aussi existentielle… et c’est là où la pression monte !) de nettoyer nos crottes par la refonte radicale de l’ensemble de notre système de valeurs. Il faudrait qu’on les nourrisse bien pour qu’ils tiennent le coup, qu’ils laissent libre cours à leur imagination (car, putain, ils vont en avoir besoin), qu’ils se lâchent, qu’ils innovent. Mais pas trop non plus pour qu’ils puissent s’adapter aux décennies de vaches maigres qu’ils auront malheureusement à affronter.
Pour tout vous dire, et afin de voir s’il y a bien des gens de ma génération qui consultent pour « génocide écologique involontaire », j’ai tapé ma requête dans Tiktok et suis tombé sur la vidéo d’un psy américain. Depuis mon algo Tiktok s’est métamorphosé : des culs, des boobs, une recette de cuisine et un psy.
C’est surement en pensant que les jeunes vont maintenant se coucher avec une boule au ventre à cause de l’effondrement de la vie, que Manu a annoncé la gratuité des préservatifs pour tous les mineurs et jusqu’à 25 ans. Il aurait pu préserver quelques deniers publics en excluant les ados de 15 à 17. Car, à cet âge-là, ce n’est pas parce que les capotes sont chères que tu ne baises pas… c’est parce que t’es plein d’acné et que t’es moche.
Quelle génération ! Quel cul ! Ils ont connu la COVID, la guerre à la porte de l’Europe, l’été à 42°C, le mondial dans le désert et maintenant la baise à volonté. Eux, ils ne connaitront pas la galère de devoir utiliser la capote 2 fois (et je vous épargne toute l’ingéniosité dont on faisait preuve pour le réenrouler après lavage et séchage). Le message du Président fut implicite : « Plus de gaz. Plus d’électricité. Baisez plus, chauffez-vous entre vous et oubliez le reste ». Et maintenant, qu’ils ne nous fassent plus chier avec leur éco-anxiété !
Cela dit, c’est un peu injuste de rendre les capotes gratuites mais pas les protections hygiéniques. C’est à la limite plus normal de payer pour les capotes (avec, on prend son pied) que pour des serviettes hygiéniques qui servent à récolter le sang de règles (généralement) douloureuses (avec, on ne prend pas son pied). Sang qu’on ne peut même pas recycler pour faire du boudin, par exemple. Selon une étude britannique, une femme débourse environ 23 000€ en serviettes hygiéniques durant sa vie. Le prix d’une Twingo !
Revenons à nos moutons. C’est très grave de confondre les maux et les symptômes. On a de plus en plus tendance à considérer le climat comme le mal absolu alors qu’il n’est qu’un symptôme. Imaginez… Vous avez des céphalées chroniques, des diarrhées récurrentes, et des pustules qui vous poussent un peu partout sur le corps. Vous trouverez toujours ce qu’il faut pour vous soulager au quotidien, pour que vous puissiez continuer à mener votre vie comme d’hab. Il y a cependant un risque : ces maux ne sont peut-être que les manifestations d’une même merde, un cancer généralisé qui vous bouffe de l’intérieur. Dans ce cas, votre traitement des symptômes serait contreproductif. Il ne ferait que repousser le moment fatidique, permettre au mal de se propager et rendre la guérison impossible. Au contraire, détecter le mal à l’origine des symptômes qui nous pourrissent la vie nous donnerait une chance de le combattre par une thérapie de choc : la chimiothérapie, par exemple. La chimio n’a jamais été une partie de plaisir. S’y soumettre c’est accepter de souffrir, de voir son corps dépérir et son mental s’effriter, de se mettre en mode « combat de survie », accepter de réorganiser sa vie et celle de son entourage en conséquence. Pourtant, on y fait appel car, techniquement et jusqu’à nouvel ordre, elle semble la seule à pouvoir augmenter nos chances de survie.
Décarboner l’activité humaine soulagera un des symptômes mais ne réglera pas le mal. Il faut bien évidement le faire car le dérèglement climatique, à lui tout seul, pourrait nous emporter. Mais il faudrait faire beaucoup plus pour traiter la maladie qui en est à l’origine, car ce n’est pas en se bourrant d’antalgiques que le cancer disparaitra.
Le pire c’est qu’en tentant de soulager le problème climatique, en développant de nouvelles technologies visant à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous sommes en train d’aggraver plusieurs autres symptômes. Le développement des énergies renouvelables, par exemple, nécessite de plus en plus d’éoliennes, de panneaux solaires et de batteries de stockage, ce qui naturellement suppose plus de pollution des milieux naturels, une pression accentuée sur les ressources naturelles (métaux, minerais, eau), sur les écosystèmes et la biodiversité, des problèmes de santé et de société. Selon le cabinet Wood Mackenzie, la transition énergétique commence et se termine avec les métaux. Si vous voulez produire, transmettre ou stocker de l’énergie à faible teneur en carbone ou sans carbone, vous avez besoin d’aluminium, de cobalt, de cuivre, de nickel et de lithium. Plus de 1000 milliards $ devront être investis dans les principaux métaux nécessaires à la transition énergétique, au cours des 15 prochaines années.
Il faut bien évidemment tenter de soulager les symptômes mais il faudrait le faire en connaissance des interconnexions qui les relient, en faisant des arbitrages et surtout en gardant à l’esprit le mal qui en est à l’origine. La cohérence systémique doit rester le maitre-mot.
Mais l’Homme n’a jamais été un as des problèmes multi-dimensionnels, ni de l’effet vent. Et c’est ça le souci !
« Tous les gens pensent que deux et deux font quatre, mais ils oublient la vitesse du vent. » (Raymond Queneau)
L’Homme n’a jamais été un tendre avec le vivant, non plus. Il y a des exceptions, bien évidemment. Et même des exceptions fâcheuses : Certains poussent leur éco-symbiose jusqu’à baiser avec des chèvres ! Je suis tombé récemment sur un article (je pense du Figaro Déc. 22) « Seine et marne : un homme condamné pour avoir violé une chèvre ». Perso, j’aurais mis ça comme titre : « Seine et marne : L’amour est vraiment dans le pré ». D’après les éléments de l’enquête, le gars avait violé (lui, il pensait qu’elle était consentante) cette chèvre pendant 30mn. Déjà, c’est long 30 mn. Avec une femme (ou un homme, d’ailleurs) c’est déjà long, alors que tu as la possibilité de varier les positions. Avec une chèvre, et sans que je sois un expert de la chose, le nombre de positions me semble très très limité. Devant le juge, le gars se justifie en disant qu’elle était (on parle de la chèvre) plutôt consentante parce qu’elle l’aurait léché à plusieurs reprises. Je ne juge pas. La solitude, je connais. Ce qui me fascine c’est le déroulé des faits tels que rapportés dans le dossier : Le gars roule de nuit avec son pote. Ils passent devant une ferme et il voit l’enclos. Le gars aperçoit la chèvre, il freine sec et dit à son pote «Toi aussi quand tu manges du Chevrou, tu bandes ? T’as des capotes ? J’arrive… » (j’avoue que c’est un peu romancé) et il part niquer la chèvre. Vous imaginez le mec dans la bagnole qui voit son pote baiser une chèvre durant 30mn ? 30 minutes de solitude. Après 30mn, son copain revient lui proposer de se taper la chèvre et il refuse. Le gars a été condamné à 6 mois avec sursis. Interdiction à vie d’avoir des animaux ou d’exercer des métiers en lien avec les animaux. Aujourd’hui, j’ai une petite pensée tendre pour son pote pour qui le Chevrou n’a plus le même goût. (La partie romancée est fortement inspirée d’un billet d’Alexandre Kominek)
En fait, vous allez me prendre pour un spécialiste du fait divers zoophile… En 2008, en pleine crise des subprimes, un trader de la City a été chopé en flagrant délit. Il niquait une brebis. Il pensait le faire discrétos, mais des gens l’ont entraperçu en pleine action depuis un train en direction de Londres. Ils l’ont immédiatement signalé à la police. Vous imaginez l’incongruité du geste. A l’époque tout le monde crachait sur les traders et les quants qui ont favorisé l’émergence de la crise. Le monde de la finance se faisait tout p’tit, tout discret. Et paf, un connard de trader écervelé (pléonasme ?) décide de se taper une brebis dans les prés…
Comme dit Haroun, « Nous, on est l’histoire du futur ». Mais putain, se dire que dans quelques générations, on sera étudiés dans les cours et que des élèves verront notre gars niquer une chèvre durant 30mn (filmé par les caméras de surveillance) … Ben, ça me donne des palpitations d’angoisse au ventre…
La nature est perçue comme une ressource exploitable à souhait. Sans une vraie révolution des consciences, sans une révolution philosophique / anthropologique, on continuera à croire qu’on jouit d’un statut transcendant par rapport au reste du vivant.
Pire encore. Le délitement du monde réel nous indiffère, mais le concept abstrait de la croissance infinie nous tient par les couilles, nous obsède. On constate un dépassement des limites planétaires, un effondrement du vivant, une explosion des pollutions et un dérèglement climatique d’ampleur. A l’horizon se dessine déjà les problèmes qui vont suivre : raréfaction des ressources, difficulté d’accès à l’eau potable, renchérissement des matières agricoles, accueil des réfugiés climatiques. Et malgré cette merde planétaire, ce qui nous terrifie le plus est l’idée de voir nos économies se rétracter.
Il faut voir que nos économies sont des méga machines qui convertissent le monde naturel en déchets. Nous prélevons des ressources (matières premières, énergie) que nous transformons et utilisons sous forme de biens et services. En amont, on prélève beaucoup plus que ce dont on a besoin. On le fait à un rythme qui dépasse le taux de renouvellement de ces mêmes ressources. En aval, on rejette des déchets et génère davantage de pollution que ce que le système peut absorber. Au passage, on détruit l’environnement en le transformant plus vite qu’il ne peut s’adapter. Pour faire simple, nous sommes devenus une grosse machine qui dévore, qui digère et qui chie du solide, du liquide et du gazeux, excréments qui, à eux seuls, sont capables de déséquilibrer l’ensemble du système.
J’insiste, la base de tous nos maux est liée au fait que le système-terre a des limites physiques, biologiques et écologiques qui sont dépassées, ou en passe de l’être. Le problème du climat n’est qu’un des symptômes. Penser qu’on va tout régler avec des énergies vertes c’est un peu comme si on est entrainé dans un glissement de terrain et qu’on cherche la première branche pour s’y accrocher.
Poussons notre délire plus loin et examinons le cas limite où on serait capable de décarboner la totalité de l’énergie produite. Et so what ? Quel sera notre objectif en faisant ça ? On ne va pas produire de l’énergie juste pour la regarder dans les yeux, aussi beaux soient-ils. La belle énergie décarbonée sera forcément mise au service de cette machine infernale de l’extraction-production-pollution, bouffeuse de la biosphère, chieuse de déchets. Elle ne contribuera pas à nous sortir du pétrin, mais plutôt à nous y enfoncer un peu plus.
Mes amis, procédez par élimination et vous verrez que vous n’avez nullement besoin d’un Centralien pour repérer l’unique carte qui nous reste en main : S’attaquer au mal sous-jacent, organiser notre descente énergétique et matérielle, réduire la taille de nos économies, tout en investissant massivement dans la régénération des milieux naturels. Encore une fois, ceci ne sera possible qu’avec un vrai chamboulement des consciences, une révolution radicale dans notre façon de percevoir la nature et l’ensemble du vivant, une rupture dans notre façon de produire et de consommer.
J’aimerais beaucoup qu’on fasse une « révolution à l’amiable », pour reprendre les mots de Victor Hugo… Mais bon, ce n’est pas gagné !
Opérer ce tournant reviendrait à remettre en question l’ensemble de nos activités économiques, nos modèles macroéconomiques, ainsi que nos modèles socioculturels. Un chantier bordélique globalisé qu’on devra boucler dans l’urgence la plus absolue, avec des boulets accrochés aux chevilles : la peur du changement, l’addiction à la croissance matérielle, l’addiction à la consommation
C’est justement là que le bât blesse. Je n’ai vraiment pas l’impression que c’est le chemin qu’on prend. La consommation nous tient. Pire, 90% parmi nous ne sont que des consommateurs, pour ne pas dire des sur-consommateurs.
Guy Debord disait (dans Commentaires sur La société du spectacle) : « L’individu, paradoxalement, devra se renier en permanence, s’il tient à être un peu considéré dans une telle société. Cette existence postule en effet une fidélité toujours changeante, une suite d’adhésions constamment décevante à des produits fallacieux. Il s’agit de courir vite derrière l’inflation des signes dépréciés de la vie. La drogue aide à se conformer à cette organisation des choses ; la folie aide à la fuir. »
Aujourd’hui, on peut tout avoir, mais on va vouloir plus et plus rapidement. Un peu le cerveau d’un enfant de 5 ans devant une vitrine de Pokémons. A un des salons de techno à la con (Tech for Retail), a été présentée une balance de cuisine que vous connectez à votre distributeur préféré (Carrefour par exemple). Imaginez-vous en train de peser le beurre pour faire un gâteau. La balance (qui porte bien son nom) informera votre distributeur qui vous enverrai un sms vous incitant à vous connecter à l’appli pour commander du beurre (et autres trucs, tant qu’on y est) car vous êtes près de la rupture de stock. Soyons sérieux. A quoi sert une telle merde ? Seul le vibromasseur connecté (permettant à votre partenaire, mais pas que, de prendre le contrôle à des milliers de kilomètres) peut lui rafler le haut du podium. Une p’tite précision pour la route (car, je sens que je vais faire des émules) : une fonctionnalité m’a toujours intrigué : la capacité de ce vibro à vous sortir des stats d’utilisation que vous pouvez exporter en tableau Excel. Pour vos archives, j’imagine. Pour quand vous aurez 90 balais et que vous voulez épater vos petits-enfants avec votre activité sexuelle débordante d’avant la Grande Descente… C’est là qu’on voit qu’il y a des ingénieurs qui ont bien bossé !
Une autre innovation que j’adore (et qui est devenu tendance depuis 2020) : Les crèmes intelligentes… Oui oui, vous avez bien entendu. Des crèmes hydratantes qui « agissent sur les rides, la fermeté, l’éclat et les irrégularités du teint, là où la peau en a besoin, quand elle en a besoin… ». Maintenant, on met des crèmes non pas pour avoir une belle peau, mais pour se taper une discussion philosophique sur l’essence de la beauté au XXIème siècle. Eh les gars, il faut vraiment se calmer sur la coke !
Quand on a tout, on s’invente généralement de nouveaux besoins. On a une piscine olympique chauffée à la maison et un Colley. On se dit : « Ben, Lassie a droit à sa piscine aussi ! ». C’est véridique. C’est en Suisse. Dorénavant, vous penserez à ça tous les jours : Au moment où vous êtes en train de trimer comme des malades pour un salaire de merde, quelque part en Suisse, un Colley se tape des dos crowlés dans sa piscine privée. D’ailleurs, en lisant cette histoire, j’ai appris que bien que le personnage de Lassie ait été une chienne, ce sont toujours des mâles qui ont été choisi pour incarner son rôle. La raison est que les Colley mâles gardent un pelage très épais en été, ce qui passait mieux à la télévision et au cinéma. De plus le mâle étant plus grand, il peut plus facilement jouer en face d’un enfant acteur. Putain, même pour les chiens, il y a de la discrimination à l’embauche !
Et quand on n’a rien d’autre à foutre, on achète n’importe quoi à n’importe quel prix. Les sandales de Steve Jobs, par exemple. Cette paire de Birkenstock Arizona avait été mise aux enchères pour 60 000 $. L’acheteur l’a surement confondu avec le suaire de Turin. On lui a dit qu’un truc appartenant au Messie sera mis aux enchères. Quand il l’a vu sur son appli d’enchères, il s’est dit : « Waoo, ils faisaient des trucs aussi classe à l’époque ?! », il a vu les traces de sueur (sueur, suaire, même chose) des orteils du Messie et a appuyé sur tous les boutons, faisant grimper les enchères jusqu’à 218 750 $. Ceci dit, à ce prix, le Messie se révèle un p’tit joueur comparé à cette nana qui a engrangé 50 000€ en vendant ses pets en bocaux. Des NFT, mon cul !
Revenons à cette histoire de décarbonation salvatrice.
Nous avons un système qui s’est goinfré d’énergies non renouvelables, qui a vécu sur l’abondance des énergies fossiles et qui aujourd’hui atteint ses limites.
Le moteur de la civilisation industrielle ce sont les combustibles fossiles. L’idée qu’on puisse conserver une civilisation industrielle sans combustibles fossiles est une chimère. Bien sûr qu’on utilisera de plus en plus les énergies renouvelables. Par contre, qu’on aille dans un monde totalement renouvelable avec nos avions, nos usines et nos maisons chauffées, ça ce n’est pas possible !
La seule possibilité qui mettrait à mal mon raisonnement c’est que quelqu’un de super sympa (à première vue), de ce monde ou pas, nous livre le secret de la fusion nucléaire et nous dit « allez-y les gars, goinfrez-vous, lâchez-vous. Le réservoir est infini et le contenu est super propre ! ». Là, deux flux me traversent l’esprit :
- Mon côté parano se met à l’affut : C’est trop beau ! Le gars est sympa mais peut-être un peu trop. Il y a forcément une couille dans la soupe. C’est un peu comme si quelqu’un t’arrête dans la rue et te donne un billet de Lotto gagnant. A priori il fait ça pour voir comment tu vas péter les plombs ou si tu vas survivre à la syncope qui va s’en suivre.
- Mon côté rationnel se met à pédaler : Ben, OK. Le gars nous livre ça parce qu’il est altruiste, intelligent et intrinsèquement sympa. Mais là, ça sera la grande fuite en avant. On ouvre toutes les vannes, on remet en marche toutes les machines dévoreuses-chieuses et finit par soulager une des conditions de survie du système (le dérèglement climatique), en faisant péter les 8 autres. Et on finit dans un corner (pas beau à voir)
Dans les 2 cas, la piste du gars super sympa (et sa boule d’énergie verte et gratuite) me semble peu praticable.
La fuite en avant (conséquence logique d’une énergie disponible à gogo), vous en avez déjà l’illustration, oh combien merveilleuse, à Dubaï.
Dubaï et ses projets mégalomanes d’îles artificielles et autres inepties écologiques.
A Dubaï, pour la modique somme de 8200$ par nuit, tu pourrais t’offrir (un peu comme Khloe Kardashian) l’une des 2 suites sous-marines de l’hôtel Atlantis The Palm. « La suite de trois étages possède un salon, une salle à manger et une salle de bain avec savon cousu d’or. La suite dispose de baies vitrées offrant une vue imprenable sur l’océan et les 65 000 créatures marines qui peuplent le lagon ». Si ça fait pas envie ça ?!!! Baiser sous le regard médusé de 65 000 voyeurs. Quelle pression ! Tu bandes mou et tu te fais juger par un banc de mérous !
A Dubaï, tu fais un AVC et juste avant d’être complètement paralysé, tu appelles l’ambulance limousine.
A Dubaï, il n’y a plus de plastique qui traine. Les rues sont tellement nickel qu’on a envie de lécher le bitume. La rumeur dit que tout le plastoc a été injecté dans les influenceuses.
Influenceur à Dubaï, tu mises tout sur ton p’tit cerveau et ton p’tit cul (si t’es un mec), ou ta majestueuse croupe et tes gros boobs (si t’es une nana). Un programme intense de musculation des fessiers devrait faire l’affaire. Pour le cerveau, il n’y a rien à faire. C’est livré comme ça.
Pierre Thévenoux, un humoriste que j’adore, résume ça à sa façon : « Sur Insta, ce qui cartonne c’est une p’tite photo de ton boule avec citation philosophique bien naze juste en dessous, du type « Enjoy the present moment. Carpe diem », tu gagnes 50 000 vues et tu te fais des couilles en or. La prof de latin qui sait ce que veut dire ça, elle, elle gagne 1500/mois. C’est peut-être que c’est le signe que notre société part en couille. Pour info, « carpe diem » veut dire « Cueille le jour sans te soucier du lendemain ». C’est de Horace, poète latin…Mais l’expression est utilisée par un gars bien lourd qui dit à une nana : ken avec moi aujourd’hui, sans te soucier de ce qui se passera demain… »
Une récente étude britannique montre que les champignons communiquent entre eux avec un vocabulaire de 50 mots. C’est fou de se dire qu’un champignon a plus de vocabulaire qu’un influenceur.
Reste un point positif. Les influenceurs sont quasiment tous à Dubaï. Un bon tsunami et c’est réglé !
Le CO2 est une molécule chimiquement inerte. Il faudrait attendre environ 10 000 ans après l’arrêt de nos émissions pour que le surplus de CO2 qu’on a accumulé dans l’atmosphère s’évacue.
Si l’on tient à ce que le réchauffement ne dépasse pas le 1.5°C à l’horizon 2100, alors il faudrait limiter nos émissions sur les 80 prochaines années au tiers de ce qu’on a émis sur le dernier siècle. Sachant que la population mondiale actuelle est presque 3 fois supérieure à celle de l’époque, un bébé qui nait aujourd’hui devrait se limiter au dixième des émissions que ses grands-parents ont eues durant leur vie.
Pour ça, il y a une contrepartie qu’on a du mal à envisager, encore moins à digérer : une contraction structurelle de notre consommation matérielle. La seule façon de tenir ces objectifs serait de commencer à réduire nos émissions de carbone dès demain de quelques 7 à 10% par an. Croire que nos ingénieurs vont faire des miracles en améliorant l’efficacité carbone de nos économies au point de nous éviter un tel serrage de ceinture, c’est tout simplement croire au Père Noël.
A première vue, et connaissant notre capacité à nous bouger le cul, les 1.5C de réchauffement, on va bien finir par les prendre dans les dents (si ce n’est ailleurs) sauf catastrophe (naturelle ou pas) anéantissant, un peu plus tôt, une bonne partie de l’humanité.
Pour ne pas exploser l’objectif de 2°C à l’horizon 2100, la seule alternative serait donc de commencer dès demain à organiser une récession mondiale de 5-7% par an sur les années à venir. La population aura du mal à s’y résoudre. Les politiques encore moins. Il faudrait le faire quand même.
« Nous ne sommes jamais assez tristes pour que le monde soit meilleur », disait Elias Canetti
Vous l’avez compris : On va devoir changer de boite à outils, devoir réécrire la totalité de nos logiciels économiques, sociaux-écologiques, politiques et même amoureux. Nos sociétés vont devoir se forger de nouveaux imaginaires, de nouveaux enchantements…
Et là je pense tout naturellement à l’amour et à l’expression « Vivre d’amour et d’eau fraiche » (ce qui, dans l’état actuel des nappes, n’est même pas gagné). Pour tout vous dire, mon esprit est parti initialement sur des images de cul. Après tout qu’est l’amour sans cul ? L’amour platonique. OK, mais ça ne suffira pas à adoucir les temps rudes qui nous guettent.
D’ici, j’entends une voix, que je reconnaitrais parmi mille, murmurer « Pitié (moi, j’aurais dit putain), ta gueule ! Vraiment, que de la gueule ! »
J’ai aussi pensé à une expression évocatrice d’enchantement et de fusion avec la nature « L’amour dans le pré ». Comme par hasard, j’ai visualisé une chèvre super sexy… et j’ai stoppé net.
Le couple (qui s’élargira, peut-être très naturellement, au Trouple ou même au Quad, en fonction des contraintes logistiques, écologiques…), l’amour et le cul constitueront forcément l’un des rouages du monde enchanté de demain. Baliser les contours du triplet, en comprendre les interactions internes, nous permettra de préparer sa mutation dans le mode d’après Grande Descente. Dans ce cadre, le bouquin de Julie Neveux (Le language de l’amour) me semble tomber à pic.
Dans son dernier livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l’expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, depuis le fameux « coup de foudre » où l’on « tombe” amoureux, au redoutable « il faut qu’on parle ».
C’est marrant le couple, au début on se lèche la pomme, langue contre langue. On reste en apnée pendant 10mn. Et quelque temps plus tard, on supporte plus le bruit que fait l’autre quand il respire, encore moins quand il mache. Et si chaque histoire d’amour est unique, toutes se vivent, s’écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Nos sentiments sont semblables. Nos mots d’amour sont identiques, mais construisent néanmoins nos histoires qui, elles, sont différentes.
« Le language de l’amour » se présente en quatre grandes parties, retraçant les phases de l’amour (les descriptions sont de Dorothée Werner), de l’amour fantasme (où le nom de l’autre cristallise nos désirs), à l’amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l’intensité, je t’aime le souhait d’être lié à jamais à l’autre), l’amour possession (temps de la domestication, des p’tits surnoms voués à s’approprier l’autre devenu familier) et l’amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d’éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires s’échangeant de sempiternelles répliques). Une histoire d’amour tendre et espiègle sert de support à l’analyse de l’autrice, qui déroule tous les stades d’une belle rencontre d’aujourd’hui, depuis l’éblouissement des prémices jusqu’à la constitution du couple, mais aussi le moment où le bateau se met à tanguer, à prendre l’eau pour finir par piquer du nez. J’adore !
Du livre, j’ai retenu quelques définitions qui m’ont semblé intéressantes à partager :
JE T’AIME – « On peut identifier trois phases de «je t’aime». Les premiers fondent l’histoire d’amour et la font commencer de façon égalitaire. Avant, chacun pouvait se raconter l’histoire qu’il voulait, dans son coin. Mais le récit commun trouve sa source dans les premiers «je t’aime». Il y a ensuite des «je t’aime» d’effusion, de reconnaissance, qu’on peut préciser par des adverbes.. Enfin, il y a les «je t’aime» de tous les jours qui se chargent du sens que la vie quotidienne donne aux interactions du couple. On se retrouve à dire «je t’aime» pour dire «merci», «bon courage». «Je t’aime» n’a alors plus vraiment une valeur d’engagement, mais assure qu’on continue à vouloir premièrement le bien de l’autre. On ne retrouve jamais tels quels les premiers «je t’aime». Mais on remarque qu’il y a besoin de se déclarer à nouveau après que le couple a été fragilisé, de l’intérieur ou par des épreuves extérieures »
À QUOI TU PENSES ? – « Cette question arrive souvent dans le moment de redescente après le coït ! Elle exprime le désir de prolonger cette intimité, de rester collés jusqu’à vouloir connaître les pensées de l’autre pour que la fusion ne cesse jamais. Le paradoxe, c’est qu’à cet instant, l’autre ne pense pas. Il est dans un état de langueur, d’ouverture ou de volupté, que cette question vient interrompre. Au fond, en contraignant l’autre à élucider ses pensées, on accentue la distance. »
MON BÉBÉ – « Mon bébé, ma puce, mon loulou… : les petits noms de l’amour apparaissent quand l’amour devient possession. Ce mode d’affection linguistique permet de faire exister l’unicité d’une relation, de dire “tu es ça pour moi, et seulement pour moi”. À la fois mignon et excessif, “mon bébé” me fait rire parce que c’est le plus infantilisant ! On sent ici une pulsion d’aliénation : on dit simultanément “tu es ma petite chose, tu es vulnérable, je vais te chérir”, mais aussi “je suis là pour toi quoi qu’il arrive, tu peux me faire tout ce que tu veux”. Le risque de ces petits noms est de réduire l’identité de l’autre à la seule relation qu’il a avec soi. C’est une forme d’abêtissement joyeuse et tendre, parfois gaga, mais qui peut aplatir celui qu’on aime, au risque de l’enfermement ou de l’asphyxie. Un cocon linguistique en même temps qu’une prison ! »
FAUT QU’ON PARLE… – « Le début des ennuis… C’est une formule-traîtresse parce qu’elle semble proposer un dialogue, alors qu’elle arrive souvent trop tard et signifie “je n’en peux plus, j’ai besoin de partir”. Elle fait naître l’espoir d’une discussion, sauf qu’elle sonne le glas de leur amour. Et elle dit surtout “il faut que je te parle”, signe que la discussion a échoué auparavant. L’impératif de parler ne concerne que celui qui envisage de partir ! »
Et j’y ajouterai mon humble contribution :
CANAPE – « Si ton partenaire te balance, devant la télé : ‘Pfff il est vraiment p’tit ce canapé’, dis-toi que ce n’est pas le canapé qui pose problème, mais le connard qui est dessus »
PLUS LE MORAL : « Si ton partenaire se ramène en disant ‘Oh là là, je ne sais pas ce qui m’arrive en ce moment. Je n’ai vraiment pas le moral.’ Et si tu t‘entends dire (au fond de toi-même) ‘Putain, tu n’as pas de projets, te n’as pas de thune, t’emballes plus personne. Ca serait quand même le comble que tu ais le moral ! », c’est que tu n’as plus rien à battre de son intimité émotionnelle. Ca sent le roussi à plein nez. »
GROSSES COUILLES : « Vincent, 31, non-monogame éthique : voici le genre de profil qui monte dans les Tinder & Co. La génération de la Grande Descente semble prête à tourner la page de la monogamie séculaire. Beaucoup considère qu’elle brime la liberté humaine et qu’en plus, elle n’est pas naturelle. Si 99% des espèces vivantes (le 1% restant inclut les orques, les manchots, les pigeons, les hippocampes, les gerbilles…) ne se prennent pas la tête à être en couple monogame, c’est qu’il y a une raison. Aujourd’hui, Il y a deux types de non-monogamie : la non consensuelle (infidélité canal historique) et consensuelle ou éthique (qui repose sur le consentement de toutes les personnes impliquées dans la relation). C’est parmi les millennials (génération Y) que la non-monogamie éthique semble percer le plus.
Pourquoi « Grosses Couilles » me diriez -vous ? Contrairement aux gorilles où le mâle s’entoure d’un harem stable de trois ou quatre femelles, les chimpanzés ont opté pour une organisation familiale plus ouverte. Ils vivent en groupes de quelques 20 adultes. Et tous les mâles baisent avec toutes les femelles. C’est un peu la non-monogamie éthique. Les mâles dominants, ceux qui s’assureront la descendance la plus large, sont ceux qui ont les couilles les plus grosses : autour de 200g pour un chimpanzé en concurrence perpétuelle avec ses congénères du groupe, contre 30g pour un gorille pénard qui se laisse faire par ses femelles viennent littéralement s’empaler sur lui.
L’Homme est en plein triathlon : il a commencé gorille, devenu manchot et finira chimpanzé aux grosses couilles.
CRAVACHE – « Si un(e) ami(e) vous offre une cravache à votre anniv et que tu ne fais pas d’équitation, prends ça comme une invitation au voyage.». Il y a une trentaine d’années, on se retrouvait souvent (entre amis/collègues) dans un pub irlandais proche du boulot. Les anniversaires des uns et des autres servaient de prétexte pour doubler la dose de bière et se laisser aller à toutes les cochonneries. A l’époque, j’étais jeune, beau et intelligent (plus rien de tout ça !). Je payais ma tournée pour mon 25ème anniv. Une amie-collègues (qui me voulait surement du bien) m’a offert une cravache. Je lui ai dit que je ne faisais pas d’équitation. Elle m’a répondu ‘Je sais’ avec un clin d’œil savoureux. Putain, je n’ai rien compris à l’époque. J’ai mis quelques années pour piger !
Quel que soit le pouvoir enchanteur de l’amour-cul, il nous faudra un peu plus pour tourner la page de la prédation suicidaire (qu’on appelle, en ce moment, progrès ou croissance). Il faudrait aussi qu’on prépare un plan B au cas où on n’arriverait pas à tourner cette page avant que le tsunami ne nous submerge.
Elon Musk a un plan B : un vaisseau amiral évacuant le million de personnes qui valent la peine d’être transpostées sur la planète rouge. Arès moi le déluge !
Nos sociétés seraient-elles suffisamment résilientes face aux aléas climatiques, face aux risques de délitement du système ? Seraient-elles capables d’absorber, dans la joie et la bonne humeur, le milliard de réfugiés climatiques attendu à horizon de 30 ans ? Seraient-elles capables de s’autoorganiser en l’absence de toute intervention des autorités centrales ?
A première vue, on est loin du compte. Un libraire du 14ème arrondissement de Paris a collé cet écriteau à l’entrée : « Inutile de perdre votre temps à me demander si j’ai des livres d’Annie Ernaux. Je ne propose pas de livres de collabos antisémites, hystéro-féministes, indigénistes, racialistes et tout ce qui est en liaison avec la puanteur woke ». C’est beau !
Cette résilience ne tombera pas du ciel. Il faudrait la préparer. Il faudrait aussi que le mouvement parte du bas, par ces temps où le bas se méfie du haut. C’est fou de se dire que pour une entreprise Lambda, on exige la mise en place de tout un dispositif de gestion de crises et notamment d’un PCA (Plan de Continuité d’Activité) au cas où ça parte en sucette, alors qu’on ne fait rien pour nos sociétés face aux risques de basculements / ruptures auxquels elles feront sans doute face. En quelque sorte, c’est la croisière enchantée sans gilets de sauvetage, ni chaloupes !
Gamin, on me disait de toujours finir mes dissertations sur une note positive, sur une ouverture d’horizon…
L’avez-vous vu cette vidéo où un gars de CNews (belle référence !) s’adresse à une dame sortant du métro pour l’interviewer. La dame dit grosso modo « Oui, je ne connais rien au sujet, mais je vais quand même vous donner mon point de vue » quand soudain, elle se met à s’agiter dans tous les sens, en regardant la manche de son manteau. Là-dedans, on voit que ça bouge et un Rattus Norvegicus (pour dire rat) finit par en sortir, faire un vol plané et atterrir dans son sac de courses. Une vision d’horreur pour la nana et son interviewer ! Les rats, ce n’est pas ça qui manque à Paris (à New-York, c’est encore pire). Jusqu’ici, ils n’allaient pas au contact. Mais dorénavant, en vous baladant dans le métro Parisien, dites-vous que vous êtes possiblement en train de faire l’Uber gratis pour 1 à 3 rats. De façon générale, les rats infestent les grandes villes car ils trouvent la bouffe à gogo et que la dératisation chimique est devenue moins efficace à cause de la réglementation européenne sur l’usage des biocides. C’est peut-être l’occasion de redécouvrir un métier d’antan : couseuse de cul de rats. En Bretagne, à la fin du 18ème siècle, les conserveries de sardines étaient infestées de rats. On ne pouvait pas y mettre des chats qui se seraient enfiler toutes les sardines au lieu de faire leur taf. A l’époque, on a inventé ce métier génial de couseuse de cul de rats. Il fallait choper un rat, lui coudre le trou de balle avec un crin de cheval et le relâcher. Bien évidemment, le rat en question continuait à se goinfrer sans pouvoir chier, devenait fou et trucidait ses congénères. Ce n’est pas génial ça ? un vrai métier d’avenir…
Une spéciale dédicace à mes amis de Dijon. Il y en un qui aura du mal à me lire avec une police en dessous de 40. Mais sa chérie se chargera surement de le faire pour lui, un peu comme Juliette Binoche dans la Patient Anglais. Je les aime car je n’ai toujours pas compris pourquoi ils restent à Dijon. Vous avez déjà entendu quelqu’un dire : « je pars en vacances à Dijon » ? Jamais ! Dijon, c’est de la moutarde et des Tchétchènes…
Je pense aussi tendrement à ma tante qui disait : « Les rêves sont comme les hommes, parfois il faut savoir s’assoir dessus »
Bonne année, les amis !
Zouheir
PS : Je me rends compte que je n’ai pas parlé de mon ami de toujours : Michel Houellebecq, l’écrivain à succès qui a pris sa dernière douche en 1973. Il se lâche enfin ! Il arrête de se cacher derrière les personnages de ses romans. Il se livre dans la revue « Front populaire », dénonçant la perte de l’identité des Français, menacés par les musulmans. Il nous explique que face à une immigration incontrôlée, « des gens s’arment ». « Des actes de résistance auront lieu », des « Bataclans à l’envers » visant « des mosquées » ainsi que « des cafés fréquentés par des musulmans ». Pour le moment, les Français souhaitent seulement que les musulmans « cessent de les voler et de les agresser ». Pour lui, le sursaut national est toujours empêché par le fait que la France reste « à la remorque des Etats-Unis », se contentant d’importer les codes « woke ». Face à ce suivisme à la con, aux nombreux « collabos » qui sévissent à l’université, Michel en arrive à la conclusion que « notre seule chance de survie serait que le suprémacisme blanc devienne “trendy” aux USA ».
Putain Michel, va te rhabiller !
Malgré tout, il y a encore des gens qui se pose la question « Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ? »… Ben non ! Achèteriez-vous « Le manuel du parfait pédophile » de Michel Fourniret ? Ben, c’est kif-kif…