« The crisis takes a much longer time coming than you think, and then it happens much faster than you would have thought, and that’s sort of exactly the Mexican story. It took forever and then it took a night. » – Rudiger Dornbusch
L’oiseau de mauvaise augure est de retour…
N’avez-vous pas l’impression que les choses se précipitent ? Que ça pète de toute part (socialement, économiquement et géopolitiquement) ?
Il n’y a aucun moyen d’éviter l’écroulement final d’un système dont la richesse a été fondée sur le crédit à gogo et la frénésie de consommation qui va avec (*). Le maelström se déchainera tôt, si l’on opte pour un bannissement volontaire de cette boulimie de crédit, ou tard, si l’on s’obstine encore à garder l’ensemble du système sous perfusion. Les monnaies s’écrouleront dans la foulée, la prospérité (réelle ou simulée) s’évaporera, un vent de panique soufflera, et les démunis de tout bord (et ils seront nombreux) sortiront dans la rue. Le sang jaillira et la connerie humaine (avec son lot de nationalisme, de protectionnisme, d’extrémismes divers) triomphera (encore).
Contrairement aux idées reçues, et malgré l’acharnement thérapeutique des banquiers centraux (les nouveaux Dieux de l’Olympe), notre système est encore plus vulnérable qu’en 2008. Nous naviguons à vue au sein de la bulle de crédit la plus gigantesque jamais créée… bulle maintenue à bout de bras de tous ces fous de l’assouplissement quantitatif, mais dont l’éclatement reste inéluctable. Le jour où ça arriverait (et j’ai comme un pressentiment que ça ne saurait tarder), la dépression de 2008 nous paraitrait aussi agréable qu’un pique-nique entre amis. On regrettera même l’austérité du bon vieux temps ayant précédé la Chute Finale.
La descente aux enfers ne fait que commencer…
Le grand « delevraging » est en marche et rien ne peut plus l’arrêter….
La spirale déflationniste guette… La destruction de valeur sera horrible à voir. La classe moyenne sera lessivée. Notre système monétaire y laissera ses fesses…
Les banquiers centraux (qui se sont crus supérieurs à leurs prédécesseurs, plus intelligents, plus innovateurs, plus rapides à la détente…) se trouveront bien minables et bien ridicules au fin fond de leur trappe à liquidité. Le cas des Etats sera encore plus spectaculaire avec les devises qui s’écroulent, les portes du crédit qui se ferment, et les coûts de financement qui grimpent au ciel… Leurs cadavres viendront alors joncher les sentiers de l’Histoire, comme bien d’autres avant eux.
Depuis la dernière crise, nous n’avons fait que nous enfoncer un peu plus dans la vase, à coups de baguette magique (planche à billets, expansion monétaire, incitation au crédit), de confiance aveugle dans la capacité des banquiers centraux à nous sortir de la moise, de visions court-termistes, et de manque globalisé de discernement. On a toujours du mal à croire que l’hyper-cycle de crédit, qui a porté les 30-50 glorieuses, touche à sa fin…
“A 30-50 year virtuous cycle of credit expansion which has produced outsize paranormal returns for financial assets—-bonds, stocks, real estate and commodities alike—-is now deleveraging because of excessive risk and the price of money at the zero-bound. We are witnessing the death of abundance and the borning of austerity, for what may be a long, long time.” (Bill Gross, Février 2012)
C’est la fin d’une époque. Nous serons bientôt rattrapés pas l’amère réalité…
(*) Depuis les années 70, les ménages n’ont bénéficié que très peu de tous les gains liés à la productivité. Maintenir leur standard de vie n’a pu se faire qu’à crédit. Il est évident que sans cet accès facilité (voire laxiste) au crédit, la demande de consommation n’aurait jamais pu soutenir la croissance de toutes ces économies développées durant toutes ces années. Le problème structurel serait alors apparu à la lumière du jour bien plus tôt…