» Comment espérer en l’homme ? Peut-on attendre le moindre élan de solidarité fraternelle chez ce bipède égocentrique, gorgé de vinasse, rase-bitume et pousse-à-la-fiente ? » – Desproges
J’ai toujours aimé cette expression vulgaire, mais oh combien poétique. Ce qui m’étonne c’est qu’elle me vienne à l’esprit à cet instant précis où je commence à accoucher mes conneries. Il faut dire que, quelle que soit sa dextérité, quelle que soit la taille de l’engin, n’être pourvu que de sa bite et de son couteau limite, a priori, le champ du possible. Et c’est surement dans cet esprit de dénuement, de désinvolture (mêlée d’un sentiment d’impuissance) et de « let’s do avec les moyens du bord » que j’aborde cette nouvelle année.
Le temps est traitre. Un collabo en puissance. Avec ce foutu temps, nos rêves perdent de l’envergure.
Longtemps, je me suis imposé des règles avec lesquelles il m’était impossible de transiger. Longtemps, j’ai été impatient, tranchant, insatiable.
Avec le temps, j’ai dû dompter ma radicalité envers et contre tout. J’ai dû apprivoiser la nuance et apprendre à composer avec la connerie humaine (y compris la mienne). Et « apprivoiser la nuance m’a permis d’adoucir ma colère et d’atténuer mon impatience » (Oxmo Pussino – Les réveilleurs de soleil)
D’ici, je vous entends marmonner : « Eh ben, tout va bien pour lui, le bougre ! Il s’est même assagit, ce p’tit con ! »
En fait, ce n’est pas si simple…
La vie est comme l’amour. Elle démarre sur les chapeaux de roue, une pure jouissance, aérienne, fugace, inconsciente, irrationnelle souvent. Et elle finit sur les rotules, exténuée, prévisible, pleine de de sagesse, frisant parfois la nonchalance. Il n’est pas facile d’entretenir la fascination d’un amour tout neuf. Entretenir la flamme de la vie l’est encore moins. Mais ce n’est guère grave car, dans la marmite de l’âge, tout se bonifie, même (et surtout) la connerie.
Avez-vous déjà regardé Trainspotting (de Danny Boyle) ? J’ai réussi à en retrouver quelques extraits (que je traduis comme je peux) qui me sont passés complètement au-dessus de la tête, à l’époque. Vingt-cinq ans plus tard, je les savoure avec délectation :
« Choisir une vie. Choisir un boulot. Choisir une carrière. Choisir une famille. Choisir une putain de télé à la con. Choisir des machines à laver, des bagnoles, des platines laser, des ouvre-boites électriques.
Choisir la santé, un faible taux de cholestérol et une bonne mutuelle. Choisir les prêts à taux fixes. Choisir son petit pavillon. Choisir ses amis.
Choisir son survet’ et le sac qui va avec. Choisir son canapé, aux motifs à chier, et l’acheter à crédit. Choisir de bricoler le dimanche matin en s’interrogeant sur le sens de sa vie. Choisir de s’affaler sur ce putain de canapé et de se lobotomiser devant des jeux télévisés abrutissants, le tout en se bourrant la gueule de merde.
Choisir de pourrir à l’hospice et de finir en se pissant dessus dans la misère, en réalisant qu’on fait honte aux gosses, égoïstes et givrés, qu’on a pondu pour qu’ils prennent le relais.
Choisir son avenir, choisir la vie. Mais pourquoi voudrais-je faire une chose pareille ?
J’ai choisi de ne pas choisir la vie. J’ai choisi autre chose. Et les raisons ? Il n’y a pas de raisons. Pas besoin de raisons quand on a de l’héroïne ! »
« La vie est rasoir et inutile. Au départ, on est plein de rêves extraordinaires et puis on se retrouve assis dessus. On se rend compte qu’on va tous y passer sans avoir vraiment trouvé les bonnes réponses. On prend au sérieux toutes les théories qu’ils nous servent. Et, en fait, ce sont nos propres vies qu’ils nous servent sous formes déguisées, sans vraiment nous permettre d’étoffer nos connaissances sur les grandes choses, les vraies choses. En deux mots, on vit une vie courte et décevante, et puis on clamse. On remplit nos vies de merde, de choses comme la carrière et les relations pour nous faire croire que tout n’est pas totalement inutile.
L’héro est une drogue honnête parce qu’elle te dépouille de toutes ces illusions. Avec l’héro, quand tu te sens bien, tu te sens immortel. Quand tu te sens mal, elle fait poquer dix fois plus la merde ambiante. C’est la seule drogue qui soit honnête. Elle n’altère pas ta conscience. Elle te file juste un bon coup et une sensation de bien-être. Après, tu vois la misère du monde comme elle est et tu ne peux pas t’anesthésier contre… »
Ceci dit, tout le monde n’a pas besoin de se shooter pour voir la misère du monde dans toute sa splendeur. Savoir qu’elle est là et vivre avec, c’est tout un autre délire. Mais ça se travaille… J’ai même failli virer Bouddhiste pour en finir avec la souffrance. En fait, j’ai toujours envié les moines Bouddhistes dans leur détachement des choses de la vie. Ils ont tout compris. La souffrance naît du désir et de l’envie. Les grandes déceptions, aussi. C’est en s’en libérant qu’on atteigne la nirvāṇa. « Que personne n’aime rien. La mort du bien-aimé est insupportable. Ceux qui n’aiment rien et qui ne haïssent rien ne sont pas enchaînés. Du bien-aimé naît la souffrance […] De la soif (le désir ou la convoitise) naît la souffrance. De la soif naît la peur. Pour celui qui se libère de la soif n’a pas de souffrance. D’où viendrait la peur ? » (Dhammapada).
Mais heureusement que Mark Zuckerberg est là, avec son métavers salvateur : un genre d’Internet incarné où, au lieu de visionner du contenu, vous y êtes. Un immense univers virtuel, réaliste et où tout devient possible. Un pas supplémentaire dans l’irréel.
Desproges disait : « Si vous avez les seins qui tombent, faites-vous refaire le nez, ça détourne l’attention. »
Vous mettez des lunettes, des gants, éventuellement un casque à électrodes, des ventouses sur vos couilles / clito et, selon les jours, une sonde dans le cul, et vous voilà fin prêts à sauter dans le monde merveilleux du métavers, où tout le monde est super cool avec de la merde plein les neurones. Dans le métavers, vous pouvez visiter le Taj Mahal, rouler une pelle à une pieuvre, aller à un concert, copuler à longueur de journée, le tout sans quitter le confort de son canapé (acheté à crédit). Une télé-réalité puissance 10.
Mark Zuckerberg, le mec qui semble le plus insociable au monde et qui a déjà pris les rênes de la vie sociale de milliards d’individus, est en train de phagocyter ce qu’il en reste de réel. Il se projette déjà en Roi de l’Univers.
« Remarquons au passage que si l’on dit ‘les animaux’ au pluriel, on dit ‘l’homme’ au singulier. Parce que l’homme est unique. De même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l’homme sème la merde ». Desproges parlait-il déjà de Zuckerberg ?
Bill Maher (humoriste et journaliste politique américain) résume à merveille le pétrin dans lequel on patauge : « Vous devez vous demander pourquoi Mark Zuckerberg pense que vivre dans un métavers serait tellement mieux ? (C’est) parce que regardez-le – les yeux morts, l’absence de traits humains reconnaissables, les cheveux peints – c’est déjà un avatar Je suis presque sûr que la personne que nous pensons être Zuckerberg est un SIM, tandis que le vrai vit sur un yacht composé d’une centaine de belles femmes où il joue à Pokémon GO toute la journée. C’est le pire genre de personne pour faire le suzerain d’un nouvel univers. »
« […] Ce n’est pas anodin. Ce n’est jamais le cas lorsqu’une société, pour quelque raison que ce soit, crée des hommes coupés des femmes, et ça ne va pas bien ici avec les Incels (célibataires involontaires). C’est devenu une sous-culture toxique d’eunuques numériques en colère, misogynes, et le métavers ne fera qu’empirer les choses, car c’est un cercle vicieux. Plus vous passez de temps dans le monde numérique, plus vous avez du mal à vous engager dans le monde réel, donc plus vous vous repliez sur le virtuel, ce qui atrophie davantage vos véritables compétences sociales, y compris vos rapports sexuels et amoureux ».
Dit autrement, les métavers seront nos fabriques à hikikomori !
En fait, ce qui me fout les boules c’est de voir que cette fuite en avant technologique (et « inculturelle ») va de pair avec une cupidité grandissante et généralisée, les 2 phénomènes s’alimentant mutuellement. Tout semble prêt à l’avènement d’un nouvel ordre socio-culturel où le faux prend le pas sur le vrai, où la « vérité » et le « réel » ne sont plus que des palimpsestes, où le fric dingue qu’on brasse ne se déverse plus que dans des conneries, où les NFT (Non-Fungible Tokens) s’emparent des esprits pour n’en faire qu’une bouchée.
Il fut une époque (pas si lointaine que ça) où on fustigeait l’hyper-financiarisation de l’économie. Là, c’est de la financiarisation des âmes qu’il s’agit. Et ça passe comme une lettre à la poste !
Dans ces métavers de merde, vous entendrez bientôt parler d’histoires scabreuses, de transactions hallucinantes, de tragédies, de délires, de cul et de fric (beaucoup de fric). Vous verrez des gens vendre leurs appartements (bien réels) et balancer leurs organes sur le dark web, pour acquérir des biens numériques qui ne servent à rien, à part à aiguiser la convoitise et la cupidité. Des influenceurs et d’autres branleurs de mammouth (les marchands du temple, en quelque sorte) rivaliseront de créativité pour monétiser les merdes (numériques) les plus immondes.
Youpi ! Un jeu vidéo à l’échelle mondiale.
Perso, dans ce métavers, je me vois très bien tenancier d’une chaine de maisons closes éco-responsables (où tout le matos – menottes, dildos, capotes… – sera à base de papier de riz mâché).
Dites-vous d’ailleurs qu’on a déjà fait quelques pas prometteurs dans cette métamerde :
- En novembre, un yacht virtuel a été vendu pour la modique somme de 650 000$. L’actif numérique a été publié par Republic Realm, un développeur de métavers, pour la ligne de NFT de luxe « The Fantasy Collection » conçue pour « The Sandbox ». The Sandbox est un monde virtuel où les joueurs peuvent construire, posséder et monétiser leurs expériences de jeu.
- Le même mois, une parcelle de terrain numérique dans Decentraland (monde virtuel), a été vendue 2,43 millions de dollars. Le lendemain, une autre parcelle de terrain numérique s’est vendue 2,3 millions de dollars dans Axie Infinity (un autre monde virtuel).
- En mai, Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, a vendu son premier tweet (comme un NFT) à presque 3 millions de dollars.
Tout un tas de transactions similaires ont vu le jour récemment, les unes plus ubuesques que les autres…. Mais je préfère abréger mes souffrances. Ces ventes mettent en exergue le montant hallucinant que les « investisseurs » sont prêts à payer pour s’assurer une place dans les métavers naissants. L’idée est d’être, coûte que coûte, parmi les premiers entrants, comme dans un système de Ponzi géant. Qui parle de cupidité ?
A ce rythme, les activités productives (et réelles) seront délaissées au profit d’autres virtuelles, réputées plus nobles et bien plus lucratives. Les tâches basiques nécessaires à l’alimentation de la machine humaine (qui n’arrêtera jamais de bouffer et chier) et à son entretien (éducation, santé) seront reléguées à une caste d’intouchables d’un nouveau genre (agriculteurs, infirmiers, instituteurs, dompteurs de robots…). Le Darwinisme social est en marche !
Avec cette virtualisation à outrance, nous nous trouvons aux prémices d’une nouvelle vague de barbarie qui, elle, sera bien réelle. C’est ce que Ahmed Khiat (écrivain algérien) résume très bien, je trouve : « Quand cupidité et inculture s’emparent d’un peuple, adieu la valise ! »
Pour résumer : Nous vivons une époque déconcertante, naviguant entre 2 eaux, entre un monde de plus en plus virtualisé (vécu par écrans interposés, sans se toucher, sans s’embrasser… dans lequel on pourrait rester à poil du moment on n’oublie pas d’éteindre la webcam) et des contraintes d’une autre époque (se faire à manger, se faire bronzer le trou du cul, se torcher le cul avant la bronzette, s’épiler en « maillot brésilien » ou en « ticket de métro », éteindre la lumière en quittant la pièce, se rendre présentable selon les canons du moment, se raser les coucougnettes…). C’est à devenir schizo !
Un moment propice à toutes les révoltes. Le mouvement « no bra » (sans soutif) en est l’exemple le plus excitant (ouioui, j’entends ceux/celles qui crient aux propos sexistes). Regardez le compte Insta @sorcieretamere (près de 80 000 abonnés, quand même. Et j’en fais partie) et vous verrez que cette idée fait son petit bonhomme de chemin auprès des femmes, par quête de confort et/ou revendications féministes. La créatrice du compte (c’est peut-être un homme, un reptilien, une pieuvre ou un autre truc…Mais on ne le saura jamais) balance : « Il faudrait rentrer dans une case, avoir des seins parfaits, uniformes, ronds, bien remontés, ni trop gros ni trop petits… Le soutien-gorge les rend socialement acceptables, gomme les tétons et les imperfections : le retirer permet de sortir de toutes ces injonctions. ». Retirons-le, bordel de merde ! Femmes, je suis avec vous !
Un tel vent libérateur ne peut se refuser. Je dirais même qu’il faudrait pousser la lutte plus loin, pour tomber la culotte. Moi, j’y suis déjà avec mes caleçons (de 1999) qui ne retiennent plus rien.
Tomber le soutif est peut-être notre dernière chance de remonter le niveau du débat. Ca fait des années qu’on se gargarise d’une pensée low-cost, ethnocentrique, simpliste mais pleine de certitudes, véhiculée par des wagons de chroniqueurs-polémistes à la noix. Sur les plateaux-télé se succèdent des hommes et des femmes capables de disserter, avec le même aplomb, sur le niveau de la dette publique, le voile islamique et l’avenir de la planète. Des surhommes (et surfemmes, si vous y tenez) qui cumulent tous les trucs en « logues » (épidémiologues, climatologues, islamologues, sexologues).
Des toutologues casse-couilles, et un espace audio-visuel saturé par les polémiques autour de la laïcité, et de la place de la religion (en fait d’une religion, en particulier. Je ne vais pas vous faire un dessin) dans l’espace public. La loi de 1905 est triturée dans tous les sens. On lui fait dire ce qu’on veut, après avoir « exécuté » les tenants d’une lecture libérale (celle de Briand et Jaurès, et plus récemment l’Observatoire de laïcité qu’on vient de faire disparaitre). Jupiter a passé la main au Printemps républicain, donnant ainsi l’avantage à une vision « à la Zemmour » ou « à la Finkielkraut » qui prône l’effacement de toute singularité culturelle apparente. Les récalcitrants sont traités d’islamo-gauchistes comme Briand et Jaurès furent traités de « socialo-papalins ».
« Vous savez pourquoi les catholiques sont devenus républicains ? C’est parce qu’on leur a tapé dessus pendant 130 ans. On n’en est qu’au début pour les musulmans. » – Gilles Clavreul (co-fondateur du Printemps républicain). Mon cher Gilles, ce n’est pas pour te contredire mais tu peux toujours te toucher ! Passe me voir et je t’expliquerai que tu n’as rien pigé à l’art de dressage de l’Islamo-bougnoul.
Les murs de la normativité nous enferment et nous séparent. Et ce n’est clairement pas demain qu’ils chuteront.
Contrairement aux analyses mainstream (ouioui, c’est comme ça qu’on parle, de nos jours), l’année 2021 fut plutôt sympa, porteuse d’espoir et de modération, comme toutes les années précédentes :
- En 2021, on a commémoré les 20 ans des attentats du 11 septembre. Des heures durant, on a cité les noms des (quelques 3000) victimes une à une, entrecoupés par un coup de cloche, à chaque fois. On devrait s’imposer ça pour toutes le guerres… Et vous verrez qu’on arrêtera de faire la guerre, juste par flemmardise et/ou par peur de l’ennui.
- 27 migrants sont morts récemment en tentant de traverser la Manche. Avant que leur bateau ne chavire, ils appellent la Police Française qui leur suggère d’entrer en relation avec la Police Anglaise, qui leur demande, à son tour, de se démerder avec la Police Française. Et du coup, ils sont morts. Quelle idée de se noyer après 17h30 !?
- L’industrie du luxe ne s’est jamais aussi bien portée que pendant la crise sanitaire. Ca se comprend : Le luxe est une transgression qui procure un plaisir immense, qui offre cette « utilité de l’inutile nécessaire aux équilibres personnel et sociétal » – Gilles Lipovetsky – Philosophe, auteur de « Le Luxe éternel ». Avec ses nouveaux vecteurs de com, le secteur hypnotise une part croissante d’une population obsédée par l’accès au niveau supérieur. Une espèce d’ivresse des sommets (ou des profondeurs, à vous de voir) qui ne s’arrangera pas avec les métavers.
- Israël vient d’assouplir les règles de tir de ses soldats contre les civils palestiniens. Ouf, il était temps qu’ils débrident leurs soldats. Je commençais vraiment à avoir peur pour eux. Les nouvelles règles autorisent désormais les soldats à tirer à balles réelles sur « des lanceurs de pierres et de cocktails Molotov, même après les faits ». L’équilibre des forces est enfin rétabli!
- Sorti le 25 novembre, « Trois jours et trois nuits – Le grand voyage des écrivains à l’abbaye de Lagrasse » (Fayard-Julliard) est un recueil de textes de 14 auteurs (Beigbeder, Bruckner, Tesson, Giesbert, Enthoven…), qui se sont rendus dans une abbaye des Corbières pour une courte retraite auprès des chanoines traditionalistes de l’abbaye de Lagrasse. Chacun a écrit un texte à sa sauce, inspiré par ce séjour monastique. Du contenu, je n’ai lu que quelques extraits. Certains m’ont paru plutôt réactionnaires, avec des relents identitaires bien marqués. Thibault de Montaigu écrit : « Ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d’une civilisation mourante, empoisonnée par l’ego et l’hédonisme marchand ». La Reconquista catholique est, en quelque sorte, le dernier espoir d’un Occident en pleine déconfiture. Boualem Sansal semble opposé au dernier tournant modernisateur de l’église : « Vatican II a répandu le wokisme et la cancel culture dans le monde occidental ». Heureusement qu’il y a d’autres textes plus Olé-Olé. Beigbeder, le fêtard Parisien, commence par « Pas de vodka ni de kétamine. Pas une seule nana. L’enfer ! » et finit par chercher le signe divin : « Une tache sur la pierre serait comme un SMS de Dieu. Pourquoi ne me guides-Tu point, Seigneur ? Sans Toi je me sens comme un canard décapité dans la basse-cour de la life. J’aurais peut-être dû couper cette phrase, mais elle m’amuse beaucoup. ». Basse-cour de la life… Il ne fallait surtout pas couper une telle merveille !
- Si vous voulez absolument voyager, je vous invite à visionner “Nabilla : sans filtre” sur Amazon Prime : quatre heures d’ego-trip bling-bling dans l’intimité de l’un des couples d’influenceurs les plus bankables de la galaxie télé-réalité. Un métavers avant l’heure. Un p’tit rappel pour les néophytes : Nabilla est celle qui a dit « Quand on est belle, on reste trop concentrée sur ses produits, ses extensions, ses ongles pour avoir le temps de penser à autre chose. C’est le privilège des moches, elles n’ont que ça à faire » (Le Journal du Dimanche, 15 juin 2014) et « À l’école, Charlemagne, Charles de Gaulle, tous les Charles… ça ne m’intéressait pas.» (Le Parisien, 14 avril 2013). Un dernier scoop pour la route : Nabilla a, semble-t-il, couché avec Booba ! J’espère juste qu’ils n’ont pas fait de bébés.
Vous remarquerez que je n’ai parlé ni d’écologie, ni de décroissance / frugalité, ni d’hyperconsommation, ni d’inégalités, ni de révolution, ni de misère dans le monde, ni de dissonance cognitive, ni de xénophobie décomplexée, ni du glacier de l’apocalypse qui menace de se détacher d’ici peu. Il faut dire que les dés sont jetés. Le gouffre entre problèmes écologiques et promesses technologiques (plutôt énergivores, par construction) ne fait que s’élargir. La conséquence logique : On va droit dans le mur. Il faut juste garder son sourire pour que notre empreinte sur le mur soit agréable aux paléontologues du futur.
Vous remarquerez aussi que j’ai à peine parlé cul. C’est normal : l’andropause te calme un étalon ! Après, il y a aussi la peur… Je fais super gaffe maintenant à toutes les débilités que je débite, de peur qu’on ne me taxe de misogynie (ou qu’on me colle un procès en harcèlement), bien qu’«il y a une chose dont je suis certain c’est qu’il y a autant de misogynes femmes qu’hommes. Les femmes qui servent debout la soupe aux mecs assis ça existe encore et c’est souvent la volonté des femmes… Ce n’est pas un truc de mec la misogynie. » (Desproges)
Un mode de terreur. La moindre connerie, le moindre mot déplacé et paf le chien ! T’es mort sur la scène internationale. D’ailleurs, par prévention, j’ai banni de mon vocabulaire tous les mots qui finissent en « asse » (Conasse, pétasse, grognasse, chaudasse, feignasse…). Que des mots au féminin (comme les noms de cyclones) sans équivalent masculin… En fait, avant de prendre cette décision radicale, j’ai dû essayer de trouver des équivalents masculins. Et après une longue analyse étymologique, j’ai trouvé que les adjectifs péjoratifs masculins sont plutôt en « ard » (conard / connard, salopard, queutard, grognard, gros lard…), et accessoirement en « u » (Glandu, couillu…). L’équilibre homme-femme est plutôt sauf. Je maintiens, cependant, mon bannissement des mots en « asse ». Mesdames, merci de faire pareil pour les mots en « ard » !
Sur ce, je vous souhaite une année pleine de sérénité et une vie saupoudrée de nuance.
Quant à vous claquer la bise, la tentation est bien là… Mais bon…
Comme Desproges, je dirais juste : « Pourquoi ? Pourquoi cette fausseté dans les rapports humains ? Pourquoi le mépris ? Pourquoi le dédain ? Où est Dieu ? Que fait la police ? Quand est-ce qu’on mange ? »
Perso, la dernière question est la plus importante !
Zouheir