La révolte populaire semble se propager comme un feu de paille, consumant les potentats arabes à la queu leu leu. Le vent de contestation s’amplifie un peu partout. On me parle de contagion, je parle plutôt de résonnance… celle évoquée par J.M. Gleize : « un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par contamination. Mais par résonance. Quelque chose qui se constitue ici résonne avec l’onde de choc émise par quelque chose qui s’est constitué là-bas ». Le souci est que la caisse de résonnance est énorme, encore plus qu’elle n’y paraît à première vue…
A entendre les médias occidentaux faire l’apologie de l’insurrection et des émeutes, je doute de leur capacité à imaginer le même phénomène frapper leurs rivages. Les poussées de fièvre révolutionnaire sont admirables tant qu’elles restent cantonnées de l’autre côté de la méditerranée, tant que son lot de réfugiés, d’immigrés clandestins ne vienne troubler notre quiétude et tant qu’elles ne touchent pas les zones sensibles (par leur pétrole) du Moyen-Orient. Le révolté mis sur un piédestal là-bas serait un anarchiste, un saboteur, un anachronique méritant toutes les démences sécuritaires.
Tout le monde aurait préféré des revendications sans révolte. Tout le monde espère une transition ordonnée. Tout le monde rêve d’une « soft revolution » qui renverse l’ordre des préséances sans faire de remous. Tout le monde s’obstine à oublier que le processus révolutionnaire, bien que générateur d’espoir, n’est pas maitrisable, qu’il n’y a aucune garantie quant à ses résultats, ni contre ses dérives. Il ne faut pas, pour autant, le condamner car ça serait condamner l’espoir en chacun de nous… Et puis, n’oublions pas que « quand il s’agit de liberté, d’égalité, d’émancipation, nous devons tout aux émeutes populaires » (attribuée à Marat par Alain Badiou dans « Tunisie, Egypte : quand un vent d’est balaie l’arrogance de l’Occident », Le Monde du 18/2/2011)
La révolution est en marche… Je vous l’avais dit !