Vœux 2023 – Le règne du futile et le pouvoir des médiocres…

« A force de patience et de saindoux, l’éléphant encule le pou !  » – Proverbe Franchouillard (car je fais dans le circuit court, maintenant)

Je démarre l’année au top, tel un vieux PC portable sous Windows 95, en mise à jour permanente et hyperventilation chronique…

Le temps passant, le poids des années se fait sentir. Et plus je me m’écrase, plus je m’accroche à mes habitudes qui se ramènent toutes à l’habitude de ne plus rien attendre de la vie. Plus je me tasse, plus je m’approche du sol, plus je deviens radical, au sens étymologique du terme.

Tingitingi - eCard 2023Etymologiquement, la radicalité fait référence à la racine, à l’essence de quelque chose. La radicalité est la compréhension en profondeur de l’origine des phénomènes, des problèmes. Vous comprenez que ceci n’a rien à voir avec le sens péjoratif véhiculé par les dictionnaires à deux balles : ‘’Subst. fém. Extrémisme. Fait ou caractéristique de ne pas admettre d’exception ou d’atténuation’’.
Il est bien probable que nos enfants ne se contenteront pas de la radicalité dans son sens étymologique. Et avec moins d’euphémisme, je dirais même qu’avec eux (s’ils sont normalement constitués), ça va chier des bulles !

Avez-vous regardé le film “Don’t Look Up” ? Je vous en soumets un p’tit extrait :
La Présidente : Je vous écoute. Parlez. Vous avez 20mn
Dr Mindy : 20mn !? C’est une comète d’entre 5 et 10 km de diamètre, qui d’après nos estimations provient du nuage de Hort. Et en utilisant la méthode de détermination orbitale de Gauss et en utilisant un paramètre d’incertitude astronomique de 0.00.. »
La Présidente : OOOooo, c’est quoi ce charabia
Kate (la doctorante, traductrice de charabia scientifique) : Ce que le docteur Mindy dit est qu’il y a une comète qui fonce droit sur la terre
Le sbire de la Présidente : Et quoi ? il y aura un raz de marée ?
Dr Mindy : Ca sera bien plus catastrophique. Il y aura un tsunami de plusieurs km de hauteur
La Présidente : Quels sont les risques que ça arrive ?
Dr Mindy : 100% de risque d’impact
La Présidente : S’il vous plait, ne dites pas 100%. Pour l’instant je propose qu’on patiente et on avise.
Quel calme ! Quelle maitrise ! Quel aplomb !
On patiente et on avise, bordel de merde ? (ça c’est de moi. Je n’ai pas pu m’empêcher)

Ce film montre combien est pathétique notre capacité à prôner la nuance quand on est en situation de confort. Le pouvoir et l’argent donne l’illusion de la protection contre l’adversité. Il faudrait dire que nous sommes tous, plus ou moins, pris dans l’inertie d’un confort qui est en train de nous tuer.

La maison brûle. Mais nous continuons à faire preuve d’une confiance aveugle dans la capacité de l’Homme à s’en sortir avec une pirouette de dernier moment. Vous êtes entourés par les flammes et vous continuez à vivre votre petite vie, en se disant « No problemo… Un double salto arrière et je serai hors de danger ». Dans l’ancien monde, on appelait ça « avoir des couilles ». Dans le nouveau, on parlerait plutôt d’« avoir la tête dans le cul »
Ce film traduit à merveille « le règne du futile et le pouvoir des médiocres » comme disait Guy Debord de la société du spectacle.

Dans ses « Commentaires sur la société du spectacle », Debord disait : « En 1967, je distinguais deux formes, successives et rivales, du pouvoir spectaculaire, la concentrée et la diffuse. L’une et l’autre planaient au-dessus de la société réelle, comme son but et son mensonge. La première, mettant en avant l’idéologie résumée autour d’une personnalité dictatoriale, avait accompagné la contre-révolution totalitaire, la nazie aussi bien que la stalinienne. L’autre, incitant les salariés à opérer librement leur choix entre une grande variété de marchandises nouvelles qui s’affrontaient, avait représenté cette américanisation du monde, qui effrayait par quelques aspects, mais aussi bien séduisait les pays où avaient pu se maintenir plus longtemps les conditions des démocraties bourgeoises de type traditionnel. Une troisième forme s’est constituée depuis, par la combinaison raisonnée des deux précédentes, et sur la base générale d’une victoire de celle qui s’était montrée la plus forte, la forme diffuse. Il s’agit du spectaculaire intégré, qui désormais tend à s’imposer mondialement. »

De ce spectaculaire intégré, Debord dit qu’« il se caractérise par cinq traits : le renouvellement technologique incessant ; la fusion étatico-économique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpétuel ».
Ca ne vous dit rien ?

Vous l’avez compris. Mon message sera désespérant. Un peu plus désespérant que d’habitude (est-ce vraiment possible ?). Que tous ceux et celles qui ne cherchent dans le passage d’année qu’un bon moment d’espoir et de gaieté, passent leur chemin. Que les âmes sensibles s’abstiennent et regardent Les années Sébastien sur C8.

Pour les indécis, je cracherai mes grandes vérités (au sens du Larousse : Idée, proposition qui s’accorde avec le sentiment que quelqu’un – en l’occurrence, moi – a de la réalité) sur une ou deux pages.

Pour les plus téméraires, je développerai un peu plus mes conneries, avec des illustrations de la vie de tous les jours.

Et comme d’habitude, j’agrémenterai l’ensemble de quelques blagues de cul bien choisies. C’est bien ça la société du spectacle !

  1. En 2009, l’institut Suédois « Stockholm Resilience Center » a listé neuf processus essentiels à l’existence et la pérennité de la vie sur terre, et a publié les limites à ne pas dépasser sur chacun pour maintenir la stabilité du système-terre, état d’équilibre délicat qui a permis aux civilisations humaines de prospérer. Or, à la dernière mise à jour, il semblerait qu’on ait un gros problème de dépassement des limites planétaires en ce qui concerne la stérilisation des sols, la chute de la biodiversité, l’interruption des cycles biogéochimiques (azote et phosphore), l’acidification des océans, le dérèglement climatique et l’intégrité de la biosphère. Six des neuf processus sont déjà hors des clous ! Un vrai effondrement multifactoriel…
  2. Nous sommes confrontés à une conjonction de problèmes gravissimes, plus ou moins interconnectés. Essayer de les traiter les uns indépendamment des autres serait un non-sens absolu. Seule une approche systématique, cohérente et globale pourrait nous sortir de ce pétrin généralisé.
  3. La problématique à laquelle on doit faire face est multi-facettes. Le changement climatique n’en est qu’une composante. Et pourtant, on embrasse aujourd’hui l’enjeu climatique comme l’unique problème. Après deux étés anormalement chauds et quelques phénomènes climatiques extrêmes, nos sociétés semblent commencer à cerner l’ampleur du souci et à se mobiliser pour le contrer / mitiger. Mais, le dérèglement climatique est plutôt le symptôme de nos délires, et non leur source.
  4. La pression exercée par les activités humaines sur le système-terre dépasse désormais la capacité de celui-ci à encaisser. Nos marges de manœuvre se réduisent. Même si, dans un sursaut de lucidité, on se décidait à se bouger le cul pour atténuer notre impact et pour nous rendre biosphère-compatible, rien ne nous permettrait d’être sûr du résultat. Peut-être que c’est déjà trop tard. Ce qui est dingue c’est qu’on n’a pas prévu de Plan B.
  5. La réaction de nos sociétés aux défis actuels est trop lente. L’inertie nous tue. Et nos bouffons de politiques y sont pour quelque chose puisqu’ils sont là en défenseurs de l’inertie ambiante, seule capable de leur garantir confort et privilèges à vie.
  6. Il y aura toujours les chantres du découplage, qui prétendront qu’une croissance économique peut être maintenue durablement, tout en réduisant notre impact écologique. C’est un peu le mirage de la croissance verte : garder les services et les activités intellectuelles et délocaliser ailleurs (un peu plus au sud, a priori) les activités manufacturières à fort impact écologique. Localement, le découplage semble en marche. Mais il ne sera jamais extrapolable à l’ensemble du globe vu qu’on aura toujours besoin de fabriquer pour consommer. Dit autrement, le découplage entre l’intensité économique d’un côté et la pression exercée sur le système-terre n’est qu’un leurre.
  7. L’économie mondiale est une grosse pyramide de Ponzi. La seule façon d’éviter son écroulement est de continuer à l’alimenter en énergie et en matières premières, ce qui n’arrangera pas le point 1.
  8. Il nous reste une solution et 2 façons d’y aller : La grande descente énergétique et matérielle. Soit on arrive à l’organiser de façon volontaire et sereine, soit on continue à faire l’autruche et à serrer les fesses en attendant de la subir de plein fouet, de la prendre en pleine gueule, dans le chao et le désarroi. Les lois de la physique sont implacables.
  9. La fin de la croissance économique n’a rien à voir avec la fin du progrès. La décroissance n’est pas l’inverse de la croissance. La décroissance n’est pas une provocation idéologique, mais plutôt un projet de société, le seul, à mon sens encore capable de nos éviter le mur et les désagréments sociétaux qui viendront avec. Ce projet de société nous permettra d’organiser la désescalade énergétique et matérielle sans bain de sang. Dans ce cadre, le progrès technologique devient un moyen au service de la cause et non un but en soi.
  10. La croissance verte est une vaste supercherie intellectuelle. A travers, on continue à pourchasser les chimères du découplage. Le problème aujourd’hui n’est pas l’origine de l’énergie mais plutôt ce qu’on en fait. Prenons l’exemple, oh combien promoteur, de la fusion nucléaire. Imaginons juste un instant qu’on y arrive, qu’on mette la main sur une source d’énergie quasi infinie et quasi propre. Au risque de passer pour le connard de service, je pense que ça sera la pire catastrophe qui puisse nous arriver, car avec ça, nous aurons les moyens d’une guerre totale contre le vivant. Un génocide suicidaire !
  11. Investir aujourd’hui toutes nos ressources dans cette supercherie qu’est la croissance verte, c’est se condamner collectivement. On fait des voitures électriques qui polluent peut-être 30% de moins, mais dont les parkings supposent le bétonnage d’espaces gorgés de vie. Le fait de détruire du vivant n’est pas plus louable, ne devient pas plus vertueux quand on le réalise à coups d’énergie verte.
  12. Les conditions d’habitabilité de la planète sont en passe d’être anéanties. Mais nous continuons à penser que nous sommes face à un problème technique qui requiert une solution technique. Mais, bordel, rien n’est plus faux !
  13. Qu’on arrête de me gonfler avec l’éco-anxiété des jeunes. Déjà, c’est bien fait pour leurs gueules. Ils n’avaient qu’à ne pas être jeunes. Puis, essayez de les tester en mettant en balance l’affaissement du vivant à 30 ans et une coupure totale d’internet sur les 3 jours à venir… et vous verrez qu’ils ne sont (à l’exception de ma fille) nullement anxieux de la fin du monde.
  14. L’instant est critique. Le diagnostic est grave. Le temps presse. Mais notre mobilisation reste dérisoire, voire ridicule. Certains s’enferment dans le déni du diagnostic. D’autre croient au retour du messie sauveur de l’humanité. Penser que le génie humain va finir par trouver le remède miracle au mal qui nous ronge, c’est ce foutre le doigt dans l’œil et s’étonner qu’il n’y ait plus de lumière. Il s’agit de la stabilité du système-terre, bordel ! Problème qui ne relève plus de l’ingénierie, ni des nouvelles technologies, mais plutôt de notre capacité à en prendre (pleinement) conscience et à se bouger le cul en cadence (les Tiktokeuses sont les bienvenues)

Arthur Keller résume la situation : « Le problème fondamental n’est pas climatique et concerne le déplacement des limites du système-Terre. […] Les lois de la physique prévaudront sur celles des sociétés humaines. Soit, nous adaptons les secondes aux premières, soit nous en sommes incapables et les premières s’imposeront aux secondes de façon implacable »

Le GIEC a publié récemment son 6ème rapport, mais rien ne semble changer. Tout le monde s’en fout (sauf quand il fait très chaud ou qu’il n’y pas de neige dans les stations de ski). Le GIEC est un peu la réincarnation de la carrière d’Eric Ciotti s’il était écolo et qu’il parlait d’autre chose que du Burkini sur la côte d’azur… Bientôt, ils nous diront « Bon les gars, c’est plié… Y a plus rien à faire. Lâcher vous et arrêtez de faire pipi sous la douche… »

Mon constat est simple. On s’acharne encore à mener les mêmes activités, à faire exactement la même chose mais, soi-disant, en polluant moins, en émettant moins de CO2. Ceci ne change rien à notre façon de regarder le vivant. On continue à considérer la vie qui grouille autour de nous comme une ressource. Or les ressources, on a la fâcheuse tendance à les exploiter jusqu’à épuisement.

L’exemple de notre cher ami Elon Musk est caricatural. Après avoir intensément contribué à la destruction de cette planète, il entreprend de bousiller l’espace et envisage même d’établir une colonie martienne de plus d’un million de personnes d’ici 2060. Grâce à son génie visionnaire, nous aurons bientôt des électrodes implantées dans le cerveau, nous permettant de faire de magnifiques balades virtuelles dans des forêts numériques. La politique de la terre brulée commence ainsi…

On focalise sur le problème du dérèglement climatique, et pense qu’en le réglant, on règlera tous nos maux. On est tous devenus des techniciens de la décarbonation. Trier ses déchets et pisser sous la douche (j’adore faire ça. Ca me donne des ailes… au zizi !), c’est non seulement du « pipi de chat », mais peut aussi se révéler contreproductif puisqu’il nous donne l’impression d’agir. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, mais je prétends que ce n’est pas cela qui changera la donne. C’est un peu comme quand on vous demande, en cas d’attaque nucléaire, de vous calfeutrer chez vous, avec des tissus agrafés aux portes et fenêtres. Il faut y croire. C’est bien connu que les combinaisons de protection nucléaire sont faites en toile de jute !

Il faudrait qu’on arrête d’être des zombies de la décarbonation et qu’on réfléchisse un bon coup à ce qu’on veut faire du vivant qui nous englobe. Il faudrait qu’on décide du cap, du sens, qu’on veut donner à notre croissance et notre progrès. La solution à la merde noire dans laquelle on patauge ne pourra jamais être technique. Elle ne sera qu’axiologique. Elle dépendra des valeurs qui nous animent, et nullement des moyens techniques dont nous disposons.

Notre problème existentiel, à ce stade, relève de la valeur et non de la science, ni de la technique. La science a un rôle diagnostic, constatif, explicatif, consultatif. Mais jamais elle ne nous donnera le chemin à suivre pour sauver notre cul. L’ingénieur (et je sais de quoi je parle) est après tout quelqu’un qui est formé pour répondre à des problématiques d’ordre technique, en adaptant des approches qui ont déjà fait leurs preuves sur des problématiques similaires. Quand il est bon, l’ingénieur repère les problèmes mal posés. Mais jamais, il n’interrogera l’énoncé. Nous avons besoin d’éclaireurs de pensée plus que d’ingénieurs. Nous avons besoin de révolutionnaires de la pensée radicale plus que de techniciens de la décarbonation. Nous avons besoin d’un Forest Gump qui nous donne le cap, qui commence à courir (car il aime ça) et qui nous donne l’envie de le suivre, chacun projetant dans cette course cadencée ses propres idéaux.

« Voyageur, le chemin n’existe pas. C’est ce que tu crées avec tes pas » (Poème d’Antonio Machado)

Notre génération et celle de nos parents ont été et sont toujours responsables de l’état pitoyable du système-terre. Deux générations qui n’ont rien fait d’autre que de transformer la vie en déchets divers. Deux générations de criminels, mes amis. La génération de nos enfants sera la première à être dans l’obligation éthique (mais aussi existentielle… et c’est là où la pression monte !) de nettoyer nos crottes par la refonte radicale de l’ensemble de notre système de valeurs. Il faudrait qu’on les nourrisse bien pour qu’ils tiennent le coup, qu’ils laissent libre cours à leur imagination (car, putain, ils vont en avoir besoin), qu’ils se lâchent, qu’ils innovent. Mais pas trop non plus pour qu’ils puissent s’adapter aux décennies de vaches maigres qu’ils auront malheureusement à affronter.

Pour tout vous dire, et afin de voir s’il y a bien des gens de ma génération qui consultent pour « génocide écologique involontaire », j’ai tapé ma requête dans Tiktok et suis tombé sur la vidéo d’un psy américain. Depuis mon algo Tiktok s’est métamorphosé : des culs, des boobs, une recette de cuisine et un psy.

C’est surement en pensant que les jeunes vont maintenant se coucher avec une boule au ventre à cause de l’effondrement de la vie, que Manu a annoncé la gratuité des préservatifs pour tous les mineurs et jusqu’à 25 ans. Il aurait pu préserver quelques deniers publics en excluant les ados de 15 à 17. Car, à cet âge-là, ce n’est pas parce que les capotes sont chères que tu ne baises pas… c’est parce que t’es plein d’acné et que t’es moche.

Quelle génération ! Quel cul ! Ils ont connu la COVID, la guerre à la porte de l’Europe, l’été à 42°C, le mondial dans le désert et maintenant la baise à volonté. Eux, ils ne connaitront pas la galère de devoir utiliser la capote 2 fois (et je vous épargne toute l’ingéniosité dont on faisait preuve pour le réenrouler après lavage et séchage). Le message du Président fut implicite : « Plus de gaz. Plus d’électricité. Baisez plus, chauffez-vous entre vous et oubliez le reste ». Et maintenant, qu’ils ne nous fassent plus chier avec leur éco-anxiété !

Cela dit, c’est un peu injuste de rendre les capotes gratuites mais pas les protections hygiéniques. C’est à la limite plus normal de payer pour les capotes (avec, on prend son pied) que pour des serviettes hygiéniques qui servent à récolter le sang de règles (généralement) douloureuses (avec, on ne prend pas son pied). Sang qu’on ne peut même pas recycler pour faire du boudin, par exemple. Selon une étude britannique, une femme débourse environ 23 000€ en serviettes hygiéniques durant sa vie. Le prix d’une Twingo !

Revenons à nos moutons. C’est très grave de confondre les maux et les symptômes. On a de plus en plus tendance à considérer le climat comme le mal absolu alors qu’il n’est qu’un symptôme. Imaginez… Vous avez des céphalées chroniques, des diarrhées récurrentes, et des pustules qui vous poussent un peu partout sur le corps. Vous trouverez toujours ce qu’il faut pour vous soulager au quotidien, pour que vous puissiez continuer à mener votre vie comme d’hab. Il y a cependant un risque : ces maux ne sont peut-être que les manifestations d’une même merde, un cancer généralisé qui vous bouffe de l’intérieur. Dans ce cas, votre traitement des symptômes serait contreproductif. Il ne ferait que repousser le moment fatidique, permettre au mal de se propager et rendre la guérison impossible. Au contraire, détecter le mal à l’origine des symptômes qui nous pourrissent la vie nous donnerait une chance de le combattre par une thérapie de choc : la chimiothérapie, par exemple. La chimio n’a jamais été une partie de plaisir. S’y soumettre c’est accepter de souffrir, de voir son corps dépérir et son mental s’effriter, de se mettre en mode « combat de survie », accepter de réorganiser sa vie et celle de son entourage en conséquence. Pourtant, on y fait appel car, techniquement et jusqu’à nouvel ordre, elle semble la seule à pouvoir augmenter nos chances de survie.

Décarboner l’activité humaine soulagera un des symptômes mais ne réglera pas le mal. Il faut bien évidement le faire car le dérèglement climatique, à lui tout seul, pourrait nous emporter. Mais il faudrait faire beaucoup plus pour traiter la maladie qui en est à l’origine, car ce n’est pas en se bourrant d’antalgiques que le cancer disparaitra.

Le pire c’est qu’en tentant de soulager le problème climatique, en développant de nouvelles technologies visant à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous sommes en train d’aggraver plusieurs autres symptômes. Le développement des énergies renouvelables, par exemple, nécessite de plus en plus d’éoliennes, de panneaux solaires et de batteries de stockage, ce qui naturellement suppose plus de pollution des milieux naturels, une pression accentuée sur les ressources naturelles (métaux, minerais, eau), sur les écosystèmes et la biodiversité, des problèmes de santé et de société. Selon le cabinet Wood Mackenzie, la transition énergétique commence et se termine avec les métaux. Si vous voulez produire, transmettre ou stocker de l’énergie à faible teneur en carbone ou sans carbone, vous avez besoin d’aluminium, de cobalt, de cuivre, de nickel et de lithium. Plus de 1000 milliards $ devront être investis dans les principaux métaux nécessaires à la transition énergétique, au cours des 15 prochaines années.

Il faut bien évidemment tenter de soulager les symptômes mais il faudrait le faire en connaissance des interconnexions qui les relient, en faisant des arbitrages et surtout en gardant à l’esprit le mal qui en est à l’origine. La cohérence systémique doit rester le maitre-mot.
Mais l’Homme n’a jamais été un as des problèmes multi-dimensionnels, ni de l’effet vent. Et c’est ça le souci !

« Tous les gens pensent que deux et deux font quatre, mais ils oublient la vitesse du vent. » (Raymond Queneau)

L’Homme n’a jamais été un tendre avec le vivant, non plus. Il y a des exceptions, bien évidemment. Et même des exceptions fâcheuses : Certains poussent leur éco-symbiose jusqu’à baiser avec des chèvres ! Je suis tombé récemment sur un article (je pense du Figaro Déc. 22) « Seine et marne : un homme condamné pour avoir violé une chèvre ». Perso, j’aurais mis ça comme titre : « Seine et marne : L’amour est vraiment dans le pré ». D’après les éléments de l’enquête, le gars avait violé (lui, il pensait qu’elle était consentante) cette chèvre pendant 30mn. Déjà, c’est long 30 mn. Avec une femme (ou un homme, d’ailleurs) c’est déjà long, alors que tu as la possibilité de varier les positions. Avec une chèvre, et sans que je sois un expert de la chose, le nombre de positions me semble très très limité. Devant le juge, le gars se justifie en disant qu’elle était (on parle de la chèvre) plutôt consentante parce qu’elle l’aurait léché à plusieurs reprises. Je ne juge pas. La solitude, je connais. Ce qui me fascine c’est le déroulé des faits tels que rapportés dans le dossier : Le gars roule de nuit avec son pote. Ils passent devant une ferme et il voit l’enclos. Le gars aperçoit la chèvre, il freine sec et dit à son pote «Toi aussi quand tu manges du Chevrou, tu bandes ? T’as des capotes ? J’arrive… » (j’avoue que c’est un peu romancé) et il part niquer la chèvre. Vous imaginez le mec dans la bagnole qui voit son pote baiser une chèvre durant 30mn ? 30 minutes de solitude. Après 30mn, son copain revient lui proposer de se taper la chèvre et il refuse. Le gars a été condamné à 6 mois avec sursis. Interdiction à vie d’avoir des animaux ou d’exercer des métiers en lien avec les animaux. Aujourd’hui, j’ai une petite pensée tendre pour son pote pour qui le Chevrou n’a plus le même goût. (La partie romancée est fortement inspirée d’un billet d’Alexandre Kominek)

En fait, vous allez me prendre pour un spécialiste du fait divers zoophile… En 2008, en pleine crise des subprimes, un trader de la City a été chopé en flagrant délit. Il niquait une brebis. Il pensait le faire discrétos, mais des gens l’ont entraperçu en pleine action depuis un train en direction de Londres. Ils l’ont immédiatement signalé à la police. Vous imaginez l’incongruité du geste. A l’époque tout le monde crachait sur les traders et les quants qui ont favorisé l’émergence de la crise. Le monde de la finance se faisait tout p’tit, tout discret. Et paf, un connard de trader écervelé (pléonasme ?) décide de se taper une brebis dans les prés…

Comme dit Haroun, « Nous, on est l’histoire du futur ». Mais putain, se dire que dans quelques générations, on sera étudiés dans les cours et que des élèves verront notre gars niquer une chèvre durant 30mn (filmé par les caméras de surveillance) … Ben, ça me donne des palpitations d’angoisse au ventre…

La nature est perçue comme une ressource exploitable à souhait. Sans une vraie révolution des consciences, sans une révolution philosophique / anthropologique, on continuera à croire qu’on jouit d’un statut transcendant par rapport au reste du vivant.

Pire encore. Le délitement du monde réel nous indiffère, mais le concept abstrait de la croissance infinie nous tient par les couilles, nous obsède. On constate un dépassement des limites planétaires, un effondrement du vivant, une explosion des pollutions et un dérèglement climatique d’ampleur. A l’horizon se dessine déjà les problèmes qui vont suivre : raréfaction des ressources, difficulté d’accès à l’eau potable, renchérissement des matières agricoles, accueil des réfugiés climatiques. Et malgré cette merde planétaire, ce qui nous terrifie le plus est l’idée de voir nos économies se rétracter.

Il faut voir que nos économies sont des méga machines qui convertissent le monde naturel en déchets. Nous prélevons des ressources (matières premières, énergie) que nous transformons et utilisons sous forme de biens et services. En amont, on prélève beaucoup plus que ce dont on a besoin. On le fait à un rythme qui dépasse le taux de renouvellement de ces mêmes ressources. En aval, on rejette des déchets et génère davantage de pollution que ce que le système peut absorber. Au passage, on détruit l’environnement en le transformant plus vite qu’il ne peut s’adapter. Pour faire simple, nous sommes devenus une grosse machine qui dévore, qui digère et qui chie du solide, du liquide et du gazeux, excréments qui, à eux seuls, sont capables de déséquilibrer l’ensemble du système.

J’insiste, la base de tous nos maux est liée au fait que le système-terre a des limites physiques, biologiques et écologiques qui sont dépassées, ou en passe de l’être. Le problème du climat n’est qu’un des symptômes. Penser qu’on va tout régler avec des énergies vertes c’est un peu comme si on est entrainé dans un glissement de terrain et qu’on cherche la première branche pour s’y accrocher.

Poussons notre délire plus loin et examinons le cas limite où on serait capable de décarboner la totalité de l’énergie produite. Et so what ? Quel sera notre objectif en faisant ça ? On ne va pas produire de l’énergie juste pour la regarder dans les yeux, aussi beaux soient-ils. La belle énergie décarbonée sera forcément mise au service de cette machine infernale de l’extraction-production-pollution, bouffeuse de la biosphère, chieuse de déchets. Elle ne contribuera pas à nous sortir du pétrin, mais plutôt à nous y enfoncer un peu plus.

Mes amis, procédez par élimination et vous verrez que vous n’avez nullement besoin d’un Centralien pour repérer l’unique carte qui nous reste en main : S’attaquer au mal sous-jacent, organiser notre descente énergétique et matérielle, réduire la taille de nos économies, tout en investissant massivement dans la régénération des milieux naturels. Encore une fois, ceci ne sera possible qu’avec un vrai chamboulement des consciences, une révolution radicale dans notre façon de percevoir la nature et l’ensemble du vivant, une rupture dans notre façon de produire et de consommer.

J’aimerais beaucoup qu’on fasse une « révolution à l’amiable », pour reprendre les mots de Victor Hugo… Mais bon, ce n’est pas gagné !

Opérer ce tournant reviendrait à remettre en question l’ensemble de nos activités économiques, nos modèles macroéconomiques, ainsi que nos modèles socioculturels. Un chantier bordélique globalisé qu’on devra boucler dans l’urgence la plus absolue, avec des boulets accrochés aux chevilles : la peur du changement, l’addiction à la croissance matérielle, l’addiction à la consommation

C’est justement là que le bât blesse. Je n’ai vraiment pas l’impression que c’est le chemin qu’on prend. La consommation nous tient. Pire, 90% parmi nous ne sont que des consommateurs, pour ne pas dire des sur-consommateurs.

Guy Debord disait (dans Commentaires sur La société du spectacle) : « L’individu, paradoxalement, devra se renier en permanence, s’il tient à être un peu considéré dans une telle société. Cette existence postule en effet une fidélité toujours changeante, une suite d’adhésions constamment décevante à des produits fallacieux. Il s’agit de courir vite derrière l’inflation des signes dépréciés de la vie. La drogue aide à se conformer à cette organisation des choses ; la folie aide à la fuir. »

Aujourd’hui, on peut tout avoir, mais on va vouloir plus et plus rapidement. Un peu le cerveau d’un enfant de 5 ans devant une vitrine de Pokémons. A un des salons de techno à la con (Tech for Retail), a été présentée une balance de cuisine que vous connectez à votre distributeur préféré (Carrefour par exemple). Imaginez-vous en train de peser le beurre pour faire un gâteau. La balance (qui porte bien son nom) informera votre distributeur qui vous enverrai un sms vous incitant à vous connecter à l’appli pour commander du beurre (et autres trucs, tant qu’on y est) car vous êtes près de la rupture de stock. Soyons sérieux. A quoi sert une telle merde ? Seul le vibromasseur connecté (permettant à votre partenaire, mais pas que, de prendre le contrôle à des milliers de kilomètres) peut lui rafler le haut du podium. Une p’tite précision pour la route (car, je sens que je vais faire des émules) : une fonctionnalité m’a toujours intrigué : la capacité de ce vibro à vous sortir des stats d’utilisation que vous pouvez exporter en tableau Excel. Pour vos archives, j’imagine. Pour quand vous aurez 90 balais et que vous voulez épater vos petits-enfants avec votre activité sexuelle débordante d’avant la Grande Descente… C’est là qu’on voit qu’il y a des ingénieurs qui ont bien bossé !

Une autre innovation que j’adore (et qui est devenu tendance depuis 2020) : Les crèmes intelligentes… Oui oui, vous avez bien entendu. Des crèmes hydratantes qui « agissent sur les rides, la fermeté, l’éclat et les irrégularités du teint, là où la peau en a besoin, quand elle en a besoin… ». Maintenant, on met des crèmes non pas pour avoir une belle peau, mais pour se taper une discussion philosophique sur l’essence de la beauté au XXIème siècle. Eh les gars, il faut vraiment se calmer sur la coke !

Quand on a tout, on s’invente généralement de nouveaux besoins. On a une piscine olympique chauffée à la maison et un Colley. On se dit : « Ben, Lassie a droit à sa piscine aussi ! ». C’est véridique. C’est en Suisse. Dorénavant, vous penserez à ça tous les jours : Au moment où vous êtes en train de trimer comme des malades pour un salaire de merde, quelque part en Suisse, un Colley se tape des dos crowlés dans sa piscine privée. D’ailleurs, en lisant cette histoire, j’ai appris que bien que le personnage de Lassie ait été une chienne, ce sont toujours des mâles qui ont été choisi pour incarner son rôle. La raison est que les Colley mâles gardent un pelage très épais en été, ce qui passait mieux à la télévision et au cinéma. De plus le mâle étant plus grand, il peut plus facilement jouer en face d’un enfant acteur. Putain, même pour les chiens, il y a de la discrimination à l’embauche !

Et quand on n’a rien d’autre à foutre, on achète n’importe quoi à n’importe quel prix. Les sandales de Steve Jobs, par exemple. Cette paire de Birkenstock Arizona avait été mise aux enchères pour 60 000 $. L’acheteur l’a surement confondu avec le suaire de Turin. On lui a dit qu’un truc appartenant au Messie sera mis aux enchères. Quand il l’a vu sur son appli d’enchères, il s’est dit : « Waoo, ils faisaient des trucs aussi classe à l’époque ?! », il a vu les traces de sueur (sueur, suaire, même chose) des orteils du Messie et a appuyé sur tous les boutons, faisant grimper les enchères jusqu’à 218 750 $. Ceci dit, à ce prix, le Messie se révèle un p’tit joueur comparé à cette nana qui a engrangé 50 000€ en vendant ses pets en bocaux. Des NFT, mon cul !

Revenons à cette histoire de décarbonation salvatrice.

Nous avons un système qui s’est goinfré d’énergies non renouvelables, qui a vécu sur l’abondance des énergies fossiles et qui aujourd’hui atteint ses limites.

Le moteur de la civilisation industrielle ce sont les combustibles fossiles. L’idée qu’on puisse conserver une civilisation industrielle sans combustibles fossiles est une chimère. Bien sûr qu’on utilisera de plus en plus les énergies renouvelables. Par contre, qu’on aille dans un monde totalement renouvelable avec nos avions, nos usines et nos maisons chauffées, ça ce n’est pas possible !

La seule possibilité qui mettrait à mal mon raisonnement c’est que quelqu’un de super sympa (à première vue), de ce monde ou pas, nous livre le secret de la fusion nucléaire et nous dit « allez-y les gars, goinfrez-vous, lâchez-vous. Le réservoir est infini et le contenu est super propre ! ». Là, deux flux me traversent l’esprit :

  • Mon côté parano se met à l’affut : C’est trop beau ! Le gars est sympa mais peut-être un peu trop. Il y a forcément une couille dans la soupe. C’est un peu comme si quelqu’un t’arrête dans la rue et te donne un billet de Lotto gagnant. A priori il fait ça pour voir comment tu vas péter les plombs ou si tu vas survivre à la syncope qui va s’en suivre.
  • Mon côté rationnel se met à pédaler : Ben, OK. Le gars nous livre ça parce qu’il est altruiste, intelligent et intrinsèquement sympa. Mais là, ça sera la grande fuite en avant. On ouvre toutes les vannes, on remet en marche toutes les machines dévoreuses-chieuses et finit par soulager une des conditions de survie du système (le dérèglement climatique), en faisant péter les 8 autres. Et on finit dans un corner (pas beau à voir)

Dans les 2 cas, la piste du gars super sympa (et sa boule d’énergie verte et gratuite) me semble peu praticable.

La fuite en avant (conséquence logique d’une énergie disponible à gogo), vous en avez déjà l’illustration, oh combien merveilleuse, à Dubaï.

Dubaï et ses projets mégalomanes d’îles artificielles et autres inepties écologiques.
A Dubaï, pour la modique somme de 8200$ par nuit, tu pourrais t’offrir (un peu comme Khloe Kardashian) l’une des 2 suites sous-marines de l’hôtel Atlantis The Palm. « La suite de trois étages possède un salon, une salle à manger et une salle de bain avec savon cousu d’or. La suite dispose de baies vitrées offrant une vue imprenable sur l’océan et les 65 000 créatures marines qui peuplent le lagon ». Si ça fait pas envie ça ?!!! Baiser sous le regard médusé de 65 000 voyeurs. Quelle pression ! Tu bandes mou et tu te fais juger par un banc de mérous !

A Dubaï, tu fais un AVC et juste avant d’être complètement paralysé, tu appelles l’ambulance limousine.
A Dubaï, il n’y a plus de plastique qui traine. Les rues sont tellement nickel qu’on a envie de lécher le bitume. La rumeur dit que tout le plastoc a été injecté dans les influenceuses.

Influenceur à Dubaï, tu mises tout sur ton p’tit cerveau et ton p’tit cul (si t’es un mec), ou ta majestueuse croupe et tes gros boobs (si t’es une nana). Un programme intense de musculation des fessiers devrait faire l’affaire. Pour le cerveau, il n’y a rien à faire. C’est livré comme ça.

Pierre Thévenoux, un humoriste que j’adore, résume ça à sa façon : « Sur Insta, ce qui cartonne c’est une p’tite photo de ton boule avec citation philosophique bien naze juste en dessous, du type « Enjoy the present moment. Carpe diem », tu gagnes 50 000 vues et tu te fais des couilles en or. La prof de latin qui sait ce que veut dire ça, elle, elle gagne 1500/mois. C’est peut-être que c’est le signe que notre société part en couille. Pour info, « carpe diem » veut dire « Cueille le jour sans te soucier du lendemain ». C’est de Horace, poète latin…Mais l’expression est utilisée par un gars bien lourd qui dit à une nana : ken avec moi aujourd’hui, sans te soucier de ce qui se passera demain… »

Une récente étude britannique montre que les champignons communiquent entre eux avec un vocabulaire de 50 mots. C’est fou de se dire qu’un champignon a plus de vocabulaire qu’un influenceur.

Reste un point positif. Les influenceurs sont quasiment tous à Dubaï. Un bon tsunami et c’est réglé !

Le CO2 est une molécule chimiquement inerte. Il faudrait attendre environ 10 000 ans après l’arrêt de nos émissions pour que le surplus de CO2 qu’on a accumulé dans l’atmosphère s’évacue.

Si l’on tient à ce que le réchauffement ne dépasse pas le 1.5°C à l’horizon 2100, alors il faudrait limiter nos émissions sur les 80 prochaines années au tiers de ce qu’on a émis sur le dernier siècle. Sachant que la population mondiale actuelle est presque 3 fois supérieure à celle de l’époque, un bébé qui nait aujourd’hui devrait se limiter au dixième des émissions que ses grands-parents ont eues durant leur vie.

Pour ça, il y a une contrepartie qu’on a du mal à envisager, encore moins à digérer : une contraction structurelle de notre consommation matérielle. La seule façon de tenir ces objectifs serait de commencer à réduire nos émissions de carbone dès demain de quelques 7 à 10% par an. Croire que nos ingénieurs vont faire des miracles en améliorant l’efficacité carbone de nos économies au point de nous éviter un tel serrage de ceinture, c’est tout simplement croire au Père Noël.

A première vue, et connaissant notre capacité à nous bouger le cul, les 1.5C de réchauffement, on va bien finir par les prendre dans les dents (si ce n’est ailleurs) sauf catastrophe (naturelle ou pas) anéantissant, un peu plus tôt, une bonne partie de l’humanité.

Pour ne pas exploser l’objectif de 2°C à l’horizon 2100, la seule alternative serait donc de commencer dès demain à organiser une récession mondiale de 5-7% par an sur les années à venir. La population aura du mal à s’y résoudre. Les politiques encore moins. Il faudrait le faire quand même.

« Nous ne sommes jamais assez tristes pour que le monde soit meilleur », disait Elias Canetti

Vous l’avez compris : On va devoir changer de boite à outils, devoir réécrire la totalité de nos logiciels économiques, sociaux-écologiques, politiques et même amoureux. Nos sociétés vont devoir se forger de nouveaux imaginaires, de nouveaux enchantements…

Et là je pense tout naturellement à l’amour et à l’expression « Vivre d’amour et d’eau fraiche » (ce qui, dans l’état actuel des nappes, n’est même pas gagné). Pour tout vous dire, mon esprit est parti initialement sur des images de cul. Après tout qu’est l’amour sans cul ? L’amour platonique. OK, mais ça ne suffira pas à adoucir les temps rudes qui nous guettent.
D’ici, j’entends une voix, que je reconnaitrais parmi mille, murmurer « Pitié (moi, j’aurais dit putain), ta gueule ! Vraiment, que de la gueule ! »

J’ai aussi pensé à une expression évocatrice d’enchantement et de fusion avec la nature « L’amour dans le pré ». Comme par hasard, j’ai visualisé une chèvre super sexy… et j’ai stoppé net.

Le couple (qui s’élargira, peut-être très naturellement, au Trouple ou même au Quad, en fonction des contraintes logistiques, écologiques…), l’amour et le cul constitueront forcément l’un des rouages du monde enchanté de demain. Baliser les contours du triplet, en comprendre les interactions internes, nous permettra de préparer sa mutation dans le mode d’après Grande Descente. Dans ce cadre, le bouquin de Julie Neveux (Le language de l’amour) me semble tomber à pic.

Dans son dernier livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l’expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, depuis le fameux « coup de foudre » où l’on « tombe” amoureux, au redoutable « il faut qu’on parle ».

C’est marrant le couple, au début on se lèche la pomme, langue contre langue. On reste en apnée pendant 10mn. Et quelque temps plus tard, on supporte plus le bruit que fait l’autre quand il respire, encore moins quand il mache. Et si chaque histoire d’amour est unique, toutes se vivent, s’écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Nos sentiments sont semblables. Nos mots d’amour sont identiques, mais construisent néanmoins nos histoires qui, elles, sont différentes.

« Le language de l’amour » se présente en quatre grandes parties, retraçant les phases de l’amour (les descriptions sont de Dorothée Werner), de l’amour fantasme (où le nom de l’autre cristallise nos désirs), à l’amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l’intensité, je t’aime le souhait d’être lié à jamais à l’autre), l’amour possession (temps de la domestication, des p’tits surnoms voués à s’approprier l’autre devenu familier) et l’amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d’éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires s’échangeant de sempiternelles répliques). Une histoire d’amour tendre et espiègle sert de support à l’analyse de l’autrice, qui déroule tous les stades d’une belle rencontre d’aujourd’hui, depuis l’éblouissement des prémices jusqu’à la constitution du couple, mais aussi le moment où le bateau se met à tanguer, à prendre l’eau pour finir par piquer du nez. J’adore !

Du livre, j’ai retenu quelques définitions qui m’ont semblé intéressantes à partager :

JE T’AIME – « On peut identifier trois phases de «je t’aime». Les premiers fondent l’histoire d’amour et la font commencer de façon égalitaire. Avant, chacun pouvait se raconter l’histoire qu’il voulait, dans son coin. Mais le récit commun trouve sa source dans les premiers «je t’aime». Il y a ensuite des «je t’aime» d’effusion, de reconnaissance, qu’on peut préciser par des adverbes.. Enfin, il y a les «je t’aime» de tous les jours qui se chargent du sens que la vie quotidienne donne aux interactions du couple. On se retrouve à dire «je t’aime» pour dire «merci», «bon courage». «Je t’aime» n’a alors plus vraiment une valeur d’engagement, mais assure qu’on continue à vouloir premièrement le bien de l’autre. On ne retrouve jamais tels quels les premiers «je t’aime». Mais on remarque qu’il y a besoin de se déclarer à nouveau après que le couple a été fragilisé, de l’intérieur ou par des épreuves extérieures »

À QUOI TU PENSES ? – « Cette question arrive souvent dans le moment de redescente après le coït ! Elle exprime le désir de prolonger cette intimité, de rester collés jusqu’à vouloir connaître les pensées de l’autre pour que la fusion ne cesse jamais. Le paradoxe, c’est qu’à cet instant, l’autre ne pense pas. Il est dans un état de langueur, d’ouverture ou de volupté, que cette question vient interrompre. Au fond, en contraignant l’autre à élucider ses pensées, on accentue la distance. »

MON BÉBÉ – « Mon bébé, ma puce, mon loulou… : les petits noms de l’amour apparaissent quand l’amour devient possession. Ce mode d’affection linguistique permet de faire exister l’unicité d’une relation, de dire “tu es ça pour moi, et seulement pour moi”. À la fois mignon et excessif, “mon bébé” me fait rire parce que c’est le plus infantilisant ! On sent ici une pulsion d’aliénation : on dit simultanément “tu es ma petite chose, tu es vulnérable, je vais te chérir”, mais aussi “je suis là pour toi quoi qu’il arrive, tu peux me faire tout ce que tu veux”. Le risque de ces petits noms est de réduire l’identité de l’autre à la seule relation qu’il a avec soi. C’est une forme d’abêtissement joyeuse et tendre, parfois gaga, mais qui peut aplatir celui qu’on aime, au risque de l’enfermement ou de l’asphyxie. Un cocon linguistique en même temps qu’une prison ! »

FAUT QU’ON PARLE… – « Le début des ennuis… C’est une formule-traîtresse parce qu’elle semble proposer un dialogue, alors qu’elle arrive souvent trop tard et signifie “je n’en peux plus, j’ai besoin de partir”. Elle fait naître l’espoir d’une discussion, sauf qu’elle sonne le glas de leur amour. Et elle dit surtout “il faut que je te parle”, signe que la discussion a échoué auparavant. L’impératif de parler ne concerne que celui qui envisage de partir ! »

Et j’y ajouterai mon humble contribution :
CANAPE – « Si ton partenaire te balance, devant la télé : ‘Pfff il est vraiment p’tit ce canapé’, dis-toi que ce n’est pas le canapé qui pose problème, mais le connard qui est dessus »

PLUS LE MORAL : « Si ton partenaire se ramène en disant ‘Oh là là, je ne sais pas ce qui m’arrive en ce moment. Je n’ai vraiment pas le moral.’ Et si tu t‘entends dire (au fond de toi-même) ‘Putain, tu n’as pas de projets, te n’as pas de thune, t’emballes plus personne. Ca serait quand même le comble que tu ais le moral ! », c’est que tu n’as plus rien à battre de son intimité émotionnelle. Ca sent le roussi à plein nez. »

GROSSES COUILLES : « Vincent, 31, non-monogame éthique : voici le genre de profil qui monte dans les Tinder & Co. La génération de la Grande Descente semble prête à tourner la page de la monogamie séculaire. Beaucoup considère qu’elle brime la liberté humaine et qu’en plus, elle n’est pas naturelle. Si 99% des espèces vivantes (le 1% restant inclut les orques, les manchots, les pigeons, les hippocampes, les gerbilles…) ne se prennent pas la tête à être en couple monogame, c’est qu’il y a une raison. Aujourd’hui, Il y a deux types de non-monogamie : la non consensuelle (infidélité canal historique) et consensuelle ou éthique (qui repose sur le consentement de toutes les personnes impliquées dans la relation). C’est parmi les millennials (génération Y) que la non-monogamie éthique semble percer le plus.

Pourquoi « Grosses Couilles » me diriez -vous ? Contrairement aux gorilles où le mâle s’entoure d’un harem stable de trois ou quatre femelles, les chimpanzés ont opté pour une organisation familiale plus ouverte. Ils vivent en groupes de quelques 20 adultes. Et tous les mâles baisent avec toutes les femelles. C’est un peu la non-monogamie éthique. Les mâles dominants, ceux qui s’assureront la descendance la plus large, sont ceux qui ont les couilles les plus grosses : autour de 200g pour un chimpanzé en concurrence perpétuelle avec ses congénères du groupe, contre 30g pour un gorille pénard qui se laisse faire par ses femelles viennent littéralement s’empaler sur lui.

L’Homme est en plein triathlon : il a commencé gorille, devenu manchot et finira chimpanzé aux grosses couilles.

CRAVACHE – « Si un(e) ami(e) vous offre une cravache à votre anniv et que tu ne fais pas d’équitation, prends ça comme une invitation au voyage.». Il y a une trentaine d’années, on se retrouvait souvent (entre amis/collègues) dans un pub irlandais proche du boulot. Les anniversaires des uns et des autres servaient de prétexte pour doubler la dose de bière et se laisser aller à toutes les cochonneries. A l’époque, j’étais jeune, beau et intelligent (plus rien de tout ça !). Je payais ma tournée pour mon 25ème anniv. Une amie-collègues (qui me voulait surement du bien) m’a offert une cravache. Je lui ai dit que je ne faisais pas d’équitation. Elle m’a répondu ‘Je sais’ avec un clin d’œil savoureux. Putain, je n’ai rien compris à l’époque. J’ai mis quelques années pour piger !

Quel que soit le pouvoir enchanteur de l’amour-cul, il nous faudra un peu plus pour tourner la page de la prédation suicidaire (qu’on appelle, en ce moment, progrès ou croissance). Il faudrait aussi qu’on prépare un plan B au cas où on n’arriverait pas à tourner cette page avant que le tsunami ne nous submerge.

Elon Musk a un plan B : un vaisseau amiral évacuant le million de personnes qui valent la peine d’être transpostées sur la planète rouge. Arès moi le déluge !

Nos sociétés seraient-elles suffisamment résilientes face aux aléas climatiques, face aux risques de délitement du système ? Seraient-elles capables d’absorber, dans la joie et la bonne humeur, le milliard de réfugiés climatiques attendu à horizon de 30 ans ? Seraient-elles capables de s’autoorganiser en l’absence de toute intervention des autorités centrales ?

A première vue, on est loin du compte. Un libraire du 14ème arrondissement de Paris a collé cet écriteau à l’entrée : « Inutile de perdre votre temps à me demander si j’ai des livres d’Annie Ernaux. Je ne propose pas de livres de collabos antisémites, hystéro-féministes, indigénistes, racialistes et tout ce qui est en liaison avec la puanteur woke ». C’est beau !

Cette résilience ne tombera pas du ciel. Il faudrait la préparer. Il faudrait aussi que le mouvement parte du bas, par ces temps où le bas se méfie du haut. C’est fou de se dire que pour une entreprise Lambda, on exige la mise en place de tout un dispositif de gestion de crises et notamment d’un PCA (Plan de Continuité d’Activité) au cas où ça parte en sucette, alors qu’on ne fait rien pour nos sociétés face aux risques de basculements / ruptures auxquels elles feront sans doute face. En quelque sorte, c’est la croisière enchantée sans gilets de sauvetage, ni chaloupes !

Gamin, on me disait de toujours finir mes dissertations sur une note positive, sur une ouverture d’horizon…

L’avez-vous vu cette vidéo où un gars de CNews (belle référence !) s’adresse à une dame sortant du métro pour l’interviewer. La dame dit grosso modo « Oui, je ne connais rien au sujet, mais je vais quand même vous donner mon point de vue » quand soudain, elle se met à s’agiter dans tous les sens, en regardant la manche de son manteau. Là-dedans, on voit que ça bouge et un Rattus Norvegicus (pour dire rat) finit par en sortir, faire un vol plané et atterrir dans son sac de courses. Une vision d’horreur pour la nana et son interviewer ! Les rats, ce n’est pas ça qui manque à Paris (à New-York, c’est encore pire). Jusqu’ici, ils n’allaient pas au contact. Mais dorénavant, en vous baladant dans le métro Parisien, dites-vous que vous êtes possiblement en train de faire l’Uber gratis pour 1 à 3 rats. De façon générale, les rats infestent les grandes villes car ils trouvent la bouffe à gogo et que la dératisation chimique est devenue moins efficace à cause de la réglementation européenne sur l’usage des biocides. C’est peut-être l’occasion de redécouvrir un métier d’antan : couseuse de cul de rats. En Bretagne, à la fin du 18ème siècle, les conserveries de sardines étaient infestées de rats. On ne pouvait pas y mettre des chats qui se seraient enfiler toutes les sardines au lieu de faire leur taf. A l’époque, on a inventé ce métier génial de couseuse de cul de rats. Il fallait choper un rat, lui coudre le trou de balle avec un crin de cheval et le relâcher. Bien évidemment, le rat en question continuait à se goinfrer sans pouvoir chier, devenait fou et trucidait ses congénères. Ce n’est pas génial ça ? un vrai métier d’avenir…

Une spéciale dédicace à mes amis de Dijon. Il y en un qui aura du mal à me lire avec une police en dessous de 40. Mais sa chérie se chargera surement de le faire pour lui, un peu comme Juliette Binoche dans la Patient Anglais. Je les aime car je n’ai toujours pas compris pourquoi ils restent à Dijon. Vous avez déjà entendu quelqu’un dire : « je pars en vacances à Dijon » ? Jamais ! Dijon, c’est de la moutarde et des Tchétchènes…

Je pense aussi tendrement à ma tante qui disait : « Les rêves sont comme les hommes, parfois il faut savoir s’assoir dessus »

Bonne année, les amis !
Zouheir

PS : Je me rends compte que je n’ai pas parlé de mon ami de toujours : Michel Houellebecq, l’écrivain à succès qui a pris sa dernière douche en 1973. Il se lâche enfin ! Il arrête de se cacher derrière les personnages de ses romans. Il se livre dans la revue « Front populaire », dénonçant la perte de l’identité des Français, menacés par les musulmans. Il nous explique que face à une immigration incontrôlée, « des gens s’arment ». « Des actes de résistance auront lieu », des « Bataclans à l’envers » visant « des mosquées » ainsi que « des cafés fréquentés par des musulmans ». Pour le moment, les Français souhaitent seulement que les musulmans « cessent de les voler et de les agresser ». Pour lui, le sursaut national est toujours empêché par le fait que la France reste « à la remorque des Etats-Unis », se contentant d’importer les codes « woke ». Face à ce suivisme à la con, aux nombreux « collabos » qui sévissent à l’université, Michel en arrive à la conclusion que « notre seule chance de survie serait que le suprémacisme blanc devienne “trendy” aux USA ».
Putain Michel, va te rhabiller !

Malgré tout, il y a encore des gens qui se pose la question « Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ? »… Ben non ! Achèteriez-vous « Le manuel du parfait pédophile » de Michel Fourniret ? Ben, c’est kif-kif…

Vœux 2022 – En 2022, je me radine avec ma bite et mon couteau…

 » Comment espérer en l’homme ? Peut-on attendre le moindre élan de solidarité fraternelle chez ce bipède égocentrique, gorgé de vinasse, rase-bitume et pousse-à-la-fiente ?  » – Desproges

J’ai toujours aimé cette expression vulgaire, mais oh combien poétique. Ce qui m’étonne c’est qu’elle me vienne à l’esprit à cet instant précis où je commence à accoucher mes conneries. Il faut dire que, quelle que soit sa dextérité, quelle que soit la taille de l’engin, n’être pourvu que de sa bite et de son couteau limite, a priori, le champ du possible. Et c’est surement dans cet esprit de dénuement, de désinvolture (mêlée d’un sentiment d’impuissance) et de « let’s do avec les moyens du bord » que j’aborde cette nouvelle année.

Tingitingi - eCard 2022

Le temps est traitre. Un collabo en puissance. Avec ce foutu temps, nos rêves perdent de l’envergure.
Longtemps, je me suis imposé des règles avec lesquelles il m’était impossible de transiger. Longtemps, j’ai été impatient, tranchant, insatiable.
Avec le temps, j’ai dû dompter ma radicalité envers et contre tout. J’ai dû apprivoiser la nuance et apprendre à composer avec la connerie humaine (y compris la mienne). Et « apprivoiser la nuance m’a permis d’adoucir ma colère et d’atténuer mon impatience » (Oxmo Pussino – Les réveilleurs de soleil)
D’ici, je vous entends marmonner : « Eh ben, tout va bien pour lui, le bougre ! Il s’est même assagit, ce p’tit con ! »
En fait, ce n’est pas si simple…

La vie est comme l’amour. Elle démarre sur les chapeaux de roue, une pure jouissance, aérienne, fugace, inconsciente, irrationnelle souvent. Et elle finit sur les rotules, exténuée, prévisible, pleine de de sagesse, frisant parfois la nonchalance. Il n’est pas facile d’entretenir la fascination d’un amour tout neuf. Entretenir la flamme de la vie l’est encore moins. Mais ce n’est guère grave car, dans la marmite de l’âge, tout se bonifie, même (et surtout) la connerie.

Avez-vous déjà regardé Trainspotting (de Danny Boyle) ? J’ai réussi à en retrouver quelques extraits (que je traduis comme je peux) qui me sont passés complètement au-dessus de la tête, à l’époque. Vingt-cinq ans plus tard, je les savoure avec délectation :

« Choisir une vie. Choisir un boulot. Choisir une carrière. Choisir une famille. Choisir une putain de télé à la con. Choisir des machines à laver, des bagnoles, des platines laser, des ouvre-boites électriques.
Choisir la santé, un faible taux de cholestérol et une bonne mutuelle. Choisir les prêts à taux fixes. Choisir son petit pavillon. Choisir ses amis.
Choisir son survet’ et le sac qui va avec. Choisir son canapé, aux motifs à chier, et l’acheter à crédit. Choisir de bricoler le dimanche matin en s’interrogeant sur le sens de sa vie. Choisir de s’affaler sur ce putain de canapé et de se lobotomiser devant des jeux télévisés abrutissants, le tout en se bourrant la gueule de merde.
Choisir de pourrir à l’hospice et de finir en se pissant dessus dans la misère, en réalisant qu’on fait honte aux gosses, égoïstes et givrés, qu’on a pondu pour qu’ils prennent le relais.
Choisir son avenir, choisir la vie. Mais pourquoi voudrais-je faire une chose pareille ?
J’ai choisi de ne pas choisir la vie. J’ai choisi autre chose. Et les raisons ? Il n’y a pas de raisons. Pas besoin de raisons quand on a de l’héroïne ! »
« La vie est rasoir et inutile. Au départ, on est plein de rêves extraordinaires et puis on se retrouve assis dessus. On se rend compte qu’on va tous y passer sans avoir vraiment trouvé les bonnes réponses. On prend au sérieux toutes les théories qu’ils nous servent. Et, en fait, ce sont nos propres vies qu’ils nous servent sous formes déguisées, sans vraiment nous permettre d’étoffer nos connaissances sur les grandes choses, les vraies choses. En deux mots, on vit une vie courte et décevante, et puis on clamse. On remplit nos vies de merde, de choses comme la carrière et les relations pour nous faire croire que tout n’est pas totalement inutile.
L’héro est une drogue honnête parce qu’elle te dépouille de toutes ces illusions. Avec l’héro, quand tu te sens bien, tu te sens immortel. Quand tu te sens mal, elle fait poquer dix fois plus la merde ambiante. C’est la seule drogue qui soit honnête. Elle n’altère pas ta conscience. Elle te file juste un bon coup et une sensation de bien-être. Après, tu vois la misère du monde comme elle est et tu ne peux pas t’anesthésier contre… »

Ceci dit, tout le monde n’a pas besoin de se shooter pour voir la misère du monde dans toute sa splendeur. Savoir qu’elle est là et vivre avec, c’est tout un autre délire. Mais ça se travaille… J’ai même failli virer Bouddhiste pour en finir avec la souffrance. En fait, j’ai toujours envié les moines Bouddhistes dans leur détachement des choses de la vie. Ils ont tout compris. La souffrance naît du désir et de l’envie. Les grandes déceptions, aussi. C’est en s’en libérant qu’on atteigne la nirvāṇa. « Que personne n’aime rien. La mort du bien-aimé est insupportable. Ceux qui n’aiment rien et qui ne haïssent rien ne sont pas enchaînés. Du bien-aimé naît la souffrance […] De la soif (le désir ou la convoitise) naît la souffrance. De la soif naît la peur. Pour celui qui se libère de la soif n’a pas de souffrance. D’où viendrait la peur ? » (Dhammapada).

Mais heureusement que Mark Zuckerberg est là, avec son métavers salvateur : un genre d’Internet incarné où, au lieu de visionner du contenu, vous y êtes. Un immense univers virtuel, réaliste et où tout devient possible. Un pas supplémentaire dans l’irréel.
Desproges disait : « Si vous avez les seins qui tombent, faites-vous refaire le nez, ça détourne l’attention. »

Vous mettez des lunettes, des gants, éventuellement un casque à électrodes, des ventouses sur vos couilles / clito et, selon les jours, une sonde dans le cul, et vous voilà fin prêts à sauter dans le monde merveilleux du métavers, où tout le monde est super cool avec de la merde plein les neurones. Dans le métavers, vous pouvez visiter le Taj Mahal, rouler une pelle à une pieuvre, aller à un concert, copuler à longueur de journée, le tout sans quitter le confort de son canapé (acheté à crédit). Une télé-réalité puissance 10.
Mark Zuckerberg, le mec qui semble le plus insociable au monde et qui a déjà pris les rênes de la vie sociale de milliards d’individus, est en train de phagocyter ce qu’il en reste de réel. Il se projette déjà en Roi de l’Univers.
« Remarquons au passage que si l’on dit ‘les animaux’ au pluriel, on dit ‘l’homme’ au singulier. Parce que l’homme est unique. De même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l’homme sème la merde ». Desproges parlait-il déjà de Zuckerberg ?

Bill Maher (humoriste et journaliste politique américain) résume à merveille le pétrin dans lequel on patauge : « Vous devez vous demander pourquoi Mark Zuckerberg pense que vivre dans un métavers serait tellement mieux ? (C’est) parce que regardez-le – les yeux morts, l’absence de traits humains reconnaissables, les cheveux peints – c’est déjà un avatar Je suis presque sûr que la personne que nous pensons être Zuckerberg est un SIM, tandis que le vrai vit sur un yacht composé d’une centaine de belles femmes où il joue à Pokémon GO toute la journée. C’est le pire genre de personne pour faire le suzerain d’un nouvel univers. »
« […] Ce n’est pas anodin. Ce n’est jamais le cas lorsqu’une société, pour quelque raison que ce soit, crée des hommes coupés des femmes, et ça ne va pas bien ici avec les Incels (célibataires involontaires). C’est devenu une sous-culture toxique d’eunuques numériques en colère, misogynes, et le métavers ne fera qu’empirer les choses, car c’est un cercle vicieux. Plus vous passez de temps dans le monde numérique, plus vous avez du mal à vous engager dans le monde réel, donc plus vous vous repliez sur le virtuel, ce qui atrophie davantage vos véritables compétences sociales, y compris vos rapports sexuels et amoureux ».
Dit autrement, les métavers seront nos fabriques à hikikomori !

En fait, ce qui me fout les boules c’est de voir que cette fuite en avant technologique (et « inculturelle ») va de pair avec une cupidité grandissante et généralisée, les 2 phénomènes s’alimentant mutuellement. Tout semble prêt à l’avènement d’un nouvel ordre socio-culturel où le faux prend le pas sur le vrai, où la « vérité » et le « réel » ne sont plus que des palimpsestes, où le fric dingue qu’on brasse ne se déverse plus que dans des conneries, où les NFT (Non-Fungible Tokens) s’emparent des esprits pour n’en faire qu’une bouchée.
Il fut une époque (pas si lointaine que ça) où on fustigeait l’hyper-financiarisation de l’économie. Là, c’est de la financiarisation des âmes qu’il s’agit. Et ça passe comme une lettre à la poste !
Dans ces métavers de merde, vous entendrez bientôt parler d’histoires scabreuses, de transactions hallucinantes, de tragédies, de délires, de cul et de fric (beaucoup de fric). Vous verrez des gens vendre leurs appartements (bien réels) et balancer leurs organes sur le dark web, pour acquérir des biens numériques qui ne servent à rien, à part à aiguiser la convoitise et la cupidité. Des influenceurs et d’autres branleurs de mammouth (les marchands du temple, en quelque sorte) rivaliseront de créativité pour monétiser les merdes (numériques) les plus immondes.
Youpi ! Un jeu vidéo à l’échelle mondiale.

Perso, dans ce métavers, je me vois très bien tenancier d’une chaine de maisons closes éco-responsables (où tout le matos – menottes, dildos, capotes… – sera à base de papier de riz mâché).
Dites-vous d’ailleurs qu’on a déjà fait quelques pas prometteurs dans cette métamerde :

  • En novembre, un yacht virtuel a été vendu pour la modique somme de 650 000$. L’actif numérique a été publié par Republic Realm, un développeur de métavers, pour la ligne de NFT de luxe « The Fantasy Collection » conçue pour « The Sandbox ». The Sandbox est un monde virtuel où les joueurs peuvent construire, posséder et monétiser leurs expériences de jeu.
  • Le même mois, une parcelle de terrain numérique dans Decentraland (monde virtuel), a été vendue 2,43 millions de dollars. Le lendemain, une autre parcelle de terrain numérique s’est vendue 2,3 millions de dollars dans Axie Infinity (un autre monde virtuel).
  • En mai, Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, a vendu son premier tweet (comme un NFT) à presque 3 millions de dollars.

Tout un tas de transactions similaires ont vu le jour récemment, les unes plus ubuesques que les autres…. Mais je préfère abréger mes souffrances. Ces ventes mettent en exergue le montant hallucinant que les « investisseurs » sont prêts à payer pour s’assurer une place dans les métavers naissants. L’idée est d’être, coûte que coûte, parmi les premiers entrants, comme dans un système de Ponzi géant. Qui parle de cupidité ?

A ce rythme, les activités productives (et réelles) seront délaissées au profit d’autres virtuelles, réputées plus nobles et bien plus lucratives. Les tâches basiques nécessaires à l’alimentation de la machine humaine (qui n’arrêtera jamais de bouffer et chier) et à son entretien (éducation, santé) seront reléguées à une caste d’intouchables d’un nouveau genre (agriculteurs, infirmiers, instituteurs, dompteurs de robots…). Le Darwinisme social est en marche !

Avec cette virtualisation à outrance, nous nous trouvons aux prémices d’une nouvelle vague de barbarie qui, elle, sera bien réelle. C’est ce que Ahmed Khiat (écrivain algérien) résume très bien, je trouve : « Quand cupidité et inculture s’emparent d’un peuple, adieu la valise ! »

Pour résumer : Nous vivons une époque déconcertante, naviguant entre 2 eaux, entre un monde de plus en plus virtualisé (vécu par écrans interposés, sans se toucher, sans s’embrasser… dans lequel on pourrait rester à poil du moment on n’oublie pas d’éteindre la webcam) et des contraintes d’une autre époque (se faire à manger, se faire bronzer le trou du cul, se torcher le cul avant la bronzette, s’épiler en « maillot brésilien » ou en « ticket de métro », éteindre la lumière en quittant la pièce, se rendre présentable selon les canons du moment, se raser les coucougnettes…). C’est à devenir schizo !

Un moment propice à toutes les révoltes. Le mouvement « no bra » (sans soutif) en est l’exemple le plus excitant (ouioui, j’entends ceux/celles qui crient aux propos sexistes). Regardez le compte Insta @sorcieretamere (près de 80 000 abonnés, quand même. Et j’en fais partie) et vous verrez que cette idée fait son petit bonhomme de chemin auprès des femmes, par quête de confort et/ou revendications féministes. La créatrice du compte (c’est peut-être un homme, un reptilien, une pieuvre ou un autre truc…Mais on ne le saura jamais) balance : « Il faudrait rentrer dans une case, avoir des seins parfaits, uniformes, ronds, bien remontés, ni trop gros ni trop petits… Le soutien-gorge les rend socialement acceptables, gomme les tétons et les imperfections : le retirer permet de sortir de toutes ces injonctions. ». Retirons-le, bordel de merde ! Femmes, je suis avec vous !
Un tel vent libérateur ne peut se refuser. Je dirais même qu’il faudrait pousser la lutte plus loin, pour tomber la culotte. Moi, j’y suis déjà avec mes caleçons (de 1999) qui ne retiennent plus rien.

Tomber le soutif est peut-être notre dernière chance de remonter le niveau du débat. Ca fait des années qu’on se gargarise d’une pensée low-cost, ethnocentrique, simpliste mais pleine de certitudes, véhiculée par des wagons de chroniqueurs-polémistes à la noix. Sur les plateaux-télé se succèdent des hommes et des femmes capables de disserter, avec le même aplomb, sur le niveau de la dette publique, le voile islamique et l’avenir de la planète. Des surhommes (et surfemmes, si vous y tenez) qui cumulent tous les trucs en « logues » (épidémiologues, climatologues, islamologues, sexologues).
Des toutologues casse-couilles, et un espace audio-visuel saturé par les polémiques autour de la laïcité, et de la place de la religion (en fait d’une religion, en particulier. Je ne vais pas vous faire un dessin) dans l’espace public. La loi de 1905 est triturée dans tous les sens. On lui fait dire ce qu’on veut, après avoir « exécuté » les tenants d’une lecture libérale (celle de Briand et Jaurès, et plus récemment l’Observatoire de laïcité qu’on vient de faire disparaitre). Jupiter a passé la main au Printemps républicain, donnant ainsi l’avantage à une vision « à la Zemmour » ou « à la Finkielkraut » qui prône l’effacement de toute singularité culturelle apparente. Les récalcitrants sont traités d’islamo-gauchistes comme Briand et Jaurès furent traités de « socialo-papalins ».
« Vous savez pourquoi les catholiques sont devenus républicains ? C’est parce qu’on leur a tapé dessus pendant 130 ans. On n’en est qu’au début pour les musulmans. » – Gilles Clavreul (co-fondateur du Printemps républicain). Mon cher Gilles, ce n’est pas pour te contredire mais tu peux toujours te toucher ! Passe me voir et je t’expliquerai que tu n’as rien pigé à l’art de dressage de l’Islamo-bougnoul.
Les murs de la normativité nous enferment et nous séparent. Et ce n’est clairement pas demain qu’ils chuteront.

Contrairement aux analyses mainstream (ouioui, c’est comme ça qu’on parle, de nos jours), l’année 2021 fut plutôt sympa, porteuse d’espoir et de modération, comme toutes les années précédentes :

  • En 2021, on a commémoré les 20 ans des attentats du 11 septembre. Des heures durant, on a cité les noms des (quelques 3000) victimes une à une, entrecoupés par un coup de cloche, à chaque fois. On devrait s’imposer ça pour toutes le guerres… Et vous verrez qu’on arrêtera de faire la guerre, juste par flemmardise et/ou par peur de l’ennui.
  • 27 migrants sont morts récemment en tentant de traverser la Manche. Avant que leur bateau ne chavire, ils appellent la Police Française qui leur suggère d’entrer en relation avec la Police Anglaise, qui leur demande, à son tour, de se démerder avec la Police Française. Et du coup, ils sont morts. Quelle idée de se noyer après 17h30 !?
  • L’industrie du luxe ne s’est jamais aussi bien portée que pendant la crise sanitaire. Ca se comprend : Le luxe est une transgression qui procure un plaisir immense, qui offre cette « utilité de l’inutile nécessaire aux équilibres personnel et sociétal » – Gilles Lipovetsky – Philosophe, auteur de « Le Luxe éternel ». Avec ses nouveaux vecteurs de com, le secteur hypnotise une part croissante d’une population obsédée par l’accès au niveau supérieur. Une espèce d’ivresse des sommets (ou des profondeurs, à vous de voir) qui ne s’arrangera pas avec les métavers.
  • Israël vient d’assouplir les règles de tir de ses soldats contre les civils palestiniens. Ouf, il était temps qu’ils débrident leurs soldats. Je commençais vraiment à avoir peur pour eux. Les nouvelles règles autorisent désormais les soldats à tirer à balles réelles sur « des lanceurs de pierres et de cocktails Molotov, même après les faits ». L’équilibre des forces est enfin rétabli!
  • Sorti le 25 novembre, « Trois jours et trois nuits – Le grand voyage des écrivains à l’abbaye de Lagrasse » (Fayard-Julliard) est un recueil de textes de 14 auteurs (Beigbeder, Bruckner, Tesson, Giesbert, Enthoven…), qui se sont rendus dans une abbaye des Corbières pour une courte retraite auprès des chanoines traditionalistes de l’abbaye de Lagrasse. Chacun a écrit un texte à sa sauce, inspiré par ce séjour monastique. Du contenu, je n’ai lu que quelques extraits. Certains m’ont paru plutôt réactionnaires, avec des relents identitaires bien marqués. Thibault de Montaigu écrit : « Ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d’une civilisation mourante, empoisonnée par l’ego et l’hédonisme marchand ». La Reconquista catholique est, en quelque sorte, le dernier espoir d’un Occident en pleine déconfiture. Boualem Sansal semble opposé au dernier tournant modernisateur de l’église : « Vatican II a répandu le wokisme et la cancel culture dans le monde occidental ». Heureusement qu’il y a d’autres textes plus Olé-Olé. Beigbeder, le fêtard Parisien, commence par « Pas de vodka ni de kétamine. Pas une seule nana. L’enfer ! » et finit par chercher le signe divin : « Une tache sur la pierre serait comme un SMS de Dieu. Pourquoi ne me guides-Tu point, Seigneur ? Sans Toi je me sens comme un canard décapité dans la basse-cour de la life. J’aurais peut-être dû couper cette phrase, mais elle m’amuse beaucoup. ». Basse-cour de la life… Il ne fallait surtout pas couper une telle merveille !
  • Si vous voulez absolument voyager, je vous invite à visionner “Nabilla : sans filtre” sur Amazon Prime : quatre heures d’ego-trip bling-bling dans l’intimité de l’un des couples d’influenceurs les plus bankables de la galaxie télé-réalité. Un métavers avant l’heure. Un p’tit rappel pour les néophytes : Nabilla est celle qui a dit « Quand on est belle, on reste trop concentrée sur ses produits, ses extensions, ses ongles pour avoir le temps de penser à autre chose. C’est le privilège des moches, elles n’ont que ça à faire » (Le Journal du Dimanche, 15 juin 2014) et « À l’école, Charlemagne, Charles de Gaulle, tous les Charles… ça ne m’intéressait pas.» (Le Parisien, 14 avril 2013). Un dernier scoop pour la route : Nabilla a, semble-t-il, couché avec Booba ! J’espère juste qu’ils n’ont pas fait de bébés.

Vous remarquerez que je n’ai parlé ni d’écologie, ni de décroissance / frugalité, ni d’hyperconsommation, ni d’inégalités, ni de révolution, ni de misère dans le monde, ni de dissonance cognitive, ni de xénophobie décomplexée, ni du glacier de l’apocalypse qui menace de se détacher d’ici peu. Il faut dire que les dés sont jetés. Le gouffre entre problèmes écologiques et promesses technologiques (plutôt énergivores, par construction) ne fait que s’élargir. La conséquence logique : On va droit dans le mur. Il faut juste garder son sourire pour que notre empreinte sur le mur soit agréable aux paléontologues du futur.

Vous remarquerez aussi que j’ai à peine parlé cul. C’est normal : l’andropause te calme un étalon ! Après, il y a aussi la peur… Je fais super gaffe maintenant à toutes les débilités que je débite, de peur qu’on ne me taxe de misogynie (ou qu’on me colle un procès en harcèlement), bien qu’«il y a une chose dont je suis certain c’est qu’il y a autant de misogynes femmes qu’hommes. Les femmes qui servent debout la soupe aux mecs assis ça existe encore et c’est souvent la volonté des femmes… Ce n’est pas un truc de mec la misogynie. » (Desproges)

Un mode de terreur. La moindre connerie, le moindre mot déplacé et paf le chien ! T’es mort sur la scène internationale. D’ailleurs, par prévention, j’ai banni de mon vocabulaire tous les mots qui finissent en « asse » (Conasse, pétasse, grognasse, chaudasse, feignasse…). Que des mots au féminin (comme les noms de cyclones) sans équivalent masculin… En fait, avant de prendre cette décision radicale, j’ai dû essayer de trouver des équivalents masculins. Et après une longue analyse étymologique, j’ai trouvé que les adjectifs péjoratifs masculins sont plutôt en « ard » (conard / connard, salopard, queutard, grognard, gros lard…), et accessoirement en « u » (Glandu, couillu…). L’équilibre homme-femme est plutôt sauf. Je maintiens, cependant, mon bannissement des mots en « asse ». Mesdames, merci de faire pareil pour les mots en « ard » !

Sur ce, je vous souhaite une année pleine de sérénité et une vie saupoudrée de nuance.
Quant à vous claquer la bise, la tentation est bien là… Mais bon…

Comme Desproges, je dirais juste : « Pourquoi ? Pourquoi cette fausseté dans les rapports humains ? Pourquoi le mépris ? Pourquoi le dédain ? Où est Dieu ? Que fait la police ? Quand est-ce qu’on mange ? »

Perso, la dernière question est la plus importante !

Zouheir

Vœux 2021 – Vœux en temps de confinement

« N’ayez pas peur madame, on n’est pas de la police ! » – Coluche

Il n’y a pas si longtemps que ça, j’étais persuadé que la connerie absolue ne pouvait exister. Ma référence en la matière a toujours été Yvan Audouard qui disait : « La connerie absolue n’existe pas car, à partir d’un certain degré, le con cesse d’être rentable. » (La connerie n’est plus ce qu’elle était – 1993).
C’était sans compter avec le changement de business model des producteurs de conneries. Avec des cons qui bosseraient pour la gloire 24h/24 7j/7, tellement ils se sont faits des couilles en or sur YouTube & Co (ou les deniers publics), la connerie absolue est peut-être à portée de main.

Tingitingi - eCard 2021

Nous voilà à la fin d’une année mémorable, monomaniaque, où tout a tourné autour d’un seul sujet ou presque : Le coronavirus. On en a bouffé tous les jours, et à toutes les sauces. Une vie suspendue à l’évolution d’un virus, où Jérôme Salomon est devenu un membre à part entière de nos familles, malgré le décompte macabre qu’il nous assénait tous les soirs.

Avec ce virus, on a découvert des hordes de complotistes, de négationnistes du Covid, de zélateurs de la chloroquine. On a tout entendu : que l’épidémie c’est de la pure intox, le fruit d’une conspiration pour asservir nos libertés, que la classe dirigeante nous empêche d’accéder aux traitements efficaces pour garder la main sur nous, nous confiner à volonté jusqu’à ce qu’un vaccin soit produit par l’oligarchie pharmaceutique pour qu’elle se fasse des couilles en or.

Au risque de passer pour le tordu de service, j’adore cette période trouble où tout le monde se lâche. Entre ce président (à la tignasse orange) qui suggère l’ingestion de détergent comme remède miracle à la COVID 19, et la pédiatre (et pasteure à ses temps perdus) qui explique que les problèmes de santé publique des Etats-Unis sont liés à l’utilisation d’ADN alien dans les médicaments (voire à l’infestation par le sperme démoniaque pendant les rêves érotiques nocturnes), mon cœur balance.

L’année 2020 restera dans notre mémoire collective comme étant celle où tout a foutu le camp… Après le mouvement #MeToo où on a appris qu’on ne pouvait plus trousser les filles tranquilou (ni faire pouêt-pouêt avec leurs gros nénés), nous voilà avec #BlackLivesMatter qui nous enlève, une fois pour toutes, toute envie (même passagère) de poser son genou, durant huit minutes, sur le cou d’un noir, plaqué au sol. Pire encore… on a maintenant droit au « #MeToo des keufs ». La parole contre les violences policières se libère, nous ôtant le plaisir de casser du basané et du noir en toute impunité. C’est bien ce que je dis… Tout fout le camp, bordel de merde !

Attendez, pouce ! Je corrige ce que je viens de dire…
Il n’y a pas de violences policières, mais juste des violences de policiers. Des policiers qui, à la base, sont super gentils mais qui deviennent violents face aux comportements inadmissibles de quelques ensauvagés. On devrait d’ailleurs parler d’excès de zèle, d’excès abusifs (ce qui sous-entend que certains excès ne le seraient pas… ou que certains abus ne seraient pas des excès) qui relèvent, en quelques sortes, des dommages collatéraux des opérations de maintien de l’ordre.

Ces excès restent le faits d’éléments minoritaires (c’est invérifiable, mais vous pouvez me croire sur parole :), même si on commence à y voir, en toile de fond, quelques tendances idéologiques puissantes. Les mauvaises langues parleraient même de tendances structurelles qui rendent représentatifs des discours et des comportements portés par une minorité. Cette minorité visible, qui se déchaine de temps en temps, dirait haut et fort (et agirait en conséquence) ce qu’une majorité tairait mais n’en penserait pas moins. Une minorité qui se chargerait, en quelques sortes des basses besognes pour le compte d’une majorité qui laisserait faire tout en se préservant des éclaboussures éventuelles.

Bon… tout ça c’est de la pure spéculation, bien évidemment… Quoi que…

Avec le passage à tabac de Michel Zecler (et ce qui va avec : une bonne dose de « faux en écriture publique » et un soupçon de racisme), la France fait semblant de découvrir son côté sombre de la force ! Pourtant Dark Vador n’a pas arrêté de frapper : Théo avec sa plaie de 10 cm dans le canal anal et son muscle sphinctérien sectionné par l’insertion d’un bâton télescopique (depuis, je serre les fesses dès que je vois un torchon bleu), Cédric qui, suite à un contrôle policier et le placage au sol qui va avec, meurt des suites d’une fracture du larynx et d’un arrêt cardiaque, Zineb touchée au visage par un tir de lacrymo alors qu’elle ferme la fenêtre de son appartement situé au 4e étage et qui en meurt, Leila qui, après avoir appelé la police en tant que témoin d’une agression dans la rue, se trouve physiquement malmenée par la BAC, mise en garde à vue et renvoyée devant le tribunal correctionnel sur la base de seulement 20 secondes d’une vidéo réquisitionnée de 30 minutes (le reste de la vidéo n’arrangeant pas la version de la BAC)…

Il faut dire que Zecler rendait bien, avec sa silhouette enrobée, son air à la Whitaker et son visage boursoufflé dégoulinant de sang, après une vingtaine de minutes de tabassage en règle. Mieux… C’est un noir qui sait parler. Une belle vidéo à offrir pour Noël… D’ailleurs je m’étonne que personne n’a eu l’idée de lancer le Coffret DVD / Blu-ray « Violences Policières & Autres Bavures ».

Quel bordel ! Surtout que ce n’est que la partie immergée de l’iceberg… Car, on ne va pas tourner autour du pot. La brutalité et le racisme font partie intrinsèque de l’institution. Et ce n’est pas pire aujourd’hui qu’il y a dix ans. La seule différence c’est que les abus sont maintenant, de temps en temps, filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. C’est grâce à tous ceux qui ont un smartphone collé à la tête, qu’on peut se régaler de ces échanges savoureux entre policiers « Un bicot comme ça, ça nage pas ! […] Ha ! ha ! ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied. » (parlant d’un arabe, un voleur surement, qu’ils viennent de courser jusqu’à ce qu’il se jette dans la Seine).

Desproges disait « La hiérarchie des valeurs impose aux subordonnés une certaine déférence envers leurs supérieurs. Ainsi les flics se doivent-ils de se montrer humbles devant leur bâton. »

Il faut dire que leur Dark Vador en chef (Moussa, de son vrai nom… Si si, il s’appelle comme ça) ne fait pas dans la dentelle. Sous ses airs de premier de la classe, se cache une personnalité chaude comme la braise, des plans cul à gogo, un maestro du troc (suivez mon regard), mais aussi un gars simplet à la subtilité limitée… Car il ne faut pas être d’une grande subtilité pour dire : « Ça m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il y a un rayon de telle cuisine communautaire, c’est comme ça que ça commence le communautarisme ». Je n’ai pas vraiment cerné le rayon qu’il pointe du doigt : le coin asiatique, le rayon vegan, le rayon bio (qui est, de notoriété publique, lié à la communauté Amish) ou c’est peut-être celui de la charcuterie Alsacienne…Bon, Moussa est peu subtil mais très réservé. J’ai l’impression qu’il a de mal à dire que c’est le rayon Hallal qui le fait chier. Je le comprends, après tout. C’est bien connu que le terreau de l’extrémisme religieux réside dans… le ravioli hallal de chez Carrefour.

Moussa est timide, mais horriblement efficace. On vient enfin d’identifier le gars qui planquait des saucissons dans le rayon hallal du Carrefour de Tourcoing (entre deux parties de jambes en l’air).

A ce rythme, le couscous (en tant que signe de communautarisme aggravé) sera bientôt un produit de contrebande ! Suivront ensuite les œufs de Pâques et le calendrier de l’avent !

Bon Moussa, tu te tais maintenant !
Ecoute plutôt Suprême NTM (C’est arrivé près de chez toi), ça t’ouvrira peut-être les yeux (pour l’esprit, on attendra 2100)

« Les bavures sont au menu, j’te souhaite la bienvenue
Dans la France de ceux qui pensent qu’en banlieue
On ne peut pas penser puisqu’on pense qu’à danser, rapper sur des beats cadencés
Remarque ils pensent aussi qu’les 3 millions de chômeurs c’est
3 millions d’immigrés, donc, c’est clair que c’est
Pas gagné, qu’avec leur vision bornée
J’me dis même, que le mec qui r’dressera le pays, il est pas encore né
Ouais, c’est ici qu’on vit et c’est ici aussi qu’officie
La plus grande bande de fachos qui fit si
Peur en son temps fils ! Si on laisse couler, on est morts
Coupons les couilles du porc ! Ouah, ça c’est fort !
[…]
C’est arrivé près de chez toi, ouais, presque sous ton nez
Cesse de prendre cet air étonné, pas le moment d’abandonner
Faut tout donner afin de changer les données
It’s underground o’clock, le Glock va détonner »

Cette histoire de confinement nous a mis dedans… Le monde était déjà bizarre avant. Et quand vous prenez des gens bizarres et vous les confinez… a priori, ça n’arrange rien du tout. Bien au contraire…

Depuis le second confinement, et selon un sondage IFOP (décembre 2020), 40% des moins de 30 ans, ainsi que 29% des dirigeants d’entreprises, se sont masturbés pendant leur temps de travail. Une façon comme une autre d’égayer sa journée. Mais comme pour les keufs, certains se sont fait choppés la main dans le sac. En octobre, un des collaborateurs du New Yorker a été remercié pour avoir oublié de couper sa caméra alors qu’il s’astiquait la zigounette pendant une téléconférence… Putain, la descente !

J’en connais d’autres qui branlent le mammouth à longueur de journée, mais qu’on n’a toujours pas virés : nos gouvernants. Ils ont toujours avancé masqués, mais là, ils le sont vraiment. Ils nous bassinent avec de grandes idées et de grands principes (de lumières, de vivre-ensemble…) qu’ils torpillent dans la foulée avec leurs amalgames et raccourcis.

Quand j’entends les propos du ministre de l’éducation nationale sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, ça me laisse sur le cul ! En 1905, Briand et Jaurès se faisaient traiter de « socialo-papalins ». Et quelques dizaines d’années plus tôt, on a commencé à évoquer le « péril judéo-maçonnique »… C’est le type d’essentialisation (et d’oxymore, par la même occasion) qui fait froid dans le dos !

Je ne suis guère rassuré quand je vois une ministre (de la citoyenneté ? appelons-la « La Morano de Macron ») participer activement à l’offensive lancée contre l’Observatoire de la laïcité par la sphère des « islamo-stressés » (pour reprendre une expression du journaliste Nabil Wakim, auteur de L’Arabe pour tous), au prétexte qu’il représente une tendance trop libérale de la laïcité. Notre nouvelle Morano a récemment annoncé qu’il s’agissait de faire « évoluer » l’institution vers « une structure qui porterait la parole de l’État » (comprenez une néo-laïcité agressive, débordant du cadre de la loi de 1905 et façonnée par ceux-là mêmes que Jupiter appelait « Laïcistes », en 2016). Putain, on n’est pas rendu !

Parlons justement de Jupiter (notre Gourou en Chef) qui commence à me les briser menu avec son « esprit des lumières ». Lumières par ci, lumières par là… On se croirait dans une boite de nuit. Des mots dont il se gargarise à longueur de discours, mais qu’il planque bien profond dans le cul dès qu’il s’agit de faire du business avec un despote ami. Jupiter a même poussé le vice jusqu’à remettre (en catimini, certes) la grand-croix de la Légion d’honneur au dictateur Egyptien Al-Sissi, Général putschiste responsable, entre autres, du massacre de la place Rabia-El-Adaouïa (août 2013) et ses quelques 2000 morts. En Macronie, la lumière est aussi à géométrie variable ! Elle l’a toujours été, d’ailleurs. Il suffit d’enlever sa capote manichéenne et d’arrêter de se prendre pour la vérité absolue, pour voir que même les figures historiques des Lumières n’ont pas été des références en la matière.

N’est-ce pas Voltaire qui écrivait : « Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit ; il n’est pas digne de l’être » ?

N’est-ce pas Rousseau qui affirmait dans « La Nouvelle Héloïse » qu’il n’est pas opportun d’instruire « l’enfant des villageois, car il ne lui convient pas d’être instruit » ?

N’est-ce pas toujours Voltaire qui, en 1741, publiait « Le Fanatisme ou Mahomet le prophète ». Son but était de condamner les religions monothéistes, et d’attaque en premier lieu le christianisme, comme il le reconnaîtra une année plus tard. Mais pour éviter les ennuis, prévenir la critique, il choisit de charger l’islam. Et il pousse la malice jusqu’à dédier son œuvre au pape Benoît XIV. Vous voyez qu’on n’a rien inventé de nouveau ! On encule l’Islam (mais pas les musulmans, hahaha) et on lèche le trou de balle de Sa Sainteté.

Il parait que la connerie, ça se cultive. Il semblerait même qu’on soit gouverné par un collectif de jardiniers en herbe… Mais putain les gars, quand est-ce que vous allez arrêter votre jardinage à la con ? Quand pensez-vous arrêter de légiférer sur tout ce qui bouge, pour enfin vous consacrer à ce qui touche vraiment au fondement de l’état de droit ? Quand pensez-vous arrêter d’attiser les haines et d’exploiter les ignorances pour favoriser plutôt des relations sociales apaisées ?

Ça fait 20 ans que vous planquez la merde sous le tapis du populisme.
Ça fait 20 ans que vous cultivez une pensée manichéenne, réductrice et fanatique
Ça fait 20 ans que je ne vous ai pas vus mener l’ombre d’une réflexion rationnelle sur nos maux de société. Voltaire disait déjà : « La politique est le moyen pour les hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire ». Et 2020 n’a pas relevé le niveau…
Il faut se rendre à l’évidence : le pseudo universalisme français a vécu… Il ne peut en être autrement quand ceux qui nous gouvernent sont cons, « cons comme un iceberg. Trois fois plus cons que ce qu’on voit » (Capitaine Haddock dans Tintin)

Dans un numéro récent du magazine Time, 2020 est proclamée la pire année de l’histoire… du moins de celle vécue par la plupart de la population actuelle. Facile, vu qu’il faudrait qu’on ait plus de 100 ans pour se souvenir de la première guerre mondiale ou de la grippe espagnole de 1918, plus de 90 ans pour se souvenir de la Grande Dépression, et plus de 80 ans pour se souvenir de la deuxième guerre mondiale. Les propos du Time me font rire : La génération actuelle pense qu’elle a vécu la pire année de l’histoire alors qu’elle a passé des mois, assise devant Netflix ! Eh ben les jeunes, dites-vous que ça n’a été qu’une petite mise en bouche. Pour la p’tite histoire, vous avez raté la peste d’Athènes en 430 av. JC et ses 80 000 morts (le tiers de la cité). A l’époque, il n’y avait pas tout cet effort de prévention, ces confinements à gogo (car il n’y avait pas encore Netflix), ni ces clips télé disant « Eh Athéniens, mouchez-vous dans votre coude ! ». C’était encore pire avec la lèpre (entre 1100 et 1350) : On ne pouvait même plus dire aux gens de se moucher dans leurs coudes… car ils n’avaient plus de coudes.
Donc, sans vouloir minimiser votre mal-être social / psychologique / économique induit par ce confinement à répétition, je trouve que vous pleurnichez un peu trop… Vous devrez socialiser un peu plus avec ce qui vous entoure, à l’image de Rain Gordon. Rain, jeune femme russe de 24 ans, s’est mariée il y a quelques mois avec son attaché-case, qu’elle a prénomme Gideon. Dans un entretien avec The Mirror, Rain explique qu’elle a toujours été fascinée par les objets. Une fascination qui s’est transformée, au fil du temps, en attirance physique et sexuelle. Aujourd’hui, elle considère Gideon comme le grand amour de sa vie.
Ne rigolez pas ! En France, on a déjà eu ce phénomène… Il y a quelques années, une certaine Laetitia s’est mariée avec son portefeuille… qu’elle prénomma Johnny.

Personnellement, le confinement m’a permis d’apprendre plein de choses… Comme le lien entre les doigts et la taille de la bite… Si si, c’est du sérieux et ça vient de Corée. Selon une récente étude publiée dans l’Asian Journal of Andrology, le ratio entre l’index et l’annulaire donnerait une bonne idée de la taille de la bite d’un mec… Plus ce ratio est faible, plus grande est la bite. Cette relation ne semble pas si étrange que ça, quand on sait que le développement des doigts et des orteils est contrôlé par les mêmes gènes que ceux qui se chargent du développement des parties génitales. Ce qui est marrant, c’est que les Coréens ne sont pas les premiers à s’intéresser à ce ratio digital. Des psychologues de Cambridge ont également mis en évidence un lien similaire entre ce ratio digital et l’appétit au risque des traders de la City. De là à dire que les traders ont de grosses bites, est un pas que je ne franchirai pas !
Par contre, depuis que j’ai lu ce truc, je fais une fixette sur les doigts des femmes. La mère nature ne pouvant être misogyne, je ne peux m’empêcher de faire des extrapolations sur la taille du clito.

L’année 2020, restera gravée dans ma mémoire (au moins le temps qu’Alzheimer fasse son boulot) comme étant celle durant laquelle :

  • Mauricette a reçu la première dose de vaccin anti- COVID, en France.
  • Stéphane Rose a sorti son « En finir avec le couple », aux éditions La Musardine. Il y remet en cause l’exclusivité sexuelle et la notion du couple. Un nouveau pavé dans la mare du « normal » qui vient compléter 2 essais précédents « Défense du poil » (2010) et « Comment rater sa vie sexuelle » (2012). Mesdames, je suis sûr que vous êtes en train de marmonner : « Il n’y a qu’un mec pour écrire ça ! »
  • Des compagnies aériennes aux abois ont réussi à écouler des vols hors de prix pour nulle part…des vols en boucles fermées de quelques heures (7 heures pour Quantas !). Pire, en juillet, China Airlines a proposé de faux vols, avec cartes d’embarquement, contrôle des passeports, consignes de sécurité à bord, mais sans décollage…
  • Sous les applaudissements, Mila, lycéenne aux cheveux mauves, a dit « le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde. (…) J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Il y a encore des gens qui vont s’exciter, j’en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. » (en Janvier), puis « Et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis. » (en Novembre). Je garde ces paroles (très subtiles et oh combien poétiques) pour mes vœux 2022… J’adore !
  • Une étude a montré qu’un enfant américain de 4 à 10 ans est capable de reconnaître à peu près 1000 logos de marques. En revanche, il a du mal à faire la différence entre deux feuilles d’arbre de sa région. Mais est-ce vraiment différent à la maison ? Je vous laisse vérifier…
  • Notre Jupiter national a exigé un « Islam des Lumières ». Monsieur le Président, il suffisait de le demander ! On attend juste des spécifications techniques plus précises pour démarrer l’implémentation de tout ce bordel…
  • Le Couscous a été inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO. Eric Zemmour a été chopé en train de saccager le rayon semoule de son monop. Maintenant que l’’UNESCO envisage de faire entrer la Harissa, Zemmour a déjà le feu aux fesses.
  • Une soirée clandestine de quelques 500 fêtards a eu lieu à Marseille, au mépris des règles de confinement. Je donnerais cher pour savoir ce qui s’est passé dans la tête des organisateurs… Ils pensaient vraiment passer entre les mailles du filet
  • La journaliste du Figaro, Judith Waintraub a associé sur Twitter une femme qui porte le voile aux terroristes du 11 septembre 2001.

Pour une année confinée, c’est plutôt pas mal !

Ce dernier débordement (un d’une longue série) mérite explication, car il dit long sur l’islamophobie décomplexée qui règne actuellement. Dans une vidéo, la jeune étudiante voilée explique à BFM TV comment elle utilise son compte Instagram pour partager ses recettes de cuisine (simples, pas chères et sans four) avec d’autres étudiants.

TwitFigaro
La journaliste du Figaro tweet la vidéo en y collant «11 septembre», au-dessus ! Un connard fini lui envoie des menaces sur la toile, et tout le monde vient à son soutien (ce qui est, normal vu que les menaces de mort sont inadmissibles… et ce, quelle que soit la bassesse du destinataire). Mais personne ne prend la peine de condamner le tweet scandaleux (c’est un peu moins normal… mais bon, on s’y habitue !). Pire, il y en a même qui en ont défendu le contenu : « Oui, la banalisation du voile accompagne la progression de l’islamisme », « En républicaine exigeante, Judith Waintraub sera toujours l’adversaire courageuse de toute forme de séparatisme. La liberté d’expression ne se négocie pas » C’est beau la liberté d’expression !

Moralité de l’affaire : si tu es femme et voilée, laisse-toi insulter un bon coup et vas finir tes Makrouds ailleurs. Tu sauras, une fois pour toutes, que « les cons gagnent toujours. Ils sont trop » (Cavanna). Et tu puiseras ta consolation dans les paroles (toujours apaisantes) d’Edgar Morin : « Je suis pour la liberté des femmes qui se dévoilent en Iran et pour la liberté des femmes qui se voilent en France ».

Il faut dire que la jeune femme qui vient d’en prendre plein la gueule (dans l’indifférence généralisée) ne peut plus compter sur le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France), pour la défendre, ni pour lui apporter l’assistance juridique nécessaire. Le CCIF est mort !

Moussa, le 1er Policier de France, a décidé sa dissolution. Son décret affirme : « les publications du CCIF sur les réseaux sociaux ont généré de la part de sympathisants et d’internautes des propos “antisémites, négationnistes, hostiles aux autres formes de croyance, homophobes” ». Sur les mêmes bases, je commencerais bien par démonter le compte Twitter de Moussa et son ramassis de commentaires incontrôlables.

Le décret justifie la dissolution par le fait que le CCIF « entretient de nombreuses relations avec des penseurs ou prédicateurs affiliés à l’islam radical. ». Ah bon ?! Et que fait-on d’un gouvernement qui entretient de nombreuses relations inavouables avec ce pays, chantre du salafisme le plus agressif, qui assassine et démembre ses opposants dans des ses consulats à l’étranger ?

Moussa pense que « Le CCIF défend et promeut une notion « d’islamophobie » particulièrement large ». Moussa a toujours été taquin ! Il y a des jours où j’ai envie de lui rouler une pelle, en lui malaxant les couilles, tellement il me fait marrer…

Devant tant de crispations, je ne peux m’empêcher de penser aux paroles de Clemenceau qui essayait de calmer les esprits, il y a plus d’un siècle : « Je repousse l’omnipotence de l’Etat laïque parce que j’y vois une tyrannie. Pour combattre la congrégation, nous faisons de la France une immense congrégation. […] S’il pouvait y avoir un conflit entre la République et la liberté, c’est la République qui aurait tort « 

Le confinement n’a rien arrangé à notre capacité à prendre les problèmes par le bon bout. J’ai l’impression de flotter dans un bouillon de pensées brouillonnes. Une soupe primordiale immonde (dans laquelle tout le monde pisse) qui me remplit par tous les orifices. Un brouhaha stérile qui ne fait que nous faire vomir toute l’agressivité qui somnole en nous. Nous sommes dans un monde où on parle en permanence, on commente tout ce qui se passe, tout ce qu’on fait, et on dit tout ce qui nous passe par la tête, sans filtre aucun… Le tout est balancé sur les réseaux sociaux, en temps réel, sans se préoccuper de la portée de ses paroles, ni de leurs conséquences. C’est la liberté d’expression 2.0, Connard !

Blanche Gardin le dit avec son humour qui décape : « Vous vous rappelez avant quand on disait « Les paroles s’envolent, es écrits restent ». On ne le dit plus ça. On le dit plus parce qu’on écrit tout ce qu’on dit. On publie la moindre réaction. Pourquoi on disait ça avant ? On le disait parce qu’on avait conscience que ce qu’on pense en premier au sujet de quelque chose c’est très souvent d’abord de la merde… qui s’accumule sur le chemin d’une pensée qui sera un jour intéressante, pourquoi pas une opinion. C’est qu’on filtre plus du tout les premières pensées. On les offre. On les partage avec le monde entier : « Prenez ! Prenez ! Ceci est ma merde. Battez-vous avec, oui ! ». C’est ça ce qu’on fait. C’est comme si on était au restau et que pour te faire patienter, le cuistot t’apportait une assiette avec des épluchures de patate dedans, ensanglantées car il s’est coupé, et il t’explique pourquoi il s’est coupé en disant « Ben oui, j’étais en train de surveiller l’ail et je me suis coupé ». Mais non ! Il y a des étapes dont on n’a pas besoin d’être informé, ni d’en être conscient quand on commande des frites. »

Non, Mila, recouche-toi. On ne parle pas de toi !

Je suis déconcerté par ce monde. Je suis littéralement paumé…
Comme Blanche, j’avais beaucoup plus de certitudes à 20 ans qu’aujourd’hui… Et plus le temps passe, moins j’en ai.

L’une de mes dernières certitudes est peut-être celle d’Edgar :« Je crois en la nécessité d’organiser et de fédérer des oasis de résistance de vie et de pensée, de continuer à montrer la possibilité de changer de voie, de ne pas sombrer nous-mêmes dans les vices de pensée que nous dénonçons. J’ai vécu le somnambulisme dans la marche au désastre des années 1930. Aujourd’hui, les périls sont tout autres, mais non moins énormes, et un nouveau somnambulisme nous assujettit. Selon la formule d’Héraclite : ‘Eveillés, ils dorment’» (Edgar Morin – 2020)

L’autre est celle de Geluck et son chat : « L’intelligence a été inventée il y a très longtemps par un type vachement malin. La connerie, c’est autre chose, c’est une création collective. »

Putain, on n’est pas rendu !

Dans un tel contexte, vous souhaiter une Bonne Année relèverait de l’acharnement spéculatif, de l’abus de faiblesse, voire du foutage de gueule. Permettez-moi donc de vous l’épargner.

Bien la bise,
Zouheir

PS : Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence. Tout est pile-poil comme dans « Soumission » de Michel Houellebecq

PS2 : Une compilation de mes délires des années précédentes…

Vœux 2020 – En pleine dissonance cognitive…

« C’est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu’on réalise qu’on ne peut pas régler tous les problèmes par la violence… » – Proverbe chinois

Et paf, le Saint-Sylvestre est de retour… Il se pointe trop souvent à mon goût. Mais ça, vous le savez déjà…

Tingitingi - eCard 2020

D’ici, depuis le trou du cul du monde civilisé (bien que j’ai régulièrement de sérieux doutes sur la pertinence de ce dernier mot), je vous vois en train de vous activer, à me donner le tournis. Le fatidique décompte approche et ça vous met dans tous vos états. Vos bonnes résolutions vous submergent.

Au risque de passer pour le rabat-joie de service (chose dont j’ai l’habitude), je vais vous en suggérer une belle : De zapper ce bordel, car il n’y a rien à fêter. Et puis, rien de tel qu’un peu de changement dans vos habitudes. 2019 a été une merde noire, bien chaude à des moments, bien glaçante à d’autres, mais d’une monotonie déconcertante : Zemmour passe toujours à l’écran, Angèle fait un carton avec son « Balance ton quoi » (oui oui, c’est bien ça le titre de sa chanson !),  la Reine des neiges fait encore recette, un moulage en acier d’un lapin gonflable (d’un certain Koons) s’adjuge à 91 millions de dollars, des incantations écologistes passent en boucle à la télé mais on s’extasie devant les illuminations de Noël, Trump garde la même tignasse, des koalas se réfugient dans les cuisines australiennes, GIFI écoule ses canons à confettis, comme les Koalas on brade nos libertés pour un peu de sécurité, on feint de découvrir que Matzneff a toujours adoré les petites filles, l’Australie flambe mais la COP 25 on s’en bat les coucougnettes, on légifère sur l’antisionisme pour qu’il ne soit plus une opinion mais un crime, des appareils de 2000 watts continuent à chauffer les terrasses des bars, on laisse des gens périr en mer en leur disant de téléphoner aux garde-côtes du pays d’à côté, des milliers de « poissons pénis » s’échouent sur une plage Californienne, la branlette de mammouth continue pour savoir qui doit porter quoi, les collapsologues constituent leurs réserves et AliExpress solde ses dildos à 4 têtes (seul point excitant au tableau, je vous l’accorde ).

Mais dites-le franchement : Y a-t-il vraiment de quoi sabler le champagne (à part le dildo à 4 têtes, bien évidemment) ?

Années après années, j’ai bossé ma réputation de bonnet de nuit. Et ce n’est ni le temps, ni l’âge qui arrangeraient cela. Il faut dire que, la cinquantaine bien entamée, je me reconnais de plus en plus dans ce que disait Cavana « Ils contemplent avec un sourire indulgent l’époque où le jus de leurs glandes toutes neuves les arrachait à la merdouille quotidienne, les projetait vers le monde, leur faisait ‘’se poser des questions’’ et y chercher des réponses » (Cavana, Je l’ai pas lu, je l’ai pas vu). Il est bien loin le jus de glandes toutes neuves !

Moins de fraicheur, mais une capacité inégalée à être con. Il parait que la connerie, ça se cultive. Et je fais plutôt partie de ceux qui ont la main verte.

Vous constaterez, cependant, qu’avec le temps j’ai vaincu mon côté « donneur de leçon ». Révolue est l’époque où je noircissais dix pages pour les vœux du nouvel an. Informer ne sert à rien ou peu. Ma conviction est que chacun doit mener sa propre réflexion sur l’état du monde, nommer ses propres réticences, et tracer (s’il le veut) son propre chemin hors du merdier ambiant. En théorie, une information abondante et argumentée offre le chemin le plus court menant aux changements de pratiques souhaités. En pratique, c’est toute une autre histoire.
Le changement, ça ne se décrète pas. C’est un travail collectif. C’est un projet participatif. Une touze géante sur une plage nudiste en plein hiver. Il faut avoir les couilles (et pas que…) d’y pointer son cul…
Et là, en parlant de couilles, je ne peux m’empêcher de penser à ce que disait Blanche Gardin (Il faut que je vous parle) : « A un moment, il faut assumer sa condition d’homme : je vous rappelle que c’est pour cela que vous avez deux couilles : votre mère en coupe, votre femme coupe l’autre, c’est la nature, ce n’est pas nous qui avons inventé le bordel, mais on suit les pointillés c’est tout… »
C’est plutôt de mauvaise augure pour mon projet participatif… Pas de couilles, pas de chocolat.

Le changement n’est jamais facile. On peut être dans une merde noire et minimiser l’ampleur de la situation par pur optimisme. C’est ce qu’on appelle la dissonance cognitive : un terme savant qui caractérise notre tendance, quand nous sommes confrontés à une contradiction intérieure, à nous persuader de l’inverse de ce qu’on pense. Un peu comme le Renard de la Fontaine (Le renard et les raisins) :

« Certain renard gascon, d’autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.  »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »

Et puis, merde ! Je suis « psychologiquement saturé ».  Une autre façon de dire « J’en ai plein le cul », mais c’est plus classe.
D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué comment « Et puis merde ! » est souvent la meilleure solution ?

Sur ce, Bonne Année quand même…
Zouheir

PS : Je me rends compte que je n’ai pas utilisé les mots à la mode : « bienveillance » et « résilience ». Voilà, c’est fait !
PS2 : Encore des vœux qui se veulent à la Desproges (mais qui en sont loin) : « C’est net, c’est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. »

Vœux 2019 – Requiem pour un monde…

Tingitingi - eCard 2019Après deux ans de trêve, me voilà de retour, avec mes élucubrations habituelles. C’est l’occasion ou jamais de partager, avec vous, quelques réflexions à la con (sur des sujets qui me tiennent à cœur) : Tingiting – Vœux 2019 – Requiem pour un monde
Ce qui vous sauve c’est que rien ne vous oblige à les lire.  Je les ai néanmoins illustrées avec des dizaines de graffitis glanés sur les murs de la révolte, en France et ailleurs. Notez en particulier celui-ci : « Les murs avaient des oreilles. Maintenant, ils ont la parole».
Les graffitis vous renseignent sur l’état du monde.

Une nouvelle année. De nouveaux espoirs… C’est neuneu à souhait, mais je vais m’y conformer.
L’image globale reste sombre, j’en ai bien peur…

J’ai démarré mes divagations devant une télé où le sujet était : « Bûche ou pas bûche ? ». Je vous laisse devinez le niveau du débat et sa date…
Putain de planète. Parfois on a juste envie qu’elle s’arrête de tourner un instant pour qu’on puisse déguerpir…

Je me rappellerai toujours de Séguéla vomissant sa fameuse : « si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». J’ai 50 ans  et pas de Rolex !
Le pire, c’est qu’ayant la cinquantaine, je n’arrête de penser à cette génération qui paiera ma retraite et qui est en ce moment en train de chasser des Pokémons.
Tout simplement flippant ! 😉

Sur ce, et comme Desproges, je vous dis « Bonne année, mon cul ! »
Zouheir

 

Vœux 2017 : Les divagations ultimes d’un (relativement) jeune vieux con…

« Testis unus, testis nullus : on ne va pas bien loin avec une seule couille » – Desproges

Tingitingi - eCard 2017

Il est samedi 24 décembre, vingt-heure pétante. Je viens de décider de me coller à la rédaction de mes vœux 2017. Ca fait déjà dix ans que je sacrifie à ce rituel que j’ai moi-même institué. Et je trouve qu’il est temps d’y mettre fin… Les rituels n’ont jamais été mon truc.

Je vous demanderais, comme chaque année, d’être indulgents quant aux fautes qui trainent ici et là. La raison en est double :

  • Je déteste me relire. Cette année, encore plus que d’habitude. Je pense que vous me suivriez sur ce point…
  • J’ai appris le français dans ce qui me passait entre les mains : les magazines de Ciné et les bouquins de cul (quelqu’un connaitrait-il la collection « Eroscope » ? C’était un peu Harlequin version hardcore). Et de toute évidence, je n’étais pas complètement concentré sur les subtilités grammaticales, ni sur les particularités orthographiques. Ceci étant dit, c’est bien à cette littérature interdite que je dois mon sens de l’abstraction et mon amour pour les mathématiques. Les voies du Seigneur sont impénétrables…

Je suis sûr que « vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres. » – Raymond Devos

Pas de chance donc !

Avec mon sandwich saucisson-beurre (oui oui, c’est un peu la fête), le groupe Archive (et son album « Controlling Crowds ») à fond dans mon casque, je me lâche probablement pour la dernière fois. Au loin, les images de BFM TV (la chaine la plus merdique au monde) tournent en boucle. On y voit défiler ce qui importe le plus à une bonne partie de la population, à cet instant précis : la buche de Noël (glacée ou pâtissière), la célébration du réveillon et le transit probable d’un certain terroriste amateur par le sol français. Sont oubliés les dizaines de milliers de déplacés d’Alep, les centaines de milliers de réfugiés qui errent ici et là, ainsi que les centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qu’on a condamné à une mort certaine par notre silence et nos compromissions. Je l’ai toujours dit : BFM est à l’information ce que la branlette est à l’amour… Ceci étant dit, comparer BFM (comme les autres chaines dites d’information continue) à la branlette, porte préjudice à cette dernière. Contrairement à BFM TV, l’onanisme permet la diffusion de dopamine (hormone du bonheur) dans le corps, active les muscles pelviens (chacun travaille le muscle qu’il peut 😳 ), et entraîne l’amélioration de la qualité du sperme (vu ce qu’on avale comme cochonneries, un sperme de bonne qualité sera bientôt une denrée si rare qu’elle vaudra de l’or :-) ).

Au risque de me répéter, cette période de fêtes me fout toujours à plat. Un compteur qui s’incrémente encore une fois et qui prend un malin plaisir à me rappeler que ce monde ne va guère mieux. Avec cette phrase reprise mot pour mot de mes vœux 2008, je boucle la boucle de 10 années de vœux pour rien… rien de nouveau, rien de meilleur, rien de vraiment palpitant sous le soleil… Bien au contraire, j’ai l’impression que depuis mes premiers délires, nous n’avons fait que nous enfoncer un peu plus dans la mouise, dans une espèce de bêtise crasse généralisée, un monde où l’idiotie est devenue cool.

Je vous donne un exemple super cool : Le Masturbate-a-thon à San Francisco. Cet événement annuel rassemble des centaines de branleurs (au sens propre du terme) qui payent 20 dollars pour passer la journée à se toucher, pour leur bien et celui de l’humanité toute entière, puisque les fonds collectés sont reversés à des associations caritatives. L’évènement a lieu en mai, le mois international de la masturbation (sisi, vous avez bien lu) … C’est aussi l’occasion de battre le record mondial de la branlette la plus longue, record détenu depuis 2012 par Sonny Nash (acteur porno) : dix heures et dix minutes avant d’éjaculer. Ce qui est étonnant c’est que ni BFM, ni TF1, n’en ont parlé…

En revoyant mes archives, je me rends compte que j’ai commencé à vous bassiner avec la révolution qui couve, dès 2010. Depuis, des révoltes ont éclaté un peu partout. Quelques-unes ont fini par enflammer des pays entiers, entrainant des guerres, des massacres fratricides et des déplacements de population qui continuent à propager leurs ondes de choc un peu partout. D’autres se sont révélées plus constructives et ont abouti à de vrais changements (démocratiques ou pas). D’autres, enfin, ont fait pshit et se sont fini dans l’oubli (du moins temporairement). Mais, comme dirait le philosophe Gilles Deleuze, « les révolutions sont faites de tentatives avortées »…

La vision de Deleuze sur les révolutions est, d’ailleurs, particulièrement intéressante. A la lumière des quelques révolutions qu’on a vu passer ces dernières années, je ne peux qu’y adhérer. Je vous la livre en vrac :

« Toutes les révolutions foirent. Tout le monde le sait : on fait semblant de le redécouvrir, là. Faut être débile ! Alors, là-dessus, tout le monde s’engouffre. […] Que les révolutions échouent, que les révolutions tournent mal, ça n’a jamais empêché les gens… ni fait que les gens ne deviennent pas révolutionnaires ! On mélange deux choses absolument différentes : d’une part, les situations dans lesquelles la seule issue pour l’homme c’est de devenir révolutionnaire, et, d’autre part, de l’Avenir de la révolution. Les historiens, ils nous parlent de l’avenir de la révolution, l’avenir des révolutions… Mais c’est pas du tout la question ! Alors, ils peuvent toujours remonter aussi haut pour montrer que si l’avenir a été mauvais, c’est que le mauvais était déjà là depuis le début, mais le problème concret, c’est : comment et pourquoi les gens deviennent-ils révolutionnaires. […]. Si on me dit après : “Vous verrez, quand ils auront triomphé… Si leur révolution réussit, ça va mal tourner !”… D’abord, ce ne serait pas les mêmes. Ce ne seront pas du tout les mêmes genres de problèmes. Et puis, bon : ça créera une nouvelle situation, à nouveau il y aura des Devenirs révolutionnaires qui se déclencheront… L’affaire des hommes, dans les situations de tyrannie, d’oppression, c’est effectivement le Devenir révolutionnaire, parce qu’il n’y a pas d’autre chose à faire. Quand on nous dit après “Ah, ça tourne mal”, tout ça… : on ne parle pas de la même chose. C’est comme si on parlait deux langues tout à fait différentes : l’Avenir de l’histoire et le Devenir actuel des gens, ce n’est pas la même chose. »

L’année s’achève avec la vie de notre Cricri qui glisse vers sa fin. Sa révolution est en train de s’éteindre gentiment. Nous la pleurons comme une mère.

L’année s’achève. Mais son lot de catastrophes ne semble pas se tarir pour autant. Entre la crise des réfugiés (qu’on a fini, moyennant finances, par parquer chez Erdogan), les boat people qui s’échouent par centaines (morts ou vivants) sur les plages de l’Europe, la chute d’Alep et son retour dans l’escarcelle d’un pouvoir sanguinaire, la montée des populismes partout dans le monde, les menaces terroristes et ce qu’elles engendrent comme législations liberticides, la montée de la dette et la dérive vers une stagnation séculaire, le risque croissant de cyber-attaques d’envergure, l’incapacité des masses à analyser le bordel ambiant et l’incapacité encore plus flagrante des médias à remplir leur mission première, je ne vois malheureusement pas le bout du tunnel. Et ce n’est surement pas la dinde de Noël (aussi volontaire qu’elle soit), avachie sur le dos, les papattes en l’air, qui nous guidera vers la lumière.

Je me sens étranger à ce monde qui a perdu son romantisme, son utopisme révolutionnaire des années 60. Les contextes socio-économique et géopolitique actuels, la crise multiforme qui perdure, ont suscité des vocations, pour le meilleur comme pour le pire. Mais, pour l’instant, c’est le pire qui se trouve sous le feu des projecteurs.

Ce qui se déroule sous nos yeux est un mélange inquiétant de populisme triomphant et de conservatisme qui fout la pétoche. L’extrémisme islamiste n’est qu’une facette de l’image sombre qui se dessine pour les dix prochaines années. Le feu de l’actualité a braqué les projecteurs sur ces jeunes djihadistes qui, surfant des inepties dogmatiques qui sont à l’Islam ce que le Rap est à Mozart (sauf que j’aime bien le Rap), ont basculé dans l’horreur et la banalité du mal. Et de la même façon que cette menace est née en-dessous de tous les radars (médiatiques, mais pas seulement), d’autres passeront inaperçues jusqu’au come-out final. Les jeunesses identitaire et réactionnaire, par exemple, exhibent des similarités inquiétantes avec le djihadisme islamique et portent cette même haine de l’idéologie libérale-libertaire. Toutes ces jeunesses vivent la même crise morale et identitaire. Dit autrement, le pétage de plomb religieux, le conservatisme viscéral et la crispation identitaire (ou Zemmourisme) ne sont que différentes facettes d’un même mal. Un jour, on s’en rendra compte… Mais, ça sera déjà trop tard.

Je m’amuse régulièrement à mater les grands titres de « Valeurs Actuelles ». Faites pareil et vous comprendrez de quoi je parle… Marion Maréchal-Le Pen n’a-t- pas dit : «Nous sommes la contre-génération 68. Nous voulons des principes, des valeurs, nous voulons des maîtres à suivre, nous voulons aussi un Dieu » ?

Frédéric Dard l’a bien vu : « Le signe de notre époque, c’est que les vieux cons sont de plus en plus jeunes. »

Nous prenons tous une part active dans ce qui se passe, le plus souvent par notre passivité et notre volonté obsessionnelle de nous protéger à court-terme. Malheureusement, dans ce cas précis, notre passivité nous coute cher. Nous sommes condamnés à subir les contre-coups des conneries accumulées depuis le déclenchement des printemps arabes (au moins). Y a-t-il une solution ? Je ne pense pas. Y a-t-il une limite dans le temps ? je n’en sais pas. Contrairement à ce que racontent tous ces politiciens démagogues, aucune approche sécuritaire ne sera suffisante pour endiguer le problème. Pactiser avec le diable ne nous sortira pas de l’ornière, non plus. Et ne comptez pas sur les faux experts érigés en spécialistes qui pullulent sur les plateaux télé pour vous le dire… C’est fou comme ces soi-disant experts sont versatiles. A vue d’œil, ils sont en train de normaliser l’armée régulière syrienne et à relativiser ses crimes abjects. Penser que le régime Assad est la solution, y voir un rempart au djihadisme, c’est se mettre le doigt dans l’œil (et là, je suis sympa).

Je ne suis pas totalement pessimiste, pour autant. Les prémices d’une solution sont peut-être à trouver dans ce que dit Amin Maalouf dans « Les identités meurtrières » : « Les sociétés sûres d’elles se reflètent dans une religion confiante, sereine, ouverte ; les sociétés mal assurées se reflètent dans une religion frileuse, bigote, sourcilleuse. Les sociétés dynamiques se reflètent en un islam dynamique, innovant, créatif ; les sociétés immobiles se reflètent en un islam immobile, rebelle au moindre changement. »

Focaliser sur l’Islam (ou la religion, en général) est un non-sens total. Focalisons-nous plutôt sur toutes les crispations et fantasmes idéologiques et essayons de les désamorcer à la base.

Je me sens atterré par l’idiotie ambiante. On en fait des tonnes sur une poignée de femmes qui se baignent toutes habillées et on oublie les milliers de migrants qui se noient. Certes, tout est dans la com et la démagogie. Tout est de le hashtag qu’on colle un peu partout.

Mais, parfois trop, c’est trop… Qu’un banquier se prenant pour Jésus sur la croix (la fin de son grand meeting de Paris est devenue culte) nous pique notre cri de ralliement d’il y a 4 ans (« Révolution en marche ») pour en faire son slogan de campagne, ça me met hors de moi. Jetez un coup d’œil à notre carte de vœux de 2013 et vous verrez qu’à un pauvre hashtag près, le Macron est en retard de phase. RevolutionenMarche Je suis juste curieux de savoir combien il a dû casquer pour redécouvrir ce slogan réchauffé, né au fin fond de la brousse Djerbienne.

Je reviens sur cette histoire grotesque de burkini, sur laquelle j’ai déjà poussé ma gueulante (avec « Ta mère en string à la Bocca ! » ). La Laïcité est une bâtisse incontestablement magnifique. Mais sur les quelques dernières années, je ne peux que constater la montée d’une certaine tendance laïciste intégriste qui voudrait en faire un outil antireligieux visant à rendre l’espace public complètement neutre (aujourd’hui à la religion, demain à toutes les idées et opinions jugées subversives)

Ce que je vois, c’est une grosse confusion autour de la notion de laïcité : sa signification et sa portée. A la question « Qu’est-ce que la laïcité, pour vous ? », vous auriez une réponse bateau du type « La séparation des Eglises et de l’Etat ».

FAUX ! La Laïcité est, avant tout, la protection de la liberté de conscience dans le cadre de la loi et dans le respect de l’ordre public.  C’est du moins ce qui ressort de l’Article 1er de la loi de 1905 « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées (…) dans l’intérêt de l’ordre public ». L’article 2 de la même loi prévoit que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », et instaure de fait la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Il n’y a nulle part mention d’un espace public religieusement neutre.

D’ailleurs, en 1905, lors du vote sur la loi de séparation des églises et de l’État, certains républicains durs cherchèrent à faire interdire le port de la soutane dans l’espace public. A l’époque, les tenants de l’interdiction du costume ecclésiastique dans l’espace public mettaient en avant un argument similaire à ce qu’on entend aujourd’hui : La soutane est un habit de soumission (qui, sous sa forme de robe, porte en plus atteinte à la dignité masculine ! 😈 ) et le devoir de L’Etat est de libérer les prêtres du joug de la soutane. Aristide Briand (qui portait la loi) s’y opposa au nom de la liberté d’afficher ses opinions et donc sa croyance. Il s’exprima ainsi : « Votre commission, messieurs, a pensé qu’en régime de séparation la question du costume ecclésiastique ne pouvait se poser. Ce costume n’existe plus pour nous avec son caractère officiel (…). La soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme les autres, accessible à tous les citoyens, prêtres ou non. » C’est cette version ouverte qui a été votée avec le soutien du camp progressiste. Revenir à la loi et respecter son esprit serait peut-être le chemin le plus court vers l’apaisement…

Je me rappelle avoir dit, il y a quelques années, que le jour où je m’entendrais parler tout seul dans la rue ou ailleurs, j’y verrais le début de la fin…. Ma fin. C’est désormais chose faite. Je me sentais déjà vieux, con, blasé et peut-être même aigri. Et là, c’est la sénilité qui semble frapper à la porte. Merci 2016 !

D’ailleurs, pour tout vous dire, et depuis un petit moment, je sens la mort qui rode. Son odeur est là, indéfinissable mais limpide. George Michael y est passé. Pourquoi pas moi ?  😉 C’est peut-être la hantise de la cinquantaine qui me joue des tours. Mais, pragmatique comme je peux l’être, j’ai commencé à m’y préparer.  Aussi, j’ai décidé, entre autres, d’épargner à celui ou celle qui lira mon discours funèbre de devoir en plus le pondre. Je vois très bien Melle T. s’en charger. A la différence de Melle N. (et de moi-même, si j’étais encore là), elle restera stoïque et ne s’étouffera pas dans ses sanglots, ni sa morve. Pour détendre l’atmosphère, elle fera même des blagues, j’en suis sûr… 😛

Projet de discours funèbre :——————————————————————

Papa, tu as toujours adoré les crises. Tu y voyais l’opportunité unique d’amorcer les grands changements qui s’imposaient et qui s’imposent toujours. Mais tu as eu tort de bout en bout. Les crises se sont succédées, plus intenses les unes que les autres. Des vents de révolte se sont levés ici et là, mais ont rapidement étaient étouffés par l’asservissement généralisé d’une populace qui voit ses acquis se réduire comme peau de chagrin mais s’y cramponne quand même. Oui… tu le disais si poétiquement : « Tous tenus par les couilles par un système qui vous (et là, tu parlais de nous) sucera jusqu’à la moelle. Tout ira de mal en pis mais personne ne bougera son p’tit cul de peur qu’un plus lâche ne prenne sa place. Un mélange de peur, de résignation et d’espoir (savamment entretenu par une élite sénile et des médias à ras les pâquerettes) éloignera toute velléité de rébellion. Mais ça ne durera qu’un temps. Une étincelle surgira de nulle part et transformera la forêt en brasier. Le système implosera sans crier gare.  Vous resterez tous bouche bée tellement le catalyseur semblera insignifiant, ridicule. »

Durant des années, tu nous as soulé avec la décroissance heureuse, la sobriété volontaire, la limitation des ressources, la montée des inégalités, la lente dérive vers la stagnation séculaire.

C’est marrant… A chaque geste de la vie courante, j’entends déjà ton murmure sépulcral, caverneux, m’intimant l’ordre de couper l’eau en me brossant les dents ou en me savonnant sous la douche, d’éteindre la lumière en changeant de pièce. Je t’entends encore nous suggérer de ne pas tirer la chasse d’eau à chaque pipi, de faire pipi sous la douche (C’est d’ailleurs, le seul truc que je fais vraiment). Je t’entends aussi rouspéter contre la période des fêtes, les abus qui vont avec, la bouffe à gogo et les cadeaux qui pullulent. Tu as exigé à ce qu’on n’ait plus de cadeaux, puis tu as revu tes prétentions à la baisse en demandant à ce qu’on en limite le nombre, et enfin tu as compris que ton combat était perdu d’avance et préféré partir te terrer sur ton caillou… Heureusement, d’ailleurs. Tu nous  manquais, certes, mais les cadeaux étaient là pour nous remonter le moral Papa ! 😈

Un jour, je t’ai demandé à quoi servait que je m’applique à respecter tes règles si les autres ne le font pas avec la même discipline. Je ne voyais vraiment pas comment l’action insignifiante d’une petite fille, vivant dans le trou du cul du monde (Djerba ou la Dordogne, au choix), pourrait influencer le cours des choses, ou l’état du vaste monde. Tu as, tout d’abord, essayé de m’expliquer tout ça par la théorie de la goutte d’eau : les gouttes unitaires se rassemblent pour faire des ruisseaux, puis des rivières et des fleuves, avant de venir se déverser dans les mers et les océans. Tu as ensuite commencé à déliré sur l’évolution des systèmes dynamiques, sur l’effet papillon et comment le battement d’ailes d’un papillon dans notre jardin pourrait provoquer une tornade à l’autre bout du monde… Ce jour-là, tu m’as embrouillé plus qu’autre chose (comme à ton habitude, d’ailleurs). Mais, j’ai fini par me convaincre, toute seule comme une grande…

En fait, j’ai compris que nous, les humains, on nait avec un énorme handicap, un vrai souci d’échelle : celui de l’inadéquation entre la durée de notre vie et l’horizon de visibilité qu’on pourrait espérer sur les problématiques qui hantent (ou qui devraient hanter) nos nuits. Notre vie est trop courte. Notre mémoire aussi. Et on a donc du mal à se projeter plus loin, à se sentir responsable de ce qu’on ne verra pas de notre vivant.

Pire… Non seulement l’humain a tendance à vivre dans l’immédiat, mais aussi à penser en individualiste (à l‘exception de quelques sociétés en voie d’extinction) et à agir en dehors de toute approche collective. Ce n’est donc pas étonnant qu’on ait quelque mal à concevoir l’impact de notre action sur des problématiques dont la résolution nécessiterait de fédérer beaucoup de monde, très longtemps.

Durant des années, on t’a entendu parler des révolutions qui couvent, de la nécessité de passer un jour ou l’autre à la caisse… Et puis, les révolutions ont éclaté. Et on a vu ce que ça a donné, ici et là… Un vrai bordel globalisé. Mais, tu ne t’es jamais démonté. Tu trouvais normal que les révolutions foirent pour que les sociétés évoluent. Moquer les révolutions avortées, on n’avait pas le droit de le faire, pas plus que les chagrins d’amour. C’est ce que tu disais…

Papa, ce qui te pesait le plus c’est le désengagement généralisé de l’action citoyenne, la réduction des libertés et la peur obsessionnelle de l’autre. Se mélanger, c’est beau, tu disais… L’Espagnol tel que vu par Desproges, en est la preuve vivante : « Dans des conditions d’hygrométrie normales, on constate qu’un Espagnol moyen se compose de trois quarts d’omnivore et d’un quart d’Arabe. Cette singularité chimique s’appuie en fait sur une réalité historique. Il y a longtemps, très longtemps, bien avant l’appel de Cochin, des milliers d’Arabes sont entrés en Espagne. Ils couraient tellement vite qu’ils ne s’arrêtaient même pas pour pointer au bureau de l’émigration. Ils étaient bruns, ils étaient beaux, ils sentaient bon le couscous chaud, et les femmes se calaient dessous sans broncher »

Une époque révolue… L’Arabe savait courir, apparemment. Mais il me semble qu’il a un peu plus de mal quand il s’agit de nager.

Au fil des années, on t’a collé l’étiquette de pessimiste, chose que tu as réfuté jusqu’au bout. Tu te considérais plus comme un optimiste pragmatique qui ne croit plus à la pérennité du système actuel. Tu parlais toujours de la phase de chao qui serait inévitable durant la transition vers ce monde nouveau qui finira par éclore. Pourquoi alors faire des gausses dans ce contexte de merde ? Ta réponse m’a toujours fait marrer (mais pas Melle N.). Tu citais au moins deux raisons :

  • Une purement économique, mais quelque peu perverse : C’est le meilleur moyen (éthiquement acceptable) d’accéder à la main d’œuvre quasi-gratuite dans un monde où l’on reviendrait, tôt ou tard, à notre préoccupation la plus basique d’éleveurs-cueilleurs…
  • Une autre plutôt psychique, relevant de ce que tu appelais le « syndrome de Noé » : Sentant que le déluge ne va plus tarder, on se trouve porté par une envie irrésistible de construire un bateau et d’embarquer tous ceux qu’on aime… En faisant des gausses (qui, par définition, ne peuvent s’opposer à l’embarquement), on ne fait qu’augmenter le taux de remplissage du bateau, de se garantir quelques accompagnateurs inconditionnels, évitant ainsi les grands moments de solitude… Au pire, tu disais, on fait un p’tit tour et on revient au point de départ…

Papa, tu n’étais pas un pessimiste, mais plutôt un utopique désenchanté, doublé d’un naïf. Mais bon… on t’aimait bien, quand même…

Et pour t’accompagner dans ton long voyage vers Osiris, je n’ai trouvé que ce p’tit passage de Desproges… Je sais que tu vas adorer ses GROS mots.

« Le Français qui grattouille dans France-Soir-Figaro, le même qui fait sa Une du week-end sur les faux anus papaux, les courses de nains sur canassons ou SaintÉtienne-Moncuq, en accordant trois lignes par an aux enfants du monde qui crèvent de nos excès de foie gras, ce Français-là et ceux qui le lisent réservent les mots d’ignoble, d’odieux, de salace et d’immonde aux colères télévisuelles éthylicosuicidaires des gens qui ont inventé le seul nouveau journal en France depuis je suis partout. Le seul journal de France qui ne ressemble pas à France-Soir-Figaro. Oui, le seul. Et ce n’est pas par hasard si ceux qui l’ont créé étaient aux premières loges pour participer à la seule émission de télé nouvelle en France depuis Louis-Philippe. Les Français sont nuls. Pas tous. Pas mon crémier, qui veut voir la finale Le Pen-Marchais arbitrée par Polac à la salle Wagram, mais les Français coincés chafouins qui s’indignent parce qu’on a dit prout-prout-salope dans leur télé. Changez de chaîne, connards, c’est fait pour ça, les boutons. Quand vous voyez trois loubards tabasser une vieille à Strasbourg-Saint-Denis, vous regardez ailleurs. Eh bien, faites pareil quand il se passe vraiment quelque chose dans votre téléviseur. Regardez ailleurs. Regardez Le grand échiquier » (Extrait de « Les étrangers sont nuls »).

Papa, tu nous as quitté un mois de Mai : le mois des branleurs, comme tu disais….

Bon vent, Papa ! 😥

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Pour l’instant, je suis encore là. Mais, je me sens étranger à ce monde disloqué, ce monde où seuls les paranoïaques survivront. Bientôt, on devra se méfier de tout, même de son sex-toy qui croupit à côté du lit… Je ne rigole point. Deux chercheurs australiens ont récemment réussi à prendre le contrôle d’un vibromasseur connecté et à en tirer pas mal d’informations sensibles (fréquence d’utilisation, durée, fonctions privilégiées…). Une raison de plus pour revenir à la bonne vieille approche manuelle.

Je me sens las de la parole militante, même quand c’est la mienne. Je la trouve trop univoque, trop moraliste… Ma lassitude est d’autant plus grande que les dés seront de plus en plus pipés. Voir une majorité écrasante se dire prête à troquer sa liberté contre plus de sécurité me fout littéralement les boules. Avec la bénédiction de nos représentants, des lois ont été votées permettant la surveillance de masse, et l’intrusion dans la vie privée des gens. Et c’est passé comme une lettre à la poste. Nous nous sommes ainsi engagés sur une pente glissante qui, dans l’histoire, a déjà changé des démocraties en dictatures. Benjamin Franklin disait, à raison : « Celui qui sacrifie sa liberté pour un peu de sécurité n’aura ni l’un ni l’autre».

Mais… « Comme disait Jeanne D’arc en grimpant au bûcher : L’essentiel, c’est d’être cru. » – Frédéric Dard. Pas gagné !

Des fois, je me dis que le signe le plus évident d’une intelligence extraterrestre est qu’ils n’ont pas essayé de nous contacter…

J’ai juste envie de me terrer et de me faire oublier. Que cette année soit meilleure que les précédentes ! avec plein de sécurité et d’amalgames et moins de libertés et de discernement… A bas toutes les idées subversives du type : « Les hommes sont les mêmes partout : les frontières ne figurent que dans nos âmes. Mais ne dis jamais à personne que la seule vraie patrie de l’homme, c’est l’homme ! On te prendrait pour un poète. Ce qui est pire que tout. » – F. Dard

Le Poète (« de mes deux… » – Alexandre Astier, Kaamelott, Livre II, épisode L’Ivresse :mrgreen: ).

PS : Je vous mets ici une compilation de mes délires des années précédentes… Des collectors en puissance !

2016- Vœux 2016 : Un mouton qui vous veut du bien… et la  bande dessinée qui va avec. 2015- Anti-vœux 2015 : « Rectal feeding » pour tout le monde… 2014 – Vœux 2014 – Le Père Noël s’met à l’arabe… 2013- Chroniques de la Fin d’un Monde – Acte II 2012- Des Voeux qui vous gaveront… 2011- Et le vieux con parla… 2010- Oxala House : Voeux d’un Eco-hypocrite 2009- Oxala House : Vœux en temps de récession

Et enfin, une p’tite carte de vœux pour la route…

Tingitingi - eCard 2017

Ta mère en string à la Bocca !

Maman sur la plage (avant)Les problèmes de la France sont quasiment tous réglés. Il ne nous restait justement plus que le « burkini »… Avec les derniers arrêtés municipaux, validés par des tribunaux administratifs qui ont tout compris au mal français, ce dernier problème est en passe d’être torché. Après, ça sera l’oisiveté intellectuelle à perpétuité. Des soirées entières, en perspective, à branler le mammouth devant les problèmes de nos voisins. Car eux, ils en auront toujours, tant qu’ils n’auraient rien compris à notre laïcité à la Française.

Hier, maman a été verbalisée sur la plage de la Bocca. Il faut dire qu’elle a tenu à garder son foulard malgré l’injonction de l’agent municipal. Mais quelle tête de mule !

Le soir, on a tous cotisé pour lui rendre ses 11 euros (le PV), contre son engagement solennel de :

  • Ne plus s’exhiber sur la plage tant qu’elle n’aurait pas, enfin, opté pour «une tenue correcte (elle a bien compris que son foulard non signé, c’est purement de la merde), respectueuse des bonnes mœurs (en se mettant à poil, par exemple) et de la laïcité (maman ne comprend rien à la laïcité, post-200x), respectant les règles d’hygiène (elle voulait savoir si l’on parlait de son foulard ou de sa culotte Grand Bateau) et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime (Là, je la cite : « Mais parbleu, qui vous a parlé de mon désir de me baigner ? vous savez tous que je ne flotte plus depuis des lustres ! ») ».  Pour la convaincre, on a même dû lui relire 7 fois consécutives l’ordonnance du tribunal administratif de Nice qui insistait, quand même, sur sa « liberté d’exprimer dans les formes appropriées ses convictions religieuses ». Il fallait juste qu’elle adapte sa façon d’exprimer ses convictions pour qu’elle convienne à la Police du Vêtement (de France, pas d’Iran).
  • ressortir son bikini de 1953 (à l’époque, à 18 ans, elle a failli se faire verbaliser sur la même plage, parce qu’elle avait tombé le haut !), de lui enlever ses froufrous (pour qu’elle ne risque pas d’être retoquée pour « tenue incorrecte ») et d’aller exposer à la police cannoise ses charmes d’antan. Avec ce déballage de chair fraiche (terme consacré mais difficilement adapté à maman), le seul risque est qu’un agent zélé prenne ce qui pendouille de toutes parts pour une multitude de foulards islamiques cachés. Mais, nous avons évité d’évoquer ce risque devant elle.
  • pousser toutes ses copines à délaisser, une fois pour toutes, leurs « tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre.» (Thierry Migoule, directeur général des services de la ville de Cannes – le 11 août), en les sensibilisant au risque qu’elles se fassent tirer comme des lapines en burkini.
  • apprendre par cœur la définition de la nouvelle laïcité : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public, partout sauf sur les plages et à condition de ne pas porter le voile islamique» (Article 1 de la loi 1905, tel que modifié suite à la canicule d’août 2016).

Maman sur la plage (après)Pour une nana soumise (ou musulmane, c’est kif-kif), maman nous a fatigués grave avec son plaidoyer sur les libertés bafouées (les siennes, mais pas seulement), sur le raidissement du discours sur la laïcité, sur l’atrophie de l’esprit critique et sur la consécration juridique de la discrimination et de « l’intransigeantisme laïciste »…

Elle est partie, en claquant la porte de sa chambre, et en criant « Je serai, dorénavant, invisible ! » (Ben oui, on l’est tous…), puis en ajoutant « Je suis une femme libre…libre de manifester, publiquement, mes convictions philosophiques ou religieuses… libre de le faire dans ma chambre. Et je les emmerde, ces p’tits cons à la p’tite quéquette !»

Ainsi est né le Collectif des Musulmans Invisibles, dans notre salon.
Maman n’est pas contente. Mais, tout est rentré dans l’ordre.
Vive la République ! Vive la Police du Vêtement (PV) !

MI-0000004 (car j’ai 2 sœurs et une seule maman, toutes prioritaires en terme d’invisibilité).

PS: Et pour en rire, car il le faut, le Billet de Sophia Aram « Itsi, bitsi, petit burkini »

Marché Eco à Erriadh du 5 au 7 août 2016

Le marché écologique & artisanal se tiendra à Erriadh le vendredi, samedi et dimanche prochains (5-6-7 août 2016). Dorénavant, cette manifestation aura lieu chaque mois (le premier week-end du mois, a priori).

Affiche AoutUne vingtaine de producteurs locaux (agriculteurs, artisans, transformateurs) vous accueilleront à l’ancien marché municipal d’Erriadh pour vous proposer leurs produits : fruits, légumes, produits alimentaires artisanaux, produits frais…
Cette initiative de l’Association « Les Amis de la Médina » vise à offrir une débouchée commerciale aux producteurs locaux, et à les accompagner vers une exploitation plus durable de leur terre (permettant à certains d’eux de sortir de la précarité) en s’appuyant sur les principes de l’agro-écologie.

Outre sa contribution à la pérennisation de l’agriculture locale, de l’ancrage territorial et des circuits courts, ce nouveau marché nous permettra, nous consommateurs :

  • d’avoir un accès direct  à des produits locaux, respectueux de l’environnement et socio-responsables
  • d’augmenter la part des achats locaux dans notre consommation
  • de contribuer activement à la diminution de l’impact CO2 des transports des produits concernés

Cette initiative ne pourra prendre sans votre soutien actif. Soyez donc nombreux à venir nous rendre visite. Vous serez ainsi précurseurs dans une autre façon de produire et de consommer…
Nous comptons aussi sur vous pour faire des vagues, beaucoup de vagues, en en parlant tout autour de vous.

Amitiés,

PS : Il va sans dire qu’aucun sac en plastique ne sera donné sur place. C’est l’occasion pour votre panier d’être de la sortie

Vœux 2016 : Un mouton qui vous veut du bien…

Tout est parti d’une p’tite phrase qu’une amie (ou ce qu’il en reste) m’a glissée, il n’y a pas si longtemps : « Tu es un optimiste du quotidien  qui met en garde contre les dangers séculaires ». Enfin quelqu’un (autre que ma femme) qui me fait comprendre, d’une façon certes poétique mais très ferme, que je vous les brise menu depuis longtemps maintenant…

Fort de ce constat amical, j’ai décidé de vous épargner mes élucubrations annuelles. Faire semblant de refaire le monde chaque année n’est clairement plus de mon âge… Car moi aussi, je vieillis.
Et afin d’être dans l’air du temps et de satisfaire tous ceux qui ne savent plus lire et qui préfèrent les histoires illustrées, j’ai décidé de me lancer dans la Bande Dessinée ! Eh oui, il n’a peur de rien le bougre… Je rassure tout de suite ceux qui adorent la BD et détestent les intrus. Mon intrusion ne sera que brève et éphémère : Tingitingi – Neolithique Djerbien en BD 2016

Cette année, c’est décidé ! Je rentre dans le rang et je ne donne la parole qu’à la partie sous amphétamines qui somnole bien au fond de moi. Il est grand temps de réaliser les prémonitions d’Aldous Huxley, de nettoyer mes divagations de tout contenu subversif et de les concentrer sur tout ce qui est futile, ludique, instinctif et émotionnel. Les nouveaux convertis étant toujours les plus zélés, je ferai allégeance au pouvoir soporifique du sexe et du consumérisme.

Ma grille de lecture de l’année écoulée a été (non sans peine, d’ailleurs) reformatée en conséquence.

  1. Dans la case « futile » : Les photos de femmes affichant fièrement leur pilosité sous les bras envahissent les réseaux sociaux. Instagram a vu apparaître de nombreux comptes, avec des milliers d’abonnés, dédiés à ces photos de poils sous aisselles. Mes amies me disent d’y voir un acte féministe visant à dénoncer les standards de beauté imposés par la société (comprenez par les hommes). Mes amis (les plus vicieux, du moins) y voient une invitation au voyage, un cri sexuel, un appel libertin et libertaire à une visite de la brousse avoisinante. Moi, je n’ai pas d’opinion. Depuis des années, je me rase les coucougnettes en n’y laissant que 7 poils tout en bas, que j’enroule, pour les friser, sur un bâton d’allumette en guise de bigoudi. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais eu l’idée d’en parler, encore moins d’en mettre des photos sur Instagram. Pourtant, ça a été toujours ma façon de rendre hommage au combat de Melvin Van Horne (Tahiti Mel) dans Les Simpson.
  2. Dans la case « ludique » : Je retiendrais (pour la postérité) la phrase culte de notre Sarkozy national « Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe! », métaphore maraîchère qui illustre à merveille les penchants ludiques de ceux qui nous gouvernent. Certains pensent qu’il s’est emmêlé les pinceaux en écorchant le vieux dicton « Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné ». A mon humble avis, Mr. Sarkozy (notre serial sauveur, ne l’oubliez jamais) ne laisse rien au hasard. C’est surement sa façon sioux de cibler l’électorat vegan. Le fait de remplacer le séné par la salade est aussi une façon très élégante d’épargner à ses collègues (qui en chient déjà pas mal) les vertus laxatives du séné. Ceci étant dit, et malgré tous les efforts déployés, je n’ai toujours pas réussi à décoder sa phrase d’Octobre à Limoges : « Je voulais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière, mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur. ». Un vrai jeu de pistes…
  3. Dans la case « instinctif » : L’hommage solennel de ma copine Christine Lagarde au roi Abdallah d’Arabie Saoudite, décédé le 23 janvier : « De façon très discrète, c’était un fervent défenseur des femmes ». S’il était réformateur, Abdallah l’a donc été, comme l’a si judicieusement souligné ma copine Christine, de manière très très discrète. A la mort de Bernard Tapie,  elle dira surement : « C’était une âme charitable, un faiseur de bien, un Jésus-Christ des temps modernes ressuscitant les entreprises dans la mouise  et leur insufflant une nouvelle vie »
  4. Dans la case « émotionnel » : Un signe des temps : les boutiques de drapeaux tricolores ont été littéralement  dévalisées. Les usines de drapeaux, bannières et autres trucs patriotiques, tournent à plein régime, mais plus rien dans les rayons des magasins spécialisés. Les attentats ont créé une poussée patriotique que je ne pensais possible qu’aux USA. Dans la foulée et sous l’émotion, un remaniement de la constitution est projeté, de belles lois sont votées, les pouvoirs spéciaux de l’exécutif sont étendus et une carte blanche (ou presque) est filée au renseignement… Mon opinion là-dessus ? Je suis bien évidemment dans la majorité qui préfère l’état de sécurité à l’état de droit. J’opterais, sans sourciller,  pour un contrôle généralisé et sans limites des données informatiques et communicationnelles entre autres, non seulement pour « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité » mais bien au-delà… Un peu d’arbitraire ne pourrait nous faire que du bien.
  5. Dans la case « consumérisme», je retiendrais une p’tite annonce publiée sur Adopteunmec.com que je reprends à la lettre : « Produit en rupture de stock : Après six mois en rayon, nous informons notre aimable clientèle que ce produit n’est actuellement plus disponible après avoir été adopté par une cliente pétillante, drôle, charmante et surtout possédant un accessoire indispensable à tout bonne adoption : un cerveau. Après utilisation minutieuse de ce produit, notre cliente est repartie comblée et n’a pas exprimé le souhait de bénéficier de la garantie satisfait ou remboursé qui s’appliquait à notre produit, c’est donc avec joie et fierté que toute l’équipe de notre magasin vous annonce à vous toutes, chères clientes, que la magie n’est pas morte, qu’il existe encore des hommes sincères, tendres, intelligents et bien éduqués qui sauront vous apporter une belle histoire, des petites attentions, de l’affection et pourquoi pas… de l’amour (…) Et bien mesdemoiselles, sachez que tout espoir n’est pas perdu et que sur 100 boulets présents sur ce site, se cachent 4 ou 5 garçons honnêtes et sincères, qui si vous avez la patience de les trouver, sauront à coup sûr démarrer avec vous une belle histoire ». L’histoire ne dit rien de ce qu’il est advenu de notre gars par ces temps d’obsolescence programmée.

Vous remarqueriez que j’ai évité avec brio tous les sujets qui fâchent : changement climatique et érosion de la biodiversité, la montée des névroses idéologiques et la réponse sécuritaire, la canonisation littéraire de Houellebecq et la peur panique de l’Islam et des musulmans (ohooo, suis là et suis gentil), la fragilité de l’édifice démocratique, les révolutions qui couvent et celles qui s’embourbent, la troisième révolution qui me tient à cœur (celle des consciences), la faillite des Etats et l’écroulement imminent du système financier, la croissance zéro et la sobriété heureuse, la futilité grandissante d’une société qu’on préfère dépolitisée et passive (mais facilement mobilisable par la peur contre les barbares de l’intérieur ou de l’extérieur), le conditionnement auquel on est de plus en plus soumis et qui nous tient à carreau au sein du Système…

J’ai toujours été frappé par la similitude entre notre propension grégaire et celle des gazelles (et là, je suis sympa). Les mouvements de masse des gazelles sont déclenchés par deux phénomènes vitaux : le besoin de s’abreuver quotidiennement à la mare du coin et la nécessité d’échapper aux prédateurs.  Dans les deux cas, la gazelle se sent beaucoup moins vulnérable au sein de son troupeau. Il en va de même pour l’Homme, qui se sent plus en sécurité au sein de la horde. S’aligner sur le mouvement de masse relève de l’instinct de survie. L’homme de masse est convaincu que la horde le mènera à la source ultime (de bonheur, de profit matériel et immatériel…) et l’éloignera de tous les risques potentiels. Après quelques années passées à la frontière du Système, je me suis concocté une p’tite recette de cuisine : le fait de se fondre dans la masse est plutôt salutaire quand le mouvement sous-jacent est parfaitement uniforme (quand les gazelles galopent toutes dans le même sens et en cadence). Mais il faudrait s’inquiéter dès qu’on commence à sentir de la dispersion au sein du troupeau (les gazelles qui sautillent dans tous les sens). Une telle dispersion est a priori le signe d’un danger imminent (le guépard est déjà au sein de la horde). Il est alors temps d’envisager une solution de repli.

A ce stade, il ne me reste plus qu’à faire comme tout le monde et vous souhaiter une merveilleuse année 2016 (même si aucune garantie ne peut vous être apportée sur ce point) pleine de salade et de rhubarbe. En m’alignant ainsi, je m’incline devant une donnée fondamentale : « l’Homme ne descend pas du singe mais plutôt du mouton » (Saez)

Un mouton (nommé Z) qui vous veut du bien.

PS : Pour un confort de lecture optimal, je vous suggère d’ouvrir la BD avec un zoom de 90 à 100%. Cette BD est une œuvre de pure fiction. En conséquence, toute ressemblance, ou similitude avec des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne saurait être que coïncidence fortuite.

PS2 : Nos délires des années précédentes sont archivés sur notre blog

PS3 : A ce stade, le projet Tingitingi (www.tingitingi.com) fédère :

Anti-vœux 2015 : « Rectal feeding » pour tout le monde…

« Un jour, on aura besoin d’un visa pour passer du 31 décembre au 1er janvier. » disait Jacques Sternberg. Ce jour-là, le basané que je suis, se trouvera confiné au 31 décembre (une fois pour toutes) et arrêtera enfin de vous souler avec ses anti-vœux de daube.
Mais d’ici là, vous allez en baver… Car, comme chaque année, j’ai de quoi vous gâcher cette merveilleuse période des fêtes… Oreilles prudes, s’abstenir !

C’est décidé. Je ne serai jamais un terroriste… car je n’ai aucune envie de me retrouver avec des pâtes en sauce dans le trou du cul ! Le Sénat américain a dévoilé la version abrégée (quelques 500 pages de synthèse d’un document plus important, de 6 700 pages, – toujours classifié) de son rapport sur les pratiques de la CIA dans sa fameuse « guerre contre le terrorisme ». Un rapport qui fait froid au (bas du) dos. Page 115, vous trouverez un paragraphe édifiant sur le «rectal feeding» (on en apprend tous les jours…): « Après approximativement trois semaines, la CIA a opté pour un traitement plus agressif… Mahjid Khan a alors été soumis contre sa volonté à une alimentation et une hydratation rectales impliquant deux bouteilles de ‘Ensure’ (boisson énergisante américaine). Plus tard ce même jour, le plateau repas de Mahjid Khan, composé de houmous, de pâtes en sauce, de noix et de raisin, a été réduit à l’état de purée et introduit par voie rectale… ».

Au-delà de la dimension purement technique qui me fait serrer l’œillet, c’est le mélange des genres que je n’aime pas. A cause de leurs conneries, on finira par confondre sodomie et fellation… Le même rapport de synthèse précise comment la CIA a pu engager deux médecins (James Mitchell et Bruce Jessen), pour développer une méthode de torture qui permette de réduire les prisonniers à un état de délabrement mental et physique. Les médecins ont basé leurs recommandations sur la théorie dite « de l’impuissance acquise», où des individus sont susceptibles de devenir passifs et déprimés en réaction à des événements systématiquement défavorables et/ou incontrôlables. Selon le rapport, les deux médecins ont reçu 81 millions de dollars de la CIA pour leurs services. La CIA leur a fourni, en 2007, une immunité légale relative à toute responsabilité juridique pouvant découler de ce beau programme de coaching personnalisé.

Je ne me ferai pas Chinois, non plus… Le Parti Communiste Chinois a décidé de s’attaquer aux diaosi (littéralement « poil de bite » en chinois… oui oui, j’en suis un), autrement dit aux branleurs de tout poil. Le Quotidien du Peuple (la voix officielle du Parti) a publié un article le 2 décembre 2014 pour fustiger ces nouveaux ennemis du peuple : « Beaucoup de jeunes se désignent désormais comme branleurs (…). Hommes ou femmes, qu’ils aient un peu de succès ou soient paresseux et décadents, tous se battent consciemment ou inconsciemment pour décrocher cette étiquette. Si vous ne l’êtes pas, c’est comme si vous vous détachiez des masses ». Etre diaosi n’est plus une injure, mais une contre-culture pleinement revendiquée par tous ces jeunes qui refusent le système. La « zhengnengliang » (énergie positive) est le mot d’ordre de la Chine qui gagne.  S’opposer à ce mot d’ordre, c’est tout simplement faire de la résistance passive au modèle dominant.

Et je ne roulerai plus de pelles… Plus jamais de « French kiss » sans étude préalable du microbiote orale de la partie envahissante… Des chercheurs néerlandais (revue Microbiome du 17 novembre) ont révélé qu’un patin de dix secondes permet de propager 80 millions de bactéries entre les deux bouches. Berk !

Le PIB est sous perfusion et tout le monde flippe à l’idée de le voir rechuter durant sa convalescence qui n’en finit plus… Malgré le remède de cheval administré par les banques centrales les plus en vue, la croissance semble en berne aux quatre coins de la planète…
Dans l’un de ses discours de 1968 (prononcé à l’université du Kansas), Robert F. Kennedy soulignait déjà les limites du PIB en tant que mesure de la richesse d’un pays :
« Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.
En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays.
En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ».
Lucide, le bougre…

Mais, aussi visionnaire qu’il pouvait l’être, Kennedy ne pouvait imaginer qu’un jour, devant une économie en panne de croissance, on pousserait le délire au point d’intégrer le trafic de drogue et la prostitution dans la création de richesse. Là, c’est chose faite… On passe de la perfusion au dopage pur et simple… Après tout, l’argent n’a pas d’odeur.
Les revenus issus du trafic de drogue et de la prostitution pourraient gonfler le PIB d’un peu moins de 1 % au Royaume-Uni, et sûrement plus de 1.2% en Italie. Les activités criminelles qu’on intègre sont définies dans un document de la Communauté Européenne « Les activités économiques illégales ne sont considérées comme opération qu’à partir du moment où toutes les unités concernées y participent de commun accord. Dès lors, l’achat, la vente ou l’échange de drogues illicites ou d’objets volés constituent des opérations, alors que le vol n’en est pas une ». Dit autrement, ne compte que l’activité prohibée pratiquée par consentement mutuel … Nous voilà rassurés sur la méthodologie !

Il n’y a pas que les banques centrales qui jouent aux apprentis-sorciers. Les médecins aussi… C’est ce qu’une patiente américaine (appelons-là Nosy) a appris à ses dépens. Suite à un accident de la circulation, Nosy est devenue paraplégique en raison d’une lésion de sa moelle épinière. Quelques années plus tard, un hôpital de Lisbonne lui propose de tenter une régénération de la liaison nerveuse entre le cerveau et le bas de son corps par implantation, au niveau de la vertèbre lésée, de cellules souches prélevées sur sa muqueuse nasale. Le résultat fut décevant et aucune amélioration n’a été constatée. Huit ans après, Nosy a commencé à se plaindre de douleurs au dos, et a dû être opérée de nouveau pour ôter une masse fibreuse de quelques 4 centimètres de long qui a poussé au niveau de la blessure originelle. Après analyse, cette masse s’est révélée être un ersatz de nez : un mélange de cellules nerveuses, de muqueuses respiratoires, de fragments d’os, le tout enrobé dans un épais mucus (pour ne pas dire morve)…  C’est un peu comme si toutes les composantes d’un nez sont apparues, dans le désordre le plus total, sur la colonne vertébrale de Nosy. Après la bouche dans le cul, voici le nez dans le dos (et cette fois-ci, la CIA n’y est pour rien !).

La crise s’éternise sans pour autant entamer la niaque de certains éternels optimistes.
« La Grèce se trouve dans une période cruciale. Cinq ans d’efforts sans précédent s’achèvent. Nous parcourons le dernier kilomètre du marathon vers la sortie de crise » : c’est ainsi qu’Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre s’est exprimé récemment sur l’économie de son pays.  Il semble avoir oublié que le soldat qui a couru jusqu’à Athènes annoncer la victoire de Marathon a clamsé au bout du dernier kilomètre…
Venizelos a bien mérité sa carte de membre à vie de La Ligue des Optimistes de Suisse qui se décrit sur son site http://ch.optimistan.org/ comme «une association qui s’est donné pour mission de promouvoir l’optimisme et l’enthousiasme dans tous les domaines de la vie, privée ou publique, économique, culturelle ou sociale.» Cynique comme je suis, je n’ai pu m’empêcher de vous sélection un p’tit bout de  sa page relative aux éternels-optimistes : « L’optimisme est une attitude mentale qui aide à appréhender la vie d’une manière positive et active, autour de quelques convictions fondamentales : Le monde à venir est fait avant tout de possibles favorables et d’opportunités à saisir ; Face à tout problème, l’intelligence créatrice des hommes trouvera toujours une solution ; En toutes circonstances, l’utilisation de nos forces ouvre davantage de possibilités que la lutte contre nos faiblesses ; Face à l’inconnu, on a toujours le contrôle sur quelque chose, ne serait-ce que sur nos propres pensées. »
C’est touchant !

Mais tout le monde ne connait pas la crise. L’argent coule à flot dans le secteur des nouvelles technologies. Bill Gurley, l’un des capital-risqueurs les plus influents sort de sa réserve pour fustiger les montants phénoménaux levés et brulés par des entreprises toujours à des années-lumière du point mort : «Je pense que dans son ensemble, la Silicon Valley, à moins que ce ne soit la communauté des investisseurs ou celle des créateurs de start-up, prend une quantité excessive de risques sans précédent depuis 1999 […] Et il y a plus de gens dans la Silicon Valley qui travaillent pour des entreprises qui perdent de l’argent en ce moment qu’il y en a eu au cours des quinze dernières années […] Dire que nous ne sommes pas confrontés à une bulle parce que ce n’est pas aussi haut qu’en 1999, c’est comme dire que Kim Jong-un n’est pas mauvais parce qu’il n’est pas Hitler ».

Mark Zuckerberg (le gars de Facebook) a mis quelques 19 milliards de dollars sur la table pour s’offrir WhatsApp, une application de messagerie instantanée ayant toujours exclu  la vente de publicité et dont le seul revenu, à ce stade, est un paiement one-off de 0.99$ sur iOS (et 0.99$ par an sur les autres plateformes, la première année étant gratuite). Zuckerberg se justify ainsi : « With WhatsApp it’s about the strategic value of what we can do together. I think by it, it’s worth $19bn even if it doesn’t have the revenue to show for it – but it has the reach. I could be wrong – this could be the one service that gets to one billion people and ends up not being that valuable – but I don’t think I’m wrong. »

Il a les couilles haut perchées, le Zuckerberg… Quand on investit 19 Mld de dollars dans une boite avant de savoir comment en sortir du fric, on n’a clairement pas intérêt à se planter…

Certains ne veulent même pas la reconnaitre, cette putain de crise… La Chine en fait partie. Un milliard et demi d’individus qui sont passés maîtres dans l’art de serrage des fesses. En attendant que les occidentaux retombent dans leur délire consumériste (financé à crédit, bien évidemment), La Chine continue à investir à mort dans tout ce qui lui passe sous la main (villes entières, usines à gogo, infrastructures) afin d’éviter le désœuvrement (et le risque de troubles qui va avec) à ses troupes prolétaires. Sa devise dans ce trip qui dure depuis 6 ans : « Continuons à augmenter nos capacités. Ils finiront par revenir… ». Le résultat est un mix super sympa de surcapacité et de mauvais investissements. Afin de vous aider à mettre les choses en perspective, sachez que sur les 3 dernières années, la Chine a utilisé quelques 6.6 gigatonnes de ciment, soit presque une fois et demi ce que les Etats-Unis ont pu utiliser sur un siècle (4.5 gigatonnes de 1901 à 2000). Et on s’étonne de voir des villes fantômes pousser ici et là ?!! (vous adorerez  le projet du Manhattan chinois à Tianjin : http://www.bloomberg.com/video/china-s-manhattan-plan-marred-by-ghost-buildings-Yq8Bh1qNTJiWAPL1P9dO6A.html)

Il y a quelques années, Gao Xiqing, président de China Investment Corporation, expliquait la complexité des produits à l’origine de la crise des subprimes : « Au départ, les Américains vendaient une chaise…, puis l’image de cette chaise dans le miroir…, puis l’image de l’image…, et maintenant il y a tant de miroirs… que personne ne sait plus où est vraiment la chaise ! ». Les Chinois sont en train de faire pire. Ils ont commencé par fabriquer  1 milliard de chaises qu’ils ont réussi à fourguer à bas prix (même ceux qui n’ont jamais posé le derrière sur une chaise ont succombé à la tentation d’en acheter une). Depuis, la cadence de fabrication n’a fait qu’augmenter. La Chine  a fabriqué quelques 12 autres milliards de chaises (sur une planète où il n’y a que 7 Mld d’habitants et dans une galaxie où on n’a pour l’instant pas découvert d’autres planètes habitées par des êtres possédant un ou plusieurs culs à poser sur une chaise)… Pire, la Chine a maintenant la capacité de fabriquer 2 Mld de chaises supplémentaire par an… La théorie de l’évolution voudrait qu’on finisse rapidement avec plusieurs culs (ou des culs gigantesques) pour occuper toutes les chaises qui trainent… Nom d’une chaise !

La Chine est la bombe à retardement qui nous pètera à la gueule, bientôt. La déflagration nous fera les yeux bridés.

D’ici la déflagration finale, et afin de ne pas mourir idiot, je vous suggère de vous mettre à la page sur les nouveaux métiers du monde de la nuit. Une sémantique très imagée s’en dégage nécessitant les commentaires d’un spécialiste pour en cerner toute la subtilité… Dans l’affaire Ribéry-Benzema, Abousofiane Moustaid (le Spécialiste. Abou pour les intimes) est celui qui leur a présenté Zahia (mineure à l’époque) pour des relations sexuelles tarifées. Le compte rendu du journal Le Monde de l’audience (tribunal correctionnel ) est très  instructif : On apprend qu’une nouvelle génération de filles est née, qu’une « starfuckeuse » travaille continuellement sur son CV, qu’une « michetonneuse » a du tact et qu’être « poufiasse » est avant tout un style vestimentaire …

Abou se présente comme un mec sympa qui aime rendre service en présentant ses amies peu farouches à ceux qui s’ennuient seuls la nuit. Quand le juge qualifie ces amies de prostituées, Abou s’offusque : « Pas du tout! Il faut vivre dans le milieu de la nuit pour comprendre, Monsieur le Juge. Il y a une nouvelle génération de filles. » Abou se lance dans une subtile explication sémantique :
Abou :  « Il y a d’abord les, si je peux employer un mot, euh, un peu… les starfuckeuses. ‘Star’, comme star, et ‘fuck’, c’est de l’anglais, ça veut dire qu’elles aiment, euh, avec les stars… »
Le juge : « Et ça leur sert à quoi ? »
Abou : « Ben, c’est comme dans un CV, Monsieur le Juge. Brad Pitt, Tartempion… »*
Abou : « Et puis il y a les michetonneuses. »
Le juge : « Vous pouvez définir ? »
Abou : « Alors, la définition, Monsieur le Juge, c’est une fille qui, contrairement à la starfuckeuse, est plus intéressée par… la matérielle. Par exemple, se faire offrir un sac Vuitton, un voyage… Avec la crise, rares sont les filles qui refusent. Bon, une starfuckeuse peut être aussi une michetonneuse. Mais ça n’a rien à voir avec une prostituée. Rien. Une michetonneuse, ça a du tact ! »
Le juge lui lit un des sms récupérés sur son téléphone portable : « Envoie une poufiasse »
Abou, imperturbable : « Ah, poufiasse ne veut pas dire prostituée, Monsieur le Juge. Poufiasse, c’est une tenue vestimentaire sexy. »

JihadNoelEt à mon habitude, je passe des poules à l’âne, des pouffiasses à l’Etat Islamique. L’EI n’a pas arrêté de faire parler de lui, avec ses crimes horribles et bien médiatisés…  En réponse à ses crimes, l’Active Change Foundation a lancé la compagne « Not in my Name – Pas en mon nom », campagne fort louable mais certains l’ont mis à profit pour justifier un peu plus cette espèce d’assignation identitaire qui prédomine depuis les attentats de 11 septembre 2001 (et qui e fait chier grave…). Le sondage lancé par le  Figaro sur son site (« Assassinat d’Hervé Gourdel : estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ? ») suite à l’assassinat d’Hervé Gourdel, sous-entend que chaque musulman est gentiment invité à montrer patte blanche, à signifier explicitement son rejet de ces actes ignobles dont il n’est ni responsable ni solidaire… J’attends avec impatience le prochain sondage du Figaro  «Massacre des dauphins aux Iles Féroé : estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ?». Je ne m’avancerais pas trop en disant que le sondage sous-entend aussi un lien direct entre l’EI et les musulmans. Sans cette désolidarisation explicite, tout musulman reste coupable a priori, porteur d’une barbarie radicale (bientôt, on dira que c’est génétique) dont il doit se libérer et le faire savoir pour être enfin intégré au camp des civilisés.
« Mais sincèrement, je vous le demande en votre putain d’âme de bordel de conscience», doit-on se désolidariser explicitement de toutes les conneries commises sur terre par de « consternants tarés, mongoloïdes et  grabataires du cortex »? (L’aspect « poétique » de cette phrase revient entièrement à Desproges… Ceci dit, n’en parlez jamais à ma p’tite… car à chaque gros mot, j’aurai à mettre une pièce dans sa putain de boite !)

Ma décision est simple : Je ne montrerai pas patte blanche car je n’ai pas à le faire. Mon constat est limpide : on s’enfonce…  Je vous laisse deviner dans quoi…

De plus en plus de gens sont dans la mouise la plus totale et finiront par nous le faire comprendre d’une façon ou d’une autre. D’après un rapport récent d’Oxfam sur la pauvreté dans le monde, les 85 individus les plus fortunés de la planète détiennent autant de richesses que les 3.5 milliards les plus pauvres.

Les fourches sont à vos portes, les gars ! Ce n’est pas moi qui le dis mais Nick Hanauer, un milliardaire qui pourrait difficilement être taxé d’anticapitalisme. Nick considère que le creusement des inégalités au sein de la société capitaliste et la disparition programmée de la classe moyenne sont en train de nous ramener à une structure féodale porteuse des germes de sa propre destruction.
Dans son article d’août 2014 intitulé «Les fourches arrivent… Pour nous ploutocrates » (http://www.politico.com/magazine/story/2014/06/the-pitchforks-are-coming-for-us-plutocrats-108014.html#.VJ-xUyacBg), ils s’adresse explicitement à ses copains « Zillionaires » afin de les mettre en garde contre la montée des inégalités et le pourrissement de la situation ambiante : “…If we don’t do something to fix the glaring inequities in this economy, the pitchforks are going to come for us. No society can sustain this kind of rising inequality. In fact, there is no example in human history where wealth accumulated like this and the pitchforks didn’t eventually come out. You show me a highly unequal society, and I will show you a police state. Or an uprising. There are no counterexamples. None. It’s not if, it’s when. […] What everyone wants to believe is that when things reach a tipping point and go from being merely crappy for the masses to dangerous and socially destabilizing, that we’re somehow going to know about that shift ahead of time. Any student of history knows that’s not the way it happens. Revolutions, like bankruptcies, come gradually, and then suddenly. One day, somebody sets himself on fire, then thousands of people are in the streets, and before you know it, the country is burning. And then there’s no time for us to get to the airport and jump on our Gulfstream Vs and fly to New Zealand. That’s the way it always happens. If inequality keeps rising as it has been, eventually it will happen. We will not be able to predict when, and it will be terrible—for everybody. But especially for us”

Ce qui est marrant c’est que Nick Hanauer dis quasiment la même chose que les anarchistes du Comité Invisible. Tout fout le camp…

Cette tendance à la concentration de la richesse (et donc du pouvoir, car l’un va rarement sans l’autre) dépasse la sphère des individus pour couvrir celle des entreprises.  Une étude de S. Anderson & J. Cavanagh (« Top 200 : The Rise of Corporate Global Power ») montre que parmi les 100 économies les plus larges, 51 sont des entreprises et seulement 49 sont des états-pays (la comparaison est basée sur le PIB pour les pays et le chiffre d’affaire pour les entreprises). Les 200 entreprises les plus importantes affichent un chiffre d’affaire :

  • dépassant le PIB combiné de tous les pays du monde, une fois exclues les 10 économies les plus larges.
  • représentant 27% du PIB mondial en n’employant que 0.8% de la population active

Nous continuons ainsi notre marche programmée vers une gouvernance mondiale par une élite intellectuelle et financière…  Sur ce point, les paroles de David Rockefeller (Juin 1991 lors du meeting Bilderberg, Baden / Allemagne) sont toujours d’actualité…
“We are grateful to the Washington Post, The New York Times, Time Magazine and other great publications whose directors have attended our meetings and respected their promises of discretion for almost forty years… It would have been impossible for us to develop our plan for the world if we had been subjected to the lights of publicity during those years. But, the world is now more sophisticated and prepared to march towards a world government. The supranational sovereignty of an intellectual elite and world bankers is surely preferable to the national auto-determination practiced in past centuries.”
que je traduis sommairement par : « Nous sommes reconnaissants au Washington Post, New York Times, Time Magazine et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assistés à nos réunions et ont respecté leur promesse de discrétion durant environ 40 ans… Ca nous aurait été impossible de déployer nos plans pour le Monde  si nous étions sous les projecteurs. Mais maintenant, le monde est plus sophistiqué et prêt à marcher vers une gouvernance mondiale. Une gouvernance supranationale assurée par une élite intellectuelle et financière est, sans aucun doute, préférable à l’autodétermination nationale pratiquée durant les siècles passés »

Celles de Nathaniel Mayer Rothschild (1912) sont encore plus limpides…
“The few who could understand the system will either be so interested in its profits, or so dependent on its favours, that there will be no opposition from that class, while on the other hand, the great body of people, mentally incapable of comprehending the tremendous advantage that capital derives from the system, will bear its burdens without complaint, and perhaps without even suspecting that the system is inimical to their interests.”
Traduction : “Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre l’immense avantage retiré du système par le capital, porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts »

Vous avez des sueurs froides ? moi aussi…

Sept ans après L’Insurrection qui vient (livre attribué à Julien Coupat au moment de l’affaire Tarnac), le Comité Invisible vient de sortir son nouvel opus « A nos amis », un nouveau pamphlet politique et poétique sur les révolutions en cours.
Entre les 2 ouvrages, les insurrections sont finalement venues, à Athènes, Londres, Kiev, Istanbul, Tunis, Tripoli, Damas et Rio de Janeiro. Des places ont été occupées durant des semaines à Madrid, au Caire et à Hong-Kong. Des révoltes ont fleuri un peu partout dans les pays arabes avec un résultat quasi-aléatoire.

« A nos amis » y décèle un fond commun, le même sursaut, que le mouvement de rue se soit terminé en changement de régime, en bain de sang ou en eau de boudin… « De nos voyages, nous sommes revenus avec la certitude que nous ne vivions pas des révoltes erratiques, séparées, s’ignorant les unes les autres, et qu’il faudrait encore lier entre elles. Cela, c’est ce que met en scène l’information en temps réel dans sa gestion calculée des perceptions. Cela, c’est l’œuvre de la contre-insurrection, qui commence dès cette échelle infime. Nous ne sommes pas contemporains de révoltes éparses, mais d’une unique vague mondiale de soulèvements qui communiquent entre eux imperceptiblement. »

La physionomie que dépeint « A nos amis » des insurrections contemporaines est on ne peut plus réaliste (pages 41-43) :

« Un homme meurt. Il a été tué par la police, directement, indirectement. C’est un anonyme, un chômeur, un « dealer » de ceci, de cela, un lycéen, à Londres, Sidi Bouzid, Athènes ou Clichy-sous-Bois. On dit que c’est un « jeune », qu’il ait 16 ou 30 ans. On dit que c’est un jeune parce qu’il n’est socialement rien, et que du temps où l’on devenait quelqu’un une fois devenu adulte, les jeunes étaient justement ceux qui ne sont rien.

Un homme meurt, un pays se soulève. L’un n’est pas la cause de l’autre, juste le détonateur. Alexandros Grigoropoulos, Mark Duggan, Mohamed Bouazizi, Massinissa Guesma – le nom du mort devient, dans ces jours, dans ces semaines, le nom propre de l’anonymat général, de la commune dépossession. Et l’insurrection est d’abord le fait de ceux qui ne sont rien, de ceux qui traînent dans les cafés, dans les rues, dans la vie, à la fac, sur Internet. Elle agrège tout élément flottant, plébéien puis petit-bourgeois, que décrète à l’excès l’ininterrompue désagrégation du social. Tout ce qui était réputé marginal, dépassé ou sans avenir, revient au centre. À Sidi-Bouzid, à Kasserine, à Thala, ce sont les « fous », les « paumés », les « bons à rien », les « freaks » qui ont d’abord répandu la nouvelle de la mort de leur compagnon d’infortune. Ils sont montés sur les chaises, sur les tables, sur les monuments, dans tous les lieux publics, dans toute la ville. Ils ont soulevé de leurs harangues ce qui était disposé à les écouter. Juste derrière eux, ce sont les lycéens qui sont entrés en action, eux que ne retient aucun espoir de carrière.

Le soulèvement dure quelques jours ou quelques mois, amène la chute du régime ou la ruine de toutes les illusions de paix sociale. Il est lui-même anonyme : pas de leader, pas de programme. Les mots d’ordre, quand il y en a, semblent s’épuiser dans la négation de l’ordre existant, et ils sont abrupts : « Dégage ! », « Le peuple veut la chute du système ! », « On s’en câlisse ! », « Tayyip, winter is coming ». À la télé, sur les ondes, les responsables martèlent leur rhétorique de toujours : ce sont des bandes de çapulcu, de casseurs, des terroristes sortis de nulle part, certainement à la solde de l’étranger. Ce qui se lève n’a personne à placer sur le trône en remplacement, à part peut-être un point d’interrogation. Ce ne sont ni les bas-fonds, ni la classe ouvrière, ni la petite-bourgeoisie, ni les multitudes qui se révoltent. Rien qui ait assez d’homogénéité pour admettre un représentant. Il n’y a pas de nouveau sujet révolutionnaire dont l’émergence aurait échappé, jusque-là, aux observateurs. Si l’on dit alors que « le peuple » est dans la rue, ce n’est pas un peuple qui aurait existé préalablement, c’est au contraire celui qui préalablement manquait. Ce n’est pas « le peuple » qui produit le soulèvement, c’est le soulèvement qui produit son peuple, en suscitant l’expérience et l’intelligence communes, le tissu humain et le langage de la vie réelle qui avaient disparu. »

MLPL’insurrection est en marche… Les « Bronies » sont parmi nous ! Contraction de « Brothers » et « Poneys », le terme « Bronies » désigne les quelques 40 000 fans (ayant de 10 à 40 ans !) de la série « My Little Pony : Friendship is Magic », série inspirée des figurines « Mon Petit Poney », lancée par Hasbro sur la chaîne américaine The Hub. Regardez  bien autour de vous et vous finirez par reconnaitre l’un d’eux au pin’s « MLP » sur son sac ou à la peluche couleur pastel qui traine sur son bureau. Des centaines de Bronies français se sont réuni en novembre à Nantes (Insula Café) pour discuter de la série de ses paraboles et de ses références cachées, échanger sur les mérites de l’amour, l’amitié et la tolérance véhiculés par les poneys couleur pastel, échanger des figurines et acheter des produits dérivés.

Le documentaire “Bronies : the Extremely Unexpected Adult Fans of My Little Poney”  (https://www.youtube.com/watch?v=lqErHIhUSm8  ) m’a laissé sur le cul… Ce n’est guère évident de correctement percevoir l’effet qu’une série, initialement destinée aux gamines de 8 ans, peut avoir sur des jeune adultes (en majorité des hommes). Ces fans sont simplement touchés par le message d’amour et de tolérance, les références geek et les clins d’œil de la série.

Afin de dissiper tout doute (je le vois dans vos yeux), je tiens à préciser que les quelques recherches statistiques disponibles sur cette communauté tendent à montrer que l’écrasante majorité des Bronies sont hétérosexuels. Mais les préjugés ont la peau dure. Le fait que des hommes adultes tombent sous le charme d’un dessin animé destiné aux petites filles, continue à choquer.  Un dessin animé guerrier (théoriquement destiné aux p’tits garçons) ne déclencherait guère la même réaction, puisqu’il ne casserait pas les codes établis (sur ce qui est pour les filles et ce qui est pour les garçons).

Un message qui démarre sur l’alimentation rectale ne peut s’achever que dans les chiottes…
Vous savez, sans doute, que les toilettes est une passion japonaise. Je n’ai jamais vu des lieux d’aisance aussi innovants, aussi confortables, aussi inspirants qu’au Japon. Là-bas, mes toilettes étaient chauffantes et disposaient d’un p’tit clavier permettant de régler les vibrations du siège (pour le massage du soir), sa musique d’ambiance et la force du jet d’eau final. Sur ce trône éphémère, j’ai explosé tous les records connus du TOT, le taux d’occupation des toilettes, indice qu’on doit à Hideo Nishioka, professeur de l’université Keio (et je ne vous donnerai évidemment pas mon record… je vous dis juste qu’il est bien loin, très loin du TOT moyen de  32 secondes pour un japonais et 1 minute 37 pour une Japonaise). La langue japonaise offre une quinzaine de mots caractérisant les diverses formes observées aux toilettes (pour vos discussions de salon, retenez au mois Murimuri, nom poétique de l’étron de qualité).
Les toilettes ont aussi leur journée (Le 10 novembre) qui donne lieu à des expositions, des projections historiques, des ateliers et des débats… La dernière exposition en date a eu lieu au musée des sciences et de l’avenir (Miraikan – Tokyo), a couvert « les déjections humaines et l’avenir de la planète » et a proposé des ateliers de modelage des selles, des animations sonores autour du réseau de tout-à-l’égoût et des présentations éducatives sur l’utilisation de l’urine et des selles comme engrais naturels.

Parlant des chiottes et leur place dans la culture japonaise, Junichiro Tanizaki, auteur de l’Eloge de l’ombre (133), disait : « Comparé à l’attitude des Occidentaux, qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement ».

Au bout d’une dizaine de pages de conneries, je constate que mon cœur est toujours aussi lourd… J’aurais aimé vous souler (encore un p’tit coup) avec la vie après la croissance et l’énergie à gogo, avec la décroissance et la difficulté de la vivre en famille, avec le fantasme du « grand remplacement démographique » et les débilités sans fond d’Eric Zemmour, avec l’ ensauvagement climatique qui nous coutera la peau des fesses, avec Steven Cohen et son sexe enrubanné tiré par un coq sur la place du Trocadero…

Mais vous êtes sauvé par le gong…

L’insurrection n’a jamais été aussi actuelle et «rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu.» (Victor Hugo). Que ce message puisse faire souffler un peu d’enthousiasme révolutionnaire sur vous. Qu’il vous sorte, au moins ponctuellement, de ce relativisme et cette résignation qui vous obnubilent.  Qu’il vous incite à vous préparer au grand saut.

Louis Calaferte disait : « Ou le siècle à venir sera celui du refus, ou il ne sera qu’espace carcéral ». A vous de faire votre choix…

Bien la bise (avec une p’tite carte bâclée comme d’habitude),
Zouheir

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