Oxala House : Voeux d’un Eco-hypocrite

Cela fait des années que je vous bassine avec ça… Je pense donc que vous l’avez bien intégré :La période des fêtes me fout les boules…

Cet optimisme irrationnel, qui semble surgir de nulle part, me laisse toujours perplexe. Le rituel des cadeaux dont elle est synonyme, bien que voulant être un concentré hallucinant de générosités croisées et d’attentions renouvelées, me révolte par sa concentration dans le temps, son absurdité et son incompatibilité flagrante avec toute notion de « simplicité volontaire »…

Durant les onze premiers mois de l’année, on fanfaronne nos préoccupations écologiques.On se targue de consommer moins pour consommer mieux. Nos p’tits gestes pour la planète Terre, on les crie sur les toits… Le dernier mois, on se lâche… On est comme submergé par notre frénésie acheteuse. On met entre parenthèses toutes nos belles résolutions, comme quelqu’un qui sortirait d’un régime alimentaire atroce.

J’ai toujours réduit mes dépenses festives au strict minimum, autrement dit le zéro absolu. Et je m’en vante volontiers. Ceci dit, si c’était possible, j’aurais opté pour des cadeaux « algébriquement » négatifs (d’ici, j’entends certains parmi vous marmonner : « c’est quoi ce truc, encore ? »). Pourquoi ne pas émettre des certificats « cadeaux de Noël » sur le modèle des certificats de Carbone ? La sobriété des uns compenserait ainsi les errements des autres.

Certains parmi vous me reprocheraient une vision purement comptable du monde, incapable de transcender le « bassement matériel » pour accéder au sens profond (que je cherche toujours, d’ailleurs) de cet affolement annuel. D’autres me soupçonneraient d’avarice et de manque de savoir vivre. Il y a aussi ceux qui regarderaient d’un mauvais œil toute critique portant sur ces festivités, encore plus quand celle-ci vient d’un malheureux sarrasin.

En fait, je ne fais que critiquer notre éco-hypocrisie… chose qui est « futile car nous pratiquons tous le geste flamboyant, nous nourrissons tous des rêves d’excès » (Paul Seabright)

Noël ou pas, les véritables gestes écologiques, je n’en vois guère autour de moi (et je m’inclus dans le tas). A travers nos préoccupations affichées d’une consommation responsable, on ne fait que s’acheter une bonne conscience. Consommateurs effarés par notre propre consommation, nous frôlons souvent la schizophrénie.
Le coût démesuré de notre style de vie n’a d’égal que notre boulimie consommatrice, elle même savamment entretenue par une publicité mensongère capable de vanter, sans sourciller, les mérites environnementaux d’un énorme 4×4 vrombissant.

Car, nous nageons en plein « greenwashing ». L’art de tout « peindre » en vert se révèle vendeur, et on en abuse.
L’exemple des paquets de cigarettes Lucky Strike m’a laissé bouche bée. On y a remplacé le petit papier recouvert de métal, situé entre cigarettes et carton du paquet, par du papier sans métal, soi-disant recyclable. De peur que ce magnifique geste écologique ne passe inaperçu, on y a glissé un petit papier glacé (de fort belle qualité) avec la mention suivante :  « Eco-engagement : la feuille d’aluminium à l’intérieur de votre paquet a été remplacée par du papier 100 % recyclable. La qualité de conservation reste inchangée. »

A ce stade, il ne me reste plus qu’à vous balancer mon couplet éternel sur l’effondrement du Système, la Grande Crise qui guette, le Chao qui couve, les conséquences désastreuses de ce réchauffement qu’on continue à contester, sur l’inconsistance de la notion de « développement durable », sur la décroissance et la sobriété volontaire…

Mes Meilleurs Vœux, donc, de décroissance… Une décroissance que je vous souhaite voulue, sereine, soutenable et apaisante…

PS : Un p’tit proverbe arabe pour la route : « Qui veut faire quelque chose en trouve le moyen. Qui ne veut rien faire trouve une excuse. »
PS 2 : Nuls vœux sans carte de voeux. Cliquez donc ici

Adieux d’un futur chômeur (merci Sarko ! )

Toute bonne chose a une fin. Mais les adieux n’ont jamais été mon point fort…

J’ai été ravi de bosser avec vous durant ces dix années (ceci ne préjuge en rien de la réciproque). Ce n’est pas de la langue de bois, car je me suis arrangé pour ne partir qu’une fois que tous ceux qui m’ont miné l’existence déjà partis.

Vous allez peut-être me prendre pour un dingue, mais vendredi soir, en quittant les bureaux, je me suis posé la question de ce qu’aurait pu dire Pierre Desproges à ma place… Et j’ai pensé à sa fameuse « Il y a une coutume du spectacle qui me gonfle singulièrement, c’est les rappels. C’est totalement absurde, les rappels. Enfin, écoutez, dans la vie normale, dans la vie courante, quand un mec a fini son boulot, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne revient pas, il dit au revoir, et il s’en va… Enfin, on n’imagine pas un plombier, re-sonnant à la porte, après avoir réparé une fuite, juste pour refiler un petit coup de clé de douze. ».
Je me garde, cependant, la possibilité de passer manger à la cantine…

En tout cas, je ne vous fais point d’infidélité. Je pars pour ne rien faire ou, du moins, pour faire moins, car c’est un noble art que de ne rien faire : « Besides the noble art of getting things done, there is the noble art of leaving things undone. The wisdom of life consists in the elimination of non-essentials » (Lin Yutang. J’aurais pu vous le faire en Chinois… mais bon…).
Plus terre à terre, et dès que je vois plus clair dans mon agenda, je vous convierai à un p’tit pot des plus informels… un vendredi dans 2 ou 3 semaines, question de pouvoir trinquer avec tout le monde.
Bises,
Le Chômeur