On ne prospère que dans un bourbier…

Dans ses Exercices négatifs (Ed. Gallimard, première version, manuscrite, inaboutie, de son Précis de Décomposition, paru en 1946), l’écrivain roumain E. M. Cioran(*) nous dit :

« Tous les malheurs des hommes commencent dès que finissent leurs échecs. A partir de ce moment, ils ne redoutent plus de se perdre, et ils trahissent leur nature, et se perdent. On ne prospère que dans un bourbier ; on s’enlise sur le trône. Les plus grands vaincus sont ceux qui ont réussi. Car tous les vices réunis dans un seul homme ne sauraient le pervertir autant que la gloire. »

Je ne peux que savourer ces paroles intemporelles… Suivez mon regard et vous comprendriez.

(*) Cioran est celui-là même qui déclara avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, et à le déconseiller par oral (car dans le premier cas cela relève du monde des idées, alors que dans le second il avait en face de lui un être de chair et de sang)… un écrivain-philosophe dont le pessimisme n’avait d’égal que son scepticisme.

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