Et le vieux con parla…

« Le problème avec notre époque est que le futur n’est plus ce qu’il était ! » — Paul Valéry

En cette fin d’année, et comme d’habitude, j’ai cherché à dénicher, dans l’évolution de ce monde, tout ce qui pouvait me foutre la trouille (je suis comme ça… j’adore me faire peur), et par ricochet (car je suis du genre partageur) plomber l’ambiance générale. Mon objectif ultime étant, vous vous en doutez sans doute, est de vous servir l’antidote de cet excès d’optimisme qui vous submerge à chaque début d’année (et qui me fait franchement chier), vous faire partager mes inquiétudes et mes doutes (vous déprimer, quoi !).
Là, la fin de l’année s’approche à grand pas et mon désarroi grandit à vue d’oeil. Car, j’ai comme un souci… Mon constat est plutôt frustrant : Rien ne cloche plus dans ce bas monde. Tout semble aller à merveille, dans les meilleurs des mondes.

Le calendrier chinois met l’année 2011 sous le signe du lapin de métal blanc (si si) ! Selon le zodiac chinois, le lapin est sociable, discret, raffiné, sensible….Une année qui ne pourra être que calme, quiétude, répit et apaisement. La révolution, c’est du passé. Place aux préoccupations mondaines et aux orgies artistiques… Je sens que je vais me goinfrer dans les vernissages…

Je me rappelle d’une étude vieille de 10 ans des Nations Unies estimant à 800 milliards (déboursables sur 10 ans, justement) le coût nécessaire pour que tout être humain ait accès à l’éducation de base, à la santé, à la nourriture et à l’eau potable. De toute évidence, l’objectif du millénium est atteint. Les émeutes de la faim sont maintenant de l’histoire ancienne. L’humanité toute entière mange à sa faim, a accès à l’eau potable, et dispose des soins primaires. Ceux qui ne mangent pas suffisamment sont ceux qui font attention à leur ligne, tout simplement.

Le monde va bien…
Selon une enquête réalisée par le site de rencontres en ligne OkCupid, les utilisateurs de l’iPhone d’Apple, hommes et femmes confondus, ont plus de partenaires sexuels (Avez-vous déjà contemplé l’un d’eux en train de tripoter l’écran tactile, faire défiler les pages, les pétrir, les retourner, les zoomer, le tout avec un ou deux doigts ? Quelle dextérité !). Mes pauvres Blackberristes, il est grand temps de troquer vos BBs (et votre acharnement professionnel) contre un peu plus d’habilité manuelle…

Le monde va bien… Nos gouvernants savent rester zen
Alors que des milliers d’automobilistes dormaient sur les autoroutes de France, M. Brice a osé affirmer que ce n’était guère la pagaille. C’était juste un énorme foutoir, un bordel monstre… Ceci dit, il a en quelque sorte raison : sur des centaines de kilomètres, les voitures bloquées étaient parfaitement rangées en file indienne dans la neige. Elle est où la pagaille, là dedans ?

Le monde va bien…
Contre la réforme prévoyant le triplement des frais (à 9000 livres) de scolarité au sein des universités de GB pour compenser le désengagement de l’Etat de l’enseignement supérieur, les étudiants britanniques ont manifesté leur colère, se sont opposés à la police, et s’en sont même pris à la voiture du Prince Charles et sa dulcinée, l’aspergeant de peintures. Je vous rassure… Le couple princier a finalement pu assister comme prévu au spectacle auquel il se rendait. S’ils l’ont fait, c’est que le monde se porte à merveille.

Le monde va bien… Les inféodés sont rapidement rappelés à l’ordre
Après MasterCard, PayPal et Visa, c’est au tour de Bank of America de fermer le robinet à Wikileaks, en suspendant toutes les transactions destinées à ce site. Son porte-parole évoque une décision qui «  se fonde sur le fait que Wikileaks semble être engagé dans des activités contraires à la politique interne de paiements » de la banque… Il va sans dire (dans un monde qui va bien) que cette décision n’a absolument rien à avoir avec les « 5 gigaoctets de données provenant du disque dur d’un des dirigeants de la banque » que le fondateur de Wikileaks promet de rendre publique dans un p’tit mois. Quant à Médiapart, ils continuent à nous faire chier avec leurs enquêtes et leurs révélations… Ils n’ont toujours pas compris qu’on n’aspire qu’à une vie pépère, loin des tumultes des interrogations existentielles et des questionnements métaphysiques, que nous vivons en parfaite harmonie avec nous gouvernants (dont la rigueur, la transparence, l’honnêteté intellectuelle et l’honnêteté tout court, sont proverbiales)

Le monde va bien… Les flots d’argent sont bien canalisés
Les bonus des traders sont maintenant encadrés, payés de façon différée, sur un minimum de trois ans… Ouf, nous voilà rassurés sur la pérennité du système. Dans le même registre, les jeux d’argent sont enfin légalisés sur internet. Les français pourront enfin s’alléger de leurs quelques 20 milliards d’euros (de pertes, par an) à d’autres que la Française des Jeux et le PMU. Addiction pour addiction, on devrait légaliser la marijuana. Ca fera rentrer un peu de fric dans les caisses de l’Etat, et nous fera tous planer un bon coup…

Le monde va bien… Et le père Noël y est pour quelque chose.
Les foyers français continuent à débourser 230 Euros (en moyenne) pour entasser quelques jouets de plus (Ils devraient, cependant, savoir qu’une entreprise française a eu la lumineuse idée de proposer des jouets à la location).  Dehors, 4 personnes en situation précaire sont mortes dans le froid glacial. C’est un peu leur faute : ils tenaient absolument à voir passer le père Noël sans tenir compte de leurs fragilités physiques.
Pour ceux qui n’ont pas d’amis, il est enfin possible d’en louer, du moins en Ukraine. La société Kind Fairy propose aux personnes solitaires malgré elles (et moyennant une quinzaine d’euros) d’aller trinquer en compagnie  d’un ami d’un soir, capable de parler de tout (politique, art, cul, je suppose…)

Le monde va bien… Nous débordons de créativité.
La médaille de la créativité (qui a osé parler de cupidité ?) revient à l’Espagnole Angeles Duran qui s’est auto-déclarée propriétaire du soleil. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on se l’est coulé douce durant quelques 4 milliards d’années, loin de toute entrave, que la cupidité humaine ne peut nous atteindre… Il faut dire qu’un Américain l’a déjà précédé en passant un acte notarié pour s’approprier la lune et presque toutes les planètes.

Le monde va bien… Nous sommes plus humains que jamais.
L’Etat de Californie a pris la décision radicale de libérer une partie de ses prisonniers (­6500, soit 4% de la population carcérale). Les mauvaises langues n’y verront que des raisons bassement matérielles, le signe que l’Etat n’a plus les moyens d’entretenir ses prisonniers… Ca reste un acte fort venant d’un Etat qui alloue plus au système carcéral qu’à l’enseignement supérieur. Bravo la Californie !

Le monde va bien… Nos ressources sont inépuisables.
En commentaire d’un article sur la raréfaction de l’eau douce, l’excellent Champardenne affirmé « Placez vous sur la rive de n’importe quel grand fleuve […] et regardez un moment toute cette énorme quantité d’eau douce qui file se perdre en mer ». Suite à cette observation qui brille par sa rigueur scientifique (et je ne suis guère du genre moqueur !), il conclut qu’ »on a toute l’eau douce voulue ». Nous voilà rassurés…

Le monde va bien… Notre sécurité est assurée à chaque instant.
Sur un large panel d’applications populaires pour téléphone mobile étudiées par le Wall Street Journal, nombreuses se sont révélées coupables de violation de la vie privée (je préfèrerais parler de protection rapprochée), et ce par transmission, à des régies publicitaires (pour l’instant), de données personnelles à l’insu de l’utilisateur. Sur 101 applications étudiées (fifty-fifty iPhone & Android), 56 transmettent l’identifiant unique du téléphone, 47 donnent la localisation de l’utilisateur, et 5 livrent son âge et son sexe. Qui a osé dire qu’on est tracé ??

Le monde va bien… La révolution n’est plus que littérature.
Le manifeste de la gauche radical « L’insurrection qui vient » se vend comme des petits pains en Allemagne, phénomène qui inquiète plus d’un. Pas moi… C’est la preuve que nos révolutionnaires apprennent à lire.

Nous vivons dans un monde merveilleux.
Nous vivons des temps mémorables…

Vieux je suis devenu, mais con je suis resté… con au point de ne plus voir que les mauvais côtés de ce monde.
Là, vous allez être sympa et me laisser me lâcher un bon coup. Il en va de ma santé mentale. Faites juste semblant de m’écouter… Et, surtout, soyez indulgents…

Et le vieux con parla…

Nous vivons sur les plaques tectoniques du chômage endémique, de la dette galopante, des déficits abyssaux, des disparités sociales qui se creusent… et on adore ça.
Des pays dits développés se sont révélés au bord du gouffre financier… à deux doigts du dépôt de bilan. Au lieu d’avaler notre amour propre et de restructurer nos dettes (et celles de nos banques), nous avons préféré jouer les prolongations en maintenant le malade sous perfusion. Avez-vous déjà essayé de planquer un tas de poussière sous un tapis ? Avez-vous remarqué  le champignon atomique que notre connerie génère dès qu’on effleure (par mégarde) le tapis ?

On s’est embarqué dans un « anti-Robinwoodisme » à toutes épreuves: On prend aux pauvres pour donner aux riches. C’est tellement gros que 45 millionnaires américains (oui oui, je vous l’assure) ont choisi de lancer une pétition pour payer plus d’impôts. Ils exigent l’abandon des allègements fiscaux de l’époque Bush, comme un premier pas vers l’assainissement des finances publiques. En même temps, près d’un quart de la population européenne est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale, et 42 millions d’américains dépendent des coupons alimentaires.
Et, un peu partout, les journées d’actions contre l’austérité tournent à la guérilla urbaine…

On adore vivre à crédit (avez-vous remarqué, dans la queue devant vous au Printemps / BHV / Galeries Lafayette, le nombre de clients qui règlent leurs achats avec la carte de paiement du dit grand magasin ?). Devant un parterre d’étudiants, l’amiral Michael Glenn considère que « la pire menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis est le poids de leurs dettes ». Quand le plus haut gradé de l’Amérique commence à parler de la dette US, je ne peux réprimer un haut-le-cœur (je suis du genre à vomir quand je suis terrorisé).
On dépense trop et sans discernement. Analyser les courses de Noël est un cours de macro-économie en soi. Les chinoiseries que vous avez achetées (autrement dit, la quasi-totalité de vos cadeaux) sont responsables des déséquilibres mondiaux, des déficits commerciaux et des dettes qui enflent…

Même la nature s’en mêle… L’année nous a gâtés avec 2 séismes respectables (Haïti avec ses 200 000 morts, et le Chili, ce dernier étant le plus fort jamais enregistré), un volcan (au nom barbare d’Eyjafjöll) déchainé au point d’obscurcir les cieux européens, une magnifique marée noire au large des Etats-Unis, quelques inondations dévastatrices dans des coins reculés du globe (dont on s’en fout royalement)…

Et comme pour parfaire ce panorama magnifique, la Belgique n’a jamais été aussi proche de la scission. Mais c’est peut-être une histoire belge de plus…

La troisième révolte est en marche. Il est grand temps d’entrer dans l’ère de la désobéissance éclairée. La sobriété volontaire ne suffira bientôt plus…

Et, dans ce bordel globalisé, je ne peux que m’aligner sur Jean Yann qui disait « Pour moi, la grande question n’a jamais été : Qui suis-je ? Où vais-je ? Comme l’a formulé si adroitement notre ami Pascal, mais plutôt : Comment vais-je m’en tirer ? . »

Bonnes fêtes et meilleurs vœux (c’est bien la formule consacrée, non?)
Viva la revolucion (celle là l’est un peu moins !).

Le jour se leva. Et le vieux con se tut… (et c’est peut-être mieux comme ça)

PS : Contrairement au zodiac chinois, je suggère de placer 2011 sous le signe du Scarabaeus Laticollis, plus vulgairement connu sous le nom de scarabée bousier (vous savez, celui qui fait des boules de caca et qui les roule jusqu’à son garde-manger… ummmm !).

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Sans lui, nous serions dans une merde noire jusqu’au cou…  Il faudrait juste qu’il s’adapte un peu, en arrêtant de faire des boules avec les excréments des autres, pour se consacrer à l’ingestion de nos déchets les plus divers… Je me verrais bien dans un monde où chacun se baladerait avec son bousier (de la taille d’une chèvre) en laisse…

PS 2 : A ce stade, et au risque de passer pour le ringard de service, je vais finir par vous chanter  « Les anarchitectures », ou encore « J’accuse » de Saez (très bon calmant pour cette période plus ou moins festive. Je vous invite vivement à les écouter sur Deezer :http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/saez . Et puis, c’est gratis).

PS 3 : Je suis sûr que parmi vous, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les 2 révoltes qui ont précédé la future troisième ! J’en dirai plus en 2012 (si internet marche encore).

PS 4 : La eCard_Tingitingi_2011 est là pour rattraper mes conneries… du moins, je l’espère.

Zeitgeist : Film de propagande ou hymne à la rébellion intellectuelle ?

« Zeitgeist : The Movie » est un film documentaire (libre de droit) réalisé en 2007 par un certain Peter Joseph (un article lui a été consacré par le New-York Times), à l’origine du mouvement du même nom « The Zeitgeist Movement« .

Zeitgeist (« esprit du moment », en allemand) pointe du doigt les thèses dominantes et dénonce leur exploitation par une minorité détenant le pouvoir effectif. Il oscille quelque part entre la thèse du complot (avec, pour une fois, un argumentaire simple et percutant) et l’incitation à la rébellion intellectuelle. Les sujets abordés n’ont rien d’original : L’histoire de Jésus-Christ, les attentats du 11/9, le système bancaire, les plans secrets d’une gouvernance mondiale menés par une élitte trans-nationale, la montée des fascismes… Le regard critique apporté, la simplicité de l’argumentaire et le ton engagé, ne peuvent que séduire…

Une suite a été réalisée en 2008 : «Zeitgeist – Addendum » pour dénoncer le système monétaire (ses ravages et ses tendances esclavagistes) et proposer une nouvelle société inspirée des travaux de Jacques Fresco et de son projet « The Venus Project ». Un regard idéaliste au point de sembler, à certains moments, un peu neuneu… Et puis, les allocutions de J. Krishnamurti ne laissent guère indifférent.
Le projet Vénus vise à troquer le système monétaire (voire monétariste) actuel contre un autre basé sur le partage des ressources et les avancées technologiques bien ciblées. L’objectif ultime de cette combinaison est de tarir la source de tous nos maux : la notion bien entretenue de rareté, la névrose consumériste, la recherche effrénée du profit…
Les critiques ne manquent pas… voir, entre autres, Boing-Boing ou The Stranger

Considérer que Zeitgeist est la Vérité relèverait de l’inconscience. N’y voir qu’un travestissement surréaliste des vérités établies (œuvre d’un désaxé notoire, comme certains l’ont dit) est un signe de stupidité et/ou de malhonnêteté intellectuelle.

Sans être un partisan inconditionnel des théories du complot, je ne peux que lui reconnaître sa vision engagée visant un système alternatif capable de remettre en cause les chauvinismes, de contrer les pensées dominantes, de développer l’anticonformisme, et d’établir des contre-pouvoirs.

Je lui reproche, cependant, l’absence de la mention explicite de ses sources. Ainsi, et en l’absence de preuves irréfutables (sources datées et vérifiables), je reste dubitatif devant la citation de David Rockefeller (Council on Foreign Relations) « Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine, et les autres grandes parutions dont les directeurs ont assisté à nos meetings et ont honoré leur promesse  de discrétion durant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est plus sophistiqué et préparé à marcher vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est certainement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles précédents ». Je suis littéralement « sur le cul » (et un peu plus dubitatif) devant ce que rapporte Aaron Russo (cinéaste) sur le complot mondialiste, et plus spécifiquement sur Nicholas Rockefeller : une prémonition bluffante, datant (selon ses dires) de 11 mois avant le 11/9, détaillant l’enchainement à venir, la guerre contre un ennemi éternel mais fictif, le matraquage médiatique et l’enrôlement des foules, jusqu’à l’atteinte de l’objectif ultime : le pouvoir absolu et la main mise sur les libertés fondamentales.

Des 2 films, je retiens, au moins, cette citation du philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade »

The Revolution is Now…

Le Syndrome de Noé

Au fil des ans, on m’a collé l’étiquette de pessimiste, chose que je réfute énergiquement. Mon comportement constamment récessif, mes critiques du Système, mes convictions profondes de l’imminence du krach, mon pressentiment d’aller droit dans le mur, relèvent, à mon sens, plus du réalisme terre-à-terre que du pessimisme clinique…

Aurais-je fait des gosses en étant l’éternel pessimiste qu’on décrit ? Je ne pense pas…

C’est bien mon réalisme maladif qui m’a incité à faire des gausses, et ceux pour deux raisons :

  • Une purement économique, mais quelque peu perverse (je vous l’accorde) : C’est le meilleur moyen (éthiquement acceptable) d’accéder à la main d’œuvre quasi-gratuite dans un monde où l’on reviendrait, tôt ou tard, à notre préoccupation la plus basique d’éleveurs-cueilleurs…
  • Une autre plutôt psychiatrique, relevant du « syndrome de Noé » (je viens de l’inventer à l’instant, je vous rassure.) : Sentant que le déluge ne va plus tarder, on se trouve porté par une envie irrésistible de construire un bateau et d’embarquer tous ceux qu’on aime… En faisant des gausses (qui, par définition, ne peuvent s’opposer à l’embarquement), on ne fait qu’augmenter le taux de remplissage du bateau, de se garantir quelques accompagnateurs inconditionnels (évitant ainsi les grands moments de solitude)… Au pire, on fera un p’tit tour (entre amis) et on reviendra au point de départ…

Oxala House: Season Greetings from an Eco-hypocrite

I hate the holidays season, because it brings out the worst of the rabid consumer in us.

I hate this mindless buying, this over-consumption (and its direct consequences: stress, depression, pollution, waste, hunger, greed, climate change, greed, hunger, resource depletion…) , this compulsive and excessive spending, this addiction to shopping (a result of years of media conditioning), this spirit of wealth accumulation beyond basic needs …
From January to November, we shout out our ecological commitments, our nice resolutions to save the planet. We jeer the abominable culture of consumerism…
In December, we make abstraction of all these nice thoughts. We erase everything and fly back to our “vieux amours”… The inescapable buying frenzy is back again: a kind of system-led exercise in society brainwashing.

By the way, I hate the System.

With the current economic crisis, I started dreaming of a global rethinking of the System.The crisis offered a perfect opportunity to reassess what really matters. I thought (am I naïve?) that business as usual was no longer an option.
Unfortunately, the crisis did not bring any change to consumers spending habits. As beautifully stated by Ellen Goodman, in her article entitled “Recession Exposes Emptiness of Consumerism”, “What Americans already knew at some level was that the credit-card-driven, debt-ridden, pay-later economy wasn’t sustainable. Not economically. Not environmentally.
It wasn’t just the Birkenstock crowd or our Depression-era elders who knew this. It’s been nestled in our collective sub consciousness among all the critiques against materialism, all the screeds against commercials, all the unease about excess and inequality, all the fear that we’ve filled our kids’ lives and landfills with stuff. But it was as commonly dismissed as a Sunday sermon. Or manipulated into a pitch for diamonds

All we do is trying to clear our guilty conscience through a lot of futile actions (non-chemical all natural cleaners packaged in plastic bottles, biodegradable bags, old calendars to wrap gifts, eco-friendly gifts which are, nonetheless, pointless stuff… An amazing psychological experiment mentioned by Rebecca Tuhus-Dubrow in its paper “Buy Local, Act Evil” tends to show that virtuous shopping can actually lead to immoral behavior), without calling into question our way of living, without putting any limits on our voracious appetites for comfort. We try to go green without respecting the basic 3R steps: Reducing (consumption, ecological impact, waste, packaging…), Reusing and Recycling. And when discernment is lacking, it becomes easy to succumb to the greenwashing melody.

We are probably plunging in a green consumerism!
Our guilty conscience, our fears and worries, are being preyed upon. Many corporations are making big money of it.

At the same time, buying stuff with the word “Green” stamped on the package gives us an exaggerated moral credit that we use to offset the act of moral bankruptcy that follows.

To sum up, we are hypocrite, schizophrenic and over-consuming guys. Any apparent shift in consciousness is obviously short-lived and skin-deep. We all have a tendency to get back to an equilibrium of complacency as soon as we can…
Things will never change without a BIG BIG slap.

The temptation is so great… But, I would spear you my eternal boring screed about the unavoidable crash of the System, the coming Great Chaos, the Global Ecological Collapse, on the internal inconsistency of the notion of “sustainable development”, on the necessity of downsizing and voluntary sobriety…

Anyway, it’s worth having a look to Chris Seay’s talk, a very nice peace on consumerism.
The attached “Happy New Year” card aims to make my bullshit a little bit more bearable. So, please forgive my romantic foolishness.

May these years bring us the best Downsizing ever… one that, I hope, will be endurable, sustainable, soothing, and above all, serene.

PS: A little Arab proverb to help you making the downsizing trip: “Who wants to achieve something will acquire the mean to. Who does not want to do anything will find an excuse for.”
PS2: Your applauses (is it forbidden to dream?), critics and/or insults are always welcome onwww.tingitingi.com

Oxala House : Voeux d’un Eco-hypocrite

Cela fait des années que je vous bassine avec ça… Je pense donc que vous l’avez bien intégré :La période des fêtes me fout les boules…

Cet optimisme irrationnel, qui semble surgir de nulle part, me laisse toujours perplexe. Le rituel des cadeaux dont elle est synonyme, bien que voulant être un concentré hallucinant de générosités croisées et d’attentions renouvelées, me révolte par sa concentration dans le temps, son absurdité et son incompatibilité flagrante avec toute notion de « simplicité volontaire »…

Durant les onze premiers mois de l’année, on fanfaronne nos préoccupations écologiques.On se targue de consommer moins pour consommer mieux. Nos p’tits gestes pour la planète Terre, on les crie sur les toits… Le dernier mois, on se lâche… On est comme submergé par notre frénésie acheteuse. On met entre parenthèses toutes nos belles résolutions, comme quelqu’un qui sortirait d’un régime alimentaire atroce.

J’ai toujours réduit mes dépenses festives au strict minimum, autrement dit le zéro absolu. Et je m’en vante volontiers. Ceci dit, si c’était possible, j’aurais opté pour des cadeaux « algébriquement » négatifs (d’ici, j’entends certains parmi vous marmonner : « c’est quoi ce truc, encore ? »). Pourquoi ne pas émettre des certificats « cadeaux de Noël » sur le modèle des certificats de Carbone ? La sobriété des uns compenserait ainsi les errements des autres.

Certains parmi vous me reprocheraient une vision purement comptable du monde, incapable de transcender le « bassement matériel » pour accéder au sens profond (que je cherche toujours, d’ailleurs) de cet affolement annuel. D’autres me soupçonneraient d’avarice et de manque de savoir vivre. Il y a aussi ceux qui regarderaient d’un mauvais œil toute critique portant sur ces festivités, encore plus quand celle-ci vient d’un malheureux sarrasin.

En fait, je ne fais que critiquer notre éco-hypocrisie… chose qui est « futile car nous pratiquons tous le geste flamboyant, nous nourrissons tous des rêves d’excès » (Paul Seabright)

Noël ou pas, les véritables gestes écologiques, je n’en vois guère autour de moi (et je m’inclus dans le tas). A travers nos préoccupations affichées d’une consommation responsable, on ne fait que s’acheter une bonne conscience. Consommateurs effarés par notre propre consommation, nous frôlons souvent la schizophrénie.
Le coût démesuré de notre style de vie n’a d’égal que notre boulimie consommatrice, elle même savamment entretenue par une publicité mensongère capable de vanter, sans sourciller, les mérites environnementaux d’un énorme 4×4 vrombissant.

Car, nous nageons en plein « greenwashing ». L’art de tout « peindre » en vert se révèle vendeur, et on en abuse.
L’exemple des paquets de cigarettes Lucky Strike m’a laissé bouche bée. On y a remplacé le petit papier recouvert de métal, situé entre cigarettes et carton du paquet, par du papier sans métal, soi-disant recyclable. De peur que ce magnifique geste écologique ne passe inaperçu, on y a glissé un petit papier glacé (de fort belle qualité) avec la mention suivante :  « Eco-engagement : la feuille d’aluminium à l’intérieur de votre paquet a été remplacée par du papier 100 % recyclable. La qualité de conservation reste inchangée. »

A ce stade, il ne me reste plus qu’à vous balancer mon couplet éternel sur l’effondrement du Système, la Grande Crise qui guette, le Chao qui couve, les conséquences désastreuses de ce réchauffement qu’on continue à contester, sur l’inconsistance de la notion de « développement durable », sur la décroissance et la sobriété volontaire…

Mes Meilleurs Vœux, donc, de décroissance… Une décroissance que je vous souhaite voulue, sereine, soutenable et apaisante…

PS : Un p’tit proverbe arabe pour la route : « Qui veut faire quelque chose en trouve le moyen. Qui ne veut rien faire trouve une excuse. »
PS 2 : Nuls vœux sans carte de voeux. Cliquez donc ici

Hard Rain

And what did you hear, my blue-eyed son?
And what did you hear, my darling young one?
I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin
I heard the roar of a wave that could drown the whole world
I heard one hundred drummers whose hands were a-bleedin’
I heard ten thousand whisperin’ and nobody listenin’
I heard one person starve, I heard many people laughin’
Heard the song of a poet who died in the gutter
Heard the sound of a clown who cried in the alley
And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard
And it’s a hard rain’s a-gonna fall.

Bob Dylan, Hard Rain

Adieux d’un futur chômeur (merci Sarko ! )

Toute bonne chose a une fin. Mais les adieux n’ont jamais été mon point fort…

J’ai été ravi de bosser avec vous durant ces dix années (ceci ne préjuge en rien de la réciproque). Ce n’est pas de la langue de bois, car je me suis arrangé pour ne partir qu’une fois que tous ceux qui m’ont miné l’existence déjà partis.

Vous allez peut-être me prendre pour un dingue, mais vendredi soir, en quittant les bureaux, je me suis posé la question de ce qu’aurait pu dire Pierre Desproges à ma place… Et j’ai pensé à sa fameuse « Il y a une coutume du spectacle qui me gonfle singulièrement, c’est les rappels. C’est totalement absurde, les rappels. Enfin, écoutez, dans la vie normale, dans la vie courante, quand un mec a fini son boulot, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne revient pas, il dit au revoir, et il s’en va… Enfin, on n’imagine pas un plombier, re-sonnant à la porte, après avoir réparé une fuite, juste pour refiler un petit coup de clé de douze. ».
Je me garde, cependant, la possibilité de passer manger à la cantine…

En tout cas, je ne vous fais point d’infidélité. Je pars pour ne rien faire ou, du moins, pour faire moins, car c’est un noble art que de ne rien faire : « Besides the noble art of getting things done, there is the noble art of leaving things undone. The wisdom of life consists in the elimination of non-essentials » (Lin Yutang. J’aurais pu vous le faire en Chinois… mais bon…).
Plus terre à terre, et dès que je vois plus clair dans mon agenda, je vous convierai à un p’tit pot des plus informels… un vendredi dans 2 ou 3 semaines, question de pouvoir trinquer avec tout le monde.
Bises,
Le Chômeur

On ne prospère que dans un bourbier…

Dans ses Exercices négatifs (Ed. Gallimard, première version, manuscrite, inaboutie, de son Précis de Décomposition, paru en 1946), l’écrivain roumain E. M. Cioran(*) nous dit :

« Tous les malheurs des hommes commencent dès que finissent leurs échecs. A partir de ce moment, ils ne redoutent plus de se perdre, et ils trahissent leur nature, et se perdent. On ne prospère que dans un bourbier ; on s’enlise sur le trône. Les plus grands vaincus sont ceux qui ont réussi. Car tous les vices réunis dans un seul homme ne sauraient le pervertir autant que la gloire. »

Je ne peux que savourer ces paroles intemporelles… Suivez mon regard et vous comprendriez.

(*) Cioran est celui-là même qui déclara avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, et à le déconseiller par oral (car dans le premier cas cela relève du monde des idées, alors que dans le second il avait en face de lui un être de chair et de sang)… un écrivain-philosophe dont le pessimisme n’avait d’égal que son scepticisme.

Oxala House: Season’s Greetings during Crisis Times

A little message to thank you a lot for your support throughout the last few years.
Looking forward to seeing you (again) in Djerba Island.

Hurrah, 2008 is over!

If you’re waiting for the traditional “Merry Christmas and Happy New Year” message, please, please do not go further in reading my annual message…
I may be sarcastic but never to the point of using the kind of messages featured by some greetings cards that capitalize on the global gloomy mood and featuring, such as “Have a Great Depression and a Subprime New Year”

A Chinese proverb says “Instead of damning the darkness, it’s better to light a little lantern.”
I would rather switch all Xmas lights on…

Here we are at the end of 2008. Most of us would argue that it was not a year to look back on. It is rather a year to look away from!
No doubt, 2008 will be remembered as the “annus horribilis” that brought down the world to its knees, within a global horrible mess, a mixture of interrelated crises: a food crisis, a financial meltdown, an energy/raw materials crisis, and finally, a System crisis.

For years and years, we’ve heard Medias and politicians from all parties announcing the down of a new era of perpetual growth and prosperity. 2008 provides the counter-thesis to the official speech. And what if this is the end of the global expansion cycle?

In times of crisis, people always look for scapegoats, a simplistic way to avoid bearing one’s own responsibilities. So far, we’ve been blaming the IMF, biofuels, bankers’ dishonesty and policymakers’ incompetence, Chinese appetite, uncontrolled free market fundamentalism…

The inconvenient truth is rather basic: We are living beyond our means and there is no improvement in sight. We are all guilty of this mess. We have built a hyper-consumption society that threatens all our ecological life-support systems and swallows our energy resources and raw materials at an unsustainable pace.
We have become accustomed to the intellectual hypocrisy, subscribed to all empty rhetorics disguising our System’s fragility.
Now, reality is just biting back. Our global economy looks like a huge Ponzi scheme, ready to implode at the first earthquake.

The “Doctor Doom and Gloom” (this is not me) says:
“We probably have less than ten years to put ourselves back on the road to sustainability.
It is vital to prevent the eminent social and ecological crashes and to avoid a worldwide climate/sustainability collapse. This would be really really HORRIBLE!”

For that, don’t you think that we should rethink our economy away from the demand for perpetual growth? Voluntary downsizing is a solution… Just think about it.

The emperor is naked and so are his knights, you and me.
But Hope you the best attainable World.
 A little e-card is here for that: Oxala_eCard2009

Zouheir (on behalf of Oxala House – Djerba)

PS: This is my annual message, don’t worry… Now, it is finished.