Marché Eco à Erriadh du 5 au 7 août 2016

Le marché écologique & artisanal se tiendra à Erriadh le vendredi, samedi et dimanche prochains (5-6-7 août 2016). Dorénavant, cette manifestation aura lieu chaque mois (le premier week-end du mois, a priori).

Affiche AoutUne vingtaine de producteurs locaux (agriculteurs, artisans, transformateurs) vous accueilleront à l’ancien marché municipal d’Erriadh pour vous proposer leurs produits : fruits, légumes, produits alimentaires artisanaux, produits frais…
Cette initiative de l’Association « Les Amis de la Médina » vise à offrir une débouchée commerciale aux producteurs locaux, et à les accompagner vers une exploitation plus durable de leur terre (permettant à certains d’eux de sortir de la précarité) en s’appuyant sur les principes de l’agro-écologie.

Outre sa contribution à la pérennisation de l’agriculture locale, de l’ancrage territorial et des circuits courts, ce nouveau marché nous permettra, nous consommateurs :

  • d’avoir un accès direct  à des produits locaux, respectueux de l’environnement et socio-responsables
  • d’augmenter la part des achats locaux dans notre consommation
  • de contribuer activement à la diminution de l’impact CO2 des transports des produits concernés

Cette initiative ne pourra prendre sans votre soutien actif. Soyez donc nombreux à venir nous rendre visite. Vous serez ainsi précurseurs dans une autre façon de produire et de consommer…
Nous comptons aussi sur vous pour faire des vagues, beaucoup de vagues, en en parlant tout autour de vous.

Amitiés,

PS : Il va sans dire qu’aucun sac en plastique ne sera donné sur place. C’est l’occasion pour votre panier d’être de la sortie

Vœux 2016 : Un mouton qui vous veut du bien…

Tout est parti d’une p’tite phrase qu’une amie (ou ce qu’il en reste) m’a glissée, il n’y a pas si longtemps : « Tu es un optimiste du quotidien  qui met en garde contre les dangers séculaires ». Enfin quelqu’un (autre que ma femme) qui me fait comprendre, d’une façon certes poétique mais très ferme, que je vous les brise menu depuis longtemps maintenant…

Fort de ce constat amical, j’ai décidé de vous épargner mes élucubrations annuelles. Faire semblant de refaire le monde chaque année n’est clairement plus de mon âge… Car moi aussi, je vieillis.
Et afin d’être dans l’air du temps et de satisfaire tous ceux qui ne savent plus lire et qui préfèrent les histoires illustrées, j’ai décidé de me lancer dans la Bande Dessinée ! Eh oui, il n’a peur de rien le bougre… Je rassure tout de suite ceux qui adorent la BD et détestent les intrus. Mon intrusion ne sera que brève et éphémère : Tingitingi – Neolithique Djerbien en BD 2016

Cette année, c’est décidé ! Je rentre dans le rang et je ne donne la parole qu’à la partie sous amphétamines qui somnole bien au fond de moi. Il est grand temps de réaliser les prémonitions d’Aldous Huxley, de nettoyer mes divagations de tout contenu subversif et de les concentrer sur tout ce qui est futile, ludique, instinctif et émotionnel. Les nouveaux convertis étant toujours les plus zélés, je ferai allégeance au pouvoir soporifique du sexe et du consumérisme.

Ma grille de lecture de l’année écoulée a été (non sans peine, d’ailleurs) reformatée en conséquence.

  1. Dans la case « futile » : Les photos de femmes affichant fièrement leur pilosité sous les bras envahissent les réseaux sociaux. Instagram a vu apparaître de nombreux comptes, avec des milliers d’abonnés, dédiés à ces photos de poils sous aisselles. Mes amies me disent d’y voir un acte féministe visant à dénoncer les standards de beauté imposés par la société (comprenez par les hommes). Mes amis (les plus vicieux, du moins) y voient une invitation au voyage, un cri sexuel, un appel libertin et libertaire à une visite de la brousse avoisinante. Moi, je n’ai pas d’opinion. Depuis des années, je me rase les coucougnettes en n’y laissant que 7 poils tout en bas, que j’enroule, pour les friser, sur un bâton d’allumette en guise de bigoudi. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais eu l’idée d’en parler, encore moins d’en mettre des photos sur Instagram. Pourtant, ça a été toujours ma façon de rendre hommage au combat de Melvin Van Horne (Tahiti Mel) dans Les Simpson.
  2. Dans la case « ludique » : Je retiendrais (pour la postérité) la phrase culte de notre Sarkozy national « Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe! », métaphore maraîchère qui illustre à merveille les penchants ludiques de ceux qui nous gouvernent. Certains pensent qu’il s’est emmêlé les pinceaux en écorchant le vieux dicton « Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné ». A mon humble avis, Mr. Sarkozy (notre serial sauveur, ne l’oubliez jamais) ne laisse rien au hasard. C’est surement sa façon sioux de cibler l’électorat vegan. Le fait de remplacer le séné par la salade est aussi une façon très élégante d’épargner à ses collègues (qui en chient déjà pas mal) les vertus laxatives du séné. Ceci étant dit, et malgré tous les efforts déployés, je n’ai toujours pas réussi à décoder sa phrase d’Octobre à Limoges : « Je voulais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière, mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur. ». Un vrai jeu de pistes…
  3. Dans la case « instinctif » : L’hommage solennel de ma copine Christine Lagarde au roi Abdallah d’Arabie Saoudite, décédé le 23 janvier : « De façon très discrète, c’était un fervent défenseur des femmes ». S’il était réformateur, Abdallah l’a donc été, comme l’a si judicieusement souligné ma copine Christine, de manière très très discrète. A la mort de Bernard Tapie,  elle dira surement : « C’était une âme charitable, un faiseur de bien, un Jésus-Christ des temps modernes ressuscitant les entreprises dans la mouise  et leur insufflant une nouvelle vie »
  4. Dans la case « émotionnel » : Un signe des temps : les boutiques de drapeaux tricolores ont été littéralement  dévalisées. Les usines de drapeaux, bannières et autres trucs patriotiques, tournent à plein régime, mais plus rien dans les rayons des magasins spécialisés. Les attentats ont créé une poussée patriotique que je ne pensais possible qu’aux USA. Dans la foulée et sous l’émotion, un remaniement de la constitution est projeté, de belles lois sont votées, les pouvoirs spéciaux de l’exécutif sont étendus et une carte blanche (ou presque) est filée au renseignement… Mon opinion là-dessus ? Je suis bien évidemment dans la majorité qui préfère l’état de sécurité à l’état de droit. J’opterais, sans sourciller,  pour un contrôle généralisé et sans limites des données informatiques et communicationnelles entre autres, non seulement pour « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité » mais bien au-delà… Un peu d’arbitraire ne pourrait nous faire que du bien.
  5. Dans la case « consumérisme», je retiendrais une p’tite annonce publiée sur Adopteunmec.com que je reprends à la lettre : « Produit en rupture de stock : Après six mois en rayon, nous informons notre aimable clientèle que ce produit n’est actuellement plus disponible après avoir été adopté par une cliente pétillante, drôle, charmante et surtout possédant un accessoire indispensable à tout bonne adoption : un cerveau. Après utilisation minutieuse de ce produit, notre cliente est repartie comblée et n’a pas exprimé le souhait de bénéficier de la garantie satisfait ou remboursé qui s’appliquait à notre produit, c’est donc avec joie et fierté que toute l’équipe de notre magasin vous annonce à vous toutes, chères clientes, que la magie n’est pas morte, qu’il existe encore des hommes sincères, tendres, intelligents et bien éduqués qui sauront vous apporter une belle histoire, des petites attentions, de l’affection et pourquoi pas… de l’amour (…) Et bien mesdemoiselles, sachez que tout espoir n’est pas perdu et que sur 100 boulets présents sur ce site, se cachent 4 ou 5 garçons honnêtes et sincères, qui si vous avez la patience de les trouver, sauront à coup sûr démarrer avec vous une belle histoire ». L’histoire ne dit rien de ce qu’il est advenu de notre gars par ces temps d’obsolescence programmée.

Vous remarqueriez que j’ai évité avec brio tous les sujets qui fâchent : changement climatique et érosion de la biodiversité, la montée des névroses idéologiques et la réponse sécuritaire, la canonisation littéraire de Houellebecq et la peur panique de l’Islam et des musulmans (ohooo, suis là et suis gentil), la fragilité de l’édifice démocratique, les révolutions qui couvent et celles qui s’embourbent, la troisième révolution qui me tient à cœur (celle des consciences), la faillite des Etats et l’écroulement imminent du système financier, la croissance zéro et la sobriété heureuse, la futilité grandissante d’une société qu’on préfère dépolitisée et passive (mais facilement mobilisable par la peur contre les barbares de l’intérieur ou de l’extérieur), le conditionnement auquel on est de plus en plus soumis et qui nous tient à carreau au sein du Système…

J’ai toujours été frappé par la similitude entre notre propension grégaire et celle des gazelles (et là, je suis sympa). Les mouvements de masse des gazelles sont déclenchés par deux phénomènes vitaux : le besoin de s’abreuver quotidiennement à la mare du coin et la nécessité d’échapper aux prédateurs.  Dans les deux cas, la gazelle se sent beaucoup moins vulnérable au sein de son troupeau. Il en va de même pour l’Homme, qui se sent plus en sécurité au sein de la horde. S’aligner sur le mouvement de masse relève de l’instinct de survie. L’homme de masse est convaincu que la horde le mènera à la source ultime (de bonheur, de profit matériel et immatériel…) et l’éloignera de tous les risques potentiels. Après quelques années passées à la frontière du Système, je me suis concocté une p’tite recette de cuisine : le fait de se fondre dans la masse est plutôt salutaire quand le mouvement sous-jacent est parfaitement uniforme (quand les gazelles galopent toutes dans le même sens et en cadence). Mais il faudrait s’inquiéter dès qu’on commence à sentir de la dispersion au sein du troupeau (les gazelles qui sautillent dans tous les sens). Une telle dispersion est a priori le signe d’un danger imminent (le guépard est déjà au sein de la horde). Il est alors temps d’envisager une solution de repli.

A ce stade, il ne me reste plus qu’à faire comme tout le monde et vous souhaiter une merveilleuse année 2016 (même si aucune garantie ne peut vous être apportée sur ce point) pleine de salade et de rhubarbe. En m’alignant ainsi, je m’incline devant une donnée fondamentale : « l’Homme ne descend pas du singe mais plutôt du mouton » (Saez)

Un mouton (nommé Z) qui vous veut du bien.

PS : Pour un confort de lecture optimal, je vous suggère d’ouvrir la BD avec un zoom de 90 à 100%. Cette BD est une œuvre de pure fiction. En conséquence, toute ressemblance, ou similitude avec des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne saurait être que coïncidence fortuite.

PS2 : Nos délires des années précédentes sont archivés sur notre blog

PS3 : A ce stade, le projet Tingitingi (www.tingitingi.com) fédère :

Anti-vœux 2015 : « Rectal feeding » pour tout le monde…

« Un jour, on aura besoin d’un visa pour passer du 31 décembre au 1er janvier. » disait Jacques Sternberg. Ce jour-là, le basané que je suis, se trouvera confiné au 31 décembre (une fois pour toutes) et arrêtera enfin de vous souler avec ses anti-vœux de daube.
Mais d’ici là, vous allez en baver… Car, comme chaque année, j’ai de quoi vous gâcher cette merveilleuse période des fêtes… Oreilles prudes, s’abstenir !

C’est décidé. Je ne serai jamais un terroriste… car je n’ai aucune envie de me retrouver avec des pâtes en sauce dans le trou du cul ! Le Sénat américain a dévoilé la version abrégée (quelques 500 pages de synthèse d’un document plus important, de 6 700 pages, – toujours classifié) de son rapport sur les pratiques de la CIA dans sa fameuse « guerre contre le terrorisme ». Un rapport qui fait froid au (bas du) dos. Page 115, vous trouverez un paragraphe édifiant sur le «rectal feeding» (on en apprend tous les jours…): « Après approximativement trois semaines, la CIA a opté pour un traitement plus agressif… Mahjid Khan a alors été soumis contre sa volonté à une alimentation et une hydratation rectales impliquant deux bouteilles de ‘Ensure’ (boisson énergisante américaine). Plus tard ce même jour, le plateau repas de Mahjid Khan, composé de houmous, de pâtes en sauce, de noix et de raisin, a été réduit à l’état de purée et introduit par voie rectale… ».

Au-delà de la dimension purement technique qui me fait serrer l’œillet, c’est le mélange des genres que je n’aime pas. A cause de leurs conneries, on finira par confondre sodomie et fellation… Le même rapport de synthèse précise comment la CIA a pu engager deux médecins (James Mitchell et Bruce Jessen), pour développer une méthode de torture qui permette de réduire les prisonniers à un état de délabrement mental et physique. Les médecins ont basé leurs recommandations sur la théorie dite « de l’impuissance acquise», où des individus sont susceptibles de devenir passifs et déprimés en réaction à des événements systématiquement défavorables et/ou incontrôlables. Selon le rapport, les deux médecins ont reçu 81 millions de dollars de la CIA pour leurs services. La CIA leur a fourni, en 2007, une immunité légale relative à toute responsabilité juridique pouvant découler de ce beau programme de coaching personnalisé.

Je ne me ferai pas Chinois, non plus… Le Parti Communiste Chinois a décidé de s’attaquer aux diaosi (littéralement « poil de bite » en chinois… oui oui, j’en suis un), autrement dit aux branleurs de tout poil. Le Quotidien du Peuple (la voix officielle du Parti) a publié un article le 2 décembre 2014 pour fustiger ces nouveaux ennemis du peuple : « Beaucoup de jeunes se désignent désormais comme branleurs (…). Hommes ou femmes, qu’ils aient un peu de succès ou soient paresseux et décadents, tous se battent consciemment ou inconsciemment pour décrocher cette étiquette. Si vous ne l’êtes pas, c’est comme si vous vous détachiez des masses ». Etre diaosi n’est plus une injure, mais une contre-culture pleinement revendiquée par tous ces jeunes qui refusent le système. La « zhengnengliang » (énergie positive) est le mot d’ordre de la Chine qui gagne.  S’opposer à ce mot d’ordre, c’est tout simplement faire de la résistance passive au modèle dominant.

Et je ne roulerai plus de pelles… Plus jamais de « French kiss » sans étude préalable du microbiote orale de la partie envahissante… Des chercheurs néerlandais (revue Microbiome du 17 novembre) ont révélé qu’un patin de dix secondes permet de propager 80 millions de bactéries entre les deux bouches. Berk !

Le PIB est sous perfusion et tout le monde flippe à l’idée de le voir rechuter durant sa convalescence qui n’en finit plus… Malgré le remède de cheval administré par les banques centrales les plus en vue, la croissance semble en berne aux quatre coins de la planète…
Dans l’un de ses discours de 1968 (prononcé à l’université du Kansas), Robert F. Kennedy soulignait déjà les limites du PIB en tant que mesure de la richesse d’un pays :
« Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.
En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays.
En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ».
Lucide, le bougre…

Mais, aussi visionnaire qu’il pouvait l’être, Kennedy ne pouvait imaginer qu’un jour, devant une économie en panne de croissance, on pousserait le délire au point d’intégrer le trafic de drogue et la prostitution dans la création de richesse. Là, c’est chose faite… On passe de la perfusion au dopage pur et simple… Après tout, l’argent n’a pas d’odeur.
Les revenus issus du trafic de drogue et de la prostitution pourraient gonfler le PIB d’un peu moins de 1 % au Royaume-Uni, et sûrement plus de 1.2% en Italie. Les activités criminelles qu’on intègre sont définies dans un document de la Communauté Européenne « Les activités économiques illégales ne sont considérées comme opération qu’à partir du moment où toutes les unités concernées y participent de commun accord. Dès lors, l’achat, la vente ou l’échange de drogues illicites ou d’objets volés constituent des opérations, alors que le vol n’en est pas une ». Dit autrement, ne compte que l’activité prohibée pratiquée par consentement mutuel … Nous voilà rassurés sur la méthodologie !

Il n’y a pas que les banques centrales qui jouent aux apprentis-sorciers. Les médecins aussi… C’est ce qu’une patiente américaine (appelons-là Nosy) a appris à ses dépens. Suite à un accident de la circulation, Nosy est devenue paraplégique en raison d’une lésion de sa moelle épinière. Quelques années plus tard, un hôpital de Lisbonne lui propose de tenter une régénération de la liaison nerveuse entre le cerveau et le bas de son corps par implantation, au niveau de la vertèbre lésée, de cellules souches prélevées sur sa muqueuse nasale. Le résultat fut décevant et aucune amélioration n’a été constatée. Huit ans après, Nosy a commencé à se plaindre de douleurs au dos, et a dû être opérée de nouveau pour ôter une masse fibreuse de quelques 4 centimètres de long qui a poussé au niveau de la blessure originelle. Après analyse, cette masse s’est révélée être un ersatz de nez : un mélange de cellules nerveuses, de muqueuses respiratoires, de fragments d’os, le tout enrobé dans un épais mucus (pour ne pas dire morve)…  C’est un peu comme si toutes les composantes d’un nez sont apparues, dans le désordre le plus total, sur la colonne vertébrale de Nosy. Après la bouche dans le cul, voici le nez dans le dos (et cette fois-ci, la CIA n’y est pour rien !).

La crise s’éternise sans pour autant entamer la niaque de certains éternels optimistes.
« La Grèce se trouve dans une période cruciale. Cinq ans d’efforts sans précédent s’achèvent. Nous parcourons le dernier kilomètre du marathon vers la sortie de crise » : c’est ainsi qu’Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre s’est exprimé récemment sur l’économie de son pays.  Il semble avoir oublié que le soldat qui a couru jusqu’à Athènes annoncer la victoire de Marathon a clamsé au bout du dernier kilomètre…
Venizelos a bien mérité sa carte de membre à vie de La Ligue des Optimistes de Suisse qui se décrit sur son site http://ch.optimistan.org/ comme «une association qui s’est donné pour mission de promouvoir l’optimisme et l’enthousiasme dans tous les domaines de la vie, privée ou publique, économique, culturelle ou sociale.» Cynique comme je suis, je n’ai pu m’empêcher de vous sélection un p’tit bout de  sa page relative aux éternels-optimistes : « L’optimisme est une attitude mentale qui aide à appréhender la vie d’une manière positive et active, autour de quelques convictions fondamentales : Le monde à venir est fait avant tout de possibles favorables et d’opportunités à saisir ; Face à tout problème, l’intelligence créatrice des hommes trouvera toujours une solution ; En toutes circonstances, l’utilisation de nos forces ouvre davantage de possibilités que la lutte contre nos faiblesses ; Face à l’inconnu, on a toujours le contrôle sur quelque chose, ne serait-ce que sur nos propres pensées. »
C’est touchant !

Mais tout le monde ne connait pas la crise. L’argent coule à flot dans le secteur des nouvelles technologies. Bill Gurley, l’un des capital-risqueurs les plus influents sort de sa réserve pour fustiger les montants phénoménaux levés et brulés par des entreprises toujours à des années-lumière du point mort : «Je pense que dans son ensemble, la Silicon Valley, à moins que ce ne soit la communauté des investisseurs ou celle des créateurs de start-up, prend une quantité excessive de risques sans précédent depuis 1999 […] Et il y a plus de gens dans la Silicon Valley qui travaillent pour des entreprises qui perdent de l’argent en ce moment qu’il y en a eu au cours des quinze dernières années […] Dire que nous ne sommes pas confrontés à une bulle parce que ce n’est pas aussi haut qu’en 1999, c’est comme dire que Kim Jong-un n’est pas mauvais parce qu’il n’est pas Hitler ».

Mark Zuckerberg (le gars de Facebook) a mis quelques 19 milliards de dollars sur la table pour s’offrir WhatsApp, une application de messagerie instantanée ayant toujours exclu  la vente de publicité et dont le seul revenu, à ce stade, est un paiement one-off de 0.99$ sur iOS (et 0.99$ par an sur les autres plateformes, la première année étant gratuite). Zuckerberg se justify ainsi : « With WhatsApp it’s about the strategic value of what we can do together. I think by it, it’s worth $19bn even if it doesn’t have the revenue to show for it – but it has the reach. I could be wrong – this could be the one service that gets to one billion people and ends up not being that valuable – but I don’t think I’m wrong. »

Il a les couilles haut perchées, le Zuckerberg… Quand on investit 19 Mld de dollars dans une boite avant de savoir comment en sortir du fric, on n’a clairement pas intérêt à se planter…

Certains ne veulent même pas la reconnaitre, cette putain de crise… La Chine en fait partie. Un milliard et demi d’individus qui sont passés maîtres dans l’art de serrage des fesses. En attendant que les occidentaux retombent dans leur délire consumériste (financé à crédit, bien évidemment), La Chine continue à investir à mort dans tout ce qui lui passe sous la main (villes entières, usines à gogo, infrastructures) afin d’éviter le désœuvrement (et le risque de troubles qui va avec) à ses troupes prolétaires. Sa devise dans ce trip qui dure depuis 6 ans : « Continuons à augmenter nos capacités. Ils finiront par revenir… ». Le résultat est un mix super sympa de surcapacité et de mauvais investissements. Afin de vous aider à mettre les choses en perspective, sachez que sur les 3 dernières années, la Chine a utilisé quelques 6.6 gigatonnes de ciment, soit presque une fois et demi ce que les Etats-Unis ont pu utiliser sur un siècle (4.5 gigatonnes de 1901 à 2000). Et on s’étonne de voir des villes fantômes pousser ici et là ?!! (vous adorerez  le projet du Manhattan chinois à Tianjin : http://www.bloomberg.com/video/china-s-manhattan-plan-marred-by-ghost-buildings-Yq8Bh1qNTJiWAPL1P9dO6A.html)

Il y a quelques années, Gao Xiqing, président de China Investment Corporation, expliquait la complexité des produits à l’origine de la crise des subprimes : « Au départ, les Américains vendaient une chaise…, puis l’image de cette chaise dans le miroir…, puis l’image de l’image…, et maintenant il y a tant de miroirs… que personne ne sait plus où est vraiment la chaise ! ». Les Chinois sont en train de faire pire. Ils ont commencé par fabriquer  1 milliard de chaises qu’ils ont réussi à fourguer à bas prix (même ceux qui n’ont jamais posé le derrière sur une chaise ont succombé à la tentation d’en acheter une). Depuis, la cadence de fabrication n’a fait qu’augmenter. La Chine  a fabriqué quelques 12 autres milliards de chaises (sur une planète où il n’y a que 7 Mld d’habitants et dans une galaxie où on n’a pour l’instant pas découvert d’autres planètes habitées par des êtres possédant un ou plusieurs culs à poser sur une chaise)… Pire, la Chine a maintenant la capacité de fabriquer 2 Mld de chaises supplémentaire par an… La théorie de l’évolution voudrait qu’on finisse rapidement avec plusieurs culs (ou des culs gigantesques) pour occuper toutes les chaises qui trainent… Nom d’une chaise !

La Chine est la bombe à retardement qui nous pètera à la gueule, bientôt. La déflagration nous fera les yeux bridés.

D’ici la déflagration finale, et afin de ne pas mourir idiot, je vous suggère de vous mettre à la page sur les nouveaux métiers du monde de la nuit. Une sémantique très imagée s’en dégage nécessitant les commentaires d’un spécialiste pour en cerner toute la subtilité… Dans l’affaire Ribéry-Benzema, Abousofiane Moustaid (le Spécialiste. Abou pour les intimes) est celui qui leur a présenté Zahia (mineure à l’époque) pour des relations sexuelles tarifées. Le compte rendu du journal Le Monde de l’audience (tribunal correctionnel ) est très  instructif : On apprend qu’une nouvelle génération de filles est née, qu’une « starfuckeuse » travaille continuellement sur son CV, qu’une « michetonneuse » a du tact et qu’être « poufiasse » est avant tout un style vestimentaire …

Abou se présente comme un mec sympa qui aime rendre service en présentant ses amies peu farouches à ceux qui s’ennuient seuls la nuit. Quand le juge qualifie ces amies de prostituées, Abou s’offusque : « Pas du tout! Il faut vivre dans le milieu de la nuit pour comprendre, Monsieur le Juge. Il y a une nouvelle génération de filles. » Abou se lance dans une subtile explication sémantique :
Abou :  « Il y a d’abord les, si je peux employer un mot, euh, un peu… les starfuckeuses. ‘Star’, comme star, et ‘fuck’, c’est de l’anglais, ça veut dire qu’elles aiment, euh, avec les stars… »
Le juge : « Et ça leur sert à quoi ? »
Abou : « Ben, c’est comme dans un CV, Monsieur le Juge. Brad Pitt, Tartempion… »*
Abou : « Et puis il y a les michetonneuses. »
Le juge : « Vous pouvez définir ? »
Abou : « Alors, la définition, Monsieur le Juge, c’est une fille qui, contrairement à la starfuckeuse, est plus intéressée par… la matérielle. Par exemple, se faire offrir un sac Vuitton, un voyage… Avec la crise, rares sont les filles qui refusent. Bon, une starfuckeuse peut être aussi une michetonneuse. Mais ça n’a rien à voir avec une prostituée. Rien. Une michetonneuse, ça a du tact ! »
Le juge lui lit un des sms récupérés sur son téléphone portable : « Envoie une poufiasse »
Abou, imperturbable : « Ah, poufiasse ne veut pas dire prostituée, Monsieur le Juge. Poufiasse, c’est une tenue vestimentaire sexy. »

JihadNoelEt à mon habitude, je passe des poules à l’âne, des pouffiasses à l’Etat Islamique. L’EI n’a pas arrêté de faire parler de lui, avec ses crimes horribles et bien médiatisés…  En réponse à ses crimes, l’Active Change Foundation a lancé la compagne « Not in my Name – Pas en mon nom », campagne fort louable mais certains l’ont mis à profit pour justifier un peu plus cette espèce d’assignation identitaire qui prédomine depuis les attentats de 11 septembre 2001 (et qui e fait chier grave…). Le sondage lancé par le  Figaro sur son site (« Assassinat d’Hervé Gourdel : estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ? ») suite à l’assassinat d’Hervé Gourdel, sous-entend que chaque musulman est gentiment invité à montrer patte blanche, à signifier explicitement son rejet de ces actes ignobles dont il n’est ni responsable ni solidaire… J’attends avec impatience le prochain sondage du Figaro  «Massacre des dauphins aux Iles Féroé : estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ?». Je ne m’avancerais pas trop en disant que le sondage sous-entend aussi un lien direct entre l’EI et les musulmans. Sans cette désolidarisation explicite, tout musulman reste coupable a priori, porteur d’une barbarie radicale (bientôt, on dira que c’est génétique) dont il doit se libérer et le faire savoir pour être enfin intégré au camp des civilisés.
« Mais sincèrement, je vous le demande en votre putain d’âme de bordel de conscience», doit-on se désolidariser explicitement de toutes les conneries commises sur terre par de « consternants tarés, mongoloïdes et  grabataires du cortex »? (L’aspect « poétique » de cette phrase revient entièrement à Desproges… Ceci dit, n’en parlez jamais à ma p’tite… car à chaque gros mot, j’aurai à mettre une pièce dans sa putain de boite !)

Ma décision est simple : Je ne montrerai pas patte blanche car je n’ai pas à le faire. Mon constat est limpide : on s’enfonce…  Je vous laisse deviner dans quoi…

De plus en plus de gens sont dans la mouise la plus totale et finiront par nous le faire comprendre d’une façon ou d’une autre. D’après un rapport récent d’Oxfam sur la pauvreté dans le monde, les 85 individus les plus fortunés de la planète détiennent autant de richesses que les 3.5 milliards les plus pauvres.

Les fourches sont à vos portes, les gars ! Ce n’est pas moi qui le dis mais Nick Hanauer, un milliardaire qui pourrait difficilement être taxé d’anticapitalisme. Nick considère que le creusement des inégalités au sein de la société capitaliste et la disparition programmée de la classe moyenne sont en train de nous ramener à une structure féodale porteuse des germes de sa propre destruction.
Dans son article d’août 2014 intitulé «Les fourches arrivent… Pour nous ploutocrates » (http://www.politico.com/magazine/story/2014/06/the-pitchforks-are-coming-for-us-plutocrats-108014.html#.VJ-xUyacBg), ils s’adresse explicitement à ses copains « Zillionaires » afin de les mettre en garde contre la montée des inégalités et le pourrissement de la situation ambiante : “…If we don’t do something to fix the glaring inequities in this economy, the pitchforks are going to come for us. No society can sustain this kind of rising inequality. In fact, there is no example in human history where wealth accumulated like this and the pitchforks didn’t eventually come out. You show me a highly unequal society, and I will show you a police state. Or an uprising. There are no counterexamples. None. It’s not if, it’s when. […] What everyone wants to believe is that when things reach a tipping point and go from being merely crappy for the masses to dangerous and socially destabilizing, that we’re somehow going to know about that shift ahead of time. Any student of history knows that’s not the way it happens. Revolutions, like bankruptcies, come gradually, and then suddenly. One day, somebody sets himself on fire, then thousands of people are in the streets, and before you know it, the country is burning. And then there’s no time for us to get to the airport and jump on our Gulfstream Vs and fly to New Zealand. That’s the way it always happens. If inequality keeps rising as it has been, eventually it will happen. We will not be able to predict when, and it will be terrible—for everybody. But especially for us”

Ce qui est marrant c’est que Nick Hanauer dis quasiment la même chose que les anarchistes du Comité Invisible. Tout fout le camp…

Cette tendance à la concentration de la richesse (et donc du pouvoir, car l’un va rarement sans l’autre) dépasse la sphère des individus pour couvrir celle des entreprises.  Une étude de S. Anderson & J. Cavanagh (« Top 200 : The Rise of Corporate Global Power ») montre que parmi les 100 économies les plus larges, 51 sont des entreprises et seulement 49 sont des états-pays (la comparaison est basée sur le PIB pour les pays et le chiffre d’affaire pour les entreprises). Les 200 entreprises les plus importantes affichent un chiffre d’affaire :

  • dépassant le PIB combiné de tous les pays du monde, une fois exclues les 10 économies les plus larges.
  • représentant 27% du PIB mondial en n’employant que 0.8% de la population active

Nous continuons ainsi notre marche programmée vers une gouvernance mondiale par une élite intellectuelle et financière…  Sur ce point, les paroles de David Rockefeller (Juin 1991 lors du meeting Bilderberg, Baden / Allemagne) sont toujours d’actualité…
“We are grateful to the Washington Post, The New York Times, Time Magazine and other great publications whose directors have attended our meetings and respected their promises of discretion for almost forty years… It would have been impossible for us to develop our plan for the world if we had been subjected to the lights of publicity during those years. But, the world is now more sophisticated and prepared to march towards a world government. The supranational sovereignty of an intellectual elite and world bankers is surely preferable to the national auto-determination practiced in past centuries.”
que je traduis sommairement par : « Nous sommes reconnaissants au Washington Post, New York Times, Time Magazine et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assistés à nos réunions et ont respecté leur promesse de discrétion durant environ 40 ans… Ca nous aurait été impossible de déployer nos plans pour le Monde  si nous étions sous les projecteurs. Mais maintenant, le monde est plus sophistiqué et prêt à marcher vers une gouvernance mondiale. Une gouvernance supranationale assurée par une élite intellectuelle et financière est, sans aucun doute, préférable à l’autodétermination nationale pratiquée durant les siècles passés »

Celles de Nathaniel Mayer Rothschild (1912) sont encore plus limpides…
“The few who could understand the system will either be so interested in its profits, or so dependent on its favours, that there will be no opposition from that class, while on the other hand, the great body of people, mentally incapable of comprehending the tremendous advantage that capital derives from the system, will bear its burdens without complaint, and perhaps without even suspecting that the system is inimical to their interests.”
Traduction : “Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre l’immense avantage retiré du système par le capital, porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts »

Vous avez des sueurs froides ? moi aussi…

Sept ans après L’Insurrection qui vient (livre attribué à Julien Coupat au moment de l’affaire Tarnac), le Comité Invisible vient de sortir son nouvel opus « A nos amis », un nouveau pamphlet politique et poétique sur les révolutions en cours.
Entre les 2 ouvrages, les insurrections sont finalement venues, à Athènes, Londres, Kiev, Istanbul, Tunis, Tripoli, Damas et Rio de Janeiro. Des places ont été occupées durant des semaines à Madrid, au Caire et à Hong-Kong. Des révoltes ont fleuri un peu partout dans les pays arabes avec un résultat quasi-aléatoire.

« A nos amis » y décèle un fond commun, le même sursaut, que le mouvement de rue se soit terminé en changement de régime, en bain de sang ou en eau de boudin… « De nos voyages, nous sommes revenus avec la certitude que nous ne vivions pas des révoltes erratiques, séparées, s’ignorant les unes les autres, et qu’il faudrait encore lier entre elles. Cela, c’est ce que met en scène l’information en temps réel dans sa gestion calculée des perceptions. Cela, c’est l’œuvre de la contre-insurrection, qui commence dès cette échelle infime. Nous ne sommes pas contemporains de révoltes éparses, mais d’une unique vague mondiale de soulèvements qui communiquent entre eux imperceptiblement. »

La physionomie que dépeint « A nos amis » des insurrections contemporaines est on ne peut plus réaliste (pages 41-43) :

« Un homme meurt. Il a été tué par la police, directement, indirectement. C’est un anonyme, un chômeur, un « dealer » de ceci, de cela, un lycéen, à Londres, Sidi Bouzid, Athènes ou Clichy-sous-Bois. On dit que c’est un « jeune », qu’il ait 16 ou 30 ans. On dit que c’est un jeune parce qu’il n’est socialement rien, et que du temps où l’on devenait quelqu’un une fois devenu adulte, les jeunes étaient justement ceux qui ne sont rien.

Un homme meurt, un pays se soulève. L’un n’est pas la cause de l’autre, juste le détonateur. Alexandros Grigoropoulos, Mark Duggan, Mohamed Bouazizi, Massinissa Guesma – le nom du mort devient, dans ces jours, dans ces semaines, le nom propre de l’anonymat général, de la commune dépossession. Et l’insurrection est d’abord le fait de ceux qui ne sont rien, de ceux qui traînent dans les cafés, dans les rues, dans la vie, à la fac, sur Internet. Elle agrège tout élément flottant, plébéien puis petit-bourgeois, que décrète à l’excès l’ininterrompue désagrégation du social. Tout ce qui était réputé marginal, dépassé ou sans avenir, revient au centre. À Sidi-Bouzid, à Kasserine, à Thala, ce sont les « fous », les « paumés », les « bons à rien », les « freaks » qui ont d’abord répandu la nouvelle de la mort de leur compagnon d’infortune. Ils sont montés sur les chaises, sur les tables, sur les monuments, dans tous les lieux publics, dans toute la ville. Ils ont soulevé de leurs harangues ce qui était disposé à les écouter. Juste derrière eux, ce sont les lycéens qui sont entrés en action, eux que ne retient aucun espoir de carrière.

Le soulèvement dure quelques jours ou quelques mois, amène la chute du régime ou la ruine de toutes les illusions de paix sociale. Il est lui-même anonyme : pas de leader, pas de programme. Les mots d’ordre, quand il y en a, semblent s’épuiser dans la négation de l’ordre existant, et ils sont abrupts : « Dégage ! », « Le peuple veut la chute du système ! », « On s’en câlisse ! », « Tayyip, winter is coming ». À la télé, sur les ondes, les responsables martèlent leur rhétorique de toujours : ce sont des bandes de çapulcu, de casseurs, des terroristes sortis de nulle part, certainement à la solde de l’étranger. Ce qui se lève n’a personne à placer sur le trône en remplacement, à part peut-être un point d’interrogation. Ce ne sont ni les bas-fonds, ni la classe ouvrière, ni la petite-bourgeoisie, ni les multitudes qui se révoltent. Rien qui ait assez d’homogénéité pour admettre un représentant. Il n’y a pas de nouveau sujet révolutionnaire dont l’émergence aurait échappé, jusque-là, aux observateurs. Si l’on dit alors que « le peuple » est dans la rue, ce n’est pas un peuple qui aurait existé préalablement, c’est au contraire celui qui préalablement manquait. Ce n’est pas « le peuple » qui produit le soulèvement, c’est le soulèvement qui produit son peuple, en suscitant l’expérience et l’intelligence communes, le tissu humain et le langage de la vie réelle qui avaient disparu. »

MLPL’insurrection est en marche… Les « Bronies » sont parmi nous ! Contraction de « Brothers » et « Poneys », le terme « Bronies » désigne les quelques 40 000 fans (ayant de 10 à 40 ans !) de la série « My Little Pony : Friendship is Magic », série inspirée des figurines « Mon Petit Poney », lancée par Hasbro sur la chaîne américaine The Hub. Regardez  bien autour de vous et vous finirez par reconnaitre l’un d’eux au pin’s « MLP » sur son sac ou à la peluche couleur pastel qui traine sur son bureau. Des centaines de Bronies français se sont réuni en novembre à Nantes (Insula Café) pour discuter de la série de ses paraboles et de ses références cachées, échanger sur les mérites de l’amour, l’amitié et la tolérance véhiculés par les poneys couleur pastel, échanger des figurines et acheter des produits dérivés.

Le documentaire “Bronies : the Extremely Unexpected Adult Fans of My Little Poney”  (https://www.youtube.com/watch?v=lqErHIhUSm8  ) m’a laissé sur le cul… Ce n’est guère évident de correctement percevoir l’effet qu’une série, initialement destinée aux gamines de 8 ans, peut avoir sur des jeune adultes (en majorité des hommes). Ces fans sont simplement touchés par le message d’amour et de tolérance, les références geek et les clins d’œil de la série.

Afin de dissiper tout doute (je le vois dans vos yeux), je tiens à préciser que les quelques recherches statistiques disponibles sur cette communauté tendent à montrer que l’écrasante majorité des Bronies sont hétérosexuels. Mais les préjugés ont la peau dure. Le fait que des hommes adultes tombent sous le charme d’un dessin animé destiné aux petites filles, continue à choquer.  Un dessin animé guerrier (théoriquement destiné aux p’tits garçons) ne déclencherait guère la même réaction, puisqu’il ne casserait pas les codes établis (sur ce qui est pour les filles et ce qui est pour les garçons).

Un message qui démarre sur l’alimentation rectale ne peut s’achever que dans les chiottes…
Vous savez, sans doute, que les toilettes est une passion japonaise. Je n’ai jamais vu des lieux d’aisance aussi innovants, aussi confortables, aussi inspirants qu’au Japon. Là-bas, mes toilettes étaient chauffantes et disposaient d’un p’tit clavier permettant de régler les vibrations du siège (pour le massage du soir), sa musique d’ambiance et la force du jet d’eau final. Sur ce trône éphémère, j’ai explosé tous les records connus du TOT, le taux d’occupation des toilettes, indice qu’on doit à Hideo Nishioka, professeur de l’université Keio (et je ne vous donnerai évidemment pas mon record… je vous dis juste qu’il est bien loin, très loin du TOT moyen de  32 secondes pour un japonais et 1 minute 37 pour une Japonaise). La langue japonaise offre une quinzaine de mots caractérisant les diverses formes observées aux toilettes (pour vos discussions de salon, retenez au mois Murimuri, nom poétique de l’étron de qualité).
Les toilettes ont aussi leur journée (Le 10 novembre) qui donne lieu à des expositions, des projections historiques, des ateliers et des débats… La dernière exposition en date a eu lieu au musée des sciences et de l’avenir (Miraikan – Tokyo), a couvert « les déjections humaines et l’avenir de la planète » et a proposé des ateliers de modelage des selles, des animations sonores autour du réseau de tout-à-l’égoût et des présentations éducatives sur l’utilisation de l’urine et des selles comme engrais naturels.

Parlant des chiottes et leur place dans la culture japonaise, Junichiro Tanizaki, auteur de l’Eloge de l’ombre (133), disait : « Comparé à l’attitude des Occidentaux, qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement ».

Au bout d’une dizaine de pages de conneries, je constate que mon cœur est toujours aussi lourd… J’aurais aimé vous souler (encore un p’tit coup) avec la vie après la croissance et l’énergie à gogo, avec la décroissance et la difficulté de la vivre en famille, avec le fantasme du « grand remplacement démographique » et les débilités sans fond d’Eric Zemmour, avec l’ ensauvagement climatique qui nous coutera la peau des fesses, avec Steven Cohen et son sexe enrubanné tiré par un coq sur la place du Trocadero…

Mais vous êtes sauvé par le gong…

L’insurrection n’a jamais été aussi actuelle et «rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu.» (Victor Hugo). Que ce message puisse faire souffler un peu d’enthousiasme révolutionnaire sur vous. Qu’il vous sorte, au moins ponctuellement, de ce relativisme et cette résignation qui vous obnubilent.  Qu’il vous incite à vous préparer au grand saut.

Louis Calaferte disait : « Ou le siècle à venir sera celui du refus, ou il ne sera qu’espace carcéral ». A vous de faire votre choix…

Bien la bise (avec une p’tite carte bâclée comme d’habitude),
Zouheir

PS : Pour suivre nos conneries sur Twitter : https://twitter.com/#!/Tingitingi

A ce stade, le projet Tingitingi (www.tingitingi.com ) fédère :

Vernissage de Djerbahood – 20 Septembre 2014

 

Invitation au vernissage de Djerbahood - Erriadh - Djerba

Invitation au vernissage de Djerbahood – Erriadh – Djerba

«Djerbahood est une nouvelle aventure pour un mouvement en effervescence dans un pays en devenir.» (Mehdi Ben Cheikh, Directeur de la Galerie Itinerrance et initiateur du projet Djerbahood)

Depuis le 20 juin, une centaine d’artistes venus du monde entier ont défilé dans les ruelles du village d’Erriadh pour y laisser la marque (éphémère ?) de leur créativité artistique. A peine 3 mois leur ont suffi pour faire du village d’Erriadh un musée à ciel ouvert, imprégner l’île de Djerba (et sans aucun doute, l’ensemble du pays) de Street Art, et faire le buzz au niveau international.

Djerbahood est désormais bouclé et fin prêt pour son inauguration officielle, demain le 20 septembre, à partir de 17h. Nous avons l’honneur de vous inviter à ce vernissage qui s’accompagnera d’une visite guidée des œuvres,  de la projection de quelques films, ainsi que d’une dégustation de spécialités locales.

Comme d’habitude, nous comptons sur vous pour le faire savoir tout autour de vous.

Bienvenue à Djerbahood

Une websérie documentaire « Bienvenue à Djerbahood », réalisée par Joëlle Matos et Cécile Quiroz, coproduite par Image&Compagnie et Arte France, est maintenant visible sur le site d’Arte Creative.

Et qui a dit qu’Erriadh n’est qu’une « bourgade tunisienne obscure et poussiéreuse, […] point de passage sans grand intérêt sur la route de la Ghriba, la plus vieille synagogue d’Afrique  » ?

Djerbahood : Le Street Art s’invite à Djerba

Dar Babel DjerbahoodDepuis début juillet, quelques 150 street-artistes venant du monde entier (une trentaine de nationalité) participe à un audacieux projet d’art urbain au cœur d’un petit village de l’île de Djerba. Djerbahood, tel est le nom de code du projet imaginé par Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la galerie Itinerrance (Paris) et initiateur de la plus grande exposition collective de street art, à Paris. L’automne dernier, l’équipe Itinerrance avait déjà investi une tour dans le 13e arrondissement de Paris avant sa démolition. Un lieu éphémère devenu culte…

Dar Babel Djerbahood DabroAujourd’hui, ce sont les murs d’Erriadh, village millénaire abritant la plus vielle synagogue au monde (« La Ghriba »), qui servent de toile de fond à ces artistes récidivistes… Une exposition à ciel ouvert qui, tout en suscitant l’enthousiasme des visiteurs, à réussi a emporter l’adhésion des habitants du village (même ceux qui faisait la fine bouche juste avant le lâchage des fauves). Des œuvres anarchistes qui s’intègrent avec élégance dans un milieu on ne peut plus conservateur. Une équipe adoptée par le village et une ambiance propice à la convivialité et l’échange…

C’est ainsi que je résumerais le miracle Djerbahood.

Dar Babel Djerbahood PantonioDar Babel a fait partie de l’aventure. Elle a offert au projet sa façade ouest pour que Pantonio puisse laisser libre cours à sa créativité… Et Pantonio s’est lâché. Certes, il a été malade un jour ou deux comme un chien, mais il s’est lâché l’artiste !

Dar Babel Djerbahood LiliwennLa fresque de Pantonio est ce que vous voyez en arrière plan de la journaliste du JT de Canal+ (13 août) au démarrage du documentaire. Dar Babel apparaît dans le premier plan de survol du village, puis au milieu du film avec les enfants qui jouent au foot derrière une Liliwenn qui s’active, avant de clôturer le documentaire…

Outre le portfolio et le teaser officiels de Djerbahood, une collection de photos prises au hasard de nos pérégrinations dans les ruelles du village est disponible ici.